bouder [ bude ] v. <conjug. : 1>
• XIVe; o. i., probablt d'un rad. expressif bod-, désignant qqch. d'enflé
1 ♦ V. intr. Montrer du mécontentement par une attitude renfrognée, maussade que l'on entretient à dessein. ⇒ rechigner (cf. Être fâché; faire la tête, fam. la gueule). Bouder dans son coin. L'enfant « s'irrite d'être en colère et se console en jurant de ne pas se consoler, ce qui est bouder » (Alain). — Loc. Bouder contre son ventre : refuser de manger par colère.
♢ (Choses) Le temps boude, il est maussade.
2 ♦ V. tr. Montrer du mécontentement à (qqn) par une attitude maussade ou indifférente. « Je continue, par principe, à le bouder, à lui marquer de la rancune » (Duhamel). — Pronom. Deux amoureux qui se boudent.
♢ Par ext. Fam. Ne plus rechercher (qqch.). Bouder les distractions. « ils boudent la société ou s'insurgent contre elle » (Caillois). — Loc. Bouder son plaisir : faire le difficile.
● bouder verbe intransitif (onomatopée, d'un radical bod- exprimant le gonflement) Manifester son mécontentement dans une attitude silencieuse, un air maussade, contrarié. Aux dominos, ne pas jouer, parce qu'on n'a pas le dé qu'exige la pose de l'adversaire. ● bouder (homonymes) verbe intransitif (onomatopée, d'un radical bod- exprimant le gonflement) ● bouder (synonymes) verbe intransitif (onomatopée, d'un radical bod- exprimant le gonflement) Manifester son mécontentement dans une attitude silencieuse, un air maussade...
Synonymes :
- faire la tête (familier)
● bouder
verbe transitif
Se détourner de quelqu'un, de quelque chose, montrer à leur égard de la réserve ou de l'hostilité : Bouder un fournisseur. Les électeurs ont boudé le scrutin.
● bouder (difficultés)
verbe transitif
Construction et emploi
1. Bouder qqn, contre qqn. Les deux constructions sont admises dans tous les registres : il me boude, depuis quelque temps ; elle boude contre Alfred qui ne lui a pas souhaité son anniversaire. - La forme pronominale réciproque est également correcte : Pierre et Aline se boudent.
2. Bouder contre qqch. Cette construction est admise dans tous les registres. Elle est courante dans la locution semi-figée bouder contre (son appétit, son plaisir, etc.) = ne pas manger alors que l'on a faim, ne pas se réjouir de circonstances heureuses, etc.
Remarque Bouder à qqch n'est plus en usage.
3. Bouder qqch est fréquent dans le registre non surveillé : les critiques ont encensé la pièce, mais le public l'a boudée (= ne l'a pas aimée, n'est guère venu la voir).
Recommandation Dans l'expression soignée, préférer bouder contre.
● bouder (homonymes)
verbe transitif
● bouder (synonymes)
verbe transitif
Se détourner de quelqu'un, de quelque chose, montrer à leur égard...
Synonymes :
- faire la gueule (populaire)
bouder
v.
d1./d v. intr. Témoigner de la mauvaise humeur par une mine renfrognée.
d2./d v. tr. Elle boude son mari.
|| v. Pron. Ils se boudent encore.
⇒BOUDER, verbe.
A.— [L'obj. reste implicite] Manifester du mécontentement, de l'humeur par l'expression du visage, son silence, par son attitude. Synon. faire la moue :
• 1. Il [l'Empereur] plaisantait beaucoup un de la bande, qu'il agaçait fort, prétendant qu'il boudait, et l'accusait d'être trop souvent mécontent et de mauvaise humeur, etc.
LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 1, 1823, p. 1102.
• 2. Je descendrais lentement — lentement — majestueusement, tel un parachutiste. Et, du coup, il vous serait difficile de bouder, de vous entêter et de ne pas lever la tête. Oh! crierait la rue et le monde. Oh! un jeune homme qui vole! Vite, vite, regardez tous. Et — car vous êtes curieuse et sensible aux prodiges — vous re-gar-de-riez.
COCTEAU, Théâtre de poche, 1949, p. 129.
— PSYCHOLOGIE :
• 3. Humeur : selon le système de l'exaspération, rien n'est meilleur que de se gratter. C'est choisir son mal; c'est se venger de soi sur soi. L'enfant essaie cette méthode d'abord. Il crie de crier; il s'irrite d'être en colère et se console en jurant de ne pas se consoler, ce qui est bouder. Faire peine à ceux qu'on aime et redoubler pour se punir. Les punir pour se punir. Par honte d'être ignorant, faire serment de ne plus rien lire. S'obstiner à être obstiné.
ALAIN, Propos, 1921, p. 347.
SYNT. Bouder sans raison, par jeu, pour un rien; bouder dans un coin, à l'écart, comme un écolier, en enfant gâté.
— P. métaph. :
• 4. Dans les terres riches, les arbres poussent avec une très grande vigueur (...) Mais, si ces arbres en sortant des pépinières, sont plantés dans des terres de mauvaise nature ou seulement de qualité médiocre (...) ils vont dit-on dépérir. Dépérir, non, mais ils pourront éprouver une sorte de malaise (...). Il ne faudra pas s'étonner si ces arbres boudent, comme on dit, et s'ils ne font que végéter pauvrement pendant les premières années.
É.-A. CARRIÈRE, Pépinières, 1878, p. 19.
• 5. ... chez cet individu le pouls bat un peu plus vite, la surrénale boude, ...
MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 47.
Rem. Synon. pop. faire du boudin, son aquilin, son blair, sa gueule, son nez, sa poire (BRUANT 1901). Faire la tête.
B.— [L'obj. est explicité] Manifester de l'humeur, de l'irritation contre quelqu'un ou quelque chose, refuser de s'y intéresser.
1. Emploi intrans. [Le verbe étant suivi d'une prép.]
a) Bouder contre qqn ou qqc. Bouder contre son cœur :
• 6. René était chambellan du roi Louis. C'est un des hommes les plus aimables que j'aie connus. (...) sur ses vieux jours, il m'a appelée dans ses bras et j'y ai couru de grand cœur. On ne boude pas contre soi-même.
G. SAND, Histoire de ma vie, t. 2, 1855, p. 393.
— Fam. Bouder contre son ventre. Refuser quelque chose par dépit.
b) Bouder à qqc. (arg.). Reculer, craindre. Bouder à l'ouvrage, au feu (FRANCE 1907).
2. Emploi trans. Bouder qqn, qqc. :
MIRBEAU, Le Journal d'une femme de chambre, 1900, p. 82.
• 8. Hier, à Neuchâtel, revu La Ruée vers l'or. Suarès boude Charlot par orgueil. Injustifiable résistance. (...) Nous rions et nous amusons, toi et moi, de la même chose.
GIDE, Journal, 1967, p. 834.
SYNT. Bouder le roi, Paris; bouder les bouteilles, le cinéma, un journal; bouder la destinée, son plaisir, le travail, la vie.
— P. métaph. :
• 9. ... j'aime que sise dans une des plus belles assiettes du rivage de la Méditerranée, elle [Marseille] ait l'air de tourner le dos à la mer, de la bouder, de l'avoir bannie hors de la cité...
CENDRARS, L'Homme foudroyé, 1945, p. 55.
— Emploi pronom., réciproque :
• 10. Ces deux personnes ressemblaient à deux amants brouillés qui se boudent, se tournent le dos et vont s'embrasser au premier mot d'amour.
BALZAC, La Peau de chagrin, 1831, p. 215.
• 11. Deux créatures qui ne se conviennent pas, pourraient aller chacune de son côté; eh! bien, faute de quelques pistoles, il faut qu'elles restent là en face l'une de l'autre à se bouder, à se maugréer, à s'aigrir l'humeur, ...
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, p. 31.
PRONONC. :[bude], (je) boude [bud].
ÉTYMOL. ET HIST. — Ca 1350 (Passion de N. S., éd. G. A. Runnalls, 652 : Par ma loy, vous ne boudez mie); 1718 (Ac. : Bouder, dans le style familier, s'employe quelquefois avec un regime actif).
Mot expr. d'orig. onomatopéique d'un rad. bod désignant quelque chose d'enflé comme l'est la lèvre du boudeur.
STAT. — Fréq. abs. littér. :469. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 347, b) 864; XXe s. : a) 825, b) 735.
BBG. — MAT. Louis-Philippe 1951, p. 55. — TOURNEMILLE (J.). Au jardin des loc. fr. Vie Lang. 1967, p. 292.
bouder [bude] v.
ÉTYM. V. 1350; p.-ê. du rad. onomatopéique bod- désignant qqch. d'enflé (→ Boudin), par allus. à l'expression de la lèvre du boudeur; pour P. Guiraud, de formes gallo-romaines (bobitare ou bullitare) dérivés du lat. bulla « bulle ».
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I V. intr. (Personnes).
1 Témoigner, montrer de la mauvaise humeur, du mécontentement par l'expression renfrognée, par une moue, par le refus de parler, de répondre au regard, de communiquer. ⇒ Fâcher (être fâché), râler (fam.), rechigner; gueule, tête (faire la gueule, la tête; → Faire du boudin). || Un enfant qui boude. || Bouder dans un coin. || Bouder de rage, de colère, de dépit, de honte. || Bouder contre qqn ou qqch. || Quand tu auras fini de bouder…
1 — Vous voilà bien triste, lui dit-il, et vous boudez contre votre verre.
G. Sand, la Mare au diable, XII, p. 104.
2 (…) il (l'enfant) s'irrite d'être en colère et se console en jurant de ne pas se consoler, ce qui est bouder.
Alain, Propos sur le bonheur, p. 64.
♦ Montrer de la mauvaise grâce, du dépit. ☑ Loc. Bouder contre son ventre : refuser de manger, lorsqu'on a faim. ☑ Bouder à table, au jeu… : manger, jouer… de mauvaise grâce. — Bouder à la besogne. ☑ Ne pas bouder à la besogne, à l'ouvrage : travailler avec ardeur.
♦ Fig. Au jeu de dominos, Passer, faute d'avoir un numéro pour pouvoir jouer.
2 (Choses). Fonctionner mal, se présenter mal. || Le printemps semble bouder cette année.
3 (…) vers neuf heures, le temps fit mine de bouder, comme disent les marins (…)
Hugo, Quatre-vingt-treize, I, II, 2.
♦ Techn. || Cette cheminée, ce four boude, tire mal. — Hortic. Se dit d'un jeune arbre qui pousse mal.
♦ Techn. Se dit des huîtres dont la pousse est arrêtée; des bassins (claires) où le verdissement ne se fait pas. ⇒ Boudeur (huître boudeuse).
3.1 D'autres fois une claire « boude » au milieu de toutes les autres qui ont verdi.
Louis Lambert, les Coquillages comestibles, p. 3.
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II V. tr.
1 (Compl. n. de personne). Montrer de l'hostilité contre, envers (qqn), par une attitude maussade ou indifférente, en refusant de communiquer (le compl. est souvent un pronom).
4 Allons, revenez près de moi, je le veux. Vous me boudez quand je devrais me fâcher.
Balzac, Seraphîta, Pl., t. X, p. 480.
5 Je continue, par principe, à le bouder, à lui marquer de la rancune (…)
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, VIII, 4.
2 (Compl. n. de chose). Ne pas ou ne plus rechercher, se détourner de (qqch.). || Bouder les distractions, les plaisirs. || Bouder les études, le travail. || Bouder la campagne. || Bouder un lieu trop fréquenté. || « Les Français boudent les aliments surgelés » (l'Express, 8 mai 1973), en consomment peu.
5.1 Je m'étonne parfois de l'obstination que met notre taciturne ami à bouder les langues civilisées. Son métier consiste à recevoir des marins de toutes les nationalités (…)
Camus, la Chute, p. 8.
♦ ☑ Loc. Bouder son plaisir : ne pas montrer sa satisfaction. || « Nous ne bouderons pas pour autant notre plaisir de voir enfin admise une vérité si souvent martelée (…) » (le Point, 11 mai 1996, p. 99).
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se bouder v. pron. (récipr.).
♦ || Deux amoureux qui se boudent.
6 Deux créatures qui ne se conviennent pas pourraient aller chacune de son côté; eh bien ! (…) il faut qu'elles restent là en face l'une de l'autre à se bouder, à se maugréer, à s'aigrir l'humeur, à s'avaler la langue d'ennui, à se manger l'âme et le blanc des yeux (…)
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, IV, 1.
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DÉR. Bouderie, boudeur, boudeuse, boudoir.
Encyclopédie Universelle. 2012.