1. repousser [ r(ə)puse ] v. tr. <conjug. : 1>
1 ♦ Pousser (qqn) en arrière, faire reculer loin de soi. ⇒ 1. écarter, éloigner. « Loin de répondre à ses caresses, je la repoussai avec dédain. » (abbé Prévost). Repousser l'ennemi, l'envahisseur. ⇒ refouler. Par ext. S'opposer avec succès à. Repousser les invasions, les assauts, les attaques.
♢ Ne pas accueillir, ou accueillir mal. ⇒ bannir, chasser, éconduire, rabrouer, rembarrer. « Son obstination à me séduire et à me repousser » (Louÿs). Il l'a repoussé avec brusquerie. ⇒ rabrouer (cf. fam. Envoyer promener).
♢ Par ext. Il n'y a rien en lui qui me repousse ou qui m'attire. ⇒ dégoûter, déplaire; repoussant.
2 ♦ (v. 1580) Pousser (qqch.) en arrière ou en sens contraire, écarter brusquement de soi. Une chaise qu'il avait repoussée du pied. — (Sujet chose) Matière électrisée qui attire ou repousse les corps légers (⇒ répulsif) . — Pronom. Les électrons se repoussent.
3 ♦ Techn. Façonner par repoussage. Repousser une feuille de métal au marteau, au repoussoir (⇒ repoussé) .
4 ♦ Fig. Refuser d'accepter, de céder à. ⇒ rejeter. Repousser l'aide de qqn. « Un bon esprit repousse tout ce qui est contraire à la raison » (France). Repousser les conseils, les supplications, les offres. ⇒ décliner. « Votre demande d'augmentation est repoussée » (Zola). Repousser un projet.
5 ♦ (Emploi critiqué) Remettre à plus tard. ⇒ 2. différer, 1. reporter. Elle repousse indéfiniment ce rendez-vous.
⊗ CONTR. Attaquer; céder. Accueillir, attirer; accepter, admettre.
repousser 2. repousser [ r(ə)puse ] v. <conjug. : 1>
1 ♦ V. tr. Rare Produire de nouveau. « Cet arbre a repoussé de plus belles branches » (Littré).
2 ♦ V. intr. Cour. Pousser de nouveau. Les feuilles repoussent (⇒ regain) . « Où mon cheval a passé, l'herbe ne repousse pas » (paroles d'Attila, cité par A. Berthelot). Laisser repousser sa barbe.
● repousser verbe transitif Pousser en arrière quelque chose, quelqu'un, un groupe, les faire reculer : Les forces de l'ordre repoussent les manifestants. S'opposer avec succès à quelqu'un, à son attaque : Repousser un agresseur. Faire mauvais accueil à quelqu'un, l'éconduire : Repousser un prétendant. Ne pas admettre quelque chose, ne pas l'accepter : Le conseil a repoussé le projet. Inspirer à quelqu'un des sentiments d'antipathie, d'hostilité : Il a un physique qui repousse. Remettre en place ce qui a été déplacé, tiré : Repousser un tiroir. Écarter quelqu'un, quelque chose de façon à l'éloigner de soi : Un obstacle que l'on repousse du pied. Remettre à plus tard quelque chose qui était prévu : Ils ont repoussé la date de leur mariage. Travailler une pièce mince de métal, un cuir sur une de ses faces, de manière à obtenir un relief décoratif sur l'autre face. Réaliser une forme par repoussage. ● repousser (synonymes) verbe transitif Pousser en arrière quelque chose, quelqu'un, un groupe, les faire reculer
Synonymes :
- écarter
- éloigner
- rabattre
- refouler
S'opposer avec succès à quelqu'un, à son attaque
Synonymes :
- chasser
- éliminer
Faire mauvais accueil à quelqu'un, l'éconduire
Synonymes :
- exclure
- rabrouer
- rembarrer (familier)
Contraires :
- recevoir
Ne pas admettre quelque chose, ne pas l'accepter
Synonymes :
- rejeter
Contraires :
- accepter
- admettre
- agréer
- se prêter à
- souscrire à
Inspirer à quelqu'un des sentiments d'antipathie, d'hostilité
Synonymes :
- déplaire
- rebuter
Contraires :
- charmer
- fasciner
- plaire
- séduire
Écarter quelqu'un, quelque chose de façon à l'éloigner de soi
Synonymes :
- pousser
Contraires :
- attïrer
Remettre à plus tard quelque chose qui était prévu
Synonymes :
- ajourner
- différer
- reculer
- reporter
- retarder
Contraires :
- avancer
● repousser
verbe intransitif
Pousser, croître de nouveau : Laisser repousser sa barbe.
● repousser (expressions)
verbe intransitif
Populaire. Repousser du goulot, avoir mauvaise haleine.
repousser
v. intr. Pousser de nouveau. Herbe qui repousse après la fenaison.
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repousser
v. tr.
d1./d Faire reculer, pousser en arrière (qqn). Repousser l'ennemi.
d2./d Pousser (qqch) en arrière ou loin de soi. Repousser des objets gênants du revers de la main.
d3./d TECH Travailler (le métal, le cuir) par repoussage.
d4./d Ne pas agréer. Repousser une demande. Repousser les tentations, ne pas y céder.
d5./d Remettre à plus tard. Repousser un délai de livraison.
I.
⇒REPOUSSER1, verbe
I. — Empl. trans.
A. — Qqn repousse qqn
1. Pousser en arrière, faire reculer une personne, un groupe. Repousser qqn d'un geste, de la main, des deux mains, à bras tendus, à coups de pied; repousser qqn doucement, brutalement, rudement, violemment, vivement, avec énergie, avec dédain, avec dégoût, avec force, avec horreur, avec indignation, avec violence; repousser en arrière. Ils le virent passer un peu plus tard, le long des Tuileries, vers le métro Concorde, où ils avaient été repoussés quand on avait dégagé la voie du landau présidentiel escorté de cuirassiers (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 261).
— En partic. Faire reculer avec force. Synon. refouler. Repousser l'ennemi, les ennemis, l'étranger, les assaillants. L'ennemi les reçoit avec intrépidité. Trois fois ils viennent se briser contre le vaste corps qui les repousse (CHATEAUBR., Martyrs, t. 1, 1810, p. 289). Battu, repoussé plusieurs fois dans une guerre, et presque désespéré, il était au fond de sa tente (MICHELET, Insecte, 1857, p. 389). [P. méton. du compl. d'obj.] Repousser l'assaut. L'attaque sur Pozzuelo-Aravaca est repoussée, m'général. Heinrich note sur la carte les nouvelles positions (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 784).
— Loc. verb., au fig., vx. Être repoussé à la barricade. Après avoir fait des tentatives pour obtenir quelque chose, être refusé ouvertement (d'apr. Ac. 1798, 1835). Être repoussé avec perte. Essuyer un grave échec (d'apr. Ac. 1835-1935).
2. Au fig. Refuser d'accueillir; faire mauvais accueil à. Synon. écarter, rembarrer (fam.), envoyer paître (fam.), bouler (pop.), éconduire; envoyer au diable (v. diable1). Tu es assez grand, assez raisonnable pour t'apercevoir que ton père me repousse, ne veut pas de mes soins, et cela n'est pas naturel, car tu sais combien je l'aime (BALZAC, Gobseck, 1830, p. 432):
• 1. La veille au soir, en montant l'escalier, comme Henry, qui marchait le dernier, avait voulu lui prendre la main par derrière pour la baiser, ne l'avait-elle pas brutalement repoussé, repoussé tout à fait?
FLAUB., 1re Éduc. sent., 1845, p. 81.
B. — Qqn repousse qqc.
1. [Le compl. d'obj. désigne un inanimé concr.] Pousser en sens contraire; écarter loin de soi. Synon. reculer. Repousser la table, son assiette, son verre, ses couvertures, un tiroir; repousser les volets, le verrou; repousser la porte (derrière soi); repousser qqc. de la main, des deux mains, brusquement; repousser qqc. en arrière; repousser qqc. contre qqc. Une chaise, qu'il avait sans doute repoussée du pied, était renversée à côté de lui (BAUDEL., Poèmes prose, 1867, p. 149). Fauteuils et canapé ont été repoussés vers le fond (AYMÉ, Cléramb., 1950, I, p. 9). V. libérer B 2 ex. de Vailland.
2. Au fig.
a) [Le compl. d'obj. désigne un inanimé concr. ou abstr.] Refuser d'accepter. Synon. décliner, récuser, refouler, rejeter; anton. agréer, acquiescer à. Repousser une demande, une invitation, une offre, une proposition, des avances. Elle avoit constamment repoussé toute nourriture (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 499). Anna (...) ne parlait pas, (...) ne mangeait pas (...). Avec des prévenances timides et touchantes, il essaya de s'occuper d'elle; elle repoussa ses attentions, âprement (ROLLAND, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1386).
— Loc., vx. Repousser une injure. S'opposer vivement à une injure. Repousser l'injure par l'injure (Ac. 1798-1878). Quelquefois il savoit repousser une injure grossière par une raillerie piquante (CHATEAUBR., Essai Révol., t. 2, 1797, p. 147). Repousser la force par la force (vx). Employer la force pour se défendre, répondre à la violence par la violence. Le roi, tout en se déterminant à rester, pouvait encore prendre le parti de se mettre à la tête des gardes du corps, et de repousser la force par la force (STAËL, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 267).
b) Chasser de son esprit. Synon. écarter, rejeter. Repousser une idée noire, une mauvaise pensée, une tentation. J'eus faim. Mon premier mouvement, instantané, fut de repousser cette envie de manger (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 263):
• 2. Une idée bien lâche, qu'il avait déjà repoussée plusieurs fois, se présenta avec une vivacité à laquelle il ne put résister: « Si je campais là le ministère, et retournais à Nancy et au régiment? (...) »
STENDHAL, L. Leuwen, t. 2, 1835, p. 257.
3. Remettre à plus tard. Synon. ajourner, différer, renvoyer, reporter. Repousser un rendez-vous, une réunion. La pensée du partage nécessaire entre les deux sœurs (...), il le repoussait à une époque tellement lointaine, qu'il espérait trouver d'ici là une façon de s'y soustraire (ZOLA, Terre, 1887, p. 199). Un plan est donné par avance. Il est (...) représentable, avant le détail de sa réalisation. L'exécution complète en peut être repoussée dans un avenir lointain, reculée même indéfiniment (BERGSON, Évol. créatr., 1907, p. 104).
Rem. Empl. critiqué. ,,Se dit parfois, inutilement d'ailleurs, et non sans équivoque, pour « remettre à plus tard »`` (HANSE Nouv. 1983).
4. Spécialement
a) IMPR., TYPOGR. Imprimer à la main un signe, une lettre qui manque sur une feuille tirée. Repousser un point qui manque à la fin d'une phrase (LITTRÉ).
b) MÉTALL., ORFÈVR. Travailler à froid une feuille de métal ou du cuir pour faire ressortir une image ou un ornement en relief. Au moyen de traçoirs qui repoussent les reliefs en les précisant (...) le ciseleur transforme le bronze informe sorti de la fonte en une œuvre d'art à laquelle il imprime fortement sa personnalité (VIAUX, Meuble Fr., 1962, p. 26).
— Empl. part. passé adj. V. repoussé.
C. — Qqc./qqn repousse qqn. Littér. [Le suj. désigne une pers. ou une chose] Inspirer de l'aversion, de la répulsion à quelqu'un. Synon. dégoûter, déplaire, rebuter; anton. attirer, plaire. Ce lieu nous attirait et nous repoussait à la fois comme un lieu où l'amour avait été révélé, et comme un lieu où il avait été profané aussi (LAMART., Raphaël, 1849, p. 221). Quelle mauvaise figure il a! dit Alban, à la fois attiré et repoussé par cet être. Il a l'air d'un de ces chats pelés, chassieux, qu'on voit rôder, rejetés de partout, et dont la mine seule dénonce un paria (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 491).
II. — Empl. intrans.
A. — [Le suj. désigne un ressort ou une arme à feu portative] Exercer une pression qui éloigne; produire un effet de recul. Ce ressort repousse trop, ne repousse pas assez. Ce fusil repousse (Ac.).
B. — BEAUX-ARTS, DESSIN, PEINT. [Le suj. désigne une teinte, un ton] Obscurcir des teintes claires qui sont superposées à un ton foncé. Les tons [des toiles de Poussin], posés d'ordinaire sur une impression rouge qui a repoussé, ont pris un aspect triste et rembruni (GAUTIER, Guide Louvre, 1872, p. 172). Ne jamais peindre clair sur foncé (...) le foncé repousse, c'est-à-dire obscurcit ou « mange » les teintes claires qui lui sont superposées (Arts et litt., 1935, p. 30-4).
C. — Loc. verb., pop., arg. Repousser (du goulot). Sentir mauvais de la bouche, avoir mauvaise haleine. V. goulot A ex. de Magnane.
Prononc. et Orth.:[], (il) repousse [-pus]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1375 « pousser quelqu'un en arrière, faire reculer » (J. CUVELIER, B. du Guesclin, éd. E. Charrière, 20229); 2. 1553 repousser qqn « lui faire un mauvais accueil » (Bible Gérard, Eccl., 13, 25); 3. 1558 verbe intrans. « pousser en arrière » (BONAVENTURE DES PÉRIERS, Nouvelles recreations, éd. K. Kasprzyk, p. 232); 4. 1579 « pousser une chose en arrière » (GARNIER, La Troade, éd. W. Foerster, II, p. 125); 5. 1770 « inspirer de l'aversion » (RAYNAL, Hist. phil., XI, 11 ds LITTRÉ); 6. 1847 « sentir mauvais » (Dict. arg., p. 231); 1866 repousser du tiroir « id. » (DELVAU, p. 339); 1878 repousser du goulot « id. » (RIGAUD, Dict. jargon paris., p. 178); 7. 1887 « remettre à plus tard » (ZOLA, loc. cit.). B. 1. 1835 « imprimer à la main sur une feuille tirée » (Ac.); 2. 1840 (FOURNET, Sur la sondabilité des métaux et sur le damassé d'or et d'argent ds Ann. chim. et phys., t. 75, p. 437: j'obtins une barre parfaitement tenace, ductile et homogène, que je laminai, et dont je fis fabriquer, par la méthode du repoussé, un vase dont le poli mit en évidence la parfaite homogénéité); 3. 1875 « réaliser une pièce métallique par une opération de repoussage » (Lar. 19e, s.v. repoussoir). C. 1. 1870 « se dit d'une couleur sur un tableau, qui avec le temps, domine celles qui l'environnent » (LITTRÉ); 1933 « se dit d'une partie d'un tableau qui reparaît sous les retouches » (MOREAU-VAUTHIER, Peint., p. 148). Dér. de pousser; préf. re-.
DÉR. 1 Repoussage, subst. masc. [Corresp. à supra I B 5 b] Métall. ,,Façonnage d'un métal en feuille sur un mandrin ayant la forme désirée`` (POIGNON 1967). Repoussage au tour. Survient maintenant l'opération du repoussage, nécessitant surtout l'usage de la (...) barre de fer ou d'acier recourbée ou coudée qui, frappée avec vigueur, repousse l'intérieur de la pièce de métal (GRANDJEAN, Orfèvr. XIXe s., 1962, p. 40). — []. — 1re attest. 1866 techn. grav. (M. LALANNE, Grav. eau-forte, p. 53); de repousser1, suff. -age. 2. Repoussement, subst. masc. a) Vx [Corresp. à supra II A; en parlant d'un ressort, d'une arme à feu portative] Fait de produire un effet de recul; p. méton., recul ainsi produit. Cette contusion a été causée par le repoussement de son fusil (Ac.). b) Vieilli, littér. ) [Corresp. à supra I A 1] Action de repousser quelqu'un. La deuxième fois, revêtus du nom de Romains, ils arrêtèrent, ils repoussèrent, ils refoulèrent l'Orient punique (...). C'est cet antique repoussement (...) que vous poursuivez aux héroïsmes des guerres mauritaniennes (PÉGUY, V.-M., comte Hugo, 1910, p. 832). [Corresp. à supra I A 2] Action de rejeter quelqu'un; p. méton., résultat de cette action. Ou la sympathie nous attire vers lui, ou l'antipathie nous en écarte; ou nous nous associons à son existence, ou elle devient pour nous un sujet d'effroi, de repoussement, de haine et de colère (CABANIS, Rapp. phys. et mor., t. 2, 1808, p. 335). Je deviens un objet d'indifférence, ou même de repoussement et d'ennui (MAINE DE BIRAN, Journal, 1816, p. 108). ) Action de repousser quelque chose, d'écarter de soi. À mon désir fou de la posséder (...) elle opposait une résistance incompréhensible, un doux, mais entêté repoussement de mes baisers (GONCOURT, Journal, 1889, p. 1012). Action de rejeter, de ne pas accepter. Le repoussement par moments d'idées religieuses avec les terreurs d'un enfer de feu et de soufre (GONCOURT, Journal, 1862, p. 1120). — []. Att. ds Ac. dep. 1718. — 1res attest. 1538 « action de repousser » (EST.), 1673 « choc que produit sur le tireur le recul d'une arme à feu » (doc. ds GUIFFREY, Inv. mobilier Louis XIV, II, 63); de repousser1, suff. -ment1; cf. en 1436 repulsement « action de repousser » (Mandem. de Henri VI, ds Chron. du M. S. Michel, II, 91, A.t. ds GDF. Compl.), dér. de repulser (1486, ibid.), suff. -ment1, repulser est un empr. au lat. repulsare « repousser ». 3. Repousseur, subst. masc. a) Orfèvr., métall. Ouvrier qualifié qui pratique le repoussage ou le repoussé. Repousseur au tour en orfèvrerie; repousseur au tour; repousseur sur cuir; repousseur sur métaux (Mét. 1955). Aujourd'hui l'émailleur doit donner le dessin de la forme qu'il désire à un repousseur de métaux qui emploie des mandrins en bois sur lesquels il façonne au tour le métal qui lui a été confié (A. MEYER, Art émail Limoges, 1895, p. 2). b) Néol., pétrochim. ,,Produit chimique qui s'oppose à l'expansion d'une nappe de pétrole en rassemblant les hydrocarbures`` (Termes nouv. Sc. Techn. 1983). Les repousseurs, à l'opposé des dispersants, sont présentés comme des produits merveilleux: versés à la périphérie d'une nappe, ils créent un véritable barrage chimique à l'expansion du pétrole et, progressivement, le rassemblent et le regroupent (Sc. et Avenir, mai 1978, n ° 375, p. 48). — []. — 1res attest. 1611 repoulseur « celui qui repousse » (COTGR.), 1870 « ouvrier capable d'exécuter le repoussage sur métaux » (LITTRÉ); de repousser1, suff. -eur2.
COMP. Repousse-peaux, subst. masc. Petit instrument de manucure, à l'extrémité en forme de spatule, servant à repousser les petites peaux autour des ongles. Synon. repoussoir (v. ce mot A 4). Mireille, rêvant (...), laissa un instant en suspens la main dodue de Mme Pontet-Massène. Puis elle reprit son repousse-peaux (P. DANINOS, Un certain Monsieur Blot, 1960, p. 211 ds ROB. Suppl. 1970). — []. Plur. des repousse-peaux. V. garde-. — 1re attest. 1960 id. Formé de repousse, forme de repousser1, et du plur. de peau.
BBG. — QUEM. DDL t. 14; 15 (s.v. repoussage).
II.
⇒REPOUSSER2, verbe
A. — Empl. intrans.
— [Le suj. désigne un végétal] Pousser, croître de nouveau, notamment après une coupe. Les feuilles repoussent aux arbres; mais pour nous, où est le mois de mai qui nous rende les belles fleurs enlevées et les parfums mâles de notre jeunesse? (FLAUB., Corresp., 1846, p. 208). Le marchand de lacets.: L'herbe du Cours La Reine s'est mise en une minute à repousser: c'est la mort d'Attila! (GIRAUDOUX, Folle, 1944, II, p. 180).
— [Le suj. désigne certains organes, des éléments du système pileux (cheveux, barbe, poils), des dents, des ongles, des cornes (anat. animale)] Se laisser repousser les cheveux, la barbe. Une patte repoussée et coupée ne repoussera plus (Cl. BERNARD, Notes, 1860, p. 60).
B. — Empl. trans. Faire naître, produire de nouveau. [Marchal à Tainchebraye] Tu ne retrouveras pas ton nez, bien sûr, mais ça s'arrangera mieux que tu ne le penses; tu repousses des chairs comme un homard ses pinces (LA VARENDE, Nez-de-cuir, 1936, p. 28).
Prononc. et Orth. V. repousser1. Étymol. et Hist. 1600 (O. DE SERRES, Théâtre d'agric., p. 580). V. repousser1.
DÉR. Repousse, subst. fém. a) Action de repousser, de croître de nouveau; p. méton., résultat de cette action. ) [En parlant d'un végétal] Les pâturages sont divisés en six parts utilisées successivement par périodes de cinq jours, ce qui permet et la repousse de l'herbe et la répartition de la fumure (WOLKOWITSCH, Élév., 1966, p. 124). P. méton. ,,Nouvelle pousse d'un végétal (arbre, rameau, herbe des prés, légumes, etc.), après une première coupe`` (FÉN. 1970). Les amitiés d'enfance (...) plantes venues aux terrains jeunes, fleuries mais fortes en racines, pleines de vie et de repousses (A. DAUDET, Nabab, 1877, p. 11). ) [En parlant des cheveux] Qu'une lotion, chimiquement établie après de longues recherches, provoque la repousse des cheveux n'a en soi rien d'illogique. Le client s'y attend (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 46). b) mégiss. ,,Dépôt d'apparence blanchâtre ou résineuse qui se forme à la surface du cuir, au cours du stockage ou à l'usage`` (RAMA Maroq. 1975). Repousses blanches, grasses, minérales; repousses salines, cristallines; repousses résinoïdes (RAMA Maroq. 1975). En corroierie, où il faut éviter le phénomène de « repousse » dû à la formation de boutons de suif sur la fleur du cuir, il est nécessaire de se cantonner strictement dans les savons contenant le moins possible d'acides gras saturés constituant des suifs (GOBILLIARD, Tannage et corroyage des cuirs et peaux, 1955, p. 66). — []. — 1res attest. 1873 « seconde pousse d'un végétal » (E. BOCHER, Rapport à l'Assemblée nat. sur les haras et les remontes, n ° 1910, p. 9, note), 1877 « seconde pousse de cheveux » (LITTRÉ Suppl.); déverbal de repousser2.
BBG. — DARM. 1877, p. 52 (s.v. repousse).
STAT. — Repousser1 et 2. Fréq. abs. littér.:3 164. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 5 860, b) 4 207; XXe s.: a) 4 141, b) 3 709.
1. repousser [ʀ(ə)puse] v. tr.
❖
1 Pousser (qqn) en arrière, faire reculer. ⇒ Écarter, éloigner, rechasser; → Horreur, cit. 7. || Il se jeta sur elle, elle le repoussa (→ Effroi, cit. 4). || Repousser l'ennemi, l'envahisseur… (→ Dépeupler, cit. 10; francique, cit. 1; négociateur, cit.). ⇒ Culbuter, refouler, résister, riposter. Par ext. || Repousser les invasions (cit. 3), les assauts, les attaques, un coup (→ Plonger, cit. 19). — Être repoussé par quelqu'un.
1 Je me dégageai de ses bras, et, loin de répondre à ses caresses, je la repoussai avec dédain, et je fis deux ou trois pas en arrière pour m'éloigner d'elle.
Abbé Prévost, Manon Lescaut, II, p. 157.
2 (…) il osa serrer dans ses bras cette fille si belle, et qui lui inspirait tant de respect. Il ne fut repoussé qu'à demi.
Stendhal, le Rouge et le Noir, II, XVI.
3 Ses paumes ouvertes me repoussaient, ses ongles me griffaient, et ces vaines défenses irritaient mes désirs.
France, la Rôtisserie de la reine Pédauque, XV, Œ., t. VIII, p. 136.
♦ Ne pas accueillir, ou accueillir (cit. 3) mal. ⇒ Bannir, chasser, dédaigner, éconduire, évincer, rabrouer, rebuter, rembarrer. || Dieu ne m'a pas repoussé (→ Exaucer, cit. 1; face, cit. 11). || Son obstination à me séduire et à me repousser (→ Manège, cit. 9). || Il l'a repousssé avec brusquerie (⇒ Brusque), sans ménagement. ⇒ Éjecter. → fam. Envoyer balader, bouler, paître, promener… || Repousser un candidat. ⇒ Refuser; blackbouler.
4 (…) il est toujours en souffrance, le pauvre gars ! Et tout le monde le tracasse, le repousse et l'avilit, mon pauvre sauteriot !
G. Sand, la Petite Fadette, XIX.
♦ Provoquer de l'aversion. || Il n'y a rien en lui qui me repousse ou qui m'attire (cit. 21; → Polytechnicien, cit. 1). ⇒ Dégoûter, déplaire, exécrer; repoussant, répulsif, répulsion.
2 (V. 1580). a Pousser (qqch.) en arrière ou en sens contraire, écarter brusquement de soi (qqch. qui gêne). || Une chaise qu'il avait repoussée du pied (→ Pendre, cit. 13). || Repousser en arrière la queue (1. Queue, cit. 15) de sa robe… — (Sujet n. de chose). || Le cristallin (cit. 4) repousse l'iris en avant (→ aussi Iris, cit. 1). || Matière électrisée qui attire ou repousse les corps légers (→ Électricité, cit. 4). — Par métaphore (abstrait). → cit. 5 ci-dessous.
5 Notre tête-à-tête n'avait guère cessé d'être un corps à corps, entrecoupé de trêves incertaines où Maurice perdait l'avantage, ne savait plus se défendre de mes remords qu'en les repoussant de nouveau dans le plaisir.
Hervé Bazin, Qui j'ose aimer, XVII.
6 Il semblait considérer du haut d'un pont Gurau et Germaine comme deux malheureux qui vont se noyer dans un tourbillon, et qui repoussent la bouée qu'on leur jette.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, XI, p. 118.
♦ Pron. || Les électrons (cit. 1) se repoussent (→ aussi, par métaphore, Fusionner, cit. 3). ⇒ aussi Renvoyer.
♦ Absolt. Vx. || Ressort qui repousse. || Le fusil repousse. ⇒ Recul, repoussement.
7 Ce fusil ne vaut rien, il repousse trop. Il faut tenir bien ferme ce pistolet pour empêcher qu'il ne repousse.
Furetière, Dict. (1690).
b (Mil. XIXe). Techn. Façonner par repoussage. ⇒ Gravure. || Repousser au marteau, au repoussoir une feuille de métal. ⇒ Modelage.
3 (Mil. XVIIe). Fig. Refuser d'accepter, de céder à… ⇒ Rejeter. || Un bon esprit repousse tout ce qui est contraire (cit. 4) à la raison. || Repousser une opinion (→ Dénuer, cit. 3), une idée (→ Fourchu, cit. 3), une théorie, un système (→ Magnétisme, cit. 2; œuvre, cit. 13). ⇒ Objecter, objection, réfuter; détruire. || Repousser les conseils (→ Poursuivre, cit. 3), les offres (→ Fermer l'oreille, demeurer sourd à…). || Repousser une demande en mariage. || Repousser l'aide de qqn, la main qu'on nous tend (→ Encourir, cit. 5). ⇒ Décliner, mépriser. || Repousser un mot, une expression. ⇒ Éliminer, exclure (→ Archaïsme, cit. 1; atticisme, cit. 4). || Repousser l'autorité du pape (cit. 3). || Repousser l'autorité d'un auteur. ⇒ Récuser. || « Je repousserai jusqu'à la mort le drapeau (cit. 2) de sang » (Lamartine). || Repousser un projet, une proposition (→ Grever, cit. 5). ⇒ Abandonner, non (dire), répudier; veto. || Repousser la tentation. — Repousser un désir, une tendance (⇒ Refoulement, refouler).
8 L'avare prononce en secret : Suis-je chargé de la fortune des misérables ? et il repousse la pitié qui l'importune.
Vauvenargues, Réflexions et maximes, LXXXII.
9 Pourquoi cette idée, qu'il rejetait de lui lorsqu'il se trouvait seul, qu'il repoussait par crainte du trouble apporté dans son âme, lui vint-elle aux lèvres en cet instant (…) ?
Maupassant, Pierre et Jean, III.
10 — Ah ! j'oubliais, dit Hourdequin à Lequeu, qui attendait toujours, votre demande d'augmentation est repoussée (…) Le conseil trouve qu'on dépense déjà trop pour l'école.
Zola, la Terre, II, V.
4 (Emploi critiqué). Remettre à plus tard. ⇒ Différer.
➪ tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
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repoussé, ée p. p. adj.
ÉTYM. (1559).
♦ (Mil. XIXe). || Ciselure repoussée. || Plaques d'or (1. Or, cit. 10) repoussées et ciselées. || Cuir repoussé. — N. m. || Un repoussé : un ouvrage ainsi façonné. || Le repoussé : le relief obtenu par repoussage; le repoussage lui-même. || Travail au repoussé.
10.1 Figurez-vous (…) le plus bizarre (…) entassement de cabines, de logettes, d'escaliers projetés en dehors, de galeries à arcades, de retraits et de saillies inattendus (…) de formes indescriptibles, relief des dispositions intérieures, comme si l'architecte, assis au centre de son œuvre, avait fait un édifice au repoussé.
Th. Gautier, Voyage en Russie, XVI.
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CONTR. Attaquer. — Céder. — Accueillir, affriander, affrioler, allécher, appâter, appéter (vx), apprivoiser, attirer, engager. — Approcher. — Accéder, accepter, accorder, adhérer, admettre, agréer, approuver, assumer, attribuer (s'), comporter, concéder, convoiter, cueillir (fig.), élire, embrasser, entériner, exaucer, implorer, ratifier.
DÉR. Repoussage, repoussant, repoussement, repousseur, repoussoir.
COMP. Repousse-peaux.
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2. repousser [ʀ(ə)puse] v.
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1 V. tr. Rare. Produire de nouveau. ⇒ Pousser (I., 4.). || Cet arbre a repoussé de plus belles branches (Littré, Académie). — Par anal. || Un feu mal éteint qui repousse de vives étincelles (cit. 1).
2 V. intr. Cour. Pousser (III.) de nouveau. || L'herbe, les feuilles repoussent. ⇒ Regain; remonter. || Arbuste qui semblait mort et qui repousse. — Son ongle a été long à repousser. || Laisser repousser sa barbe (→ Poilu, cit. 3). || Ses cheveux ont repoussé. ⇒ Revenir.
♦ Par métaphore (→ ci-dessous, cit. 11 et 13).
11 (…) espérances vivaces qui repoussent sans cesse au fond du cœur de l'homme (…)
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. VI, p. 97.
12 Les contemporains nous ont laissé un portrait de lui (Attila). Ils lui prêtent des mots : « Je suis le fléau de Dieu, le marteau de l'univers »; « où mon cheval a passé, l'herbe ne repousse pas. »
13 Oui, j'espère, ce soir, j'espère. Ô indéracinable espérance ! Bonne herbe qui repousses toujours !
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II (XIXe). Arts. Réapparaître par dessous. || « Lorsque les dessous ne sont pas suffisamment secs, ils (les repentirs) “repoussent” sous la nouvelle couche de couleur » (Réau).
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DÉR. Repousse.
Encyclopédie Universelle. 2012.