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ressentiment

ressentiment [ r(ə)sɑ̃timɑ̃ ] n. m.
• 1558; recentement v. 1300; de ressentir
1Le fait de se souvenir avec animosité des maux, des torts qu'on a subis (comme si on les « sentait » encore). « La jeunesse est l'âge du ressentiment » (Sartre). rancœur, rancune. Éprouver, garder du ressentiment d'une injure. amertume. Ressentiment légitime envers, contre qqn. animosité. « Rome, l'unique objet de mon ressentiment » (P. Corneille).
2( XVIIe-XVIIIe) Vx Souvenir reconnaissant. « Souffrez, mon père, [...] que je vous embrasse, pour vous témoigner mon ressentiment » (Molière).
⊗ CONTR. Amitié, amour, oubli, pardon.

ressentiment nom masculin (de ressentir) Fait de se souvenir avec aigreur de quelque chose ou désir de se venger d'un tort, d'une injustice : Éprouver un profond ressentiment.ressentiment (citations) nom masculin (de ressentir) Virgile, en latin Publius Vergilius Maro Andes, aujourd'hui Pietole, près de Mantoue, 70 avant J.-C.-Brindes 19 avant J.-C. Tant de ressentiment peut-il entrer dans l'âme des dieux ? … Tantaene animis caelestibus irae ? L'Énéide, I, 11 Commentaire Traduit (« héroi-comiquement ») par Boileau (le Lutrin, I, 12) : « Tant de fiel entre-t-il dans l'âme des dévots ? » ● ressentiment (synonymes) nom masculin (de ressentir) Fait de se souvenir avec aigreur de quelque chose ou désir...
Synonymes :
- aigreur
- animosité
- aversion
- hostilité
- inimitié
- rancoeur
Contraires :
- excuse
- indulgence
- oubli
- pardon

ressentiment
n. m. Souvenir que l'on garde d'offenses que l'on n'a pas pardonnées. Syn. rancoeur.

⇒RESSENTIMENT, subst. masc.
A. — 1. Vx. Sentiment de reconnaissance. Gardant du bienfait seul le doux ressentiment, Il [le chien] vient lécher ma main après le châtiment (DELILLE, Trois règnes nature, 1808, p. 211).
2. Vieilli. ,,Faible renouvellement d'un mal qu'on a eu, d'une douleur qu'on a ressentie`` (Ac.). Ressentiment d'entérite, d'estomac, de fièvre; avoir des ressentiments dans la tête. Mon fidelle Bertrand, qui était à côté de moi, a été effrayé de m'avoir entendu crier (...) il a cru que quelque ressentiment de ma blessure en était la cause, et je l'ai confirmé dans cette idée (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p. 1642). [Le] marquis (...) venait de Paris malgré un ressentiment de goutte (STENDHAL, Armance, 1827, p. 278).
3. BEAUX-ARTS. [Corresp. à ressenti rem. s.v. ressentir] Technique qui accentue les contours ou les renflements d'un corps. Le plus fin connaisseur pourra être pris à un croquis [de Pater], (...) tant l'élève s'est assimilé le jet et le ressentiment du contour de Watteau (E. DE GONCOURT, Mais. artiste, t. 1, 1881, p. 134). Qu'est-ce qui peut charmer chez Puvis de Chavannes (...)? Est-ce ce dessin sans esprit, sans accent, sans ressentiment (...)? (GONCOURT, Journal, 1886, p. 572).
B. — Péj. Animosité que l'on ressent des maux, des préjudices que l'on a subis, avec le plus souvent le désir de se venger. Synon. rancœur, rancune. Ressentiment des injures, des outrages; mortel, vif, violent ressentiment; avoir, garder, montrer, témoigner du ressentiment (pour qqn); concevoir, conserver, éprouver un ressentiment; modérer son ressentiment; être aveuglé par son ressentiment. Karelina, pétrifiée, muette, la regardait venir, image vivante du pardon. Il n'y avait ni ressentiment, ni amertume, sur le fin visage amaigri et pensif (VAN DER MEERSCH, Empreinte dieu, 1936, p. 254). Une notion toute négative comme celle du ressentiment (...) [qui] est très bien défini par Scheler comme une auto-intoxication, la sécrétion néfaste, en vase clos, d'une impuissance prolongée (CAMUS, Homme rév., 1951, p. 30).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1300 « souvenir d'une injure, d'un préjudice » (MACÉ DE LA CHARITÉ, Bible, Bibl. nat. fr. 401, fol. 152c ds GDF.: Et con s'il a savoir feist Que ciel et terre le hais Et qu'il n'avoit recentement); 2. 1574 « nouvelle sensation, nouvelle attaque d'un mal » (Lett. de Charle IX, Bibl. nat. fr. 3255, fol. 31 r ° ds GDF. Compl.); 3. 1580 « action de ressentir, sentiment » (MONTAIGNE, Essais, I, XXXVI, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, p. 232); spéc. ca 1600 ressentiment de douleur (MONTCHRESTIEN, Cartaginoise, Au lecteur, var., p. 292 ds HUG.); 4. 1613, 19 mars « souvenir reconnaissant, reconnaissance » (D'AUBIGNÉ, Lettre à la reyne ds Œuvres, éd. E. Réaume et F. de Caussade, t. 2, p. 687; v. aussi t. 1, p. 218). Dér. de ressentir; suff. -(e)ment1. Fréq. abs. littér.:598. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 1 245, b) 428; XXe s.: a) 544, b) 923.

ressentiment [ʀ(ə)sɑ̃timɑ̃] n. m.
ÉTYM. 1558; ressentement, XIVe; de ressentir.
1 Vx. Le fait d'éprouver, de ressentir, spécialt (fin XVIe), une douleur, (1640) un chagrin. Ressentir.
1 De nos parents perdus le vif ressentiment
Nous apprit nos devoirs en un même moment (…)
Corneille, Cinna, V, 2.
2 (XVIe). Mod. || « C'était (…) offenser un homme sans sentiment, plutôt que d'encourir le hasard de son ressentiment » (Montaigne, Essais, II, XXVII). Le fait d'éprouver encore, de se souvenir avec animosité des maux, des torts qu'on a subis. Rancœur, rancune (cit. 3). || Le ressentiment de l'injure (→ Obligation, cit. 11). || Éprouver, garder du ressentiment de… Aigreur (3.). → Garder sur le cœur, en vouloir à… Ulcéré. || Un ressentiment féroce (→ Rater, cit. 3). || Ressentiment attristé, mêlé de dépit.S'attirer, soulever… le ressentiment de qqn. Animosité, colère, haine, hostilité (II.). || Les excuses (cit. 17) provoquent le ressentiment.Le ressentiment conduit à la vengeance. Venger, vindicte.Allus. littér. || « Digne (cit. 11) ressentiment à ma douleur bien doux ! ». || « Rome, l'unique objet de mon ressentiment » (→ Anaphore, cit.).
2 Justes cieux, qui voyez l'outrage
Que je souffre peu justement,
Donnez à mon ressentiment
Moins de mal ou plus de courage !
Théophile de Viau, Au Roy, « Sur son exil ».
REM. Le mot a ici les sens 1 et 2.
3 (…) un ressentiment des injures qui n'était pas le désir de la vengeance, mais bien la souffrance délicate et fière de la dignité blessée.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 14 juil. 1851.
4 (…) la jeunesse est l'âge du ressentiment. Non point de la grande colère des hommes qui souffrent (…)
Sartre, Situations I, p. 28.
3 (Fin XVIe, encore chez Delile, in Littré). Vx. Souvenir reconnaissant (cf. Scarron, Chapelain, in Dubois et Lagane).
5 Souffrez, mon père (…) que je vous embrasse, pour vous témoigner mon ressentiment.
Molière, le Malade imaginaire, III, 14.
CONTR. (Du sens 2) Amitié, amour, oubli, pardon.

Encyclopédie Universelle. 2012.