syllepse [ silɛps ] n. f.
• 1660; lat. syllepsis; gr. sullêpsis, proprt « compréhension »
♦ Gramm. Accord selon le sens et non selon les règles grammaticales. Accord par syllepse. Syllepse de nombre (ex. Minuit sonnèrent). Syllepse de genre (ex. « C'est la sentinelle qui le premier s'inquiète » [Perret]).— Adj. SYLLEPTIQUE , 1765 .
● syllepse nom féminin (bas latin syllepsis, du grec sullêpsis, action de prendre ensemble) Dans une phrase, accord des mots en genre et en nombre non d'après les règles de la grammaire, mais d'après le sens. (Par exemple La noblesse de Rennes et de Vitré l'ont élu malgré lui [Sévigné].) Figure de rhétorique qui consiste à employer un mot à la fois dans son sens propre et dans son sens figuré. (Par exemple Vêtu de probité candide et de lin blanc [Hugo].)
syllepse
n. f. GRAM Accord d'un mot selon le sens plutôt que selon les règles grammaticales.
⇒SYLLEPSE, subst. fém.
A. — GRAMM. Accord effectué non selon les règles de la grammaire (accord en genre, nombre ou personne), mais d'après le sens. Syllepse du genre, du nombre, de la personne. Racine, plus d'une fois, s'est autorisé de la syllepse pour satisfaire aux lois du vers: Entre le pauvre et vous, vous prendrez Dieu pour juge, Vous souvenant, mon fils, que, caché sous ce lin, Comme eux vous fûtes pauvre, et comme eux orphelin (Athalie, IV, 3) (...). Dans le langage courant, la syllepse est plus fréquente qu'on imagine. Des phrases comme: « Chaque goutte tombait dans le silence... je les entendais distinctement » nous échappent à chaque instant. C'est que le distributif singulier coïncide avec l'idée de pluriel (MORIER 1961). Le pronom représentant un nom collectif (ou générique) singulier s'accorde parfois, par syllepse du nombre, non pas avec ce nom, mais avec le nom pluriel suggéré par lui: (...) — Ah! vous avez un chat, je ne LES aime pas (P. MARGUERITTE, L'Eau qui dort, p. 119) (GREV. 1964 [3e tirage], § 466, p. 405).
B. — RHÉT. Figure, trope consistant à employer un mot à la fois au sens propre et au sens figuré. Les Tropes mixtes, qu'on appelle Syllepses, consistent à prendre un même mot tout-à-la-fois dans deux sens différents, l'un primitif ou censé tel, mais toujours du moins propre; et l'autre figuré ou censé tel, s'il ne l'est pas toujours en effet; ce qui a lieu par métonymie, par synecdoque, ou par métaphore (FONTANIER, Les Figures du discours, Manuel class. pour l'ét. des tropes, Paris, Flammarion, 1968 [1830], p. 105).
REM. Sylleptique, adj. Qui appartient à la syllepse, relève de la syllepse. Accord, forme, rapport sylleptique. (Dict. XIXe et XXe s.).
Prononc. et Orth.:[sil(l)]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. 1660 gramm. (Gramm. générale, p. 145 ds DG); 2. 1730 rhét. la syllepse oratoire (DUMARSAIS, Tropes, II, 11 ds LITTRÉ). Empr. au lat. des rhétoriciens syllepsis, du gr. « action de prendre ensemble, c'est-à-dire d'embrasser, de compendre », dér. de , v. syllabe. Bbg. MOREL (M.-A.). Pour une typologie des fig. de rhét. DRLAV. 1982, n° 26, p. 52.
syllepse [silɛps] n. f.
ÉTYM. 1660; lat. syllepsis, grec sullêpsis, proprt « compréhension », de sullambanein « réunir ». → Syllabe.
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♦ Rhét., grammaire.
1 Tour syntaxique (« figure de construction ») consistant à « comprendre » dans une même construction des termes disparates sans les « accorder » grammaticalement (accord selon le sens). || Accord par syllepse, d'après le sens. || Syllepse de nombre, réunissant un singulier (collectif) et un pluriel. || Ex. : Minuit sonnèrent; la plupart (cit. 13) se sentent écœurés. || Syllepse de genre, réunissant un masculin et un féminin. Ex. : || « (…) deux personnes être si contents l'un de l'autre » (Molière, Dom Juan, I, 2, cité par G. et R. Le Bidois, qui considèrent cet accord comme un abus, in Syntaxe du franç. moderne, §16). — || « C'est la sentinelle qui le premier s'inquiète » (Perret, Le caporal épinglé, in Georgin, Meilleur franç., p. 186).
2 (1730). Figure par laquelle un mot est employé à la fois au sens propre et au sens figuré. — Ex. : candide dans le célèbre vers de Hugo : vêtu de probité candide…
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DÉR. Sylleptique.
Encyclopédie Universelle. 2012.