retranchement [ r(ə)trɑ̃ʃmɑ̃ ] n. m.
• retrenchement v. 1190; de retrancher
I ♦ Vx Action de retrancher; suppression d'une partie. ⇒ suppression. Le retranchement d'une scène, d'un chapitre.
♢ Mod. Dr. Réduction des avantages matrimoniaux faits à un nouvel époux par une personne ayant des enfants légitimes d'un premier lit.
II ♦ Espace pris, délimité dans un plus grand.
1 ♦ (1587) Enceinte, position utilisée pour couvrir, protéger les défenseurs (dans une place de guerre); obstacle naturel ou artificiel employé pour se protéger et résister. ⇒ 1. défense, fortification. Retranchements creusés (⇒ tranchée) . « les barricades sont des retranchements qui appartiennent au génie parisien » (Chateaubriand).
2 ♦ (1610) Fig. et vx Moyen dont on use pour se protéger. (1688) Mod. Loc. Attaquer, forcer, pourchasser, poursuivre qqn dans ses (derniers) retranchements, l'attaquer violemment, l'acculer. « Durtal, poussé dans ses derniers retranchements, finit par acquiescer au désir de tous » (Huysmans).
⊗ CONTR. Addition.
● retranchement nom masculin Littéraire. Action de retrancher ; suppression de quelque chose d'un tout : Retranchement d'une scène dans une pièce de théâtre. Obstacle fortifié naturel ou artificiel organisé pour défendre une position. ● retranchement (expressions) nom masculin Pousser quelqu'un dans ses derniers retranchements, détruire ses derniers arguments.
retranchement
n. m.
d1./d Action de retrancher, de supprimer. Faire des retranchements dans un texte.
d2./d Obstacle naturel ou artificiel utilisé pour se protéger des attaques ennemies.
|| Fig. Forcer, pousser qqn dans ses derniers retranchements, réfuter ses ultimes arguments.
⇒RETRANCHEMENT, subst. masc.
A. — Vieilli ou littér. [Corresp. à retrancher I ] Action de retrancher.
1. Action d'enlever en coupant. Synon. ablation, amputation. Le simple retranchement de deux corps glanduleux isolés, introduit dans l'économie animale une espèce ou un commencement de rachitis (CABANIS, Rapp. phys. et mor., t. 2, 1808, p. 410).
2. a) Action d'enlever, de supprimer. Synon. élimination. Retranchement des abus. Le monceau éprouve nécessairement des changements brusques dans son volume, dans son poids et dans sa forme par l'addition ou le retranchement des cailloux (COURNOT, Fond. connaiss., 1851, p. 284). V. particularité A ex. de Taine.
b) En partic.
— Action d'enlever une chose quantifiable, une valeur numérique d'un total. Synon. élimination, suppression. La réforme du calendrier s'est faite par un retranchement de dix jours, en l'année 1582 (Ac. 1835, 1878). Ce fut le retranchement d'un demi-écu par mois de ses appointements qui ravit au Portugal les services et les découvertes de Magellan (DESMOULINS ds Vx Cordelier, 1793-94, p. 276).
— Action d'enlever un élément d'un écrit, d'un énoncé. Retranchement d'un mot, d'une phrase. Bovary m'ennuie. Cela tient au sujet et aux retranchements perpétuels que je fais (FLAUB., Corresp., 1852, p. 432). On avait fait des retranchements [dans les Lettres de Mme de Sévigné] sur les personnes, sur les familles (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 1, 1861, p. 278).
c) ) Action d'enlever, de s'enlever, de supprimer, de se supprimer quelque chose d'avantageux, d'agréable (à quelqu'un). Synon. privation, suppression. Retranchement d'une pension. Le retranchement du sens de la vision, en rendant l'acquisition d'une foule de connaissances absolument impossible, arrêterait de fait presque tout développement scientifique (COURNOT, Fond. connaiss., 1851p. 157). Les premiers guides de madame de Longueville (...) lui avaient prescrit des mortifications corporelles excessives, telles que le retranchement de sommeil (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 4, 1859, p. 516).
— DR. ,,Réduction à la mesure de la quotité disponible des avantages matrimoniaux faits à un nouvel époux dans son contrat de mariage par une personne ayant déjà des enfants légitimes d'un précédent lit`` (CAP. 1936). Si toutefois la confusion du mobilier et des dettes opérait, au profit de l'un des époux, un avantage supérieur à celui qui est autorisé par l'article 1098 (...), les enfans du premier lit de l'autre époux auront de l'action en retranchement (Code civil, 1804, art. 1496, p. 274).
) Action de faire des économies, des diminutions; économie. M. Necker faisait des retranchements dans la maison du Roi, dans la somme destinée aux pensions (STAËL, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 76). [Louis XVI] était ennemi du faste, toujours prêt aux retranchements sur les dépenses (MAUROIS, Mes songes, 1933, p. 109). V. retrancher I B 3 b ex. de Barante.
3. Au fig. Fait d'être exclu, de s'exclure d'un ensemble de personnes, d'un milieu. Synon. retraite. Retranchement du monde, de la société; retranchement intérieur. L'Église du Christ (...) ne subsiste que dans les monastères. J'ai rêvé de vous jeter dans un retranchement complet du dehors, en un lieu où les choses de la terre roulent sous vos pieds (MONTHERL., J. filles, 1936, p. 1072). On ne possède bien ce qu'on aime que dans le retranchement et dans la solitude (MAURIAC, Galigaï, 1952, p. 19).
— En partic., vieilli. Action de tuer, de faire mourir. Il faut choisir entre un peuple corrompu (...) et l'humanité qui n'avance et ne peut avancer que par le retranchement de ses éléments corrompus (COUSIN, Hist. philos. mod., t. 1, 1846, p. 208). Mais quel intérêt (...) pouvait avoir Talleyrand à ce retranchement d'un prince du sang royal [le duc d'Enghien]? (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 12, 1869, p. 51).
B. — 1. Le plus souvent au plur. Obstacle, construction servant à se protéger, à se défendre des assaillants. Construire, creuser des retranchements. Les brigands (...) se replièrent sur des retranchements qu'ils avaient élevés pendant la nuit (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 264). Le central téléphonique (...) a été entouré de barricades de fils de fer barbelés, d'autres retranchements sont en construction autour des réservoirs, du palais du gouverneur et de l'arsenal (MALRAUX, Conquér., 1928, p. 116).
— Au fig. Ce derrière quoi on se retire pour se protéger. Acculer, forcer, pousser qqn dans ses derniers retranchements; faire sortir qqn de ses retranchements. Quel est le dernier retranchement contre le despotisme? C'est la liberté de la presse (DESMOULINSds Vx Cordelier, 1793-94, p. 206). Il s'emportait contre la désolation universelle, par laquelle la nature le forçait dans les retranchements de ses certitudes et de sa sécurité (J. VUILLEMIN, Essai signif. mort, 1949, p. 150).
2. ARCHIT. ,,Un espace retranché d'un plus grand`` (Ac. 1835, 1878). Synon. réduit. Son domestique couche dans un retranchement (Ac. 1835, 1878). Il a fait faire un retranchement dans sa chambre, pour se ménager un cabinet (Ac. 1835, 1878).
Prononc. et Orth.: []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Fin XIIe s. retrenchemant « suppression de quelque partie d'un tout » (Sermons St Bernard, 78, 37 ds T.-L.); 2. ca 1614 « économie, réduction de dépense » (La Satyre en Coq à l'âne ds RÉGNIER, Œuvres compl., éd. J. Plattard, p. 212; pièce apocryphe qui fait partie de la liasse des épîtres adressées à l'évêque Hurault par un chanoine de son entourage qui signe ,,Jean le Sot`` ou ,,Jehan du Pont Alais``, v. RÉGNIER, Œuvres compl., éd. G. Raibaud, p. XIX, XXIV-XXV); 3. 1579 « suppression de syllabes dans un mot » (ESTIENNE, Précellence, éd. E. Huguet, p. 46). B. 1. a) 1587 « ouvrage de défense » (F. DE LA NOUE, Discours politiques et militaires, p. 404 ds LITTRÉ); b) 1656 « moyen dont on use pour se protéger, se défendre » (PASCAL, Provinciales, 4, éd. L. Lafuma, p. 385); c) 1688 attaquer qqn dans son dernier retranchement (LA BRUYÈRE, Caractères, éd. G. Servois, t. 3, p. 37); 1718 forcer qqn dans ses (derniers) retranchements (Ac.); 2. 1664 « espace retranché d'un plus grand, réduit (terme d'architecture) » (Nouv. Arch. de l'Art fr., t. 15, 1899, p. 18). Dér. de retrancher; suff. -(e)ment1. Fréq. abs. littér.: 280. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 518, b) 635; XXe s.: a) 353, b) 195.
retranchement [ʀ(ə)tʀɑ̃ʃmɑ̃] n. m.
ÉTYM. Déb. XIVe; retrenchement, v. 1190; de retrancher.
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I Vx ou didact. Action de retrancher; suppression d'une partie. ⇒ Déduction, diminution, soustraction, suppression. || Le retranchement du bois superflu (Bossuet). ⇒ Élagage, taille. || Retranchement d'un organe, d'une partie malade. ⇒ Ablation, amputation, résection. — Le retranchement d'une scène, d'un chapitre. ⇒ Abréviation, élimination. || Retranchement d'une syllabe (⇒ Aphérèse, apocope). — Retranchement de membres d'une communauté. ⇒ Épuration, exclusion, excommunication. — Retranchement d'une quantité. ⇒ Abattement (I., 2.), défalcation, soustraction. Vx. || Retranchement des dépenses, et absolt, retranchement : économies (→ Équipage, cit. 8, Mme de Sévigné). — Par ext. || Le « retranchement de vos rentes » (La Rochefoucauld), leur diminution. || « Ce retranchement de livres » (Mme de Sévigné, 1253, 8 janv. 1690), cette privation.
1 C'est le retranchement de ces syllabes sales,
Qui dans les plus beaux mots produisent des scandales.
Molière, les Femmes savantes, III, 2.
♦ Mod. Dr. Réduction des avantages matrimoniaux faits à un nouvel époux par une personne ayant des enfants légitimes d'un premier lit. — Dr. pén. || Cassation par voie de retranchement (annulation d'une partie de la sentence).
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II Espace pris, « coupé », délimité dans un plus grand.
1 (1587). Enceinte, position utilisée pour couvrir, protéger les défenseurs dans une place de guerre; obstacle naturel ou artificiel employé pour se protéger et résister. ⇒ Défense, fortification, ligne (→ Flanc, cit. 12). || Retranchements creusés (⇒ Tranchée), fortifiés (⇒ Barricade, bastion, circonvallation, contrevallation…). || Murs, créneaux, gabions… d'un retranchement (⇒ aussi Cavalier, gabionnade, palanque).
2 Au reste, les barricades sont des retranchements qui appartiennent au génie parisien : on les retrouve dans tous nos troubles, depuis Charles V jusqu'à nos jours.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. V, p. 199.
2 Par métaphore et fig. (vx). Moyen dont on use pour se protéger, se défendre… || « La chaise (cit. 3) est un retranchement merveilleux contre les insultes de la boue » (Molière).
♦ ☑ Loc. (XVIIe). Mod. Attaquer, forcer, pourchasser, poursuivre, pousser qqn dans ses (derniers) retranchements : l'attaquer violemment, l'acculer (→ Indiscret, cit. 6; mouton, cit. 14).
3 Le conventionnel ne se doutait pas qu'il venait d'emporter successivement l'un après l'autre tous les retranchements intérieurs de l'évêque.
Hugo, les Misérables, I, I, X.
4 Et Durtal, poussé dans ses derniers retranchements, finit par acquiescer au désir de tous, mais il le fit, d'un air navré (…)
Huysmans, la Cathédrale, XIV.
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CONTR. Addition.
Encyclopédie Universelle. 2012.