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repoussoir

repoussoir [ r(ə)puswar ] n. m.
• 1429; de 1. repousser
1Techn. Outil servant à extraire des chevilles, des clous. Ciseau qui sert dans le repoussage.
Cour. Petite spatule pour repousser la peau sur les ongles. « La manucure changeait de lime, de repoussoir, de vernis » (Aragon).
2(1762) Peint. Élément du tableau au ton plus vigoureux, qui met en valeur un autre élément, ou produit, par contraste, un effet de profondeur. « Sans avoir besoin de repoussoirs et d'ombres exagérées dans leur vigueur, il obtient d'étonnants effets de clarté » (Gautier).
Fig. et cour. Chose ou personne qui en fait valoir une autre par opposition. Servir de repoussoir. « des femmes qui se choisissent, comme repoussoir, des amies d'une laideur rassurante » (Gautier). Absolt Personne laide.

repoussoir nom masculin Masse colorée des premiers plans d'un tableau, qui, par contraste, fait fuir les arrière-plans, crée un effet de profondeur. Familier. Chose ou personne qui en fait valoir une autre par opposition, par contraste : Cette femme laide sert de repoussoir à sa voisine. Ciseau servant à tailler des moulures dans la pierre.

⇒REPOUSSOIR, subst. masc.
A. — 1. CHARPENT., MENUIS. ,,Outil en forme de tige métallique servant à décheviller`` (BARB.-CAD. 1971). On assemble toutes les pièces (...) et on enfonce les chevilles de manière à pouvoir les faire ressortir, en les poussant en sens contraire, avec un cylindre en fer qu'on frappe à coups de marteau et qu'on appelle repoussoir (NOSBAN, Manuel menuisier, t. 2, 1857, p. 83).
P. anal. [Dans différentes professions artis.] Outil de fer servant à faire sortir des clous, des chevilles. Repoussoir de maréchal-ferrant. (Dict. XXe s.). Robinet à repoussoir (CHABAT t. 2 1876). Pour visiter une poulie on chasse l'essieu avec un repoussoir (GALOPIN, Lang. mar., 1925, p. 46).
2. ORFÈVR. Ciselet servant au repoussage des métaux ou au repoussé du cuir. Repoussoir de bijoutier. ,,Ciselet qui sert à repousser les reliefs qu'on a enfoncés en les ciselant par-dessus`` (CHESN. t. 2 1858).
3. SCULPT., MINES ET CARR. Long ciseau utilisé pour tailler les moulures dans les pierres de taille (d'apr. BARB.-CAD. 1971).
4. MANUCURE. Synon. de repousse-peaux (comp. s.v. repousser1). Babette [la manucure] attaqua la seconde main de Carlotta rêveuse (...). Polissoir, lime, repoussoir dansèrent sur un rythme accéléré (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 367).
B. — 1. BEAUX-ARTS
a) ,,Objet placé en premier plan d'une représentation pour donner un effet d'éloignement aux autres plans`` (BÉG. Dessin 1978). P. anal. Leurs flancs [des Pyrénées] gaufrés de différentes cultures, boisés de chênes verts, formaient un vigoureux repoussoir pour les cimes éloignées et vaporeuses (GAUTIER, Tra los montes, 1843, p. 21).
b) ,,Ton vigoureux qui met en valeur les parties claires et lumineuses d'un tableau`` (ADELINE, Lex. termes art, 1884). M. Bonnat dont les lourdes portraitures se détachent avec des égouttures de phosphore au nez et au front, sur un repoussoir brouillé de lie de vin et de brun sec qui vont en s'atténuant, du haut en bas du cadre (HUYSMANS, Art mod., 1883, p. 202). Si certains tableaux exigent un fond clair et uni, d'autres demandent un repoussoir plus vigoureux. Il suffit d'ailleurs de reporter le même tableau sur des fonds différents pour voir à quel point l'effet qu'il produit dépend du ton de la tenture sur laquelle il se détache (RÉAU, Archives, bibl., musées, 1909, p. 40).
2. P. anal.
a) Personne ou chose qui, par contraste, met en valeur une autre. Tenir lieu de repoussoir. Pour repoussoir à toutes ces splendeurs, un coin de bas côté près du chœur rassemblait (...) une vieille femme à genoux par terre (...) une mère du peuple (GONCOURT, Man. Salomon, 1867, p. 330). À côté de cette fine et délicate Parisienne (...) il faudrait placer, pour lui servir de repoussoir, une vile esclave (LARBAUD, Jaune, 1927, p. 283).
Absol. Personne laide, disgracieuse ou dont la tenue rebute. Ou cette vieille Anglaise, Couleur de terre glaise Que nous vîmes un soir, (Ô repoussoir!) (TOULET, Vers inéd., 1920, p. 60).
b) Rare. Ce qui fait reculer quelqu'un. Si c'était là un autel propitiatoire, un piège à diable, un repoussoir (...) Toujours est-il que, voit-on ces petits monuments, diable il y a (GIDE, Retour Tchad, 1928, p. 928).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. a) 1429 repoussouer « refouloir » (Compte de Jeh. Hillaire, Forteresse, Arch. mun. Orléans ds GDF. Compl.); b) 1549 « cheville qui sert à faire sortir un clou ou une autre cheville » (EST.); c) 1676 « ciselet des sculpteurs » (FÉLIBIEN, p. 722); d) 1770 « pièce qu'on pousse pour faire sonner une montre à répétition » (VOLTAIRE, Lettre à Mme d'Argental, 7 déc. ds LITTRÉ); e) 1858 « ciselet servant au repoussé des métaux » (CHESN. t. 2); 2. 1762 peint. « nom donné aux tons vigoureux placés au devant d'un tableau pour faire paraître les autres plus éloignés » (Ac.); 3. 1765 « personne ou chose qui en fait valoir une autre par contraste » (DIDEROT, Salon, X, p. 298 ds BRUNOT t. 6, 1, 2, p. 767); 1920 « personne très laide, ou dont l'aspect, la tenue font qu'on s'écarte d'elle » (TOULET, loc. cit.). Dér. de repousser1; suff. -oir. Fréq. abs. littér.:41.

repoussoir [ʀ(ə)puswaʀ] n. m.
ÉTYM. 1429; de 1. repousser.
1 Techn. Outil servant à extraire des chevilles, des clous.Ciseau qui sert dans le travail du repoussage et permet d'obtenir de fines dénivellations dans la feuille de métal. || Repoussoir de bijoutier.Ciselet de sculpteur servant à pousser des moulures.Petit instrument en forme de spatule, qui sert à repousser la peau sur les ongles. Repousse-peaux (→ 1. Manucure, cit.).
2 a (1762, Académie). Arts. « Les peintres nomment repoussoirs des objets vigoureux de couleur ou très ombrés, qu'on place sur le devant d'un tableau, pour faire paraître les autres objets plus éloignés ».
1 Teniers a fait la satire la plus forte des repoussoirs. Il y en a sans doute dans ses tableaux; mais on ne sait où ils sont (…) le spectateur cherche ce qui donne de la profondeur à la scène, ce qui sépare cette profondeur en une infinité de plans, ce qui fait avancer et reculer ses figures (…) C'est qu'il en doit être d'un tableau comme d'un arbre ou de tout autre objet isolé dans la nature, où tout se sert réciproquement de repoussoir.
Diderot, Pensées détachées sur la peinture, p. 790.
b Élément du tableau au ton plus vigoureux placé et traité de façon à mettre en valeur par contraste un autre élément ou à produire par contraste un effet de profondeur.
2 Madame Marneffe, la figure radieuse de bonheur, fit son entrée dans le salon avec une grâce modeste, suivie de Bette, qui, mise tout en noir et jaune, lui servait de repoussoir, en terme d'atelier.
Balzac, la Cousine Bette, Pl., t. VI, p. 330.
3 M. B. de Francesco possède le don indispensable pour peindre ce radieux climat, le don de la lumière (…) Sans avoir besoin de repoussoirs et d'ombres exagérées dans leur vigueur, il obtient d'étonnants effets de clarté (…)
Th. Gautier, Souvenirs de théâtre, B. de Francesco.
c (1765). Fig., cour. Chose, personne qui en fait valoir une autre par opposition, par contraste. || Servir de repoussoir à quelqu'un.Absolt. || C'est un repoussoir, un vrai repoussoir, une personne laide, disgracieuse.
4 Contrairement à l'usage des femmes qui se choisissent, comme repoussoir, des amies d'une laideur rassurante, madame Sophie Gay s'entourait bravement de jolies femmes sans craindre d'éteindre sa beauté par la comparaison.
Th. Gautier, Portraits contemporains, « Sophie Gay ».
5 (…) les grands artistes (…) ont couvert par deux artifices la médiocrité et la laideur des caractères qu'ils figuraient. Ou bien ils en font des accessoires et des repoussoirs qui servent à mettre en relief quelque figure principale : c'est le procédé le plus fréquent des romanciers, et vous pouvez l'étudier dans le Don Quichotte de Cervantès, dans Eugénie Grandet de Balzac, dans Madame Bovary de Gustave Flaubert.
Taine, Philosophie de l'art, t. II, p. 290.

Encyclopédie Universelle. 2012.