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raffiné

raffiné, ée [ rafine ] adj.
XVIe; de raffiner
1 Traité par raffinage. Du sucre raffiné. Pétrole raffiné.
2Qui est d'une extrême délicatesse, témoigne d'une recherche ou d'une subtilité remarquable. délicat , subtil. Cuisine raffinée. Politesse, manières raffinées. « L'architecture élégante et raffinée » (Taine). Style raffiné. Des supplices raffinés.
(Personnes) « Gourmet raffiné, se connaissant mieux que pas un aux bons morceaux » (Gautier). Subst. « Des nuances d'art tellement fines que nos raffinés les aperçoivent à peine » (Renan).
⊗ CONTR. Brut; grossier, lourd.

raffiné, raffinée nom Personne qui fait preuve de raffinement.

raffiné, ée
adj.
d1./d Qui a été soumis à un raffinage. Sucre raffiné.
d2./d Fig. D'une grande délicatesse; fin, subtil. Personne raffinée. Goûts raffinés. Ant. fruste, grossier.

⇒RAFFINÉ, -ÉE, part. passé et adj.
I. — Part. passé de raffiner.
II. — Adjectif
A. — CHIM., INDUSTR. [Corresp. à raffiner A 1] Qui a été raffiné, a subi le raffinage. Produits pétroliers raffinés; pâte (à papier) raffinée; sel raffiné; huile raffinée deux fois. On est parvenu à en extraire successivement [de la canne à sucre] (...) de la mélasse, et du sucre raffiné à différents degrés (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 103). Le carbone (...) peut servir de modérateur pour permettre la réalisation d'une réaction en chaîne dans l'uranium naturel, à condition de n'utiliser que de l'uranium très raffiné (GOLDSCHMIDT, Avent. atom., 1962, p. 33). La pâte raffinée s'égoutte lentement: on dit que la pâte est grasse. Les fibres éclatées, plus souples, forment un matelas qui retient mieux l'eau que les fibres d'une pâte maigre, non raffinée (G. BELANGER, Le Papier, Québec, 1982, p. 98).
P. ell., empl. subst. masc. Pétrole, sucre raffiné. Anton. brut. Il paraît d'ailleurs qu'une partie de Paris spécule, tant sur le brut que sur le raffiné. Mais le raffiné a les préférences (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p. 123).
B. — [Corresp. à raffiner A 2]
1. [En parlant d'un inanimé] Qui témoigne d'une recherche de la perfection, du souci des détails, de l'élégance et de l'accord subtil entre les choses dans différents domaines. Synon. élégant, délicat; anton. grossier, simple.
[Qualifie le cadre de vie, l'environnement] Décor, luxe, milieu raffiné; cuisine, nourriture, table raffinée. Avec le sentiment exagéré des détails, l'horreur de la misère et les besoins d'un bien-être raffiné, il [Chopin] prit naturellement Majorque en horreur au bout de peu de jours de maladie (SAND, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 442).
[Qualifie l'aspect de la pers., l'habillement] Coquetterie, élégance, propreté, toilette raffinée. Il n'y avait rien à dire contre cette coupe raffinée [du tailleur], ni contre ces élégants escarpins (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 398).
Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Ah! pour être un modiste, et rien qu'un modiste qui habille de robes d'une coupe et d'une nuance distinguées un vulgaire modèle destiné à représenter, dans ces toilettes, l'élégance et le raffiné de la femme du monde, M. de Jonghe en est un (HUYSMANS, Art mod., 1883, p. 63).
[Qualifie les faits de culture, le comportement, un sentiment] Amour, goût raffiné; culture, éducation, politesse, sensibilité, simplicité raffinée; manières raffinées. Les plaisirs raffinés d'une société brillante, les plaisirs grossiers d'un peuple avide (STAËL, Corinne, t. 1, 1807, p. 83). Ayant pris ces petits arrangements avec l'égoïsme raffiné d'un vieux célibataire, je me remis à lire mon catalogue (A. FRANCE, Bonnard, 1881, p. 275). V. genre ex. 17, élégant ex. 5.
[Qualifie une opération intellectuelle] Langage, style raffiné. Depuis plus de trente ans, le nom d'Anatole France représente au regard de l'étranger ce qu'il y a de plus exquis et de plus raffiné dans notre langue (MASSIS, Jugements, 1923, p. 145). Ces harmonies économiques qui, devenues subtiles et raffinées, demeurent encore l'espoir de l'économie individualiste et marchande (PERROUX, Écon. XXe s., 1964, p. 179). V. élégant ex. 9, dévidage ex. de Zola.
Péj. Qui pousse cette recherche trop loin ou dans des sensations ou sentiments mauvais. Barbarie raffinée. Ces créatures au visage candide qui cachent la dépravation la plus profonde, les vices les plus raffinés, sous un front aussi doux, aussi tendre que la fleur d'une marguerite (BALZAC, Peau chagr., 1831, p. 71). On se refuserait sans doute à croire qu'un homme ait commis délibérément, avec une entière bonne foi, comme une chose simple et commune, une sorte de suicide moral dont la cruauté raisonnée, raffinée, secrète, donne le frisson (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p. 159).
2. [En parlant d'un animé] Qui témoigne d'un goût très sûr, d'un esprit très fin, de mœurs policées et très civilisées. Synon. civilisé, délicat, élégant; anton. fruste, grossier, lourdeau. Artiste, peuple raffiné; femme, société raffinée; famille riche et raffinée. Vois-tu, ma pauvre enfant, pour les hommes pas bêtes, un peu raffinés, un peu supérieurs, l'amour est un instrument si compliqué qu'un rien le détraque (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Mots amour, 1882, p. 603). Ce mobilier rare, ces admirables pièces appréciées d'un petit nombre d'amis raffinés, peu remarquées des autres (BERNANOS, Imposture, 1927, p. 459).
Empl. subst. Pierrot, sans être un grand raffiné, répugnait cependant à se coucher dans les mêmes draps que cet énergumène (QUENEAU, Pierrot, 1942, p. 175):
Il y a eu un peuple d'aristocrates, un public tout entier composé de connaisseurs, une démocratie qui a saisi des nuances d'art tellement fines que nos raffinés les aperçoivent à peine.
RENAN, Souv. enf., 1883, p. 61.
HIST. À la fin du XVIe s., homme élégant, libertin et duelliste, très délicat sur le point d'honneur. Il avait le manteau, la rapière et la fraise Ainsi qu'un raffiné du temps de Louis Treize, Et semblait jeune encor (GAUTIER, Comédie mort, 1838, p. 34). Les mignons de Henri III étaient le type des raffinés (BOUILLET 1859).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Fréq. abs. littér.:587. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 363, b) 658; XXe s.: a) 1 371, b) 1 008. Bbg. BLUMENTHAL (P.). Geruchsbezeichnungen in der fr. Werbesprache. Vox rom. 1979, t. 38, pp. 155-173.

Encyclopédie Universelle. 2012.