torcher [ tɔrʃe ] v. tr. <conjug. : 1>
1 ♦ Fam. Essuyer pour nettoyer. « Petit-Pouce venait de torcher la dernière goutte de jus » (Queneau).
♢ Fam. Essuyer les excréments de. Torcher le derrière d'un enfant, torcher un enfant. « Aie donc des mioches, torche-les, mouche-les » (Hugo). Fam. Se torcher le derrière, le cul (vulg.), ou absolt se torcher. Fig. Je m'en torche : je m'en moque totalement (cf. S'en foutre).
♢ Fig. (1798) Cour. Bâcler, faire vite et mal. ⇒ cochonner, saloper, torchonner. Torcher son travail. « pour ce qui est de torcher un papier, ça s'apprend vite » (Beauvoir).
3 ♦ (XIIIe) Fam. et vieilli Battre.
● torcher verbe transitif (de torche) Familier. Essuyer quelque chose pour le nettoyer : Torcher son assiette. Populaire. Essuyer le derrière d'un enfant, s'occuper de lui dans les domaines les plus prosaïques : Elle avait choisi de torcher ses mômes et de ne plus travailler. Familier. Exécuter un travail sans soin, à la hâte. Réaliser un mur avec du torchis. Effectuer le torchage. Faire la torche d'un ouvrage de vannerie. ● torcher (homonymes) verbe transitif (de torche)
torcher
v. tr. Fam.
d1./d Essuyer. Torcher le nez d'un enfant. Syn. nettoyer.
d2./d (Afr. subsah., Vanuatu) éclairer avec une lampe électrique portative, une lampe-torche. Torche-moi, pour que je puisse ouvrir la porte.
⇒TORCHER, verbe trans.
A. — Fam. Qqn torche qqc.
1. Essuyer, frotter quelque chose avec un bouchon de paille, du papier, un torchon. Et moi je devais rester à la maison à récurer le derrière de Michou et à torcher les casseroles. Merci! (QUENEAU, Loin Rueil, 1944, p. 220). On torche la lame d'acier, essayant du pouce le tranchant de ses dents triangulaires ou on la déboulonne pour en mettre une neuve à la place (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 165).
♦ Empl. pronom. réfl. indir. Vous allez me faire le plaisir de vous torcher la figure et de sourire (DUHAMEL, Notaire Havre, 1933, p. 218).
— Loc. Il peut s'en torcher le bec. Il n'en aura pas; il ne goûtera pas de cet aliment. (Dict. XIXe et XXe s.).
2. Rendre un plat net en mangeant tout ce qu'il contient et, parfois, en l'essuyant avec du pain. Torcher son assiette. Il hochait la tête, guettant les garçons, pour ne pas leur laisser emporter les plats sans les avoir torchés (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 454). Petit-Pouce venait de torcher la dernière goutte de jus qui croupissait encore dans son assiette (QUENEAU, Pierrot, 1942, p. 125).
B. — Pop. Nettoyer le derrière de quelqu'un. Elle est dégoûtée des enfants. Impossible de coudre, avec eux! À chaque instant il faut aller les torcher (RENARD, Journal, 1905, p. 953).
♦ Empl. pronom. réfl. Nous n'avions droit, nous, qu'au papier journal fourni par La Croix, après que Fine eut découpé aux ciseaux le coin gauche de ce pieux quotidien, où est imprimée la désolante image du calvaire. On ne peut décemment se torcher avec un tel emblème (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 187).
— Loc. fig. Se torcher le cul/le derrière avec/de qqc., s'en torcher (le derrière, le cul). Faire peu de cas de quelque chose, s'en moquer éperdument. [Il a dit] qu'il méprisait le signe national, et qu'il s'en torcherait le derrière (Le Moniteur, t. 2, 1789, p. 360). Ah! moi ce que j'en dis!... Je m'en torche!... Ça m'est bien égal!... C'est pas mon service les dingos! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 673).
C. — Vx, pop. Qqn torche qqn. Rouer quelqu'un de coups, lui donner une torchée. Il se fera torcher (Ac. 1798, 1835).
— Empl. pronom. réciproque. Se battre. (Dict. XIXe et XXe s.).
D. — Qqn torche qqc.
1. Recouvrir un mur, une cloison avec du torchis (Dict. XIXe et XXe s.).
2. Fam. Exécuter quelque chose très rapidement et sans soin; bâcler. Synon. fam. torchonner. Tu as du culot, tu sais faire parler les gens, tu es débrouillarde, tu passerais partout. Et pour ce qui est de torcher un papier, ça s'apprend vite (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 164).
E. — Spécialement
1. ÉN. PÉTROL. Brûler les gaz excédentaires dans une torchère. (Dict. XXe s.).
2. [En Afrique Noire] Éclairer quelque chose avec une torche électrique (d'apr. Invent. Particul. lex. Fr. Afr. n. 1983).
REM. Torchée, subst. fém., pop. Volée de coups. Synon. pop. dérouillée. Filer, coller une torchée. Les torchées que je lui ai flanquées à la Robidet bien du monde pourrait t'en causer (AYMÉ, Vouivre, 1943, p. 110).
Prononc. et Orth.:[], (il) torche []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1160 « essuyer, frotter, enlever la saleté » (Eneas, 3547 ds T.-L.); b) ca 1165 « étriller, brosser (un cheval) » ([CHRÉTIEN DE TROYES], Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 1002); c) fin XIIe s. torchier son cul (Audigier, éd. O. Jodogne, 120); 1534 se torcher « essuyer ses excréments » (RABELAIS, Gargantua, XII, éd. R. Calder, M. A. Screech et V.-L. Saulnier, p. 92 et 93); 1640 se torcher le derrière de « ne faire aucun cas de » (OUDIN Curiositez); 1867 se torcher le cul de « id. » (DELVAU); d) fin XIIe s. soi torchier « se frotter (avec un onguent) » (Prise d'Orange, éd. Cl. Régnier, 389); e) 1260-1311 torcier (son bec) en parlant d'un oiseau « nettoyer » (Auberon, éd. J. Subrenat, 119); 1541 torcher sa bouche « s'estimer non coupable » (CALVIN, Instit. chrét., livre III, chap. IV, 19, éd. J.-D. Benoît, t. 3, p. 119); 1561 se torcher le nez de qqc. « ne pas l'obtenir » (GREVIN, Esbahis, V, 3 ds HUG.); 1577 s'en torcher le bec « devoir renoncer à » (R. BELLEAU, La Reconnue, II, 4 ds GDF. Compl.); 1578 torcher sa bouche « se résigner à être frustré » (H. ESTIENNE, Dial. du lang. franç. ital., I, 179 ds HUG., s.v. bouche1); 2. 1160-1174 « emballer, empaqueter » (Rou, II, éd. A. J. Holden, 2423); 3. déb. XIIIe s. « battre, rosser (quelqu'un) » (Ste Julienne, 473 ds T.-L.); 4. a) 1205-50 torchier ses gernons (d'aucun repast) « manger, consommer (quelque chose) » (Renart, branche XIII, éd. E. Martin, 886); 1866 torcher un plat « manger gloutonnement tout ce qu'il contient » (DELVAU); b) 2e moit. du XIIIe s. « recouvrir (un mur) de torchis » (Du Prestre et des .II. ribaus ds GDF. Compl.); c) 1767 bien torché « bien fait (en parlant d'une œuvre de peinture) » (DIDEROT, Salon ds LITTRÉ); 1798 torcher son ouvrage « faire à la hâte » (Ac.); 1808 bien torché « bousillé » (HAUTEL); 1823 torché « fait à la hâte, mal fait » (BOISTE); 1835 (ouvrage) mal torché « fait grossièrement » (Ac.); 1783 mal torché « mal habillé, sale, dégoûtant » (RESTIF DE LA BRET., Contemp. du commun, p. 220). Dér. de torche; dés. -er. Fréq. abs. littér.:91.
DÉR. Torcheur, subst. masc., fam. [Corresp. à supra D 2] Artiste qui torche un tableau, un écrit. Il en est de même de Carpeaux, de Courbet, de Rodin (...) de tous ceux qui apportant une formule nouvelle, ou un peu bousculante, du beau, avaient soulevé l'indignation, mêlée à l'envie, de la foule ignorante, ameutée par les torcheurs de croûtes et les tailleurs de navets (L. DAUDET, Rech. beau, 1932, p. 61). Pire encore, elle aurait pu s'amouracher d'on ne sait quel artiste peintre ou torcheur de sonnets ou autre voyou anarchisant (AYMÉ, Bœuf cland., 1939, p. 29). — []. — 1re attest. 1287 (doc. ds BEVANS, The Old french vocabulary of Champagne, p. 70); de torcher, suff. -eur2.
BBG. — DARM. Vie 1932, p. 160.
1. torcher [tɔʀʃe] v. tr.
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1 Vx. Essuyer, frotter, nettoyer avec un bouchon de paille (⇒ Torche), du papier, un torchon, etc. — ☑ Loc. pop. (Vx). Il peut s'en torcher le bec : il n'en aura pas.
♦ Spécialt (mod.). Fam. || Torcher la sauce dans son assiette avec du pain. || Torcher son assiette. — Torcher un plat : en manger jusqu'aux derniers restes (→ aussi Engraisser, cit. 8; finir, cit. 6).
1 Les assiettes furent si proprement torchées, qu'on n'en changea pas pour manger les pois au lard.
Zola, l'Assommoir, t. I, VII, p. 273.
2 Petit-Pouce venait de torcher la dernière goutte de jus…
R. Queneau, Pierrot mon ami, V.
2 Essuyer les excréments de… || Torcher un enfant, des mioches (cit. 2). — Torcher le derrière, le cul d'un enfant, à un enfant. || Se torcher le cul (cit. 1, Rabelais). — Absolt. || Se torcher. — REM. Ce sens vulgaire a donné une valeur populaire à tous les sens du mot.
3 (Les anciens) se torchaient le cul (il faut laisser aux femmes cette vaine superstition des paroles) avec une éponge : voilà pourquoi spongia est un mot obscène en latin (…)
Montaigne, Essais, I, XLIX.
♦ Pron. Essuyer ses excréments.
4 — Rends-les-moi (les titres), puisque je vas (vais) mieux.
— Non ! non ! Pour que vous vous torchiez avec ou que vous en allumiez votre pipe, merci !
Zola, la Terre, V, I.
5 Montrez-moi le papier qui vous rend les maîtres. — Le papier, on s'en torche ! Ça suffit que nous ayons le droit.
Zola, la Terre, V, V.
♦ Tu peux te torcher avec (d'une chose méprisable), tu peux t'en torcher (cf. Tu peux te le mettre au cul).
2 Fig. (→ Bousiller). Bâcler, faire vite et mal. ⇒ 2. Gâcher, torchonner. || Torcher son travail.
5.1 Tu sais que si tu as envie de faire du reportage, ça ne serait pas difficile (…) Tu as du culot, tu sais faire parler les gens, tu es débrouillarde, tu passerais partout. Et pour ce qui est de torcher un papier, ça s'apprend vite.
S. de Beauvoir, les Mandarins, p. 164.
C (1214). Fig., vieilli. Battre (cf. Foutre une torchée à qqn). — Pron. (récipr.). || Se torcher : se battre.
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torché, ée p. p. adj.
1 Sens A. || Une assiette bien torchée. — Des gosses sales, morveux, mal torchés.
2 (1767). Sens B. Peint avec vigueur, bien enlevé. || Ça, c'est un morceau torché ! — Par ext. et fam. Réussi, bien fait (on dit plutôt bien torché, pour éviter la confusion avec le sens suivant).
6 (…) je vous invite tous à dîner au Rocher de Cancale, pour mardi prochain, si le jour vous convient, et je vous donnerai un dîner autrement torché que celui-ci.
Stendhal, Romans et nouvelles, « Féder », VI.
7 Bien sûr, vous avez trouvé que c'était joli, bien torché, mais vous n'êtes pas allé plus loin et l'essentiel vous a passé sous le nez.
M. Aymé, le Vin de Paris, p. 185.
8 Je sais bien qu'elle ne valait pas grand'chose, ce n'est pas comme celle que vous avez écrite sur le bois de Saint-Cucufa et la route de l'Empereur. C'était torché.
R. Queneau, Loin de Rueil, p. 29.
♦ Iron., vx. Accoutré, mal fait.
9 Ce qu'elles sont drôlement torchées, dans leurs costumes de fête… des paquets !
O. Mirbeau, le Journal d'une femme de chambre, p. 59.
3 (Sens B, 2). Bâclé; fait trop vite.
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DÉR. Torchée, torchis, torchon.
COMP. Torche-cul, torche-pot.
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2. torcher [tɔʀʃe] v. tr.
ÉTYM. Mil. XXe; de torche.
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1 Techn. Brûler (les gaz excédentaires provenant de l'extraction ou du raffinage des hydrocarbures) dans une torchère.
2 Franç. d'Afrique. Éclairer avec une (lampe) torche.
Encyclopédie Universelle. 2012.