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sourciller

sourciller [ sursije ] v. intr. <conjug. : 1>
• 1320; sorcillier déb. XIIIe; de sourcil
(En emploi négatif) Manifester son trouble, son mécontentement. « L'autre ne sourcilla pas et continua » (A. Daudet). Il a payé sans sourciller.

sourciller verbe intransitif (de sourcil) Manifester par un mouvement des sourcils, du regard, sa perplexité ou son mécontentement : Il a tout écouté sans sourciller.sourciller (difficultés) verbe intransitif (de sourcil) Orthographe et prononciation Attention à l'orthographe et à la prononciation de ces deux mots de formes très proches : sourcilier, ère, adjectif, avec un seul l prononcé comme dans familier ; sourciller, verbe, avec deux l prononcés comme dans piller. ● sourciller (synonymes) verbe intransitif (de sourcil) Manifester par un mouvement des sourcils, du regard, sa perplexité...
Synonymes :
- sursauter
- tiquer (familier)

sourciller
v. intr. (Seulement en tournure négative.) Ne pas sourciller: ne pas laisser paraître son trouble, son mécontentement.

I.
⇒SOURCILLER1, verbe intrans.
A. — Rare. Manifester par un mouvement des sourcils, par le regard, du trouble, du mécontentement, de la perplexité; p. ext., laisser paraître sur son visage le trouble, la déconvenue, le mécontentement. Sourciller d'indignation. Vous ne saurez jamais les torrents d'émotions qui m'ont labouré le cœur en lisant la page de votre lettre où vous me parlez de tout cela. Non, je ne vous écrirai jamais rien qui puisse vous faire sourciller (BALZAC, Lettres Étr., t. 2, 1842, p. 48). Une porte s'ouvrait, au-dessus d'eux. Pour Maigret, cette porte n'était qu'une porte anonyme (...), mais le docteur, lui, avait déjà reconnu le bruit de cette porte-là et non d'une autre. Il avait sourcillé (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p. 49).
B. — [Dans des phrases nég.]
Ne pas, ne point sourciller. Ne laisser paraître aucune émotion, rester impassible. Le jeune homme poussa un rugissement au milieu duquel domina le mot: — Vieux coquin! Le papa Gobseck ne sourcilla pas, il tira d'un carton sa paire de pistolets, et dit froidement: — En ma qualité d'insulté je tirerai le premier (BALZAC, Gobseck, 1830, p. 415). M. de Camors entra (...) sa bouche souriante s'entr'ouvrait déjà pour parler, quand il saisit tout à coup l'expression du regard de la marquise (...) C'était un homme exercé aux situations difficiles (...) Il ne sourcilla point, ne parla pas et attendit (FEUILLET, Camors, 1867, p. 249).
Sans sourciller. Sans manifester la moindre émotion, le moindre trouble, la moindre gêne. Écouter qqc. sans sourciller. Ce soir, (...) tu verras notre Paris, à nous, jouant au lansquenet, et hasardant cent mille francs d'un coup, sans sourciller (BALZAC, Comédiens, 1846, p. 352). Un des paradoxes de Nadine, c'est qu'elle avait traîné dans quantité de lits, qu'elle disait sans sourciller d'énormes obscénités, et que pourtant elle était, touchant sa vie sexuelle, d'une extrême susceptibilité (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 350).
Prononc. et Orth.:[], (il) sourcille [-sij]. Homon. sourciller2. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1225 en sorcillant (Hist. Guillaume Le Maréchal, 11645 ds T.-L.); 1690 ne ... pas sourciller (FUR.); 1694 sans sourciller (Ac.). Dér. de sourcil; dés. -er.
II.
⇒SOURCILLER2, verbe intrans.
Vieilli. Jaillir à la surface du sol en petites sources. (Dict. XIXe et XXe s.).
P. anal. Des débris et des scories de toutes sortes au milieu desquels sourcillent, comme des sources, les eaux des conduites d'eau coupées (GONCOURT, Journal, 1871, p. 813).
REM. Sourcillement, subst. masc., rare. [À propos des eaux de source] Action de sortir de terre. Le lutin (...) jouait avec Gianni un morceau qui semblait (...) au milieu d'un sourcillement chantant de sources (...), le bavardage (...) des fleurettes mouillées de rosée avec le rayon de soleil (E. DE GONCOURT, Zemganno, 1879, p. 145).
Prononc.:[], (il) sourcille [-sij]. Homon. sourciller1. Étymol. et Hist. 1702 (FRÉMIN, Mém. d'Archit., p. 306 d'apr. BRUNOT t. 6, p. 283, note 8). Dér. de source; suff. -iller.
STAT.Sourciller1 et 2. Fréq. abs. littér.:146.

1. sourciller [suʀsije] v. intr.
ÉTYM. 1320; sorcillier, déb. XIIIe; de sourcil.
Manifester son trouble, son mécontentement (seulement en emploi négatif). || Ne pas sourciller : rester impassible (→ 1. Flèche, cit. 4; imperceptible, cit. 5).Sans sourciller (→ Hasarder, cit. 3) : sans hésiter, sans se troubler, sans être gêné. || Apprendre, écouter qqch. sans sourciller.
1 Son jeune courage se plaisait au récit circonstancié des opérations les plus douloureuses; il se disait : Je n'aurais pas sourcillé.
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, VII.
2 Mon oncle Gaston m'emmena (…) voir une innocente opérette de Mirande : Passionnément; au retour, j'exprimai ma répugnance avec une vigueur qui surprit beaucoup mes parents : je lisais pourtant Gide et Proust sans sourciller.
S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée, p. 189.
DÉR. 1. Sourcillement.
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2. sourciller [suʀsije] v. intr.
ÉTYM. 1702; de source.
Vx. (Eau). Émerger, jaillir à la surface du sol en formant une source.
DÉR. 2. Sourcillement.

Encyclopédie Universelle. 2012.