retenu, ue [ r(ə)təny; rət(ə)ny ] adj.
• 1280 « forcé (par la loi) »; de retenir
1 ♦ Qui a été réservé. Place retenue.
2 ♦ Qui est empêché d'agir, de se manifester librement. « J'aimais le goût des larmes retenues » (Larbaud). ⇒ 1. contenu.
3 ♦ (1452) Qui fait preuve de retenue. ⇒ 1. discret. « Ses lettres, d'une grâce un peu retenue et voilée » (Henriot).
⊗ CONTR. Libre, effréné.
⇒RETENU, -UE, part. passé et adj.
I. — Part. passé de retenir.
II. — Adjectif
A. — Qui est contenu, freiné, réprimé.
1. [En parlant d'un mouvement, d'un élan] Un coup retenu. Dans le rythme inconscient des mains ouvertes et refermées, dans l'élan retenu des épaules et des hanches infatigables, respirait quelque chose de la majesté des bêtes (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p. 97).
2. [En parlant d'une réaction émotive] Et il but, avec la hâte retenue d'un homme qui a été habitué de bonne heure à constater que, même quand la distance de la coupe aux lèvres est franchie, il peut encore arriver bien des choses (MIOMANDRE, Écrit sur eau, 1908, p. 120). Par intervalles, une secousse de joie retenue le parcourait, et il murmurait à bouche close: « Bien... Bien... ça va bien, mon garçon » (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 181).
3. MUS. [Terme traduisant l'ital. ritenuto] Ainsi improvisait le maître du temps, (...) développant cette richesse selon toute attente, reprenant et mettant en place toutes les sonorités suspendues, jusqu'au triomphe du mouvement retenu, où les silences mêmes sont comptés, le rythme défait, la sonorité surmontée, le temps délivré et soumis (ALAIN, Propos, 1921, p. 326).
B. — Qui fait preuve de modération, de retenue. [Van Dyck] est plus retenu, plus policé [que Rubens]; on le dirait de meilleure compagnie (FROMENTIN, Maîtres autrefois, 1876, p. 140).
— [Surtout en parlant d'une jeune fille, d'une femme] Synon. modeste, pudique, réservé. Quelquefois les jeunes filles les plus retenues font des coups de tête (GAUTIER, Rom. momie, 1858, p. 259). Combien il y en a qui sont indécentes et loufoques dans l'intimité, même parmi celles qui, dans le monde, passent pour les plus retenues, les plus sévères, pour des vertus inaccessibles (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 45).
Encyclopédie Universelle. 2012.