sarbacane [ sarbakan ] n. f.
• v. 1540; sarbatenne 1519, altéré d'apr. canne; esp. zebratana, zarbatana
♦ Tube creux servant à lancer de petits projectiles, par la force du souffle (arme, dans certaines sociétés archaïques; jouet d'enfant).
● sarbacane nom féminin (arabe zarbatāna) Long tuyau à l'aide duquel on lance, en soufflant, de petits projectiles.
sarbacane
n. f. Tuyau à l'aide duquel on lance, par la force du souffle, des projectiles légers.
⇒SARBACANE, subst. fém.
A. — Long tube creux servant à lancer de petits projectiles par la force du souffle (fléchettes empoisonnées chez certaines peuplades, petites pierres pour étourdir les oiseaux dans nos régions, petits pois ou boulettes dans les jeux d'enfants). Le roi ajuste le pigeon de sa sarbacane et souffle. La balle part (HUGO, Théâtre en lib., 1885, I, 2, p. 124). Des vieux sureaux dont les enfants ont tailladé les pousses pour sa fabriquer des sarbacanes (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 66). L'Amérique du Sud tropicale et l'Indonésie sont les deux principaux centres où l'on rencontre la sarbacane. Celle-ci rend de grands services à la guerre, si l'on dispose (...) d'un poison dont on imprégnera les dards (LOWIE, Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p. 238).
B. — Vieux
1. Tuyau servant de porte-voix. Ce fut dans cette chambre commune que Saint-Luc essaya de réveiller les remords dans l'âme de son maître [Henri III], en lui parlant dans le tuyau d'une sarbacane (CHATEAUBR., Ét. ou Disc. hist., t. 4, 1831, p. 378).
— Expr. fam. Parler par sarbacane. ,,Parler par personne interposée`` (Ac. 1835, 1878). Je ne veux point parler par sarbacane dans cette affaire, je veux traiter avec lui directement (Ac. 1835, 1878).
2. TECHNOL. ,,Tube de fer à l'usage des verriers`` (CHESN. t. 2 1858). Synon. canne.
Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694, 1718: sarbacane ou -tane; dep. 1740: -cane. Étymol. et Hist. 1. 1524 Genève sarbataine (rimant avec peine) « tube creux servant à lancer des petits projectiles » (Sottie du monde, 207 ds Rec. gén. des sotties, éd. E. Picot, t. 2, p. 340); ca 1525 sarbatenne (A. FABRE, Le Voyage et navigation faict par les Espaignolz és Isles de Mollucques, de A. Pigaphetta, trad. de l'ital., p. 337 ds GDF. Compl.); 1526 salbaquanne (Vie, testament et fin de l'Oyson ds Anc. poésies fr., t. 10, p. 164); 1530 sarbatane (PALSGR., p. 283a); 1533-45 sarbacane (J. BALARIN DE RACONIS, Les Voyages de Ludovico di Varthema, trad. de l'ital., éd. Ch. Schefer, p. 251 ds GDF. Compl.); 2. 1544 sarbatane « tuyau servant de porte-voix » (MARG. DE NAVARRE, Trop, prou, 5 ds Théâtre profane, éd. V. L. Saulnier, p. 150); av. 1622 sarbacane (Fr. DE SALES, Controverses, I, I, 2 ds HUG.); 3. 1730 sarbatane « tube de fer à l'usage des verriers » (SAVARY Suppl. ds FEW t. 19, p. 208a); 1845 sarbacane (BESCH.). Empr., (puis altér. de la finale sous l'infl. de canne) à l'esp. cerbatana (1535 ds COR., d'abord zebratana, 1493, ibid.) et celui-ci à l'ar. , « sarbacane dont on se sert pour tuer les oiseaux; au XVIe s., espèce d'arme à feu » (DOZY t. 1, p. 584b), mot d'orig. persane, d'apr. DEVIC, qui propose de le rattacher au malais « sarbacane à flèches ». Cf. lat. médiév. cerbotana « sorte de canon » (1330-40, Tractatus de re militari et machinis bellicis [ms. mil. XVe s.] ds DU CANGE), cerobotana (1425 ds DEI), zarabotana (1447, ibid.), zarabotana (trad. lat. de CHALCONDYLE ds DU CANGE), cerebatana (1462 ds GAY, s.v. coulevrine); ital. cerbottana (1re moit. XVe s. ds DEI); cat. çarabatanes (1462 ds ALC.-MOLL., s.v. sarbatana); gr. médiév. (mil. XVe s., CHALCONDYLE ds DU CANGE Graec., col. 212, s.v. ). Fréq. abs. littér.:12.
sarbacane [saʀbakan] n. f.
ÉTYM. V. 1540; sarbatenne, 1519, altéré d'après canne; esp. zebratana (1476), zarbatana, transmis par l'arabe zǎrabǎtānǎh, pour zǎbǎtānǎh, mot d'orig. malaise (sumpitan).
➪ tableau Mots français d'origine arabe.
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1 Tube creux servant à lancer de petits projectiles, par la force du souffle (arme, dans certaines sociétés archaïques; jouet d'enfant). ⇒ Canonnière. || Les dragées (cit. 4) d'une sarbacane.
1 (…) tous les visiteurs sont rangés sur des divans, ajustant à leurs lèvres des pipes, longues comme des sarbacanes (…)
Baudelaire, Curiosités esthétiques, XVI, VI.
2 Là-bas, vers le nord, c'est le domaine inexploré des Sakaïs qui vivent dans les arbres, qui peuvent tuer sans être vus avec leurs sarbacanes, leurs fléchettes empoisonnées, silencieuses (…)
Henri Fauconnier, Malaisie, p. 157.
Encyclopédie Universelle. 2012.