repentir (se) [ r(ə)pɑ̃tir ] v. pron. <conjug. : 16>
• 1080; bas lat. repænitereIXe; du lat. pænitere, altéré en pænitire
1 ♦ Ressentir le regret (d'une faute), accompagné du désir de ne plus la commettre, de réparer. ⇒ regretter, se reprocher (cf. Battre sa coulpe, faire son mea-culpa, s'en vouloir). Se repentir d'une faute, d'avoir commis une faute. — Absolt « il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent que pour quatre-vingt-dix-neuf justes » ( ÉVANGILE saint Luc). « au fond, je ne me repens point. Je commettrais de nouveau ma faute si elle était à commettre » (Stendhal).
2 ♦ Regretter (une action), souhaiter ne pas l'avoir faite; et par ext. Subir les conséquences désagréables (d'un acte). Se repentir d'un acte (cf. S'en mordre les doigts). Se repentir amèrement d'avoir trop parlé. Il s'en repentira, se dit par menace (cf. Il le paiera cher, il s'en souviendra).
repentir [ r(ə)pɑ̃tir ] n. m.
• 1170; de se repentir
1 ♦ Vif regret d'une faute accompagné d'un désir d'expiation, de réparation. ⇒ regret, remords, repentance; contrition. « Heureux qui s'humilie, Car le vrai repentir nous lave et nous délie » (Leconte de Lisle). Le repentir d'une offense. Un repentir sincère. « Nos péchés sont têtus, nos repentirs sont lâches » (Baudelaire). « Spinoza dit que le repentir est une seconde faute » (Alain). Marques de repentir : attitudes, apparence d'une personne qui se repent. — Formules du repentir dans la liturgie catholique. ⇒ confiteor, mea-culpa.
2 ♦ Regret (d'une action). « Ici j'ai un remords, ou un scrupule, mettons un repentir, enfin ce qu'il ne faut jamais avoir » (Péguy).
3 ♦ (1798) Changement apporté, correction faite en cours d'exécution (d'un tableau), à la différence du repeint, fait après coup. « toutes les bribes de crayonnage, tous les ratages, tous les repentirs, tous les essuie-pinceaux du peintre » ( Goncourt). — Par ext. Les repentirs d'un dessin, d'un manuscrit. « Les ratures et les repentirs » (Baudelaire ).
● repentir nom masculin (de repentir) Vif regret éprouvé pour une faute commise, accompagné d'une promesse de réparation. Correction apportée par un écrivain, un artiste à son œuvre, à son texte et en particulier par un peintre à son tableau en cours d'exécution. ● repentir (citations) nom masculin (de repentir) Michel Eyquem de Montaigne château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1533-château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1592 Je hais cet accidentel repentir que l'âge apporte. Essais, III, 2 Jules Supervielle Montevideo, Uruguay, 1884-Paris 1960 Laissez le fruit mûrir au fond de son loisir Et sans que le pourrisse un brusque repentir. Le Forçat innocent, Supplique Gallimard François Marie Arouet, dit Voltaire Paris 1694-Paris 1778 Dieu fit du repentir la vertu des mortels. Olympie, II, 2, l'hiérophante Bible C'est ainsi, je vous le dis, qu'il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent que pour quatre-vingt-dix-neuf justes, qui n'ont pas besoin de repentir. Évangile selon saint Luc, XV, 7 ● repentir (expressions) nom masculin (de repentir) Droit de repentir, faculté, pour l'auteur d'une œuvre artistique ou littéraire qui a cédé son droit d'exploitation, de le reprendre en indemnisant le cessionnaire (synonyme droit de retrait) ; faculté de renoncer pendant 7 jours à un contrat de vente signé à la suite d'un démarchage à domicile. ● repentir (synonymes) nom masculin (de repentir) Vif regret éprouvé pour une faute commise, accompagné d'une promesse...
Synonymes :
- remords
- repentance (littéraire)
- résipiscence (littéraire)
repentir (se)
v. Pron.
d1./d éprouver un regret sincère (du mal qu'on a fait). Se repentir de ses fautes.
d2./d Regretter (ce qu'on a fait) à cause de ses conséquences fâcheuses. Je me repens de lui avoir prêté de l'argent.
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repentir
n. m.
d1./d Sentiment de celui qui se repent d'une faute. Le repentir du pécheur.
d2./d PEINT Correction effectuée par l'artiste sur le tableau qu'il est en train de peindre.
I.
⇒REPENTIR1 (SE), verbe pronom.
A. — 1. RELIG. Ressentir le regret d'un péché avec le désir de le réparer et de ne plus y retomber. Se repentir dans son cœur; mourir sans se repentir. Je lui demandai (...) de me choisir les points où j'étais coupable, afin que (...) j'eusse à les rappeler en confession et à m'en repentir pour mériter une absolution générale (SAND, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 194). L'enfant prodigue s'est repenti. Il revient, le cœur agité par les remords et l'espérance (MONOD, Sermons, 1911, p. 259). V. péché ex. 1.
2. P. ext. Regretter vivement une faute, une faiblesse. Pauvre Racine! s'il relut plus tard cette bonne lettre, qu'il dut se repentir et pleurer! car elle éclaire le tort qu'il eut envers la mémoire de M. Le Maître (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 442). Je me traitais de sans-cœur, et durant plus de huit jours je me repentis de ce que j'avais fait (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 485).
B. — P. ext. [Sans connotation mor.] Regretter d'avoir fait ou de ne pas avoir fait une chose. Se repentir d'une chose, d'une décision, de son étourderie, de ses paroles. [Napoléon] s'est souvent aussi repenti de n'avoir pas fait fusiller Fouché et Talleyrand (CHATEAUBR., Mém., t. 2, 1848, p. 611):
• Le temps qu'il avait devant lui, l'envie qu'il éprouvait de marcher un peu, lui firent lâcher son fiacre. Il s'en repentit presque tout de suite, car il n'était pas au boulevard, qu'une nouvelle averse, (...) le força de nouveau à se réfugier sous une porte.
ZOLA, Argent, 1891, p. 110.
— [Dans un avertissement ou une menace] Le mot le plus raisonnable et le plus mesuré qui ait été dit sur la question du célibat et du mariage est celui-ci: « quelque parti que tu prennes, tu t'en repentiras. » Fontenelle se repentit, dans ses dernières années, de ne s'être pas marié (CHAMFORT, Max. et pens., 1794, p. 64). Elle ne m'a pas écouté et a eu à s'en repentir, puisque dix-neuf ans après, son mari l'a délaissée (BILLY, Introïbo, 1939, p. 163).
♦ Faire repentir qqn de qqc. Faire subir à quelqu'un les conséquences fâcheuses de son attitude; punir. C'est dans cet endroit charmant, que vers l'année 1730, on envoya un fort détachement pour faire repentir les sauvages de leurs insultes continuelles (BAUDRY DES LOZ., Voy. Louisiane, 1802, p. 22). Je l'en ferai bien repentir (Ac.). ,,Je lui ferai payer cher`` (Ac.).
Prononc. et Orth.:[], (il se) repent [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 soi repentir de + inf. « renoncer à, cesser de » (Roland, éd. J. Bédier, 3011), seulement en a. et m. fr.; 2. id. « manifester le regret d'avoir commis une faute » (ibid., 3590: Carles.... Si pren cunseill que vers mei te repentes! Mort as mun filz); ca 1120-50 part. prés. adj. cont. relig. (Grant mal fist Adam, I, 4 ds T.-L.); 1119 même cont. (PHILIPPE DE THAON, Comput, 1599, ibid.: Cum la gent vunt pechant... Mais quant il se repentent); ca 1155 soi repentir de ses pechiez (WACE, Brut, 14461, ibid.); 1318 part. passé fém. subst. les Repentïes « ordre religieux accueillant les femmes qui ont rompu avec une vie dissolue » (Requeste des Frères Mineurs, 98 ds RUTEBEUF, Œuvres, éd. A. Jubinal2, t. 3, 1875, p. 158); 3. ca 1140 « regretter amèrement un acte accompli, une décision prise » (Voyage de Charlemagne, éd. G. Favati, 31); 1160-74 (WACE, Rou, éd. A. J. Holden, II, 1541: ... il ont a seignor retenu , Mez puis s'en repentirent quer trop lor fu eschis); ca 1200 part. prés. adj. estre repentans « regretter » (Chanson ds Chansons du Chastelain de Couci, éd. A. Lerond, XXVIII, 24); 1280 [ms.] part. passé subst. « celui qui regrette » (Tenson anonyme ds Chansonnier d'Arras reprod. phot., introd. A. Jeanroy, fol. 137 r °); fin XIVe s. clers repentiz « renégat »; repentie subst. « nonne qui a rompu ses vœux » (EUSTACHE DESCHAMPS, Œuvres, VII, 74, 10; VII, 52, 2 ds T.-L.). Issu, avec chang. de conjug., du b. lat. repoenitere (ca 860 repoenitens, Vita S. Basilii ds MIGNE, Patrol. lat., t. 73, 1879, col. 303), dér., à l'aide du préf. re-, de poenitere (BLAISE Lat. chrét.), altér. sous l'infl. de poena (peine), du class. paenitet, paenitere (v. pénitence), verbe intrans. devenu réfl. (déb. IIIe s. Sortes Sangallenses, 2, 10 ds E. LÖFSTEDT, Syntactica, t. 2, 1933, p. 389; VIIe s. Formules rythmées, éd. Zeumer, d'apr. J. Pirson ds Mél. Wilmotte, p. 513: unde se postea penetivit, cette dernière forme attestant le chang. de conjug.); cf. a. lomb. repentirse, a. esp. rependirse. Du verbe lat. simple, le verbe a. fr. impers. sis penteiet [ind. imp.] de... « ils se repentaient de » (937-52 Jonas, éd. G. de Poerck, 195) [cf. mil. XIVe s. Entrée d'Espagne, 3099 ds T.-L.: tard pentir torne a duel] et l'a. prov. pentir (XIIIe s. [Pietro Guglielmo di Luserna] En aquest ds RAYN. t. 4, p. 488b; v. B. de VENTADORN, éd. C. Appel, p. 341). Fréq. abs. littér.:1 562. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 3 617, b) 2 929; XXe s.: a) 1 448, b) 1 114. Bbg. LANLY (A.). Morphol. hist. des verbes fr. Paris, 1977, pp. 310-311.
II.
⇒REPENTIR2, subst. masc.
A. — 1. RELIG. Regret douloureux de ses péchés avec le désir de les réparer et de ne plus y retomber. Synon. contrition, repentance (vieilli ou littér.). Mourir sans repentir; repentir profond, sincère; beau, immense, vif, violent, vrai repentir; acte, mot, parole de repentir; éprouver, témoigner du repentir; être pénétré, touché de repentir. Songez que, devant un repentir sincère et total, le pardon de la dernière seconde suffit à effacer les péchés de toute une vie (MARTIN DU G., Thib., Mort père, 1929, p. 1262). Après les actions de grâces, il confessait toutes ses faiblesses, tous ses égarements, offrait à Dieu son repentir. Il était honteux de ses fautes passées, décidément vaincu et la souffrance l'avait rendu à l'humilité (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1948, p. 118).
— P. ext. Vif regret d'une faute, d'une erreur, d'une faiblesse. Les trois régiments de la garnison de Nancy montrent du repentir, et sentent que rien ne peut les justifier des excès auxquels ils se sont portés (MARAT, Pamphlets, C'est un beau rêve, 1790, p. 230).
2. P. ext. Regret d'une action quelconque. Vous êtes douteuse, inquiète; des repentirs retournent sur vous, de terribles regrets vous prennent de vous être ainsi embarquée (M. DE GUÉRIN, Corresp., 1837, p. 294).
B. — 1. Littér. Retour en arrière. C'est en quoi la tournante vallée Séquanienne diffère de cette grande descente sans repentir et sans retour de la Loire (CLAUDEL, Convers. Loir-et-Cher, 1935, p. 147). Nous couvrîmes en retours, en repentirs, dix fois, vingt peut-être, le chemin que nous aurions dû parcourir (VIALAR, Risques et périls, 1948, p. 100).
2. DESSIN, PEINT. Correction du trait ou des couleurs apportée en cours d'exécution (p. oppos. à repeint). Ces peintres (...) qui ne font jamais mieux que quand ils vont de repentir en repentir (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 5, 1863, p. 116). Rembrandt (...) reprenait sans cesse ses planches, multipliait les repentirs et les états à très petit nombre, que se disputent aujourd'hui les collectionneurs (L. BENOIST, Musées, 1960, p. 69).
— P. anal. L'un des résultats les plus intéressants de ce « processus » de formation par reprises, repentirs, corrections successives, est sans doute l'étonnement que l'œuvre achevée doit causer à son auteur (VALÉRY, Entret. avec F. Lefèvre, 1926, p. 109).
3. HIST. DE LA COIFF. Boucle de cheveux en tire-bouchon; élément d'une coiffure dans laquelle ,,les cheveux des femmes, séparées par la raie du front, étaient frisés de boucles en tire-bouchon, courtes sur le front, moyennes sur les tempes, longues sur le cou`` (LELOIR 1961). De temps en temps, elle passait ses doigts dans ses longs cheveux bouclés en repentir sur son épaule (SAND, Mauprat, 1837, p. 194). De derrière l'oreille s'échappe cette longue boucle nommée repentir dans le bizarre langage de la toilette du temps (GAUTIER, Guide Louvre, 1872, p. 304).
— Au plur. Deux petites boucles dites repentirs lui tombent de chaque côté sur le cou, non sans coquetterie (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 8, 1864, p. 290). Une petite école pour rire, tenue par une vieille dame à repentirs que les enfants appelaient « bonne amie » (A. DAUDET, Pt Chose, 1868, p. 321).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1165 « regret d'un acte considéré comme une faute » venir al repentir (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, éd. L. Constans, 19664); ca 1200 aimer sanz repentir (CHASTELAIN DE COUCI, Chansons, éd. A. Lerond, III, 20); 1640 plur. « manifestations de regret » (CORNEILLE, Cinna, V, 1); 2. a) 1798 plur. Beaux-arts « changement apporté à une œuvre d'art en cours d'exécution » (Ac.); b) 1800 coiff. (GOSSE, Le Nouveau débarqué, p. 19 ds QUEM. DDL t. 25). Subst. de repentir1 (se). Fréq. abs. littér. (repentirs): 86. Bbg. QUEM. DDL t. 14. — RIGOLOT (Fr.). La Pente du repentir: un ex. ds... les Essais de Montaigne. Columbia Montaigne Conference Papers. Éd. par D. M. Frame. Lexington, 1981, pp. 119-134.
repentir (se) [ʀ(ə)pɑ̃tiʀ] v. pron. [CONJUG. dormir.]
ÉTYM. 1080; du bas lat. repœnitere, IXe; du lat. pænitere, déformé en pœnitire.
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1 Ressentir le regret (d'une faute), accompagné du désir de ne pas recommencer, de réparer. ⇒ Regretter, reprocher (se), vouloir (s'en). || Se repentir d'une faute (→ Oublier, cit. 13), d'un péché (cit. 3). ⇒ Pleurer (ses péchés). || Les péchés dont il s'est repenti. — Se repentir d'avoir commis une faute (cit. 17), d'avoir offensé Dieu… (→ Libérer sa conscience, battre sa coulpe, se frapper la poitrine, faire son mea-culpa, demander pardon à Dieu, faire pénitence).
1 (…) je vous le dis, qu'il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent que pour quatre-vingt-dix-neuf justes, qui n'ont pas besoin de repentir.
Bible (Jérusalem), l'Évangile selon saint Luc, XV, 7.
2 (…) au fond, je ne me repens point. Je commettrais de nouveau ma faute si elle était à commettre.
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, XIX.
3 Ah ! je me repens, Seigneur, si vous saviez comme je me repens, et ma fille aussi se repent, et mon gendre sacrifie une vache tous les ans, et mon petit-fils, qui va sur ses sept ans, nous l'avons élevé dans la repentance : il est sage comme une image, tout blond et déjà pénétré par le sentiment de sa faute originelle.
Sartre, les Mouches, I, 1.
2 Regretter (une action), souhaiter ne pas avoir fait (qqch.); subir les conséquences désagréables (d'un acte). || Se repentir d'un acte (→ Asphyxie, cit. 3), d'avoir ri (→ Exciter, cit. 4). || Se repentir amèrement de…, d'avoir fait… (→ Innombrable, cit. 4). || Se repentir d'avoir une femme (cit. 97). || Se repentir d'avoir trop parlé (→ Se mordre les doigts, la langue, les lèvres, les pouces). — Vx. || Se repentir que… (avec le subj. → ci-dessous, cit. 5, Molière).
4 Donc inhabile au service de Dieu,
J'abandonnai de bonne heure le lieu :
Et retournant d'où je m'étais partie,
Me repentis de m'être repentie.
Du Bellay, Jeux rustiques, « La vieille courtisane ».
5 Coquin ! je me repens que ma main t'ait fait grâce (…)
Molière, Tartuffe, III, 7.
6 Dans un temps plus heureux ma juste impatience
Vous ferait repentir de votre défiance.
Racine, Britannicus, III, 7.
7 Cependant des humains presque les quatre parts
S'exposent hardiment au plus grand des hasards (le mariage);
Les quatre parts aussi des humains se repentent.
La Fontaine, Fables, VII, 2.
♦ Il s'en repentira; je l'en ferai repentir (avec ellipse du pron.), se dit par menace (→ Il lui en cuira, il le paiera cher, il s'en souviendra).
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repenti, ie p. p. adj.
ÉTYM. (XIIIe).
♦ Qui s'est repenti de ses fautes, qui a commencé à réparer. || Pécheur (cit. 2) repenti. || Fille repentie (→ Pénitence, cit. 7), et, n. f., une repentie (vieilli), se disait d'une fille repentie de sa conduite et retirée dans une maison religieuse. || Couvent de filles repenties. ⇒ Madelonnette. — Ellipt. || On l'a mise, elle s'est retirée aux Filles repenties, aux Repenties. — Allus. bibl. || La Madeleine repentie. — La Courtisane repentie, la Contre-repentie, poèmes de Du Bellay.
8 Les contours sévères de la sainteté s'amollissaient en lignes ondoyantes et souples; la pécheresse reparaissait à travers la repentie (…) La grande sainte devenait courtisane et se faisait tentatrice.
Th. Gautier, la Toison d'or, VI, in Fortunio…, p. 227.
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DÉR. Repentance, repentant.
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repentir [ʀ(ə)pɑ̃tiʀ] n. m.
ÉTYM. 1170; inf. substantivé du v. repentir.
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1 Regret (d'une faute), sentiment de douleur morale accompagné d'un désir d'expiation, de réparation. ⇒ Regret, remords (cit. 7, Janet), repentance; componction, contrition. || Aveu et repentir des fautes. ⇒ Confession (cit. 2). || Repentir d'un crime, d'une offense… || Un repentir sincère (→ Déraciner, cit. 5), fervent (→ Orgueil, cit. 8). || « Nos péchés sont têtus, nos repentirs sont lâches » (→ Bourbeux, cit. 3). || Le repentir au cœur (cit. 93). || Être pénétré de repentir. — Un esprit de pénitence et de repentir (→ Douleur, cit. 21). || Une vie de repentir (→ Expier, cit. 5). || Pleurer par repentir (→ Attendrissement, cit. 8). || Marques de repentir (→ Frapper, cit. 52). || Les bonnes œuvres du repentir (→ Dieu, cit. 44). — Formules du repentir dans la liturgie catholique. ⇒ Confiteor, mea-culpa, peccavi.
1 Notre repentir n'est pas tant un regret du mal que nous avons fait, qu'une crainte de celui qui nous en peut arriver.
La Rochefoucauld, Maximes, 180.
2 Votre repentir n'est encore que le sentiment d'une défaite essuyée, ce qui est horrible, c'est le désespoir de Satan, et tel était peut-être le repentir des hommes avant Jésus-Christ; mais notre repentir à nous autres catholiques, est l'effroi d'une âme qui se heurte dans la mauvaise voie, et à qui, dans ce choc, Dieu s'est révélé !
Balzac, le Curé de village, Pl., t. VIII, p. 655.
3 (…) Heureux qui s'humilie,
Car le vrai repentir nous lave et nous délie,
Et réjouit le cœur des Anges dans les cieux !
Leconte de Lisle, Poèmes barbares, « Le corbeau ».
4 Bref, cette tristesse qui naît de la contemplation du passé ne sert à rien et est même très nuisible, parce qu'elle nous fait réfléchir vainement et chercher vainement. Spinoza dit que le repentir est une seconde faute.
Alain, Propos, 31 oct. 1911, « Du désespoir ».
2 (Fin XIIe). Regret (d'une action). || « Un lâche repentir d'une bonne action » (→ 1. Car, cit. 1).
5 Voici dix années bientôt qu'elle avait fait ce beau coup, et pas une heure ne s'était écoulée sans qu'elle en eût le repentir : une existence de misère, un exil dans ce coin glacé du Nord, où elle grelottait, un ennui à périr, de n'avoir jamais personne à qui causer, pas même une voisine.
Zola, la Bête humaine, II.
6 Ici j'ai un remords, ou un scrupule, mettons un repentir, enfin ce qu'il ne faut jamais avoir; je ne me rappelle pas si exactement il a dit (…)
Ch. Péguy, la République…, p. 189.
3 (1798, Académie). Art. Changement apporté, correction faite en cours d'exécution (d'un tableau, etc.), à la différence du repeint, fait après coup. — Les repentirs d'un dessin, d'un manuscrit (→ Imparfait, cit. 4).
7 (…) il avait le travail si douloureux, que la moindre lettre, la plus banale, une invitation, un envoi d'argent, lui coûtait deux ou trois heures d'une méditation excédante, sans compter les ratures et les repentirs.
Baudelaire, l'Art romantique, XXII, V.
8 (…) toutes les bribes de crayonnage, tous les ratages, tous les repentirs, tous les essuie-pinceaux du peintre (Delacroix) sont là, exposés en grande pompe (…)
Ed. et J. de Goncourt, Journal, 21 févr. 1864, t. II, p. 144.
4 N. m. pl. (1830, in D. D. L.). Anciennt. || Repentirs : sorte de longues boucles (⇒ Anglaise) pendant de chaque côté du cou.
9 (…) il aperçut le cou de vautour d'une vieille dame anglaise dont les grands repentirs époussetaient la nappe.
Alphonse Daudet, Tartarin sur les Alpes, III.
Encyclopédie Universelle. 2012.