requin [ rəkɛ̃ ] n. m.
• 1539; requien 1578; requiem XVIIe ; o. i.; p.-ê. de requiem, par allus. à la mort rapide qu'il provoque; ou p.-ê. de quien, forme norm. de chien (de mer) ou orquin, de l'it. orchino, d'orca « orque »
1 ♦ Poisson sélacien (squales) à corps allongé, de grande taille et très puissant, à nageoire caudale hétérocerque, à bouche largement fendue en arc à la face inférieure de la tête. Selon les espèces, le requin est ovipare, vivipare ou placentaire. Requin commun ou requin bleu. Requin pèlerin. Requin blanc mangeur d'hommes. Requin de Méditerranée. ⇒ 1. perlon. Les dents du requin. Le requin habite les mers chaudes ou tempérées; sa voracité en fait l'ennemi redouté des marins. « Notre ponton était littéralement assiégé de tous côtés par les requins » (Baudelaire).
♢ Par ext. Squale de grande taille. ⇒ aiguillat, lamie, rochier. Cuir de requin. ⇒ galuchat. Requin marteau.
♢ Potage aux ailerons de requin.
2 ♦ (1790) Fig. Personne cupide et impitoyable en affaires. ⇒ rapace, vautour. Les requins de la finance. « Le requin de la librairie et le brochet de la papeterie vivaient en très bonne intelligence » (Balzac).
● requin nom masculin (peut-être de quien, forme picarde de chien ou de requiem) Poisson sélacien au corps fuselé terminé par un rostre pointu et aux fentes branchiales situées sur les côtés du corps. Homme d'affaires impitoyable et sans scrupule. ● requin (citations) nom masculin (peut-être de quien, forme picarde de chien ou de requiem) Isidore Ducasse, dit le comte de Lautréamont Montevideo 1846-Paris 1870 Moi, si cela avait pu dépendre de ma volonté, j'aurais voulu être plutôt le fils de la femelle du requin, dont la faim est amie des tempêtes, et du tigre, à la cruauté reconnue : je ne serais pas si méchant. Chants de Maldoror ● requin (difficultés) nom masculin (peut-être de quien, forme picarde de chien ou de requiem) Orthographe Requin, employé en composition avec un autre nom, se joint à lui par un trait d'union. On écrit : requin-baleine, requin-citron, requin-léopard, requin-pèlerin, requin-renard, requin-roussette. On trouve parfois requin pèlerin, requin taupe. Préférer la graphie avec trait d'union. - Plur. : des requins-baleines, des requins-citrons, des requins-léopards. etc., avec un s à chaque élément. ● requin (expressions) nom masculin (peut-être de quien, forme picarde de chien ou de requiem) Requin blanc, grand requin épipélagique et solitaire, vorace et dangereux. (Taille 10 m pour 3 t.) Requin bleu, synonyme de bleu. Requin à collerettes, requin primitif à six paires de fentes branchiales, grand mangeur de céphalopodes. Requin à maquereaux, synonyme de griset. ● requin (synonymes) nom masculin (peut-être de quien, forme picarde de chien ou de requiem) Homme d'affaires impitoyable et sans scrupule.
Synonymes :
- bandit
- forban
- margoulin (familier)
Requin bleu
Synonymes :
- bleu
Requin à collerettes
Synonymes :
- requin-lézard
Requin à maquereaux
Synonymes :
- griset
requin
n. m.
d1./d Poisson cartilagineux sélacien, au corps fuselé, dont certaines espèces sont dangereuses pour l'homme.
d2./d Fig. Personne cupide, dure en affaires. Les requins de la finance.
Encycl. Les requins ou squales constituent avec les raies la sous-classe des sélaciens. Leur tête présente généralement cinq fentes branchiales de chaque côté. Certaines espèces ne dépassent pas un mètre. Le requin-marteau, à tête élargie, peut atteindre 4 m. Des espèces de grande taille peuvent s'attaquer à l'homme, notam. le requin blanc (Carcharodon carcharias) long de 9 m, qui vit dans toutes les mers tropicales, subtropicales et tempérées, ainsi que Carcharhinus glaucus, le requin bleu. Les requins géants sont inoffensifs pour l'homme: le requin-baleine (Rhincodon typus) des mers tropicales, le plus gros poisson (18 m, 10 tonnes), se nourrit de plancton, de petits poissons, de céphalopodes; le requin pèlerin (Cetorhinus maximus), (14 m, 6 tonnes), ne se nourrit que de petits crustacés, d'oeufs et larves de poissons.
⇒REQUIN, subst. masc.
A. — 1. ICHTYOL. Grand poisson de mer, vorace et redoutable, appartenant à l'ordre des squales, au corps allongé, au museau pointu, dont la bouche, largement fendue en arc, est située sur la face ventrale et comporte des mâchoires puissantes. Hameçon à pêcher le requin; cuir de requin; huile de foie de requin; potage aux ailerons de requin. Puis il la lança [une perruche morte] à la mer, et le requin qui nous suivait la croqua comme une ablette (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p. 82). Le requin est presque aveugle et ne voit guère qu'en se retournant sur le dos. Est guidé par un petit poisson qui lui fait comprendre (mais comment?) ce qu'il peut manger et ce qu'il fera mieux de ne pas toucher (GREEN, Journal, 1950, p. 340).
— P. ext. Squale de grande taille. (Ds ROB., Lar. Lang. fr.)
2. P. anal. Personne cupide et impitoyable en affaires. Les requins de la finance. Madame de L. (...) avait légué toute sa fortune, nommément, aux victimes de son mari, un des plus avides requins de la grande banlieue, un Topaze, directeur d'une banque de prêts et d'hypothèques (CENDRARS, Homme foudr., 1945, p. 355).
B. — P. anal. (de forme). Yacht de régate habitable, de 9 m 60, très rapide mais peu logeable et échouant mal (d'apr. MERRIEN 1958).
REM. 1. Requin-, élém. de compos. entrant dans la constr. de subst. masc. pour désigner des squales de grande taille. Requin-marteau (v. requin II A 4 b), requin-taureau, requin-tigre. Dans les Poissons nectoniques des eaux profondes se rangent les grands squales. Le Requin-Baleine (...), le Pèlerin (...), le Requin bleu (...), le Requin-Renard (...), le Requin-Taupe (Zool., t. 4, 1974, p. 1264 (Encyclop. de la Pléiade)). 2. Requinisme, subst. masc., rare. [Corresp. à supra A 2] Fait de se montrer cupide. Celui qui, lorsqu'il a trouvé quelque chose de bon à prendre, referme sa patte dessus (...) comme tout le monde, mais la referme avec élégance, la referme sans que cela se voie. C'est ce qu'on peut appeler le requinisme inapparent, le requinisme mondain (DUHAMEL, Désert Bièvres, 1937, p. 244).
Prononc. et Orth.:[]. Homon. requint. Att. ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist. 1. 1539 zool. (J. et R. PARMENTIER ds DELB. Notes mss); 2. 1790 fig. (Aux voleurs, aux voleurs, numéro 5, 4 ds QUEM. DDL t. 19). Orig. controversée. Peut-être de quin, forme norm. de chien (cf. chien de mer « requin », 1re moit. XIIIe s., v. chien1 étymol. B 1, encore att. en Normandie, v. FEW t. 2, 1, p. 194a); FEW t. 2, 1, p. 197a, note 16 doutait de cette étymol. en raison du préf. qui présente aussi la forme ra- (Marseille ds MISTRAL; Wallonie d'apr. SAIN. Sources t. 3, p. 418); BL.-W.5 propose d'interpréter le préf. comme un intensif. En tout cas le mot est souvent associé à chien de mer d'où la forme rechien (1614, YVES D'EVREUX, p. 132 ds FRIED. 1960, p. 544) et dès 1578 requien (LÉRY, pp. 32-33, ibid.), puis requiem 1695 (LE MAIRE, p. 116, ibid.) par l'effet d'un rapprochement avec requiem d'où l'étymol. de Huet ds MÉNAGE 1750: « quand il a saisi un homme... il ne reste plus qu'à faire chanter le Requiem, pour le repos de l'âme de cet homme-là ». Pour d'autres étymol. peu convaincantes, v. BARBIER ds R. Lang. rom. t. 56 1913, pp. 230-231, L. SPITZER ds Z. rom. Philol. t. 42 1922, pp. 342-343, SAIN. t. 2, p. 349, GUIR. Lex. fr. Étymol. obsc. 1982. Fréq. abs. littér.:196.
requin [ʀəkɛ̃] n. m.
ÉTYM. 1539; requien, 1578; requiem, XVIIe, d'après Huet : « quand il a saisi un homme (…) il ne reste plus qu'à faire chanter le requiem pour le repos de l'âme de cet homme-là »; orig. incert., p.-ê. de quien, forme normande de chien (de mer) ou orquin, par fausse coupe d'un mot italien orchino (supposé) dimin. d'orca « orque » (→ 1. Orque); P. Guiraud évoque une forme normanno-picarde de rechigner, d'où l'adj. rechin « grincheux », l'animal « montrant les dents », cette dernière hypothèse paraît la plus plausible.
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1 Poisson sélacien, squale (Carchariidés), scientifiquement appelé carcharias, à corps allongé, de grande taille et très puissant, à nageoire caudale hétérocerque, à bouche largement fendue en arc à la face inférieure de la tête et munie de nombreuses dents pointues, qui offre la particularité d'être vivipare et placentaire. || Le requin habite les mers chaudes ou tempérées; sa voracité en fait l'ennemi redouté des marins (→ Gueule, cit. 4). || Requin commun ou requin bleu. — Potage aux ailerons de requin (cuisine chinoise).
1 (…) nous guettâmes avec anxiété l'occasion de nous baigner, mais vainement; car notre ponton était littéralement assiégé de tous côtés par les requins, — les mêmes monstres, sans aucun doute, qui avaient dévoré notre pauvre camarade dans la soirée précédente, et qui attendaient à chaque instant un nouveau régal de même nature.
Baudelaire, Trad. E. Poe, les Aventures d'A. Gordon Pym, XIII.
2 À propos, j'ai lu, dans le dictionnaire de Littré, que ce mot de requin venait de requiem, parce que, tu le comprends sans peine, celui qui voit le requin n'a plus qu'à dire son requiem. Cela m'avait paru très simple et très beau. Malheureusement les spécialistes les plus calés disent que c'est une explication fantaisiste.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, VIII, XI.
3 L'organisme d'un requin est comme un ventre toujours prêt à digérer, qu'entourent et qu'assistent des muscles et une bouche dentée. Nulle part ailleurs, même chez les plus forts carnivores terrestres, Tigres et Lions, l'allure prédatrice n'est aussi marquée.
Louis Roule, les Poissons…, t. VI, p. 261.
♦ Squale de grande taille. ⇒ Aiguillat, griset, lamie, rochier, roussette (ou chien de mer), etc. || Requin-baleine (rhineodon). || Requin blanc (carcharodon Carcharias), un des plus voraces parmi les requins. || Requin épineux (squalus acanthias). || Requin marteau. ⇒ Maillet, marteau. || Requin pèlerin. || Requin-raie (ange de mer). || Requin-tapis (orectolobus barbatus). || Requin-taureau (cétorhinidés). || Requin-tigre.
3.1 (le) Requin épineux (…) dont chacune des deux dorsales est précédée d'une forte épine (…) le Requin-Tapis (…) chasse à l'affût dans les herbes où il passe inaperçu grâce à sa coloration et aux houppes dont sa tête est ornée (…) le Requin de sable (…) écume le fond des mers à la recherche des Crustacés dont il est friand; le Requin-Renard (…) dont la caudale est aussi longue que le reste du corps, sait fort bien, par ses violents coups de queue, réunir les poissons en amas compacts sur lesquels il s'élance gueule ouverte (…) le Pèlerin (…) et le Requin-Baleine (…) qui peuvent atteindre jusqu'à 12 et 18 m sont absolument inoffensifs pour l'homme (…)
(…) le Requin-Bleu ou Peau-Bleue, long de 7 à 8 m, qui suit les navires et avale tout ce qui en tombe (…) enfin, le seigneur et maître Requin-Blanc (…) long de 10 m, dont la voracité est légendaire.
R. et M.-L. Bauchot, les Poissons, p. 62.
3.2 (…) toi, si la mâchoire d'un requin-tigre te happait le plus mignon de tes bras, tu serais une pauvre infirme qui viendrait mendier sa nourriture (…)
Jean Cayrol, Histoire de la mer, p. 119-120.
➪ tableau Noms de poissons.
♦ Hameçon, émerillon à pêcher le requin. || Cuir de requin. ⇒ Galuchat.
2 (1790, in D. D. L.). Fig. Personne cupide et impitoyable en affaires. ⇒ Bandit, forban, pirate, rapace. || Les requins de la finance.
4 (Ils) avaient l'un et l'autre ces vastes magasins pour y serrer, l'un, des parties de papier achetées à des fabricants nécessiteux; l'autre, des éditions d'ouvrages données en gage de ses prêts. Le requin de la librairie et le brochet de la papeterie vivaient en très bonne intelligence (…)
Balzac, les Petits Bourgeois, Pl., t. VII, p. 71.
5 Un chef de gouvernement aurait pu essayer de tenir tête aux grands requins (…)
F. Mauriac, le Nouveau Bloc-notes 1958-1960, p. 19.
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DÉR. (De 2.) Requinisme.
Encyclopédie Universelle. 2012.