EMBARGO
EMBARG
Au sens classique du terme, l’embargo (de l’espagnol embargar , placer sous séquestre) désigne une mesure de force, admise par la coutume internationale, qui consiste à immobiliser temporairement les navires de commerce étrangers en vue de faire pression sur les États dont ils portent le pavillon. Abondamment utilisée par le gouvernement anglais, notamment au XVIIIe siècle, cette mesure est toujours prévue en droit, mais elle est quelque peu tombée en désuétude.
Dans l’acception moderne du terme, on distingue une conception extensive, où l’embargo, devenu synonyme de boycottage, désigne l’interdiction frappant les importations et exportations en provenance et à destination de certains États, et une conception restrictive, la plus fréquemment retenue, qui ne vise que les exportations à destination de certains États.
L’embargo peut être total, telles les mesures prises à l’encontre de l’Afrique du Sud du fait de sa politique d’apartheid ou encore celles qui sont prises à l’encontre de l’Argentine en 1982. Il peut aussi être partiel, ainsi la décision prise par l’Algérie le 4 novembre 1968 au sujet des exportations de pétrole du groupe Elf-E.R.A.P. ou celle qui est prise par les États-Unis à l’encontre de l’U.R.S.S. en matière céréalière en 1979. Il résulte d’une décision soit d’un organisme international, telles les mesures de l’O.E.A. à l’encontre de Cuba en 1964 ou celles de l’O.N.U. à l’encontre de l’Irak en 1990 (qui tourneront au blocus de fait), soit d’un État, par exemple dans l’embargo sur l’exportation d’armes françaises à destination d’Israël en 1967.
L’embargo se distingue du blocus, dans la mesure où il n’implique pas de rupture des communications maritimes; du blocus économique, qui est plus strict, et de l’embargo civil, qui vise les nationaux.
embargo [ ɑ̃bargo ] n. m.
• 1626; mot esp., de embargar « embarrasser », lat. pop. °imbarricare, de barra « barre »
1 ♦ Dr. mar. Interdiction faite par un gouvernement de laisser partir les navires étrangers mouillés dans ses ports. Décréter l'embargo. Frapper d'embargo les navires ennemis. Embargos mis sur les bateaux ennemis. Lever l'embargo.
2 ♦ Par ext. Mesure de contrainte tendant à empêcher la libre circulation d'un objet. ⇒ saisie. « Une diatribe que vous ne recevrez point, vu l'embargo mis à la poste sur tout ce qui vient de moi » (P.-L. Courier).
♢ Mesure de contrainte prise à l'encontre d'un pays, interdisant l'exportation d'un ou plusieurs types de marchandises vers ce pays. Embargo pétrolier. Embargo contre l'Irak en 1990 (⇒aussi blocus, boycott) . Faire respecter l'embargo. — Spécialt (dans le lang. de la presse) Mettre l'embargo sur... : empêcher la diffusion (d'une nouvelle).
● embargo nom masculin (espagnol embargo, empêchement, obstacle) Défense faite provisoirement à un navire de quitter un port. Suspension des exportations d'un ou de plusieurs produits vers un État, à titre de sanction ou de moyen de pression. Mesure administrative tendant à empêcher la libre circulation d'un objet ; saisie : Mettre l'embargo sur des journaux. Délai à respecter avant de diffuser une information ou un programme. ● embargo (synonymes) nom masculin (espagnol embargo, empêchement, obstacle) Suspension des exportations d'un ou de plusieurs produits vers un...
Synonymes :
- blocus
- boycott
Mesure administrative tendant à empêcher la libre circulation d'un objet ;...
Synonymes :
- mainmise
- saisie
embargo
n. m.
d2./d Par ext. Mesure administrative visant à empêcher la libre circulation d'une marchandise, d'un objet. Mettre l'embargo sur les armes.
⇒EMBARGO, subst. masc.
DR. MAR. Interdiction provisoire faite par un gouvernement, à des navires généralement étrangers, de quitter le port où ils se trouvent. Décréter, lever l'embargo :
• 1. ... les commandants des navires génois, pisans et vénitiens mouillant à Alexandrie avaient d'abord refusé de s'encombrer de gens sans ressources. Pour obliger ces hommes sans cœur à embarquer les fugitifs, le cadi d'Alexandrie dut menacer les capitaines italiens de mettre l'embargo sur leurs navires.
GROUSSET, L'Épopée des croisades, 1939, p. 251.
— P. ext. Mesure administrative interdisant la libre circulation d'un objet pendant une certaine durée. Si seulement cette satanée basoche n'avait pas mis l'embargo sur le petit héritage de ta tante (MIOMANDRE, Écrit sur eau, 1908, p. 191).
— P. métaph. Ce qui entrave ou empêche l'exercice, la diffusion, la propagation de quelque chose :
• 2. Ce que vous me dites relativement aux De Goncourt me fait bien du plaisir (...) L'embargo mis sur leur pièce ne m'étonne pas. Le théâtre est une boutique si abominable que le temps est proche où pas un honnête homme ne voudra s'en mêler.
FLAUBERT, Corresp., 1865, p. 192.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. 1626 « mesure destinée à empêcher la libre circulation de marchandises » (RICHELIEU, Lettres, éd. D. L. M. Avenel, t. 2, p. 220 ds HASCHKE, Richelieu, p. 97 : quoique nous ayons déjà levé l'embargo sur la plupart des marchandises séquestrées en France); 2. 1723 mar. mettre un embargo (J. SAVARY DES BRUSLONS, Dict. universel de comm., Paris). Empr. à l'esp. embargo, attesté dep. 1020 (au sens d'« empêchement, obstacle », ds doc. lat. médiév. d'Ovarra ds COR., s.v. embargar; sens 1 dep. ca 1620, Quevedo d'apr. AL.), déverbal de embargar « embarrasser, empêcher », issu d'un lat. vulg. , propre aux domaines hispanique et occitan (v. REW3, n° 4277; COR., loc. cit.; BL.-W.1-5), dér. de barra (barre). Fréq. abs. littér. :12. Bbg. BARB. Infl. 1923, p. 11. — LA LANDELLE (G. de). Le Lang. des marins, Paris, 1859, p. 407. — ROG. 1965, p. 99.
embargo [ɑ̃baʀgo] n. m.
ÉTYM. 1626; esp. embargo, subst. verbal de embargar « embarrasser »; cf. lat. pop. imbarricare, de barra « barre ». REM. S'emploie surtout avec les verbes mettre, lever et quelques synonymes.
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1 Dr. mar. Interdiction faite par un gouvernement de laisser partir les navires étrangers mouillés dans ses ports. ⇒ Arrêt (de puissance, de prince); et aussi angarie. || Mettre l'embargo sur les bateaux ennemis. || Décréter l'embargo. || Frapper d'embargo les navires ennemis. || Lever l'embargo.
1 (…) avant même que la guerre ne fût officiellement déclarée, l'embargo avait été mis, le 16 mai (1803), sur tous les bateaux français dans les ports d'Angleterre, et la chasse déchaînée, sans avis préalable, contre les bâtiments alors en mer.
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, L'avènement de l'Empire, I, p. 7.
2 (En cas de représailles dirigées par un État lésé contre l'État coupable) Sont compatibles avec l'état de paix et, par suite, avec les obligations contractuelles des États, les mesures suivantes (…) l'« embargo » des navires sous ses deux formes de l'arrêt du prince (défense faite aux navires étrangers de quitter le port) ou de l'angarie (réquisition des navires étrangers).
Delbez, Manuel de droit international public, éd. Dalloz, p. 240.
2 Par ext. Mesure de contrainte tendant à empêcher la libre circulation d'un objet. ⇒ Confiscation, saisie. || Mettre l'embargo sur des livres, sur une publication.
3 Une diatribe que vous ne recevrez point, vu l'embargo mis à la poste sur tout ce qui vient de moi.
P.-L. Courier, Lettres, II, 28.
♦ Spécialt. En matière de presse, Fait de ne pas autoriser la diffusion d'une information pendant un certain temps. || L'agence d'informations a mis l'embargo sur la dépêche. — Levée de l'embargo : autorisation de diffuser une nouvelle.
3 Fig. Ce qui empêche l'exercice de qqch. ⇒ Interdit.
4 (…) il m'est intolérable de sentir que les gens ont sur moi une opinion arrêtée. C'est comme s'ils essayaient de me limiter, de mettre l'embargo sur ma pensée.
Martin du Gard, les Thibault, t. VII, p. 236.
Encyclopédie Universelle. 2012.