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renfermer

renfermer [ rɑ̃fɛrme ] v. tr. <conjug. : 1>
• v. 1130; de re- et enfermer
1Vieilli Enfermer (qqn) complètement, étroitement. Renfermer dans un cachot. confiner; reclus.
Vieilli Ranger, serrer (qqch.). Renfermer des objets dans un tiroir. « Il alla renfermer ma harpe dans son étui » (Laclos).
2Vieilli Fig. Ne pas exprimer (un sentiment). « Renfermer en soi les émotions violentes » (Vigny). Pronom. Se renfermer en soi-même : ne rien livrer de ses sentiments ( renfermé) . « Se renfermant dans sa dignité » (Zola).
(XVIIe) Vieilli Tenir dans des limites, des bornes. borner, limiter. Le premier qui « Dans les bornes d'un vers renferma la pensée » (Boileau).
3Mod. (Choses) Tenir contenu dans un espace, dans un lieu (fermé ou non), en soi. contenir, receler. Sous-sol qui renferme d'énormes réserves de pétrole.
Spécialt dissimuler. « Ce double fond renferme des papiers » (Beaumarchais). Les dragées renfermaient de la cocaïne. 1. cacher.
4Fig. Comprendre, contenir. comporter. « Combien ce mot, l'honneur, renferme d'idées complexes » (Chamfort). Un texte qui renferme d'excellents principes.
⊗ CONTR. Libérer, exclure, montrer.

renfermer verbe transitif Littéraire. Ranger quelque chose quelque part, l'y enfermer : Renfermer des bijoux dans une cassette. Contenir quelque chose dans un espace : Le sous-sol de la région renferme des minerais rares. Contenir quelque chose en soi, comporter : Une inscription qui doit renfermer un sens caché. Maintenir quelque chose à l'intérieur de certaines limites : Renfermer une discussion dans des limites précises. Littéraire. Remettre quelqu'un en prison ou dans un établissement psychiatrique. ● renfermer (synonymes) verbe transitif Contenir quelque chose dans un espace
Synonymes :
- enfermer
- receler
Contenir quelque chose en soi, comporter
Synonymes :
- comporter
- comprendre
- impliquer
- inclure

renfermer
v.
rI./r v. tr.
d1./d Enfermer de nouveau.
d2./d Contenir, comprendre en soi. Sa bibliothèque renferme des livres rares.
|| Fig. Ce texte renferme des idées intéressantes.
rII./r v. Pron. Se renfermer en soi-même: ne pas extérioriser ses sentiments.

⇒RENFERMER, verbe trans.
A. — Enfermer complètement, mettre, tenir dans un lieu clos, fermé.
1. a) Vieilli. [Le compl. d'obj. désigne un animé] Synon. cloîtrer, confiner, emprisonner, séquestrer. Le Turc qui renferme sa femme lui prouve au moins par-là qu'elle est nécessaire à son bonheur (STAËL, Allemagne, t. 1, 1810, p. 80). Alors je prends Yves par les épaules, et, passant devant ses trois ennemis, qui se rangent pour nous faire place, je l'emmène dans ma chambre et l'y renferme à double tour. Là, pour le moment, il est en sûreté (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p. 155). [Dans une tournure factitive] M. Dumoulin (...) a fait plusieurs actes de folie qui, en Europe, l'auraient fait renfermer (Voy. La Pérouse, t. 4, 1797, p. 183).
Au fig. J'ai maintenant l'esprit assez tranquille et suis tout entier renfermé dans le plaisir de vous écrire (M. DE GUÉRIN, Corresp., 1839, p. 373).
Empl. pronom. réfl. S'enfermer complètement. Se renfermer chez soi, dans sa tour d'ivoire. Le père Stanislas se renfermait au verrou quand il entrait chez lui et emportait sa clef quand il en sortait (SAND, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 419). Ernst ne faisait pas d'avance, à Christophe, pour être présenté à Ada; mais il se renfermait mélancoliquement dans sa chambre et refusait de sortir, disant qu'il ne connaissait personne (ROLLAND, J.-Chr., Adolesc., 1905, p. 354).
b) [Le compl. d'obj. dir. désigne un inanimé] Synon. ranger, serrer (vieilli). Elle (...) m'a renfermé alors un billet de mille francs en plein dans la main et puis encore un autre en plus pour être sûre (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 425). [À la forme passive] Il n'existe hors de chez moi que deux manuscrits d'Hernani. L'un est déposé au théâtre. C'est celui sur lequel on répète tous les jours. Dès que la répétition est terminée, ce manuscrit est renfermé sous triple clef (HUGO, Corresp., 1830, p. 464).
2. Au fig.
a) Vieilli. Tenir caché, ne pas dévoiler ses sentiments. Renfermer son impatience, sa peine. Que répondre à un amour si passionné? Maurice pleura, ne répondit rien et renferma son secret (SAND, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 72).
Empl. pronom. réfl. Se replier sur soi-même, ne rien exprimer de ses sentiments, de ses pensées. Se renfermer dans le mutisme, dans le silence; se renfermer sur soi-même. Je me suis renfermé en moi-même, j'ai repris mes bouquins, je suis revenu à ma solitude (RIVIÈRE, Corresp., [avec Alain-Fournier], 1907, p. 272).
b) Loc. fam. Ça l'a renfermé. Cela l'a replié sur lui-même. Mon père, le drame des Cortilène ça aurait pu lui fournir des occasions pour des transes et des motifs de pires gueulements. Au contraire ça l'a renfermé. Il ne nous parlait presque plus (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 89).
B. — Vieilli. Tenir dans des bornes, dans des limites. Synon. borner, circonscrire, limiter. Tout corps, quel qu'il soit, pierre ou diamant, est renfermé sous les trois formes de longueur, de largeur et de hauteur (LACORD., Conf. N.-D., 1848, p. 50).
Au fig., empl. pronom. Se limiter à.
Empl. pronom. réfl. V. avertissement ex. 4:
Le ministre de l'Instruction publique (...) avait (...) montré à l'Empereur les attaques des livres de Renan au christianisme. On le fait venir, il promet de se renfermer dans des questions de philologie et de langue orientale.
VIGNY, Journ. poète, 1862, p. 1368.
Empl. pronom. passif. Deux fois, en ces cinquante jours, la comtesse s'avança peut-être au-delà des bornes dans lequelles se renfermait notre affection (BALZAC, Lys, 1836, p. 216).
C. — Contenir en soi, dans un espace, dans un lieu. Flacon qui renferme un parfum, médicament qui renferme un produit dangereux. La marquise courut à un petit meuble en bois de rose qui renfermait ses écrins (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 3, 1859, p. 279). Cette ville (...) renferme une curiosité qui nous aurait fait venir de plus loin. C'est la grotte, si bien nommée, de las Maravillas (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1933, p. 165).
Au fig. Avoir en soi, inclure. Synon. comprendre, contenir, impliquer. Je sentis le besoin de faire dévier par une plaisanterie une conversation beaucoup trop tendue pour ce qu'elle renfermait de si apparemment platonique, et dont le badinage un peu forcé n'était pas innocent (GRACQ, Beau tén., 1945, p. 92).
D. — MAN. Renfermer un cheval. ,,Le bien tenir dans la main et dans les jambes`` (Ac.).
REM. Renfermement, subst. masc., vieilli. Action de renfermer; résultat de cette action. Vie de renfermement. Mon petit Daudet (...) grandit, grandit,... tandis que Zola me paraît diminuer en son renfermement de Médan (GONCOURT, Journal, 1883, p. 268).
Prononc. et Orth.:[], (il) renferme [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1555 se renfermer en « se tenir contenu dans » (RONSARD, Hymnes ds Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 8, p. 176); b) 1558 trans. (DU BELLAY, Regrets, CX, éd. H. Chamard, t. 2, p. 140); c) 1587 fig. (RONSARD, Elegies, t. 18, p. 246: Il faut de main rampart ta langue renfermer, Qui veut toujours causer); d) 1654 « tenir caché (un sentiment) » (SCUDÉRY, G. de Alaric ou Rome vaincue, p. 172); e) 1637 « réduire à certaines limites (ici: temporelles) » (ID., Observations sur le Cid, p. 79); 2. 1671 (NICOLE, Essais de Morale, t. 2, p. 141: c'est encore un plus grand mal que (...) de se renfermer en soi seul, de ne songer qu'à soi); 1766 part. passé adj. (Mme RICCOBONI, Comtesse de Sancerre, lett. 52 ds LITTRÉ: M. de Montalais est incompréhensible... on ne le connaît pas, il est renfermé); 3. 1680 (RICH.: Il sent ici le renfermé). Dér. de enfermer; préf. re-. Fréq. abs. littér.:2 464. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 7 693, b) 3 055; XXe s.: a) 2 381, b) 842.

renfermer [ʀɑ̃fɛʀme] v. tr.
ÉTYM. V. 1130; de re-, et enfermer.
1 Vieilli. Enfermer (qqn) complètement, étroitement; mettre en un lieu fermé. ( Enfermer, I., 1.). || Renfermer un prisonnier. || Renfermer qqn dans un cachot, une chambre. Claustrer, confiner, emprisonner, parquer, reclure (vx), séquestrer.
1 Le Turc qui renferme sa femme, lui prouve au moins par là qu'elle est nécessaire à son bonheur : l'homme à bonnes fortunes, tel que le dernier siècle nous en a fourni tant d'exemples, choisit les femmes pour victimes de sa vanité; et cette vanité ne consiste pas seulement à les séduire, mais à les abandonner.
Mme de Staël, De l'Allemagne, I, IV.
( Enfermer, I., 2.). Vieilli. Ranger, serrer (qqch.). → Mettre sous clé. || Renfermer des objets dans un tiroir (→ Fouiller, cit. 24). || Renfermer une harpe dans son étui (cit. 2). || Renfermer qqch. dans un endroit caché. Cacher.
2 (XVIIe). Vieilli. Tenir caché (un sentiment); ne pas exprimer. Concentrer, dissimuler. || Renfermer un sentiment dans son cœur (cit. 121) || Renfermer son chagrin. Dévorer. || Renfermer en soi les émotions (→ Étudier, cit. 23).
2 L'amour n'est pas un feu qu'on renferme en une âme (…)
Racine, Andromaque, II, 2.
3 (…) celui qui a le courage de renfermer sa peine est plus fort contre elle que celui qui s'en plaint.
G. Sand, la Petite Fadette, XXVII.
3 (XVIIe). Vieilli. Tenir dans des limites, des bornes (rare au sens propre). Borner, circonscrire, limiter, localiser. || Le premier qui « dans les bornes d'un vers renferma la pensée » (→ Enchaîner, cit. 8). || « Il renferme toujours son conte en quatre vers » (→ Laconique, cit. 1). Réduire, restreindre.
(Sujet n. de la chose qui limite). || Ce mur renferme un parc, un domaine. Enclore, entourer.
4 Mod. (Sujet n. de chose). Avoir, tenir contenu dans un espace, dans un lieu (fermé ou non), en soi Enfermer (II., 4.); contenir, receler. || Ce double fond (cit. 2) renferme des papiers. || La première lettre en renfermait une seconde (→ Cachet, cit. 3). || On dit que Moscou renferme plus de trois cents églises. Posséder (→ Hyperbolique, cit. 5).Substance qui renferme un élément nouveau (→ Radium, cit.).
(Abstrait). Comprendre, convenir. Comporter, enserrer… || L'optique (cit. 1) renferme la théorie de la lumière… || Système qui renferme le secret de la philosophie (→ Gnose, cit. 2). || Le mot honneur (cit. 8) renferme des idées complexes… Impliquer, inclure. || Le sens que renferme le mystère de l'Incarnation (→ Authenticité, cit. 8). || Les conséquences que renferme une affirmation, une conclusion (→ Raisonnable, cit. 3).
4 Chaque homme renferme en soi un monde à part, étranger aux lois et aux destinées générales des siècles.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 272.
5 (…) tout ce que la nature renferme dans son sein est conforme à ses lois ou connues ou mystérieuses.
France, le Jardin d'Épicure, p. 202.
5 (1740). Techn. || Renfermer son cheval, le maintenir trop serré.
——————
se renfermer v. pron.
1 Vieilli. S'enfermer complètement. || Se renfermer dans une maison (→ Attendre, cit. 53), dans sa chambre, dans sa tour d'ivoire. Claquemurer (se).
6 En cas d'accident, je puis sauter de son lit et me renfermer dans la garde-robe (…)
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 712.
Absolt, vx. Rentrer chez soi (cf. Molière, le Dépit amoureux, V, 3).
2 Fig. Se renfermer dans sa coque, sa coquille.Se renfermer en soi-même : ne rien exprimer de ses sentiments, rester replié sur soi-même. Recueillir (se).Se renfermer dans le mutisme, le silence… Murer (se).
7 Madame Lorilleux n'ajouta rien, se renfermant dans sa dignité, horriblement vexée de s'appeler Queue-de-vache.
Zola, l'Assommoir, III, t. I, p. 118.
3 Vieilli. || Se renfermer dans les bornes (cit. 16), les limites (cit. 10). Borner, cantonner, limiter (se).
8 Jean-François se renferma tout d'abord dans un système de dénégation qui, en présence du Jury, devait tomber devant les preuves (…)
Balzac, le Curé de village, Pl., t. VIII, p. 582.
——————
renfermé, ée p. p. adj.
1 Les vrais savants renfermés dans leur cabinet (→ Lettré, cit. 3). Reclus. || Les corps renfermés dans les tombeaux (→ Poudre, cit. 6).Fig. || Idée renfermée dans un mot. Enclos.
2 Spécialt. || Air renfermé (→ Cachot, cit. 1), atmosphère renfermée. Confiné.
N. m. (1818, in D. D. L.). || Le renfermé : la mauvaise odeur d'un lieu mal aéré, dont les ouvertures (fenêtres, porte, etc.) sont restées fermées. || Une odeur de renfermé. Enfermer, remugle. || Sentir le renfermé (→ Moisi, cit. 6).REM. Renfermé ne s'emploie guère qu'en parlant d'une odeur (cf. cependant G. Sand : « Une coiffe toute jaunie par le renfermé », la Petite Fadette, p. 105).
9 (…) la meilleure part de notre mémoire est hors de nous, dans un souffle pluvieux, dans l'odeur de renfermé d'une chambre ou dans l'odeur d'une première flambée (…)
Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, Pl., t. I, p. 643.
10 Dans l'appartement, une affreuse odeur de renfermé, et de tabac ranci (Picard a dû y fumer, puis oublier d'ouvrir les fenêtres).
Montherlant, les Lépreuses, II, XX.
Fig. → Factice, cit. 9.
3 Borné, cantonné. || Un raisonnement étroitement renfermé dans les limites d'une intelligence bornée.
4 Caché, qui ne s'extériorise pas… Concentré, secret. || Une haine (cit. 20) recuite et renfermée.
11 (…) aussi étaient-ils animés contre le père Hudson d'une fureur renfermée qui n'en était que plus violente et plus dangereuse (…)
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 654.
12 Ses sentiments sont renfermés, bien qu'il les montre, sans égard aux préjugés de la foule, quand il s'agit de ses devoirs (…)
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. V, p. 150.
5 (1747). Personnes, caractères. Qui ne montre pas ses sentiments. Concentré, dedans (en), dissimulé, secret (→ Nature, cit. 27). || Il est très renfermé, c'est un enfant renfermé. || Un caractère renfermé. || Une nature renfermée.
13 Il m'a d'abord dit qu'on me dépeignait comme étant d'un caractère taciturne et renfermé et il a voulu savoir ce que j'en pensais.
Camus, l'Étranger, II, I.
CONTR. Libérer. — Exposer, montrer, ouvrir. — Exclure. — Échanger (s').(Du p. p.) Communicatif, démonstratif, expansif, franc, ouvert.
DÉR. Renfermement.

Encyclopédie Universelle. 2012.