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sourdement

sourdement [ surdəmɑ̃ ] adv.
XIIe; de sourd
1Avec un bruit sourd. « Des canons continuaient à aboyer sourdement » (Martin du Gard).
2Fig. D'une manière sourde, cachée. « Une masse humaine [...] comme sourdement travaillée par des fermentations profondes » (Chardonne).

sourdement adverbe Littéraire Avec un bruit ou un son étouffé : L'orage gronde sourdement dans le lointain. En secret : Intriguer sourdement.

sourdement
adv.
d1./d Avec un bruit sourd.
d2./d Fig. D'une manière sourde, cachée.

⇒SOURDEMENT, adv.
A. — 1. Avec un bruit sourd, atténué. Gémir, grogner, murmurer, râler sourdement. « Eh! bien, va ... je n'ai plus d'enfant... » Elle dit cela sourdement, d'une voix terrible (A. DAUDET, Évangéliste, 1883, pp. 286-287). Il entendait les souliers ferrés piétiner les parquets marquetés et plus sourdement les tapis d'Aubusson (MORAND, P. de Saligny, 1947, p. 90).
2. P. anal. Sans éclat. [Pierre] regarda l'espace noir du jardin, entouré de hautes maisons éteintes, sous un ciel sourdement enflammé d'une lueur vaporeuse (CHARDONNE, Chant Bienh., 1927, p. 87). Une porte céda et je fus jeté dans la galerie des machines, sourdement éclairée en bleu par des tubes au mercure, comme une boutique de pompes funèbres (MORAND, New-York, 1930, p. 195).
B. — Au fig. En secret; de manière cachée, insidieuse. Synon. secrètement. Agir, intriguer sourdement; persécuter sourdement qqn. Elle se prit d'une rancune pour le docteur, d'une rancune qui grandissait sourdement et tournait à la haine, à mesure qu'elle se portait mieux (ZOLA, Page amour, 1878, p. 944). Lentement, sourdement, comme un termite introduit dans le bois doré de l'idole, voilà vingt ans qu'il sape en dessous cette renommée triomphante et la ronge, et la creuse (A. DAUDET, Tartarin Alpes, 1885, pp. 32-33).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. fin XIIe s. xordement « à la manière d'un sourd » (Trad. des serm. de S. Bernard, 105, 37 ds GDF. Compl.); 2. 2e quart XIIIe s. « avec indifférence » (GONTHIER DE SOIGNIES, Li xours comence xordement ds Chansons, éd. A. Jeanroy et A. Långfors, p. 3); 3. 1577, 22 nov. « d'une façon indistincte » (Négoc. de la France dans le Levant, III, 695, à Henri III ds GDF. Compl.). Dér. de sourd; suff. -ment2. Fréq. abs. littér.:545. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 553, b) 889; XXe s.: a) 876, b) 842.

sourdement [suʀdəmɑ̃] adv.
ÉTYM. V. 1190, sordement; de 1. sourd.
1 Avec un bruit sourd. || Au loin les canons aboyaient (cit. 4) sourdement. Gronder. || Râler sourdement (→ Jeu, cit. 33). || « (…) les grandes plaintes (cit. 5) Que l'humanité triste exhale sourdement. »
1 (…) les voitures roulent sourdement sur la chaussée poudreuse et non pavée.
Nerval, Voyage en Orient, Introd., V.
2 (Fin XVIe). Fig. D'une manière sourde (3.), cachée. || Sourdement furieux (→ Mécontent, cit. 10). || Masse (cit. 20) humaine sourdement travaillée par des fermentations. || Agir sourdement (→ Ralentir, cit. 3; et aussi désoler, cit. 5). || Duel engagé sourdement (→ Propagande, cit. 2).
2 Elle ne savait rien des bruits qui grondaient sourdement contre elle dans le quartier.
France, Jocaste, X, Œ., t. II, p. 96.

Encyclopédie Universelle. 2012.