raidir [ redir ] v. tr. <conjug. : 2>
1 ♦ Faire devenir raide ou tendu, priver de souplesse. ⇒ durcir. « Le drap est tout raidi par la boue qui a séché dessus » (Barbusse). Raidir une drisse. ⇒ étarquer.
2 ♦ Pronom. Contracter tous ses muscles. ⇒ se tendre. Il se raidit dans l'effort. — (pass.) Muscles raidis par la fatigue.
♢ Fig. Tendre ses forces pour résister. Se raidir contre l'adversité.
⊗ CONTR. Assouplir, déraidir, détendre (se).
● roidir verbe transitif Ancienne forme de raidir.
⇒RAIDIR, ROIDIR, verbe
I. — Empl. trans.
A. — 1. Rendre raide, priver de souplesse. Synon. ankyloser, contracter, figer. Être raidi de courbatures; le froid avait raidi ses membres. Elle le frictionnait sans relâche, avec une foi entêtée, sans même sentir la crampe qui peu à peu raidissait son bras (ZOLA, Joie de vivre, 1884, p. 1101). Une vache pissait en voussant le dos, en raidissant la queue, dans une posture qui déclenchait le rire (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 488).
♦ Part. passé adj. Son front pâle, ses membres glacés et roidis, déchirent l'âme de Mathilde (COTTIN, Mathilde, t. 4, 1805, p. 256). La tête en arrière, par-dessus le dossier du trône, — blême, raidie, les lèvres ouvertes, — et ses cheveux dénoués pendaient jusqu'à terre (FLAUB., Salammbô, t. 2, 1863, p. 165).
— Qqn raidit qqc. Tendre énergiquement (un objet souple, un cordage). Raidir un câble; raidir un fil de fer avec un raidisseur:
• À peine fûmes-nous à bord que des rafales isolées tombèrent de la montagne; l'une d'elles fut si violente et soudaine que le bateau raidissant sa chaîne cassa ses bosses...
CHARCOT, Mer Groënland, 1929, p. 142.
♦ MAR. ,,Reprendre le mou d'une manœuvre dormante ou remplissant la même fonction`` (MERRIEN 1958). Raidir les haubans, les amarres. Au passif. Pas une écoute qui ne fût consciencieusement raidie! (VERNE, Tour monde, 1873, p. 117).
2. Empl. pronom. Devenir raide.
a) Qqn se raidit. Le lieutenant cria de chercher un médecin, seulement comme le hussard se roidissait et rouvrait les yeux, il reconnut que ce brave venait de rendre son âme (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 202).
b) Qqc. se raidit. La crise se déroule alors d'une façon toujours identique et l'on peut décrire: — une phase de contraction généralisée durant environ une demi-minute; les membres se raidissent, les mâchoires se contracturent (QUILLET Méd. 1965, p. 334).
B. — Au fig.
1. Rendre plus intransigeant, durcir. L'état du marché de la main-d'œuvre raidit ou assouplit la résistance patronale et agit inversement sur la détermination des salariés (REYNAUD, Syndic. en Fr., 1963, p. 141).
— Empl. pronom. César se sentait haï, et se roidissait d'autant plus (MICHELET, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 278). Les autres, obstinés dans leur foi « pétainiste », se raidirent dans une attitude si intolérante à l'égard de tout et de tous qu'ils se retrouvèrent finalement solitaires (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 136).
2. a) Rendre plus assuré, plus fort, dans une attitude de résistance. Synon. affermir, durcir. Raidir son âme contre l'adversité. Le trac surmonté raidissait mon attitude, me rendait cassant et dur comme le verre (ARNOUX, Chiffre, 1926, p. 142).
b) Empl. pronom. Tenir ferme, montrer de la fermeté, du courage. La vie me taille, Heurtebise! Elle fait un chef-d'œuvre. Il faut que je supporte ses coups sans les comprendre. Il faut que je me raidisse. Il faut que j'accepte, que je me tienne tranquille, que je l'aide, que je collabore (COCTEAU, Orphée, 1927, p. 139).
— Se raidir contre. Se raidir contre l'adversité, contre les difficultés. Sa voix se casse, il [mon père] est rouge, ses yeux sont humides, je ne l'avais jamais vu ainsi. Je me raidis contre mon émotion (AYMÉ, Vaurien, 1931, p. 234).
II. — Empl. intrans. Devenir raide.
A. — [Corresp. à raide A 1] Le linge mouillé raidit par la gelée (Ac.).
B. — [Corresp. à raide A 4] [La pente] raidit, hérissée à présent de vignes, rugueuse et grise d'échalas (RAMUZ, A. Pache, 1911, p. 21).
Prononc. et Orth.:[], [-], vieilli [-]. Ac. 1694-1835: raidir; dep. 1878: rai-, roi- (id. ds LITTRÉ, Lar. Lang. fr.); ROB. 1985: raide:,,La var. ancienne roidir est très littéraire dans l'usage moderne``. V. raide. Étymol. et Hist. 1. Ca 1225 part. passé redi « devenu raide » (PEAN GATINEAU, St Martin, 5343 ds T.-L.); ca 1380 « devenir raide, rigide » (JEAN LEFEVRE, Trad. La Vieille, 152, ibid.); 2. XIVe s. trans. « faire se raidir, faire se tendre » (Testament de Jean de Meun, ms. Bibl. Nat. fr. 12483 [anc. 1132 Suppl. fr.] ds Nouv. Rec. Fabliaux, éd. A. Jubinal, t. 2, p. 175, notes); 3. 1538 pronom. (EST., p. 386, s.v. intendo:se ad firmitatem intendere, se roidir). Dér. de raide; dés. -ir. Fréq. abs. littér.:321.
DÉR. Raidisseur, -euse, adj. et subst. masc. a) Adj. Qui sert à raidir. L'isolation de la coque et la couverture du toit étant réalisées de façon à se trouver à la hauteur des éléments de rive, la coque semble avoir l'épaisseur des éléments raidisseurs de rive (JOEDICKE, Struct. en voiles et coques, 1962, p. 244). b) Subst. masc., technol. Pièce ou appareil servant à raidir un coffrage, une charpente, à tendre un câble, un fil de fer. Ils avaient fait venir un serrurier pour les tuteurs, un quincaillier pour les raidisseurs (FLAUB., Bouvard, t. 1, 1880, p. 40). Un tube en tôle de 3 mm d'épaisseur muni de raidisseurs (ROMANOVSKY, Mer, source én., 1950, p. 51). — [], [-], fém. [-ø:z]. V. raide. — 1re attest. 1873 subst. masc. (TOLHAUSEN, Dict. technol. fr.-all.-angl., p. 754 ds QUEM. DDL t. 12); de raidir, suff. -eur2.
BBG. — Notes de lexicogr. critique. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1986, t. 24, n ° 1, p. 228.
Encyclopédie Universelle. 2012.