sylphide [ silfid ] n. f.
• 1670; de sylphe
♦ Génie aérien féminin plein de grâce. Avoir une taille de sylphide, très mince.
♢ Fig. Femme mince et gracieuse; créature féminine de rêve. « cette légèreté de sylphide qui semble changer les lois de la pesanteur » (Balzac).
● sylphide nom féminin (de sylphe) Sylphe femelle. Littéraire. Femme gracieuse et légère.
⇒SYLPHIDE, subst. fém.
A. — MYTH. [Dans les légendes celtes et germ.] Génie féminin ailé, qui vit dans les airs. Pâle et mince comme une sylphide, tu marchais au fond de nos bois (SAND, Lélia, 1833, p. 154). La jeune sylphide amoureuse d'un humain (...) l'entraîne dans sa forêt peuplée d'esprits voltigeants; (...) l'amoureux veut aborder sa belle sylphide (...). Faisant miroiter la jolie écharpe aux yeux de la sylphide (...) il l'en enveloppe; hélas! les ailes délicates tombent des épaules; qu'est une sylphide sans ses ailes? Défaillante, elle meurt (BRILLANT, Probl. danse, 1953, p. 171).
B. — P. anal.
1. Femme svelte, élancée, d'une beauté fine et gracieuse. Vous n'avez pas vu cette beauté divine. (...) Milord! une sylphide! une nymphe! une fée! (HUGO, Cromwell, 1827, p. 60). J'ai trouvé dans le salon une sylphide de trente ans (..) pâle, frêle, aristocratique, ravissante (MÉRIMÉE, Lettres E. Ellice, 1856 ds R. Universelle, t. 38, 1929, p. 169).
♦ Taille de sylphide. Taille très mince Thérèse jeune et mince, (...) en robe cannelle, à manches à gigot, qui lui faisait une « taille de sylphide » (A. FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 332).
2. Femme (notamment danseuse) qui rappelle une sylphide par la vivacité, la grâce de ses mouvements. Avec Mademoiselle Fifine, la danseuse, (...) elle entretenait le dévouement du banquier (...). On avait le soin de faire lire au Mondor les articles de chorégraphie transcendante où le talent de sa sylphide était analysé (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 54). La reine des sylphides, Taglioni (...) Flottant en l'air comme une brume Dans sa diaphanéité (POMMIER, Paris, 1866, p. 436).
C. — Au fig. Femme idéale ou idéalisée, plus imaginaire que réelle, objet de rêveries amoureuses. [Il] fut admis auprès de la femme (...) qu'il avait vue la veille, (...) fraîche et pure jeune fille vêtue de gaze (...). Il arrivait impétueusement pour lui déclarer son amour, (...) il trouva sa vaporeuse sylphide (...) languissamment couchée sur le divan (BALZAC, Langeais, 1834, p. 250). Il me semble que je vois sortir des flancs du Saint-Gothard ma sylphide des bois de Combourg. Me viens-tu retrouver, charmant fantôme de ma jeunesse? (...), fille aînée de mes illusions, doux fruit de mes mystérieuses amours avec ma première solitude! (CHATEAUBR., Mém., t. 4, 1848, p. 115).
Prononc. et Orth.:[silfid]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1670 (MONTFAUCON DE VILLARS, Comte de Cabalis, 27 d'apr. FEW t. 23, p. 149). Dér. de sylphe ; suff. -ide. Fréq. abs. littér.:79. Bbg. QUEM. DDL t. 28.
sylphide [silfid] n. f.
ÉTYM. 1670, Montfaucon de Villars; de sylphe.
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♦ Littéraire.
1 Génie aérien féminin plein de grâce (→ Fée, cit. 3). || Elle danse comme une sylphide (Littré). → aussi Éléphant, cit. 4. || « Avoir une taille de sylphide », très mince (Académie).
2 Femme mince et gracieuse; créature féminine de rêve, fille de l'imagination.
1 (…) on était loin de concevoir à quel point je puis m'enflammer pour des êtres imaginaires. Sans quelques réminiscences de jeunesse et Mme d'Houdetot, les amours que j'ai sentis et décrits n'auraient été qu'avec des sylphides.
Rousseau, les Confessions, XI.
2 (…) faute d'objet réel, j'évoquai par la puissance de mes vagues désirs un fantôme qui ne me quitta plus (…) Voici venir une jeune reine, ornée de diamants et de fleurs (c'était toujours ma sylphide…).
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. I, p. 124-125.
3 D'où vient cette flamme qui rayonne autour d'une femme amoureuse et qui la signale entre toutes ? d'où vient cette légèreté de sylphide qui semble changer les lois de la pesanteur ?
Balzac, Splendeurs et Misères des courtisanes, Pl., t. V, p. 669.
Encyclopédie Universelle. 2012.