rassis, ise [ rasi, iz ] adj.
1 ♦ (XIIIe) En parlant du pain, de pâtisseries, Qui n'est plus frais, sans être encore dur. (REM. Le fém. rassise est inus., on dit rassie .) Du pain rassis. Une brioche, une tarte rassie. — Bouch. Viande rassise, d'un animal tué quelques jours auparavant.
2 ♦ (v. 1460; de rasseoir,3o) Fig. Pondéré, réfléchi. Un guide, « cerveau positif et rassis » (Lacretelle). Un homme de sens rassis.
⊗ CONTR. 1. Frais. Impulsif.
rassis, ise
adj.
d1./d Pain rassis, qui n'est plus frais, sans être encore dur. Une miche rassise.
d2./d Fig. Calme, posé, réfléchi. Un esprit rassis.
I.
⇒RASSIS, -ISE, part. passé, adj. et subst.
I. — Part. passé de rasseoir.
II. — Adj. et subst.
A. — Qui aborde les choses avec sérénité, avec calme, après mûre réflexion. Synon. mûr, pondéré, posé, réfléchi; anton. déraisonnable, excité, immature, irréfléchi. Les grands travaux improvisés de M. Villemain avaient fait leur temps (...). On était devenu plus rassis et plus positif. On voulait des faits (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 13, 1868, p. 234). Nous parlions sur l'amour, l'amitié comme des gens tout rassis et qui sont hors de jeu (BEAUVOIR, Invitée, 1943, p. 379).
— [P. méton.] Esprit, jugement, tempérament rassis; façons rassises. Le Bourgeois, un nerveux sous des dehors rassis et imperturbables prit la mouche (ARNOUX, Roi, 1956, p. 328).
♦ Loc. adj. De sens rassis. À l'esprit pondéré, calme. À cet homme de sens pondéré et rassis, le détraquement cérébral de Letondu apparaissait prodigieusement farce et cocasse (COURTELINE, Ronds-de-cuir, 1893, 3e tabl., 2, p. 106).
— Empl. subst.
♦ masc. sing. à valeur de neutre. Tout chez le bambin, depuis la semelle immaculée de ses bottines, jusqu'à la raie correcte du milieu de sa tête, sentait le rassis d'un vieux gandin, d'un vieux gommeux (E. DE GONCOURT, Faustin, 1882, p. 11).
♦ masc. ou fém. Les rassis n'ont pas besoin de ce conseil. Mais il y a dans beaucoup, et surtout dans les jeunes, un besoin de changer et une illusion qui s'y rapporte (ALAIN, Propos, 1933, p. 1161).
B. — Spécialement
— AGRIC. Terrain rassis, terre rassise. ,,Terrain qui n'a pas été labouré depuis longtemps`` (FÉN. 1970).
— BOUCH. Viande rassise. Viande d'un animal tué depuis quelques jours et qui s'est attendrie, perdant la raideur qu'elle avait après l'abattage (d'apr. VILLEMIN 1975).
III. — Subst. masc.
A. — MARÉCHALERIE. Fer à cheval encore bon qu'on a rassis avec des clous neufs. Deux rassis valent un fer (Ac. 1798-1878).
B. — Arg., loc. verb. Se taper, se coller un rassis. Se masturber. À force de branler des visions j'en avais la tête en salade... Moins on brifait au réfectoire plus je me tapais des rassis (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 292).
Prononc.:[], fém. [-i:z]. Fréq. abs. littér.:164.
II.
⇒RASSIS, -ISE, -IE, part. passé et adj.
I. — Part. passé de rassir.
II. — Adj. [En parlant du pain ou d'aliments à base de pâte] Desséché sans être dur. Anton. frais, croustillant, tendre. Le pain rassis est plus nourrissant et plus léger que le pain tendre, parce qu'il a perdu de son eau (AUDOT, Cuisin. campagne et ville, 1896, p. 618). Retranché dans un mutisme patient, Honoré taillait dans la miche de pain rassis (AYMÉ, Jument, 1933, p. 43).
♦ Empl. subst. J'apporte le matin le restant de mon pain, parce que « je n'aime pas le rassis », dis-je à Mme Paulin (FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p. 98).
— P. métaph. Mon cher Paul, parti pour Venise, c'est à Florence que j'arrive, où je trouve ta lettre rassie de cinq jours (GIDE, Corresp. [avec Valéry], 1895, p. 254).
— [P. ext.] Desséché, racorni. Anton. frais. Frais ou rassis tout ver enfilé [sur l'hameçon] doit se tordre et battre l'eau de de ses anneaux (PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, p. 236).
Rem. Le fém. rassise est rarement empl. au sens A, où on lui préfère la forme fam. rassie.
Prononc.:[], fém. [-i:z]. Fréq. abs. littér. V. rassis, -ise, part. passé de rasseoir.
rassis, ise [ʀasi, iz] adj.
ÉTYM. V. 1150, plomb raci « durci »; → Rasseoir.
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1 (V. 1307). En parlant du pain, de pâtisseries. Qui n'est plus frais, sans être encore dur. || Du pains rassis, ou, subst., du rassis. || Gâteau de Savoie rassis. || Une brioche rassise.
REM. Le féminin rassise [ʀasiz] est rarement utilisé bien que ce soit le participe passé normal du verbe rasseoir. On emploie couramment rassie, d'où au masc. la forme fautive rassi, tous deux sentis comme venant de rassir.
1 — Chez nous, intervient le pauvre Méridional, les repas de fêtes sont si longs que le pain, frais au commencement, est rassis à la fin !
H. Barbusse, le Feu, I, XI.
♦ (1932). Se dit de la viande d'un animal qui a été tué plusieurs jours auparavant.
♦ (1877). Vx. Se dit de la terre qui n'a pas été remuée, labourée depuis longtemps.
2 (V. 1460, Villon : de sens rassis). Fig. (d'après le sens 3. de rasseoir). ⇒ Calme, pondéré, posé, réfléchi, sérieux. || Des amis anciens, rassis, modérés (→ Frivolité, cit. 6). || Un cerveau positif et rassis (→ Guide, cit. 10). || Un homme de sens rassis.
2 — Fort convenable (…) c'est un homme froid (…)
— Posé, rassis, entendant parfaitement les affaires, et possédant cent huit actions des zincs de la Vieille-Montagne (…)
E. Labiche, Un monsieur qui prend la mouche, 3.
3 (…) la personnalité de Lamarck, malgré sa haute valeur de botaniste et de zoologiste, avait de quoi inspirer quelque méfiance aux esprits rassis.
Jean Rostand, Esquisse d'une histoire de la biologie, p. 110.
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CONTR. Croquant, frais. — Fougueux, impulsif.
DÉR. Rassir.
Encyclopédie Universelle. 2012.