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rayé

rayé, rayée [ reje ] adj.
XIVe; roié fin XIIe; de rayer
1Qui porte des raies, des rayures. Toile rayée. Pantalon rayé. Tricot rayé des marins. Papier rayé. Poisson au dos rayé de noir. tigré, vergeté, zébré.
2(1694) Qui porte une rayure, des rayures, des éraflures. Verre de montre rayé. Carrosserie rayée. Garni de rainures. Fusil à canon rayé.
3Annulé, supprimé d'un trait. barré. Nom rayé sur une liste. Mot rayé ( rature) .

rayé, ée
adj.
d1./d Couvert, décoré de rayures. étoffe rayée.
d2./d Raturé.
d3./d Qui porte des cannelures, en parlant d'une arme, de son canon. Fusil rayé.
d4./d Qui porte des raies, des éraflures. Miroir rayé.

⇒RAYÉ, -ÉE, part. passé et adj.
I. — Part. passé de rayer.
II. — Empl. adj.
A. — 1. Couvert, décoré de rayures (v. rayure B). Étoffe rayée; gilet, maillot, pyjama rayé; matelas, dallage rayé; papier à lettres rayé. Je vis sur un coin du sofa une petite robe de guingamp rayé, déjà pliée pour entrer dans la malle (MUSSET, Confess. enf. s., 1836, p. 263). Le conseil (...) décrète de changer le tapis rayé de l'escalier contre une moquette de Roubaix, en simili-carrelage à bordure de dessins persans (GIRAUDOUX, Apollon, 1942, 9, p. 116).
Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Tissu rayé. Prends dans ma chambre ma vieille causeuse que tu as fait recouvrir de rayé rouge et blanc (HUGO, Corresp., 1852, p. 41).
[Avec un compl. prép. introd. par de, ou un adj. indiquant la couleur] Parasol rouge rayé de noir; jupe rayée de bleu et de blanc; ruban rayé rouge et vert; zéphir rayé mauve; satin rayé ton sur ton. Il y en avait un surtout [un gilet], rayé gris sur gris, qui faisait un effet charmant, avec la veste de chasse à la mode cette année-là (STENDHAL, Lamiel, 1842, p. 152). Le dos rayé rose et gris de la deuxième carte, bien glacée, s'embue sous le doigt du joueur (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 399).
[Avec un compl. prép. introd. par de, ou un adj. indiquant la matière] Toilette de grande visite. — Première jupe en faille gris russe, liserée de satin. Tunique. Écharpe même nuance, rayée velours et satin (MALLARMÉ, Dern. mode, 1874, p. 761):
1. Il va prendre, dans une vitrine, un tout petit verre de cristal turc, rayé de bandes dépolies. — Monsieur le colonel, acceptez ceci en souvenir d'un vieil homme auquel vous avez fait aujourd'hui beaucoup d'honneur. C'est un verre à vin d'Ismidt...
FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p. 205.
[Avec un subst. indiquant la forme des rayures] Robe rayée berlingot (Télérama, 18 mars 1981, p. 51).
2. [En parlant de certains animaux] Dont le pelage, la coquille, les écailles présentent des rayures. Synon. zébré. Chat, tigre rayé; antilope rayée; escargot rayé jaune et noir; poissons rayés. Un grand oiseau descend du ciel (...). Son plumage de couleur orangée, rayé de lignes noires qui s'entrecroisent, semble fait d'écailles métalliques taillées au ciseau (FLAUB., Tentation, 1849, p. 391).
♦ [Dans une compar.] Par intervalle, (...) un flanc Rayé comme les lynx, les guêpes et les zèbres, Se dressait dans le spasme horrible des ténèbres (HUGO, Fin Satan, 1885, p. 917). Chiens incongrus, jaunes, gris ou verdâtres, rayés comme des zèbres, truffés comme des dindes, pommelés ou marbrés, tenant à la fois du basset, du braque et du lévrier (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1933, p. 188).
Âne rayé (vieilli). Zèbre. Lorsque les Ambertois virent cet âne rayé du pays des sauvages, ce fut comme une émeute (POURRAT, Gaspard, 1925, p. 108).
Empl. subst. masc. Chat rayé. Il n'est qu'un jeune chat, fruit des amours et de la mésalliance de Moune, chatte persane bleue, avec n'importe quel rayé anonyme (COLETTE, Mais. Cl., 1922, p. 239).
3. P. anal. Ciel rayé de pluie, de lueurs. Le plafond rayé de poutres brunes (ERCKM.-CHATR., Ami Fritz, 1864, p. 45). Ses cheveux étaient blonds, mais rayés déjà de mèches grises; elle devait avoir une quarantaine d'années (MARTIN DU G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 591).
B. — Qui porte des rayures, des éraflures; qui est abîmé par des rayures (v. rayure C). Disque, plancher rayé; vaisselle, vitre rayée; visage rayé de balafres. Encore étourdi le Survenant saignait du nez et il avait le visage rayé d'écorchures (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p. 227):
2. Un jour, j'avais écrit que nos premières impressions sont les seules ineffaçables. Le reste n'est qu'une répétition, un effet de l'habitude. Le lendemain, j'ai trouvé cette page rayée à coups d'ongles: Mme Daudet l'avait lue indiscrètement...
RENARD, Journal, 1891, p. 80.
P. anal. Marqué de rayures. Nous suivons la piste qui est, au milieu des champs confusément herbeux, un champ glaiseux rayé d'innombrables ornières parallèles (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 333).
ARMUR. [En parlant d'une arme à feu, du canon de celle-ci] Creusé de rainures. Canon rayé; armes à feu portatives rayées. Ces chasseurs, assemblés pêle-mêle à la tête de l'armée, portent pour tout vêtement une tunique de lin (...) une courte carabine rayée se suspend comme un carquois à leurs épaules (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 123). Et sur la garde de son couteau de chasse planté en terre le canon de son fusil rayé sonnait comme une paire de castagnettes (A. DAUDET, Tartarin de T., 1872, p. 122).
C. — 1. Biffé, raturé. Vers rayé; mots rayés. Mon cher Hetzel, venez dîner jeudi avec Madame [nom rayé], car je ne serai peut-être pas chez moi dimanche (BALZAC, Corresp., 1842, p. 452). Je dis honneurs au pluriel. Autrement, au singulier, appliqué à M. Lavisse, ce mot ferait un mot rayé nul (PÉGUY, Argent, 1913, p. 1205).
2. [En parlant de qqn] Exclu d'un ensemble. Rayé du nombre des humains. Maintenant, réduits au silence, rayés du monde, il nous reste d'observer et de comprendre (MAURIAC, Journal occup., 1942, p. 337). Que serait-il, ruiné et déshonoré, capable d'entreprendre? Les portes fermées devant lui... Un homme rayé. Son père jadis aurait pu; pas lui. « Je pourrai être garçon livreur, voilà!... » (DRUON, Gdes fam., t. 2, 1948, p. 97).
III. — Empl. subst. fém., région. Synon. de rayon (v. rayon1 A 1). Devant eux, au bas de la pente, ce n'était que des prés où l'herbe grandissait déjà drue et luisante (...); l'eau coulait en dessous, invisible, et par-dessus, la grande rayée du soleil (R. BAZIN, Blé, 1907, p. 191). Et, la tête penchée, joue presque contre joue, elle le regardait d'un regard qui le couvait, le baignait de sa rayée chaude (POURRAT, Gaspard, 1925, p. 104).
Prononc.:[], [-]. Fréq. abs. littér.:565. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 573, b) 1 317; XXe s.: a) 784, b) 735. Bbg. DARM. 1877, p. 58.

Encyclopédie Universelle. 2012.