tentation [ tɑ̃tasjɔ̃ ] n. f.
• temptacium 1120; lat. temptatio
1 ♦ Ce qui porte à enfreindre une loi religieuse, morale; impulsion qui pousse au péché, au mal, en éveillant le désir. La tentation, les tentations de la chair. Succomber à des tentations; résister à la tentation. Induire en tentation.
2 ♦ Action du tentateur. La tentation de Jésus dans le désert. La tentation de saint Antoine.
3 ♦ (av. 1650) Ce qui incite (à une action) en éveillant le désir. Tendance qui se manifeste alors. ⇒ envie; désir. On avait envie de tout acheter, que de tentations ! « Ne cède point à la tentation de briller, garde le silence » (Stendhal). Fam. Attachez-le au cas où il aurait la tentation de s'évader.
● tentation nom féminin (latin ecclésiastique temptatio) Attrait vers quelque chose de défendu par une loi morale ou religieuse ; incitation au péché ou à la révolte contre les lois divines. Tout ce qui tente, attire, incite à quelque chose, crée le désir, l'envie : Résister à la tentation de fumer. ● tentation (citations) nom féminin (latin ecclésiastique temptatio) Jean Anouilh Bordeaux 1910-Lausanne 1987 La sainteté aussi est une tentation. Becket ou l'Honneur de Dieu, Becket La Table Ronde Albert Camus Mondovi, aujourd'hui Deraan, Algérie, 1913-Villeblevin, Yonne, 1960 La tentation la plus dangereuse : ne ressembler à rien. Carnets Gallimard Jean de La Bruyère Paris 1645-Versailles 1696 Tout est tentation à qui la craint. Les Caractères, Des femmes Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux Paris 1688-Paris 1763 Femme tentée et femme vaincue, c'est tout un. Arlequin poli par l'amour, 1 Bible Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation ; l'esprit est ardent, mais la chair est faible. Évangile selon saint Matthieu, XXVI, 41 Oscar Fingal O'Flahertie Wills Wilde Dublin 1854-Paris 1900 Le seul moyen de se délivrer de la tentation, c'est d'y céder. The only way to get rid of a temptation is to yield to it. Le Portrait de Dorian Gray, 2 ● tentation (synonymes) nom féminin (latin ecclésiastique temptatio) Tout ce qui tente, attire, incite à quelque chose, crée le...
Synonymes :
- attrait
- désir
- envie
tentation
n. f.
d1./d RELIG Ce qui pousse au mal, à ce qui est contraire à une loi morale, religieuse; attirance pour le mal. La tentation de la chair.
|| Loc. En tentation. Induire en tentation.
d2./d Fait d'être attiré par, de désirer (une chose, une action), ressenti comme une mise à l'épreuve de soi.
— Action ou chose suscitant un tel sentiment. Céder à la tentation d'acheter qqch.
⇒TENTATION, subst. fém.
A. — [Dans un cont. relig. ou moral]
1. Épreuve à laquelle Dieu soumet l'homme pour exercer sa foi, sa fidélité. Dieu envoie à chacun des tentations selon sa force; il est mal et peu sage de leur en fournir qu'ils ne puissent pas surmonter (GIDE, Journal, 1894, p. 55).
♦ Tentation de Dieu. Acte par lequel on défie, on provoque Dieu; acte de présomption par lequel on exige de Dieu un miracle pour sa satisfaction personnelle ou pour un motif disproportionné (d'apr. DHEILLY 1964):
• La Bible mentionne une tentation de Dieu qui serait le fait des hommes. Un des plus graves reproches qu'Israël se soit attirés au cours de son histoire, c'est d'avoir tenté le Seigneur. Malgré les témoignages que Dieu a donnés de sa protection, et malgré les assurances qu'il n'a cessé d'en fournir, le peuple a douté (...) et il lui a ainsi lancé un défi.
FRIES t. 4 1967.
2. Sollicitation au mal, au péché, par Satan. La tentation d'Adam et Ève; la tentation de Jésus dans le désert; la tentation de Saint-Antoine; induire, entrer en tentation. La Vie d'Adam et d'Ève raconte une seconde tentation que Satan fit subir à Ève après sa pénitence, et fait raconter par Ève elle-même sa première tentation par le serpent, qui était le diable (Théol. cath. t. 4, 1 1920, p. 330).
3. P. ext. Attrait du mal, envie de ce qui est défendu. Assauts de la tentation; combattre, fuir, repousser la/les tentation(s); céder, succomber, s'exposer, résister à la tentation; se défendre, se garder de la tentation. De ma lutte contre les tentations dont tout jeune prêtre est assailli et qui furent mon lot normal, en particulier contre les tentations de la chair, je ne dirai rien, n'ayant pas eu de mérite particulier à les vaincre (BILLY, Introïbo, 1939, p. 171). Le raisin commence à « tourner », il se colore et les pampres chargés de fruits sont une bien grande tentation pour le maraudeur; aussi les vignerons en confient-ils la garde aux « messiers », garde-vignes choisis parmi eux, et qui parcourent jour et nuit les vignes (MENON, LECOTTÉ, Vill. Fr., 2, 1954, p. 74).
— Tentation de + subst. désignant le mal accompli. Si la tentation du meurtre a certes déjà effleuré l'âme de plus d'un de ses prétendants, aucun que je sache, ne l'avait encore consommé (ARNOUX, Rêv. policier amat., 1945, p. 231).
— P. anal., littér. Attrait de Dieu, sollicitation au bien. Cette horrible tentation du bien. J'ai beau faire, si souvent j'y succombe! C'est un vice. Et faire le bien me flanque par terre (MONTHERL., Démon bien, 1937, p. 1352). Les êtres ne changent pas (...) mais ils retournent souvent à l'inclination que durant toute une vie, ils se sont épuisés à combattre. Ce qui ne signifie pas qu'ils finissent toujours par céder au pire d'eux-mêmes. Dieu est la bonne tentation à laquelle beaucoup d'hommes succombent à la fin (MAURIAC, La Pharisienne, 1941, p. 277).
B. — P. ext.
1. Désir, envie de quelque chose. Synon. attrait, sollicitation. Céder, résister à une tentation, à la tentation de. Je te prie, si tu restes à Paris, de m'épargner le plus possible les tentations (théâtres, expositions). J'ai juste le temps de faire ce que j'ai à faire (RIVIÈRE, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1908, p. 60). Recalé en juillet à l'examen de licence, et sans courage à l'idée d'affronter une nouvelle année de thèmes latins et de thèmes grecs, j'ai cédé à une tentation subite (...) le concours d'admission à l'École des Chartes (MARTIN DU G., Souv. autobiogr., 1955, p. L).
— Tentation de + subst. désignant le plaisir, le but à atteindre. Tentation du confort, du luxe, du voyage, de la facilité, de la gloire, de la célébrité. S'ils parvenaient à s'instituer les dirigeants du soulèvement et à disposer de la force à Paris, ils auraient beau jeu d'y établir un gouvernement de fait où ils seraient prépondérants (...) entraînant le Conseil national de la Résistance dont plusieurs membres (...) pourraient être accessibles à la tentation du pouvoir (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 291).
— Tentation de + inf. Tentation d'acheter, de sortir. Crois-tu que nous résisterions longtemps à la tentation de nous rejoindre? Tu sais bien que nous ne résisterions pas (MAURIAC, Mal Aimés, 1945, II, 9, p. 219).
2. En partic. Désir lié au plaisir des sens. Tentation de la chair. Elle était vraiment gentille avec ses yeux clairs fixés sur moi, si bien fixés, si clairs que j'eus une tentation terrible et j'y cédai. Je la saisis dans mes bras, et sur ses paupières qui se fermèrent soudain, je mis des baisers (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Tombales, 1881, p. 1211).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1re moit. XIIe s. « ce qui porte à enfreindre une loi morale » (Psautier d'Oxford, 94, 8, éd. Fr. Michel, p. 139); 1653 loc. induire en tentation (Ch. D'ASSOUCY, Le Ravissement de Proserpine, 2); 2. 1637 « désir qui pousse à faire quelque chose » (N. PEIRESC, Lettres, t. 7, p. 257). Empr. au lat. chrét. temptatio « excitation, entraînement au péché » déjà utilisé en lat. class. au sens de « essai, expérience », dér. de temptare (v. tenter). Fréq. abs. littér.:1 968. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 1 375, b) 2 302; XXe s.: a) 2 784, b) 4 288. Bbg. EVENOU (J.). La Sixième demande du Notre Père... Foi Lang. 1977, n° 3, pp. 185-186; « Ne nous soumets pas à la tentation... » Foi Lang. 1977, n° 4, pp. 285-292.
tentation [tɑ̃tɑsjɔ̃] n. f.
ÉTYM. 1120, temptacium; lat. temptatio, tentatio, de tentare. → Tenter.
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1 Ce qui entraîne, porte à enfreindre une loi religieuse, morale; action d'un tentateur; force, impulsion qui pousse au péché, au mal, en éveillant le désir. → Ascèse, cit. 4; résistance, cit. 23. || La tentation de l'homme par… || La tentation de l'ambition, dont l'ambition est la cause. || La tentation, les tentations de la chair (cit. 44). ⇒ Aiguillon, appel, sollicitation. || Dieu envoie à chacun des tentations selon sa force (→ 1. Son, cit. 9). || Les assauts, les pièges de la tentation. ⇒ Démon. (Une, des tentations). || Éviter (cit. 25), fuir les tentations. || Se défendre, se garder de la tentation. || S'exposer à une tentation. || Se mettre à l'épreuve des tentations (→ Garantir, cit. 15). || Céder (cit. 10), succomber à des tentations; résister à la tentation; repousser, vaincre une tentation. — Littér. || Les assauts de la tentation. — Allus. bibl. Action du tentateur (1.), du démon. || La tentation d'Adam et d'Ève, par le serpent. || La tentation de Jésus dans le désert, par le démon (scènes fréquentes en iconographie). — Hagiographie. || La tentation de saint Antoine, par les démons, motif qui a inspiré de nombreux peintres (dont Breughel; cf. la description de Flaubert, Notes de voyage, I, p. 28, et Correspondance, 13 mai 1845), et œuvre de Flaubert.
1 Tout est tentation à qui la craint.
La Bruyère, les Caractères, III, 34.
2 Le malheur m'a tenu lieu de force pour vaincre la nature et triompher des tentations. On a peu de désirs quand on souffre; et vous m'avez appris à les éteindre en leur résistant.
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, VI, VII.
3 J'estime avec les Pères, que la tentation est en nous, et que nous sommes à nous-mêmes nos démons et nos maléfices.
France, les Opinions de J. Coignard, IX, Œ., t. VIII, p. 405.
4 La prudence consiste à voir où est la tentation, et dès qu'on l'a vue, à la fuir. Seuls les Saints peuvent l'affronter, la désirer peut-être.
H. Bosco, Un rameau de la nuit, p. 308.
♦ ☑ Loc. En tentation. || Induire en tentation. → Démon, cit. 14.
♦ Par anal. || « Dieu est la bonne tentation à laquelle beaucoup d'hommes succombent » (→ Inclination, cit. 8). || La tentation du bien.
2 (Av. 1650). Ce qui incite à (une action) en éveillant le désir (⇒ Tenter [3.]; attrait, blandice, sollicitation); tendance qui se manifeste alors (⇒ Envie; désir). || La tentation des aventures (→ Attraction, cit. 13), leur attrait; l'envie qu'on en a. || Se laisser aller à la tentation de faire des vers… (→ Dissiper, cit. 12). || La tentation de s'insurger (→ 1. Penser, cit. 15), de se venger (→ Frôler, cit. 9). || Forte, rude (→ Rappel, cit. 6), épouvantable tentation (→ Choix, cit. 11; soif, cit. 1). || L'occasion (cit. 5) est la plus forte des tentations. — La tentation d'acheter. || La tentation de la porte (dans un magasin). → Marché, cit. 9.
5 (…) ne cède point à la tentation de briller, garde le silence; les gens fins verront ton esprit dans tes yeux.
Stendhal, la Chartreuse de Parme, VI.
6 La femme n'est que le composé de toutes les tentations éparses dans l'air léger, sur la terre fleurie, dans les eaux claires.
France, Thaïs, p. 271.
7 En Province, ville ou campagne, nous ne savons jamais si, le cas échéant, nous ne céderions pas à telle tentation, puisqu'elle ne s'offre jamais à nous. La Province laisse endormies en nous mille tendances, des aspirations, des inclinations.
F. Mauriac, la Province, p. 42.
8 Il est clair que toute « tentation » résulte de l'action de la vue ou de l'idée de quelque chose qui éveille en nous la sensation qu'elle nous manquait.
Valéry, Variété, Études littéraires, in Œ., t. I., Pl., p. 618.
Encyclopédie Universelle. 2012.