servile [ sɛrvil ] adj.
• mil. XIVe; lat. servilis
1 ♦ Didact. Propre aux esclaves et aux serfs, à leur état. Condition, travail servile. — Théol. Œuvres serviles (opposé à libérales) : travaux manuels.
2 ♦ Fig. (plus cour.) Qui a un caractère de soumission avilissante et excessive. ⇒ 1. bas, obséquieux, rampant. Personnage servile. ⇒fam. lèche-cul. « une admiration presque servile des supérieurs » (R. Rolland).
♢ (1629) Étroitement soumis à un modèle, dépourvu d'originalité. Traducteur servile. « Les deux peintres virent dans ces toiles une servile imitation des paysages hollandais » (Balzac).
⊗ CONTR. Libre.
● servile adjectif (latin servilis, de servus, esclave) Relatif à l'état de serf, au servage. Vieux. Relatif à l'état de domestique. Qui fait preuve d'une soumission excessive : Des complaisances serviles. Qui ne s'écarte pas d'un modèle, le suit aveuglément : Une servile adaptation d'une pièce étrangère. ● servile (citations) adjectif (latin servilis, de servus, esclave) Georges Bataille Billom 1897-Paris 1962 Ce qui n'est pas servile est inavouable. Méthode de méditation Gallimard ● servile (synonymes) adjectif (latin servilis, de servus, esclave) Qui fait preuve d'une soumission excessive
Synonymes :
- obséquieux
- plat
- rampant
servile
adj.
d1./d Qui appartient à l'état d'esclave, de serf. Tâches serviles.
d2./d Fig. Qui s'abaisse de façon dégradante devant ceux dont il dépend. Il est servile.
— Par ext. Complaisance servile.
d3./d Qui ne prend pas assez de liberté à l'égard d'un modèle. Traducteur servile.
⇒SERVILE, adj.
A. — [En parlant d'un inanimé]
1. Relatif aux serfs, aux esclaves, à leur condition. Tenure servile. Toujours tremblant d'être découvert, parce qu'il portait visible à tous les yeux le signe de sa condition servile (THIERRY, Récits mérov., t. 2, 1840, p. 197). Ils se refusaient à reconnaître la condition servile des paysans de la campagne environnante et les admettaient à passer des contrats comme des hommes libres (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 1084).
— ANTIQ. ROMAINE. Guerre servile. Guerre des esclaves contre leurs maîtres. Si l'on en croit Athénée, un million d'esclaves avait péri dans les deux guerres serviles (MICHELET, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 165).
— RELIG. Crainte servile. Crainte de Dieu en tant que seigneur, vengeur du péché. (Ds LITTRÉ, ROB.). Œuvre servile. Travail manuel rétribué (interdit par l'Église chrétienne les jours de repos). Quand l'église a fait ce commandement de s'abstenir à certains jours de toute œuvre servile, il y avait des serfs alors liés à la glèbe (COURIER, Pamphlets pol., Pétition pour vill., 1822, p. 137).
2. Relatif aux domestiques et, p. méton., aux tâches ingrates mais indispensables. Si la plupart de ceux qui exercent les fonctions réputées serviles sont réellement abrutis, c'est qu'ils ont la tête vide (RENAN, Avenir sc., 1890, p. 397). L'homme libéré du travail servile, cérébral ou manuel, a au moins la possibilité de se cultiver et de dominer davantage son destin. La régulation automatique, pour un être vivant, n'est pas la sagesse, mais elle est bien condition et commencement de la sagesse (RUYER, Cybern., 1954, p. 18).
B. — Au fig.
1. [Avec une réf. mor.]
a) [En parlant d'un inanimé] Qui présente un caractère de soumission excessive; qui manifeste de la bassesse morale. Synon. obséquieux. Flatterie, obéissance servile. Il dévouait à la mort les cent mille hommes qui lui restaient. La servile stupidité du siècle prétend faire passer cette pitoyable affectation pour la conception d'un esprit incommensurable (CHATEAUBR., Mém., t. 2, 1848, p. 443). Cette facilité aimable des choses et gens de Londres, ce respect et ces attentions, non serviles, devant les « signes extérieurs de l'argent » (LARBAUD, Journal, 1934, p. 300).
b) [En parlant d'une pers.] Qui est soumis au point de se comporter de façon dégradante, humiliante envers ceux dont il dépend. Flatteur servile. On ne se montrait pas par là un courtisan servile, mais bien un serviteur tendrement dévoué (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 806). L'homme était un petit chétif, blond, obséquieux, affreusement servile (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 264).
— [P. méton.] Âme, esprit servile. — Oui, Madame Pradonet, répondit-il avec un sourire servile (QUENEAU, Pierrot, 1942, p. 118). Un maître d'hôtel aux gestes serviles (DRUON, Gdes fam., t. 1, 1948, p. 73).
— Empl. subst., rare. Tout est si corrompu... Ils ne souffrent autour d'eux que des serviles, que des chiens couchants (MARTIN DU G., Thib., Sorell., 1928, p. 1230).
2. [Avec une réf. intellectuelle ou esthétique, en parlant d'un inanimé] Qui reproduit fidèlement un modèle, sans originalité. Imitation servile. Oh! rien n'est ennuyeux comme l'Anglais qui se prend de colère parce que toute l'Europe n'est pas une servile copie de son Angleterre. Ces gens n'ont de bon que les chevaux et leur patience à conduire un vaisseau (STENDHAL, L. Leuwen, t. 2, 1835, p. 149). La France d'un mobilier usuel libéré de toute imitation servile du passé (VIAUX, Meuble Fr., 1962, p. 174).
— En partic. [En parlant d'une traduction ou d'un traducteur] Qui s'attache plus à la lettre qu'à l'esprit d'une œuvre. L'idée que je me fais d'une bonne traduction, qui pour être exacte doit ne pas être servile, et au contraire tenir un compte infiniment subtil des valeurs (CLAUDEL, Corresp. [avec Gide], 1911, p. 172).
C. — LING. Lettres serviles. [Les] lettres serviles [sont] (...) employées pour noter les modifications de racines qui caractérisent les genres, les nombres, les modes, etc. [dans certaines langues sémitiques] (MAR. Lex. 1933, p. 112).
REM. Serviliser (se), verbe pronom., hapax. Celui-ci se jetant à ses genoux, en une déclaration d'amour fou, s'écria « qu'il préférait se serviliser auprès d'elle que de ne plus la voir... » (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p. 38).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 2e moit. XIIIe s. [ms.] fig. servil « qui a un caractère de soumission excessive » (Delivr. du peup. d'Isr., ms. du Mans 173, f ° 19 v ° ds GDF. Compl.), forme — déb. XVIIe s. ds HUG.; 2. 1303 servel « relatif à l'état d'esclave ou de serf » (Affranch., S.-Sauveur de Blois, ms. Blois ds GDF. Compl.: condicion servel); ca 1350 servile (BERSUIRE, f ° 26, verso ds LITTRÉ). Empr. au lat. servilis « id. » au propre et au fig.; — dér. de servus « esclave » —, att. en lat. médiév. au sens de « propre aux non-libres » 789 ds NIERM., « relatif à un tenancier serf » 828, ibid. et comme subst. « tenancier d'un manse servile » 905-906, ibid. Fréq. abs. littér.:432. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 722, b) 492; XXe s.: a) 770, b) 493.
DÉR. Servilisme, subst. masc. Esprit de servilité. Le servilisme général qui règne ici (bassesse et lâcheté) vous soulève le cœur de dégoût (FLAUB., Corresp., 1850, p. 151). L'absurde eût été d'espérer de ces malheureux, dans des conjonctures écrasantes, une autre attitude que celle d'un servilisme furieux (BERNANOS, Gde peur, 1931, p. 421). — []. — 1re attest. 1794 (BABEUF, Le Tribun du peuple, déc., n ° 28, p. 41 ds QUEM. DDL t. 11); de servile, suff. -isme. — Fréq. abs. littér.: 15.
BBG. — DARM. 1877, p. 215 (s.v. servilisme). — DUB. Pol. 1962, p. 419 (s.v. servilisme).
servile [sɛʀvil] adj.
ÉTYM. V. 1355; lat. servilis, de servus « esclave ».
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1 a (V. 1370). Propre aux esclaves ou aux serfs; à l'état d'esclave ou de serf. ⇒ Serf (adj.). || Condition, travail servile (→ Propriété, cit. 3). — Hist. rom. || Guerres, émeutes (cit. 5.1) serviles (→ Libération, cit. 1). — Féod. || Tenure servile.
b Vx. Propre à un domestique. — Relig. || Œuvres serviles : travail manuel et salarié. || Profession servile (→ Besogne, cit. 7). Théol. || Crainte servile (par oppos. à crainte filiale) : crainte de Dieu en tant que vengeur du péché.
1 Quand on ne voit en Dieu que le vengeur du péché, celui qui détient le pouvoir de châtier, la crainte qu'on éprouve est une crainte servile : c'est la peur du serviteur ou de l'esclave tremblant devant le maître (…)
B. Olivier, l'Espérance, in Initiation théologique, t. III, p. 587.
1.1 Cet état ne peut être basé que sur le travail indigène équitablement rémunéré. Le travail à peu près gratuit, si voisin du travail servile, ne peut être qu'une solution transitoire.
L. H. Lyautey, Paroles d'action, p. 14.
2 (V. 1370). Fig., plus cour. (Dans l'ordre moral). Qui a un caractère de soumission avilissante et de bassesse indigne d'un homme libre. || Âme servile. ⇒ Laquais (de), valet (de). || Adulateur (cit. 1) servile. ⇒ Bas, complaisant, humble, obséquieux, rampant. || C'est un flatteur servile. ⇒ (fam.) Lèche-cul, pied-plat (→ Avoir l'échine souple). || Sous Napoléon, la littérature fut libre, la science servile (→ Honneur, cit. 55, Chateaubriand). || Nation servile (→ Fronder, cit. 6). || Assujettissement (cit. 3), obéissance, fidélité (cit. 1) servile. || Flatterie, voix servile (→ Glacer, cit. 27).
2 Tant de noble orgueil; et dans la vie une admiration presque servile des supérieurs. Un si haut désir d'indépendance; et, en fait, une docilité absolue.
R. Rolland, Jean-Christophe, L'aube, II, p. 29.
3 (1718; dans l'ordre intellectuel et esthétique). Qui est étroitement soumis à un modèle, dépourvu d'initiative et d'originalité. || Copistes ignorants et serviles (→ Mode, cit. 7). || Traducteur servile. || Imitation (cit. 19) servile. ⇒ Pastiche (cit. 3). || Servile moutonnerie (cit.).
4 (1842). Ling. || Lettres serviles : dans certaines langues sémitiques, Lettres employées pour noter les modifications de racines qui caractérisent les genres, nombres, modes, etc.
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CONTR. Libre. — Conquérant.
DÉR. Servilement, servilisme, servilité.
Encyclopédie Universelle. 2012.