réprimer [ reprime ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1314; repremer XIIIe; lat. reprimere
1 ♦ Vx Méd. Arrêter l'effet, l'action de. « La tisane réprime la grande ardeur de la fièvre » ( Furetière).
♢ (XIVe) Mod. Empêcher (un sentiment, une tendance) de se développer, de s'exprimer. ⇒ contenir, contraindre, modérer, refréner (cf. Imposer silence). « Réprimer les explosions de son amour-propre blessé » (Balzac). Réprimer sa colère. Réprimer un fou rire. Un instinct, une envie que l'on ne peut réprimer (⇒ incoercible, irrépressible) . — Par ext. « Sa bouche, contractée, parvint à réprimer un sanglot » (Martin du Gard). ⇒ refouler, retenir.
2 ♦ Empêcher (une chose jugée condamnable ou dangereuse pour la société) de se manifester, de se développer. ⇒ châtier, punir; sévir; répression. Réprimer la fraude fiscale. « Ce qui est désordre, violence, attentat au droit d'autrui, doit être réprimé sans pitié » (Renan). L'insurrection a été réprimée dans le sang.
⊗ CONTR. Encourager. Permettre, tolérer.
● réprimer verbe transitif (latin reprimere) Arrêter la manifestation, le développement d'un sentiment, d'une parole, d'un geste : Réprimer un mouvement de colère. Exercer des contraintes afin d'empêcher le développement d'une action jugée dangereuse : Réprimer une révolte. ● réprimer (citations) verbe transitif (latin reprimere) Gaston, duc de Lévis Paris, 1764-Paris 1830 Académie française, 1816 Réprimez, vous aurez moins à punir. Maximes politiques ● réprimer (synonymes) verbe transitif (latin reprimere) Arrêter la manifestation, le développement d'un sentiment, d'une parole, d'un...
Synonymes :
- contenir
- museler
- ravaler
- refouler
- réfréner
- retenir
Exercer des contraintes afin d'empêcher le développement d'une action jugée...
Synonymes :
- châtier
- étouffer
- punir
- sévir contre
réprimer
v. tr.
d1./d Arrêter l'action, l'effet de (qqch). Réprimer une sédition.
d2./d Dominer. Réprimer ses passions.
d3./d Empêcher (qqch de nuisible) de se développer. Réprimer les injustices.
⇒RÉPRIMER, verbe trans.
A. — Vieilli. Arrêter l'action, l'effet, le progrès de quelque chose. Neptune irrité, qui gourmande et réprime les vents pour s'être échappés sans son ordre (SAINTE-BEUVE, Virgile, 1857, p. 226).
— MÉD. Réprimer par des calmants l'effervescence du sang (BESCH. 1845). Il est aussi inutile de lui dire de modérer sa passion, qu'à un homme qui a la fièvre d'en réprimer les ardeurs (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p. 1826).
B. — 1. Qqn réprime qqc. Empêcher une envie, une tendance, un sentiment de se manifester, de s'extérioriser. Synon. contenir, contrôler, dominer, maîtriser. Quelquefois une rougeur subite et légère, qu'elle ne peut réprimer, vient trahir les émotions de cette âme (STENDHAL, Amour, 1822, p. 85). Cette colère, je la nie; cette envie, je la réprime à coups de botte. Cette mélancolie, je ne l'entends même pas qui gémit comme le chien à la fente d'une porte; ce désespoir, je lui dis: couche-toi et dors (ALAIN, Propos, 1913, p. 158).
SYNT. Réprimer un bâillement, un cri, un éclat de rire, un geste, une grimace, un sanglot; réprimer sa colère, son désir, ses humeurs, son impatience, ses larmes, son orgueil, ses passions, sa peur, sa rage, une tentation.
2. Qqn réprime qqn. Exercer une contrainte vis-à-vis de quelqu'un. Nous refusons à chaque instant d'écouter l'ingénu que nous portons en nous. Nous réprimons l'enfant qui nous demeure et qui veut toujours voir pour la première fois (VALÉRY, Variété V, 1944, p. 16).
— Empl. pronom. réfl. S'imposer un frein. Synon. se dominer, se maîtriser. Pourquoi, dites-vous, cet homme si puissant de volonté n'a-t-il pas employé sa force à se réprimer? (SAND, Lélia, 1833, p. 28):
• Avec tout ce noir qu'on broie en son cerveau composer de la candeur, vouloir dévorer ceux qui vous vénèrent, être caressant, se retenir, se réprimer, toujours être sur le qui-vive, se guetter sans cesse, donner bonne mine à son crime latent...
HUGO, Travaill. mer, 1866, p. 212.
C. — [Le compl. désigne qqn ou qqc. qui oppose une résistance, occasionne des troubles] Exercer des contraintes graves, coercitives, et/ou des actions violentes qui visent à réduire, à anéantir. Synon. châtier, punir, sévir contre.
— Réprimer qqn. Réprimer les brigands, les factieux. La police y est bien faite, les malfaiteurs y sont réprimés; on les surveille, on les arrête, et ils sont traduits dans les prisons de Luz (DUSAULX, Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 150). Leur premier mouvement est de haïr et de réprimer l'audacieux, et (...) ils attendaient tous avec cette curiosité pleine d'angoisse que M. Catani rétablît l'ordre, exécutât ce fou périlleux (BERNANOS, Imposture, 1927, p. 407). [P. méton.] Réprimer un pays. C'était une grosse fourniture d'armes au czar en train de réprimer la Pologne (HUGO, Travaill. mer, 1866, p. 234).
— Réprimer qqc. (de qqn). Réprimer un complot, les émeutes, la révolte, la sédition. On ne peut pas dire combien de luttes il eut à soutenir, combien de soulèvements, il dut réprimer par l'adresse ou par la force (FUSTEL DE COUL., Cité antique, 1864, p. 311). Il fallait, coûte que coûte, réprimer impitoyablement l'insurrection des troupes avant qu'elle ne gagne toute l'armée! (MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p. 811).
— DR. Réprimer le brigandage, la contrebande, le crime, les délits, les infractions. Les chambres ont dû voter, en 1888, une loi destinée à réprimer la fraude des engrais (HUYSMANS, Là-bas, t. 1, 1891, p. 191). Tous ces crimes sont, de plus, frappés de peines très sévères: pour la plupart, c'est la mort. Ils sont déjà moins nombreux dans le droit athénien, qui ne réprime plus que la pédérastie salariée, le proxénétisme (DURKHEIM, Divis. trav., 1893, p. 131).
REM. 1. Réprimant, -ante, part. prés. en empl. adj., vx. Qui réprime; qui est capable de réprimer; qui a pour but de réprimer. Synon. répressif. Force réprimante; motif réprimant (Ac. 1835, 1878). On n'arrache jamais par des lois réprimantes qu'une obéissance trompeuse et dégradée (Le Moniteur, t. 2, 1789, p. 357). 2. Réprimable, adj. Qui doit ou peut être réprimé. C'est une licence, un abus réprimable (Ac.).
Prononc. et Orth.:[], (il) réprime [-]. Ac. 1694, 1718: reprimer; dep. 1740: ré-. Étymol. et Hist. 1. a) Fin du XIIIe s. « contenir (ce qui est excessif) » (De Arte venandi Emp. Fréd. 2, 18 ds T.-L.); 1314 méd. « diminuer la sensibilité » (HENRI DE MONDEVILLE, Chirurgie, 275, p. 81, ibid.); b) XIVe s. [ms.] « contenir, empêcher le développement de (p. ex. en parlant d'une passion violente) » (BERSUIRE, Tite-Live, ms. B.N. 20312 ter, f ° 18 v ° ds LITTRÉ); 1370-72 (ORESME, Ethiques, éd. A. D. Menut, p. 150); 2. XIVe s. [ms.] « empêcher qu'un mouvement de désordre, de révolte ne prenne cours » (BERSUIRE, op. cit., ms. Ste-Gen., f ° 67 d ds GDF. Compl.). Empr. au lat. reprimere « faire reculer, refouler ». Cf. a. prov. repremer (XIIIe-XVe s. ds LEVY Prov.). Fréq. abs. littér.:816. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 1 548, b) 729; XXe s.: a) 1 017, b) 1 143.
réprimer [ʀepʀime] v. tr.
ÉTYM. 1314; repremer, XIIIe; lat. reprimere.
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1 Méd. Arrêter l'effet, l'action de. || « La tisane réprime la grande ardeur de la fièvre » (Furetière). || Quand les massages (cit.) ne suffisent plus à réprimer l'envahissement de la graisse…
2 (XVIe). Cour. Empêcher (un sentiment, une tendance) de se développer, de s'exprimer. ⇒ Arrêter, brider, calmer, commander, comprimer, contenir (cit. 10), contraindre, étouffer, modérer, refouler, refréner (cf. Imposer silence). || Réprimer ses désirs, sa répugnance (→ Davantage, cit. 7). → Se faire violence. || Un instinct que nous ne pouvons réprimer (→ Élever, cit. 22). ⇒ Incoercible, irrépressible. — Par ext. || Réprimer ses larmes (→ Humecter, cit. 2). || Réprimer un geste de contrariété (cit. 3). ⇒ Retenir.
1 (…) il n'est pas question de réprimer les passions irritées, mais de les empêcher de naître.
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, VI, VI.
2 Mais monsieur Goriot était son pensionnaire, la veuve fut donc obligée de réprimer les explosions de son amour-propre blessé, d'enterrer les soupirs que lui causa cette déception, et de dévorer ses désirs de vengeance (…)
Balzac, le Père Goriot, Pl., t. II, p. 865.
3 (…) une idée qui s'exprime, qu'on réprime, et qui s'exprime encore, un flot de paroles qui s'élance, qu'on arrête et qui repart toujours.
H. Bergson, le Rire, p. 54.
4 Les sourcils de Jacques se crispèrent; il essaya en vain de se raidir; sa bouche, contractée, parvint à réprimer un sanglot (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. IV, p. 50.
5 Elle réprima un petit mouvement des coins de la bouche, mais ne pleura pas.
Colette, le Blé en herbe, XVI.
3 Empêcher (une chose jugée condamnable ou dangereuse pour la société) de se manifester, de se développer. ⇒ Châtier, punir; sévir (→ Justice, cit. 21). — REM. Réprimer n'est synonyme de punir que si l'expiation par la souffrance n'est destinée qu'à enrayer le mal. → Punition (cit. 1). || Réprimer les excès des forts (→ 2. Justicier, cit. 2), les abus (→ Puissant, cit. 5). || Réprimer la révolte, la sédition (⇒ Étouffer); réprimer avec dureté, cruauté (cf. Noyer dans le sang).
6 Ce qui est désordre, violence, attentat au droit d'autrui, doit être réprimé sans pitié.
Renan, Questions contemporaines, Œ. compl., t. I, p. 55.
7 Il fallait, coûte que coûte, réprimer impitoyablement l'insurrection des troupes avant qu'elle ne gagne toute l'armée ! Question de vie ou de mort pour le pays (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. VIII, p. 262.
4 Vx. (Compl. n. de personne). Empêcher (qqn) de nuire, d'agir. || Réprimer les méchants (→ Pauvreté, cit. 2).
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réprimé, ée p. p. adj.
♦ || Passions réprimées, désirs réprimés. ⇒ Comprimé, contenu, refoulé. — Révolte réprimée. ⇒ Étouffé.
8 (…) et soit que je vive selon moi-même, soit que je vive selon les hommes, je n'aurai dans l'oppression extérieure, ou dans ma propre contrainte, que l'éternel tourment d'une vie toujours réprimée et toujours misérable.
É. de Senancour, Oberman, IV.
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CONTR. Ameuter, encourager, exciter. — Permettre, tolérer.
DÉR. Réprimable, réprimant.
Encyclopédie Universelle. 2012.