rechigner [ r(ə)ʃiɲe ] v. intr. <conjug. : 1> ♦ Vieilli Montrer, par l'expression de son visage, sa mauvaise humeur, sa répugnance. ⇒ grogner, râler.
♢ Mod. RECHIGNER À : témoigner de la mauvaise volonté pour. ⇒ renâcler. « Dans ce temps-là [...] fallait pas rechigner à l'ouvrage » (Dabit). Rechigner à faire qqch.
♢ P. p. adj. Air, visage rechigné. ⇒ hargneux, renfrogné . « mon enfance solitaire et rechignée » (A. Gide).
● rechigner verbe transitif indirect (francique kinan, tordre la bouche) Familier. Témoigner de la mauvaise volonté à faire quelque chose : Rechigner à un travail. ● rechigner (synonymes) verbe transitif indirect (francique kinan, tordre la bouche) Familier. Témoigner de la mauvaise volonté à faire quelque chose
Synonymes :
- bouder
- renâcler
● rechigner
verbe intransitif
Littéraire. Montrer par son visage sa mauvaise humeur.
rechigner
v.
d1./d v. intr. Manifester sa mauvaise humeur, sa répugnance par un air maussade et de sourdes protestations. Syn. grogner, (Fam.) râler.
d2./d v. tr. indir. Témoigner de la répugnance pour. Rechigner au travail. Syn. renâcler.
⇒RECHIGNER, verbe intrans.
Montrer, par sa mauvaise humeur, par l'expression de son visage, sa répugnance (à faire quelque chose). Faire qqc. en rechignant. Après avoir avalé trois boulettes, elle rechigna, en faisant une grimace de dégoût. — J'en ai assez, je ne peux plus (ZOLA, Joie de vivre, 1884, p. 1005). Voyez dans votre robe: il me faut vingt tournois, sinon j'abandonne votre affaire. Vous êtes tous pareils, toujours à rechigner. Tel a deux ou trois nœuds liés, qui joue l'homme sans ressources. Allons, sortez votre argent! (FARAL, Vie temps st Louis, 1942, p. 95).
— [Avec un compl. prép.] Rechigner à faire son travail. Il travaillait rue du Pas-de-la-mule, chez un imprimeur. Dans ce temps-là, on faisait la journée de dix heures, fallait pas rechigner à l'ouvrage (DABIT, Hôtel Nord, 1929, p. 79). Léon disant qu'il ne rechignerait pas devant un travail manuel, M. Octave fit un éloge du travail manuel (MONTHERL., Célibataires, 1934, p. 808).
REM. Rechigné, -ée, part. passé en empl. adj. (Qui a l'air) maussade, renfrogné. Grimace rechignée. Ce passage (...) des tendres caresses de la bonne maman, de la petite mère et du grand-oncle, au bonsoir froid et rechigné des portiers et des tourières me navrait le cœur un instant (SAND, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 116). Vous ne voulez pas?... Vous refusez?... Elle bouda quelque temps, muette et rechignée sur le banc (A. FRANCE, Opin. J. Coignard, 1893, p. 60).
Prononc. et Orth.:[], (il) rechigne [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1155 trans. reschinner denz « montrer les dents en grimaçant, grincer des dents » (WACE, Brut, 1137 ds T.-L.); 2. a) ca 1175 intrans. « montrer les dents en grimaçant » (BENOIT, Chronique Ducs Normandie, 30703, ibid.); b) 1176-81 rechigné « grimaçant » (CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier charrette, éd. M. Roques, 5149); ca 1200 rechigner « montrer, par l'expression de son visage, sa mauvaise humeur, sa répugnance » (Chevalier au cygne, 89 ds T.-L.); 1798 rechigner à (Ac.). Dér., à l'aide du préf. re-, d'un verbe non att. à date anc. chignier (v. cependant chigner), issu de l'a. b. frq. « tordre la bouche », cf. le m. néerl. kinen « fendre, ouvrir (la terre, en parlant de la sécheresse) » et l'a. h. all. kînan « s'ouvrir, éclater » (FEW t. 16, p. 324). Fréq. abs. littér.:134.
DÉR. 1. Rechignement, subst. masc. Action de rechigner. Il nous peint Lemaître (...) comme un homme épouvantablement encoléré d'être compromis (...) avec de la basse littérature, et compare la mauvaise humeur de son corps et de sa figure au rechignement d'une orfraie tirée en plein soleil (GONCOURT, Journal, 1891, p. 73). Si je cherche à découvrir quels ressorts faisaient ainsi sabrer comme malgré moi ma machine, je trouve surtout, il me faut bien l'avouer, du rechignement et du mauvais vouloir (GIDE, Si le grain, 1924, p. 599). — []. — 1re attest. déb. du XIVe s. reskinement (Comm. N.S. jugera, ms. B.N., fr. 15212, f ° 160 v° ds GDF.); de rechigner, suff. -ment1. 2. Rechigneur, -euse, rechigneux, -euse, adj. Qui rechigne, qui a l'habitude de rechigner ou qui en donne l'impression. [La cuisinière] était cordon bleu, et partant souverainement rechigneuse; elle gronda, hennit, grogna, rugit et renâcla; cependant elle se leva à la fin (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 344). Ces salles que Manuel a connues pleines de miliciens couchés sur les canapés (...) puis livrées à l'ordre sévère et un peu rechigneur de Caballero (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 707). — [], [-], fém. [-ø:z]. — 1res attest. a) 1553 rechineuse adj. fém. (É. JODELLE, Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 2, p. 335), 1584 rechigneux adj. masc. (RONSARD, Œuvres compl., éd. P. Laumonier, t. 18, 1, p. 136, 160), b) 1595 rechigneur subst. (Suppl. du Catholicon, chap. 2 ds Satire Ménippée, éd. E. Tricotel, t. 2, p. 22); de rechigner, suff. -eur2, -eux.
BBG. — BRÜCH (J.). Etymologisches: ... fr. « gruyer, rechigner ». Z. fr. Spr. Lit. 1926, t. 48, pp. 119-120.
rechigner [ʀ(ə)ʃiɲe] v. intr.
ÉTYM. 1462; rechignier, v. 1155; denz rechignier « montrer les dents, grincer des dents », XIIe; de re-, et francique kînan « tordre la bouche ».
❖
♦ Familier.
1 Vieilli. Montrer, par l'expression de son visage, sa mauvaise humeur, sa répugnance. ⇒ Bouder, chigner, grogner, résister, rouspéter, tiquer… || Les valets servaient en rechignant (→ Grognard, cit. 1).
1 Fortune, ne me regarderas-tu jamais qu'en rechignant ? Jamais ne riras-tu pour moi ?
Cyrano de Bergerac, le Pédant joué, II, 8.
1.1 Judith ne rechigne pas. Dans le couloir il y a beaucoup d'enfants dont quelques-uns dorment déjà. Maria ne déshabille pas Judith ce soir. Elle la roule dans une couverture, contre le mur, au milieu du couloir.
M. Duras, Dix heures et demie du soir en été, p. 37.
2 (XIXe; in Littré). Mod. || Rechigner à : témoigner de la mauvaise volonté pour. || Rechigner à la besogne. ⇒ Renâcler. || Rechigner à faire quelque chose.
2 Il travaillait rue du Pas-de-la-Mule, chez un imprimeur. Dans ce temps-là (…) fallait pas rechigner à l'ouvrage.
Eugène Dabit, Hôtel du Nord, XII.
♦ Par métaphore :
3 Là où l'eau suffit, la terre ne rechigne point à être cultivée.
Daniel-Rops, le Peuple de la Bible, II, II.
——————
rechigné, ée p. p. adj.
ÉTYM. (V. 1175).
♦ ⇒ Maussade. || Il était rechigné, hargneux (cit. 1) et solitaire. — Air, visage rechigné. ⇒ Hargneux, renfrogné. || Humeur rechignée. ⇒ Morose.
4 Boileau lui-même en convient avec ce ton d'humeur chagrine et rechignée qui lui est ordinaire.
Th. Gautier, les Grotesques, IX.
5 Il faut que j'ose franchement le reconnaître : c'est mon enfance solitaire et rechignée qui m'a fait ce que je suis.
Gide, Journal, 10 juin 1891.
6 Mais je m'aperçus un jour de sa désapprobation en le voyant sentir mon oreiller d'un nez un peu rechigné.
Henri Fauconnier, Malaisie, p. 68.
❖
DÉR. Rechignement.
Encyclopédie Universelle. 2012.