raz [ ra ] n. m.
• 1842; ras v. 1360; bret. raz, de l'a. scand. râs « courant d'eau »
1 ♦ Mar. Courant marin violent qui se fait sentir dans un passage étroit.
♢ Cour. (Bretagne, Normandie) Passage resserré où se produisent ces courants. Le raz de Sein. La pointe du Raz. Le raz Blanchard.
2 ♦ (1680) RAZ-DE-MARÉE ou RAZ DE MARÉE [ radmare ] :vague isolée et très haute, d'origine sismique ou volcanique, qui pénètre profondément dans les terres. ⇒aussi tsunami.
♢ Fig. Bouleversement moral ou social qui détruit l'équilibre existant. ⇒ lame (de fond), marée. Raz-de-marée socialiste aux élections. « les raz-de-marée qui emportent, avec les valeurs d'une société, cette société elle-même » (Malraux).
⊗ HOM. Ras; poss. rat.
● raz nom masculin (mot normand, de l'ancien scandinave rās, courant d'eau) Détroit parcouru par des courants de marée rapides. Le courant lui-même. ● raz (homonymes) nom masculin (mot normand, de l'ancien scandinave rās, courant d'eau) ra nom masculin invariable ras adjectif ras adverbe ras nom masculin rat adjectif masculin rat nom masculin
⇒RAZ, RAS4, subst. masc.
A. — 1. Courant marin très violent qui se manifeste dans un passage resserré. Malgré le calme, nous sommes terriblement secoués par le raz, et la mer par gros temps doit être affreuse ici (CHARCOT, Voy. îles Féroë, 1934, p. 41).
2. P. méton. Passage étroit où ces courants se font sentir. Raz de Sein, de Barfleur. Des lits de marée plus forts que ceux du four ou du raz de Brest (Voy. La Pérouse, t. 3, 1797, p. 91). Les îliens, pendant les nuits de tempête, se figurent que les âmes des noyés pleurent dans le raz, qu'elles voltigent au-dessus de la mer, qu'elles montent sur le rivage et heurtent aux fenêtres (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p. 10).
B. — Raz de marée
1. Énorme vague isolée, généralement d'origine sismique, qui déferle violemment sur la côte. C'était à croire qu'un raz de marée, provoqué par quelque commotion sous-marine, soulevait ces lames monstrueuses et les précipitait sur la muraille de Granite-House (VERNE, Île myst., 1874, p. 319). Des villes entières sont détruites; la mer se soulève en vagues énormes, ou ras de marée, qui balaient les rivages sur de grandes étendues (BOULE, Conf. géol., 1907, p. 18).
2. Au fig. Phénomène soudain et massif qui bouleverse une situation politique, sociale. Un raz de marée électoral. Les Américains, redoutant que la fin de la bataille d'Afrique y provoquât un raz de marée « gaulliste », firent un grand effort pour nous amener à composition (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 88).
Prononc. et Orth.: []. ROB.: ,,On prononce [] dans l'expr. géogr. Pointe du Raz``. Homon. ras1, 3. Ac. 1835: ras de marée; dep. 1878: raz, ras (id. ds LITTRÉ, ROB. 1985, mais Lar. Lang. fr.: raz). Prop. CATACH-GOLF. Orth. Lexicogr. 1971, p. 212: ras. Ac., LITTRÉ, Lar. Lang. fr.: raz de marée; ROB. 1985: raz de marée ou raz-de-marée. Étymol. et Hist. 1. Fin du XIVe s. « courant marin violent, qui se fait sentir dans un passage étroit » (FROISSART, Chroniques, éd. L. et A. Mirot, t. 13, p. 137: les ras Saint Mahieu en Bretaigne); 2. 1484 [éd. 1531] « passage resserré où se produisent ces courants » (GARCIE, Grant routier, Rouen ds Fr. mod. t. 26, 1958, p. 56); 3. a) 1678 rats de marée (GUILLET, III); b) 1946 fig. (AMBRIÈRE, Gdes vac., p. 273). Empr. à l'a. nord. rás « courant (d'eau); course, chute » (FEW t. 16, p. 668; DE VRIES Anord.). Le bret. raz est empr. au fr. (FEW t. 16, p. 668b; P. QUENTEL ds R. intern. Onom. t. 21, 1969, pp. 71-73). Fréq. abs. littér.:41. Bbg. BAIST (G.). Germanische Seemannsworte in der frz. Sprache. Z. für deutsche Wortforschung. 1903, t. 4, pp. 257-276. — QUENTEL (P.). La Pointe du Raz... R. intern. Onom. 1969, t. 21, n ° 1, pp. 71-73.
ÉTYM. 1842; ras, v. 1360; breton raz, de l'anc. scandinave râs « courant d'eau ».
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1 Mar. Courant marin violent qui se fait sentir dans un passage étroit. — Raz de courant : remous formé par la rencontre de courants de marée (ou de veines de courants de marée) qui arrivent de différentes directions (⇒ aussi Mascaret).
1 (…) le courant (…) portait presque plein est, à 2 nœuds, entre les îles Jason et les Falklands où nous aurions passé, pour le moins, un très mauvais quart d'heure dans les raz de courant, avec peut-être l'occasion de perdre assez de plumes pour remplir un édredon.
Bernard Moitessier, Cap Horn à la voile, p. 232.
♦ (1484). Régional (Bretagne, Normandie). Surtout dans des noms propres. Passage resserré où se produit un tel courant. || Le raz de Sein, de Barfleur. || La pointe du Raz (du raz de Sein). || Le raz Blanchard (à l'ouest du Cotentin, entre le cap de la Hague et l'île d'Aurigny).
2 (1680). Cour. || Raz de marée ou raz-de-marée [ʀɑdmaʀe] : vague isolée et très haute, d'origine sismique ou volcanique, qui pénètre profondément dans les terres. || Des raz de marée (→ Nature, cit. 55). || Au Japon les raz de marée sont fréquents et provoquent de véritables catastrophes. ⇒ Tsunami.
♦ (Mil. XXe). Fig. Bouleversement moral, social ou politique qui détruit l'équilibre existant. ⇒ Marée. || « Le leader radical est écarté de Lorraine par un raz de marée socialiste » (la Croix, 26 sept. 1978).
2 Pour nombreux qu'ils aient été, les raz-de-marée qui emportent, avec les valeurs d'une société, cette société elle-même, n'emplissent point le passé, dont le rythme fut celui d'une métamorphose assez lente, parent de celui de la vie humaine, et brisé comme ce dernier par maladies et accidents.
Malraux, les Voix du silence, p. 413.
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HOM. 1. Ras, 2. ras, 3. ras.
Encyclopédie Universelle. 2012.