téter [ tete ] v. tr. <conjug. : 6>
• 1743; teter 1190; de tette
1 ♦ Boire (le lait) par succion répétée sur le mamelon, et par ext. sur une tétine. Téter le lait.
♢ Plus cour. Sucer (le mamelon, le sein) de manière à boire le lait. Absolt Bébé, jeune animal qui tète. Donner à téter à son enfant. ⇒ allaiter, nourrir (cf. Donner le sein). Cesser de donner à téter. ⇒ sevrer . — Par méton. Téter sa mère.
2 ♦ Par ext. Fam. Sucer avec délectation. ⇒ suçoter. Enfant qui tète son pouce. Téter sa pipe, son cigare.
● téter verbe transitif et verbe intransitif (de tette) Aspirer le lait de la mamelle ou d'un biberon par un mouvement de succion. Sucer un objet : Téter son pouce, son crayon. ● téter (citations) verbe transitif et verbe intransitif (de tette) Germain Nouveau Pourrières 1851-Pourrières 1920 L'habitude de fumer n'est peut-être que l'habitude de téter qui reparaît après des années. Album Richepin Cailler Commentaire L'Album Richepin a été écrit en collaboration avec Jean Richepin et ses amis du groupe des Vivants : Ponchon, Bourget et Mercier. ● téter (difficultés) verbe transitif et verbe intransitif (de tette) Orthographe Avec un accent aigu comme ses dérivés téterelle, tétin, tétine, téton. Ne pas se laisser influencer par tête. Remarque Téter et tête n'ont aucun rapport. Téter est issu de tette, sein, mamelle ou tétine. Conjugaison Attention à l'accent, tantôt grave, tantôt aigu : je tète, nous tétons ; il tétera. ● téter (homonymes) verbe transitif et verbe intransitif (de tette) ● téter (synonymes) verbe transitif et verbe intransitif (de tette) Sucer un objet
Synonymes :
- sucer
- suçoter
téter
v. tr.
d1./d Sucer en aspirant pour tirer le lait de (la mamelle ou le sein, un biberon); tirer (le lait) de la mamelle, du sein, d'un biberon, par succion. Cabri qui tète la mamelle d'une chèvre. Enfant qui tète son lait.
— Par ext. Veau qui tète encore sa mère.
|| (Absol.) Enfant qui tète goulûment.
d2./d (Mart.) Fig., Fam. Consommer (qqch) avec excès. Voiture qui tête de l'essence.
⇒TÉTER, verbe trans.
A. — [Le suj. désigne un nourrisson, un jeune mammifère]
1. Boire (le lait) par succion répétée sur le sein, la mamelle et p. anal. sur une tétine. Téter son biberon, le sein. [Les chiots] tettent un lait abondant, mais qu'il leur faut acheter par des acrobaties au-dessus de leur âge (COLETTE, Mais. Cl., 1922, p. 222). V. mamelle I A ex. de Flaubert.
— [P. méton. du compl. d'obj.] Téter sa nourrice. Téter sa mère. Boire le lait au sein, à la mamelle; ne pas être sevré. [Le pécari] tétait encore sa mère quand je l'ai trouvé dans la fosse (VERNE, Île myst., 1874, p. 210). [P. allus. à la fable de La Fontaine, Le Loup et l'agneau] Mais Suzanne fait comme l'agneau de La Fontaine et comme tous les agneaux: elle tette sa mère (A. FRANCE, Livre ami, 1885, p. 199).
— Empl. abs. Téter bien, goûlument. Les croûtes de lait sont une maladie assez fréquente chez les enfans qui têtent, elle paroît ordinairement vers le quatrième mois de leur âge et dure jusqu'à la fin de la nourriture (GEOFFROY, Méd. prat., 1800, p. 453). Pierre ne fait guère que téter et dormir (RENARD, Journal, 1889, p. 21).
♦ Loc. verb. Donner à téter à qqn, faire téter qqn. Donner le sein, la mamelle (synon. allaiter) ou le biberon. [Philomène] déjeunant au criblage, s'entendait pour qu'on lui amenât là-bas sa petite, et elle la faisait téter, assise un instant dans le charbon (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1221). Une femme au bord du chemin s'est arrêtée et assise; elle a découvert son sein pour donner à téter à un bébé tout rond et rose (BORDEAUX, Fort de Vaux, 1916, p. 13).
2. P. métaph. Je pense (...) À ceux qui s'abreuvent de pleurs Et tettent la Douleur comme une bonne louve! (BAUDEL., Fl. du Mal, 1860, p. 152). [Le curé:] On a beau les nourrir [ses paroissiens] du suc de l'Évangile et faire à leurs bambins téter le catéchisme; le lait à peine entré leur ressort par le nez; faut à ces grands gousiers plus grossière pâtée (ROLLAND, C. Breugnon, 1919, p. 68).
B. — P. anal., fam.
1. [Le suj. désigne une pers.]
a) Boire. Nous serions restés là, si sagement, à téter nos gourdes. Mais dès la seconde où j'ai aspiré le fond du gobelet d'étain, une horloge s'est mise en marche. Dès la seconde où j'ai sucé la dernière goutte, j'ai commencé à descendre une pente (SAINT-EXUP., Terre hommes, 1939, p. 223).
♦ P. métaph. Un des 935 bombardiers (...) vient téter son avion ravitailleur (Le Nouvel Observateur, 23 févr. 1966, p. 11, col. 1).
— En partic. Boire de l'alcool, s'adonner à l'alcool. Téter la chopine. « (...) voici un cordial qui te remettra, c'est de la pure eau-de-vie d'Hendayes, de la quintessence solaire. » Et il appliqua le goulot de la bouteille aux lèvres du bretteur défaillant. « Allons, tête-moi ce petit-lait; deux ou trois gorgées encore, et tu seras vif comme un émerillon qu'on décapuchonne » (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 414). Tu n'aurais pas un peu tété la bouteille? — Idiot! répondit mon frère, tu sais bien qu'elle est toujours sous clef (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 181).
♦ Empl. abs., pop. M. Soubasson (...) aime à téter, (...) en lui portant aux lèvres un biberon plein de tord-boyaux, on est libre de faire ce qu'on veut dans son cours (VALLÈS, J. Vingtras, Enf., 1879, p. 258). Ça serait malheureux depuis cinquante sept ans que je tette, si je savais pas distinguer quand je suis saoul de quand je le suis pas (AYMÉ, Brûlebois, 1926, p. 72).
b) Sucer, suçoter. Téter un cigare, un crayon, une pipe. Il prend à côté de lui, dans son lit, un mouchoir à la place où était sa mère et s'endort en le tétant (E. DE GUÉRIN, Journal, 1835, p. 68). À l'époque je tétais encore mon pouce (BERNANOS, Imposture, 1927, p. 472).
— Empl. abs. [Carassan] sifflota et se mit à bourrer sa pipe, une belle grosse pipe en merisier, qui contenait de quoi téter une demi-heure (MAGNANE, Bête à concours, 1941, p. 131).
2. JEUX (pétanque). [Le suj. désigne une boule] Téter le petit. Toucher le but. Ses boules (...) faisant la toupie, la roue et de beaux effets « rétro » avant d'aller, comme on dit sur le terrain, « faire téter le petit » (Le Point, 19 juill. 1976, p. 47, col. 3).
REM. Tétailler, verbe trans., hapax. Écartant le cache-misère, le fichu, le corsage, elle sortit un sein, l'enfourna dans la bouche du bébé, puis se laissa tétailler, somnolente (H. BAZIN, Part du pauvre, 1954, p. 5).
Prononc. et Orth.:[tete], (il) tète [], homon. tête. Ac. 1694-1762: teter; 1798: téter; 1835, 1878: teter: ,,on prononce et on écrit aussi téter`` (id. ds LITTRÉ); 1935: téter (id. ds Lar. Lang. fr., ROB. 1985). Conjug. v. abréger. Substitution de [e] à [] dans la syll. protonique, init. Voir G. STRAKA ds Trav. Ling. Litt. Strasbourg t. 19, n° 1 1981, pp. 187-188. V. réviser, reviser. Étymol. et Hist. 1. 1210-30 la mamele qu'il tetta (GUILLAUME LE CLERC, Ste-Marie-Madeleine, 20 ds T.-L.); 2. 1835 « sucer » (E. DE GUÉRIN, loc. cit.); 3. 1863 « boire de l'alcool » (GAUTIER, loc. cit.). Dér. de tette; dés. er. Fréq. abs. littér.:185.
DÉR. 1. Téterelle, subst. fém. Petit appareil en verre dans lequel on aspire le lait par l'intermédiaire d'un tube de caoutchouc après l'avoir appliqué sur le sein et que l'on utilise pour l'allaitement artificiel. Synon. tire-lait. (Dict. XIXe et XXe s.). — [], [--]. — 1re attest. 1851 méd. (Journ. de méd. et de chir. prat., XXII, p. 527 ds QUEM. DDL t. 8); de téter, suff. -elle. 2. Téteur, -euse, adj. et subst., fam. a) Vieilli. (Enfant) qui tète. Enfant, bébé téteur. Comment s'appelle la téteuse? demanda-t-elle; car c'est une fille, ça. La mère répondit: Georgette (HUGO, Quatre-vingt-treize, 1874, p. 9). [Carrière] est le peintre de l'allaitement. Et c'est curieux de l'étudier en sa tendre spécialité (...) dans un nombre immense de dessins, qu'il dit être la représentation de gestes intimes et qui sont d'admirables études de mains enveloppantes de mère et de têtes de téteurs (GONCOURT, Journal, 1890, p. 1188). [P. méton.] Bouche téteuse. Il avait (...) une grande bouche, aux lèvres gonflées, comme téteuses, au sourire un peu de travers (ROLLAND, J.-Chr., Antoinette, 1908, p. 880). b) P. anal., fam. (Personne) qui suçote. Les moines pansus et téteurs de cigares (MONTHERL., Pte Inf. Castille, 1929, p. 623). — [], [-], fém. [-ø:z]. — 1res attest. a) 1615 « celui qui tète » (L. GUYON, Miroir de la beauté et santé corporelle, Lyon, Cl. Morillon, t. 1, p. 486), b) 1929 (MONTHERL., loc. cit.); de téter, suff. -eur2.
BBG. — QUEM. DDL t. 28.
téter [tete] v. tr.
CONJUG. compléter; dans l'anc. graphie teter, le verbe se conjuguait comme jeter.
ÉTYM. 1190; de tette.
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1 (Le sujet désigne un enfant, un jeune mammifère). Boire (le lait d'une femme, d'une femelle, la mère en général) par succion répétée sur le mamelon, et, par ext., sur une tétine (2.). || Téter le lait.
2 Sucer (le mamelon, le sein) de manière à boire le lait. — Par ext. || Téter sa mère (→ Frère, cit. 15; poulain, cit. 1). — Absolt. || Bébé qui tète bien, qui tète trop (→ Sevrer, cit. 2). || Donner à téter à son enfant, à ses petits (→ Mammifère cit. 2; mêler, cit. 29). ⇒ Allaiter, nourrir, sein (donner le). || Cesser de donner à téter. ⇒ Sevrer.
1 (…) un gros mioche blond qui vous tette gaillardement (…) qui vous tripote le sein à poignées dans ses petites pattes roses en riant comme l'aurore (…)
Hugo, les Misérables, V, V, IV.
2 Estelle s'était mise à téter, en effet. Disparue sous la couverture, calmée par la tiédeur du lit, elle n'avait plus qu'un petit bruit goulu des lèvres.
Zola, Germinal, I, II.
♦ Par métaphore :
3 (…) à ceux qui s'abreuvent de pleurs
Et tettent la Douleur comme une bonne louve !
Baudelaire, les Fleurs du mal, « Tableaux parisiens », LXXXIX, II (→ Rythmer, cit. 2, Mallarmé).
3 (XXe). Fam. Sucer. || Enfant qui tète son pouce. || Téter une pipe, un cigare.
4 M. Rebuffard, la tête rejetée en arrière tétait le tuyau de sa pipe qu'il tenait à deux mains et écoutait en silence les réclamations des voisins.
M. Aymé, le Passe-muraille, p. 172.
4 (Avant 1885, Vallès). Fam., vieilli. || Téter la bouteille, la chopine : boire. — Absolt. || Téter.
5 (XXe). Fam. Jeux de boules (pétanque, etc.). || « Lorsque la boule touche au but, on dit qu'elle “tète le petit” » (l'Auto, 23 août 1940). — Intrans. || « La boule peut toucher le but : on dit alors qu'elle tète ou que le pointeur a embouchonné » (Vie et Langage, janv. 1953, in Petiot).
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DÉR. Tétée, téterelle, téteur.
Encyclopédie Universelle. 2012.