toton [ tɔtɔ̃ ] n. m.
• 1680; totum 1606; lat. totum « tout (l'enjeu) », marqué T sur une face du dé
♦ Dé traversé par une cheville pour qu'on puisse le faire tourner sur lui-même. « L'Enfant au toton », tableau de Chardin. Par ext. Petite toupie qu'on fait tourner en prenant la tige supérieure entre le pouce et l'index. Tourner comme un toton.
● toton nom masculin (latin totum, tout) Petite toupie que l'on fait tourner avec le pouce et l'index.
⇒TOTON, subst. masc.
JEUX
A. — Vieilli
1. Jeu de hasard, jouet en forme de dé traversé par une tige métallique ou une cheville, que l'on fait tourner comme une toupie jusqu'à l'arrêt sur l'une de ses quatre faces marquées des lettres A (prend) D (donne) R (rien) et T (tout, le joueur emporte la mise). Ce sont les Romains qui ont inventé ce jeu de hasard. Ils le nommaient totum, d'où nous avons fait toton (ALLEAU 1964).
2. Jeu avec un dé similaire comportant six faces ou plus où sont inscrits des nombres (de 1 à 6 ou à 12 par exemple). Certains totons sont taillés de douze faces marquées de chiffres de 1 jusqu'à 12; les joueurs font tourner le jouet à tour de rôle et comptent le nombre de points qu'il marque quand il s'arrête (Lar. 19e).
B. — Petite toupie que l'on actionne entre le pouce et l'index. Ce toton d'ivoire qui tourne, ce porte-crayon à demi pris dans un tiroir de commode, ce papier blanc, cette plume d'oie ont l'air d'une condensation de l'atmosphère matérielle [dans le tableau de Chardin:L'enfant au toton] (FAURE, Hist. art, 1921, p. 118).
— P. métaph. Un journaliste, c'est un drôle de type (...) cela va, cela revient, s'enthousiasme et se déprend (...). C'est un toton que la saveur du monde ne cesse de passionner (Les Lettres fr., 6 oct. 1966, p. 5, col. 2).
— P. compar.
♦ Tourner comme un toton, aller à la vitesse d'un toton. Tourner, aller à toute allure. Synon. tourner comme une toupie. [Le suj. désigne une pers.] Elle piqua tout à coup dans le sol un de ses talons et tourna sur elle-même, comme un toton, fermant un œil toutes les fois qu'elle se heurtait au rayon de soleil (BOYLESVE, Leçon d'amour, 1902, p. 64). [Le suj. désigne une chose] Depuis hier, la boussole s'est affolée, elle tourne comme un toton, il n'y a plus de Nord pour elle (CLAUDEL, Chr. Colomb, 1929, 1re part., p. 1167).
♦ Faire le toton. Faire la toupie. Ces tourbillons gestuels qui reviennent toujours dans le même chemin, comme l'enfant qui fait le toton (Jeux et sports, 1967, p. 99).
♦ [Dans un cont. fig.]
Tourner comme un toton. Être manœuvré, manipulé. Avec ses airs absolus, Grange était homme à tourner ainsi qu'un toton entre les mains de celle qui flatterait sa vanité (POURRAT, Gaspard, 1922, p. 171).
Faire tourner (qqn) comme un toton. Le manœuvrer à sa guise. Je ne me laisserai pas manœuvrer comme un toton par ce zigoto là (ARNOUX, Zulma, 1960, p. 289).
C. — P. anal.
1. Jeu où l'enfant tourne le plus vite possible sur lui-même. Un jeu comme celui du toton qui consiste à tourner sur soi-même ne peut que glisser naturellement vers le désordre, et il finit d'ordinaire par la chute et la bousculade (Jeux et sports, 1967, p. 103).
2. PSYCHOL. (pyschol. exp. et colorimétrie). Toton ou disque de Benham. ,,Disque comportant un demi-cercle noir et un demi-cercle blanc, sur lequel figurent des arcs de cercles noirs situés à différentes distances du centre (...). La rotation de ce disque donne lieu à une stimulation achromatique intermittente qui provoque la perception de couleurs dites couleurs subjectives`` (THINÈS-LEMP. 1975). Le disque tournant du toton de Benham, en faisant se succéder un demi-cercle blanc à un noir, réalise de brèves stimulations par la lumière blanche (PIÉRON, Sensation, 1945, p. 162).
— P. anal. (mais procédant d'une démarche inverse: dans l'ex. de Baudelaire, la rotation du disque coloré engendre le gris). La nature ressemble à un toton qui, mû par une vitesse accélérée, nous apparaît gris, bien qu'il résume en lui toutes les couleurs (BAUDEL., Salon, 1846, p. 105).
REM. Tonton, subst. masc., var. sans doute par déformation enf. Valsons et tournons, comme des toupies, comme des tontons (MEILHAC, HALÉVY, Gde-duchesse Gérolstein, 1867, I, 1, p. 182). Hortensia vous jouez de nous comme de tontons! Vouz lasserez bientôt notre patience (ANOUILH, Répét., 1950, II, p. 50).
Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694-1740: totum ,,on prononce toton``; dep. 1762: toton. Francisation des mots lat., v. CATACH-GOLF. Orth. Lexicogr. 1971, p. 100. Étymol. et Hist. 1. 1611 totum « sorte de dé traversé par une cheville sur laquelle on le fait tourner » (COTGR.); 1653 toton (Ch. D'ASSOUCY, Le Ravissement de Proserpine, p. 44: totons et piroüettes); av. 1783 expr. faire de qqn un toton (Mme D'ÉPINAY, Mém., t. 1, p. 306 ds POUGENS ds LITTRÉ); 1876 faire tourner comme un toton (Lar. 19e); 2. 1904 « petite toupie » (Nouv. Lar. ill.). Empr. au lat. totum « tout » (prononcé toton, cf. dicton, rogaton), nom de la dernière des quatre indications dont les initiales figuraient sur les faces du dé non traversées par la cheville: A = accipe « prends (un jeton) »; D = da « donne (un jeton) »; R = rien (à donner ni à recevoir); T = totum « tout » (le joueur prend tout l'enjeu) (cf. LITTRÉ et BL.-W.). D'apr. NED, s.v. Teetotum, les indications originales étaient les lettres A, D, N, T, init. des mots lat. anfer, depone, nihil, totum. Le corresp. angl. totum est att. dep. 1500-20 (cf. NED). Fréq. abs. littér.:15.
toton [tɔtɔ̃] n. m.
ÉTYM. 1680; totum, 1606; du lat. totum « tout », prononcé [tɔtɔ̃], comme dictum [diktɔ̃]; l'initiale T de totum était marquée sur une des faces du dé, le joueur ramassait « tout » quand le dé s'y arrêtait.
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♦ Jouet d'enfant, sorte de dé traversé par une cheville sur laquelle on le fait pivoter. ⇒ Pirouette (vx). || L'enfant au toton, tableau de Chardin. Par ext. Petite toupie qu'on fait tourner en prenant la tige supérieure entre le pouce et l'index. — ☑ Loc. compar. Tourner comme un toton, être métamorphosé (cit. 3) en toton.
1 (…) la nature ressemble à un toton qui, mû par une vitesse accélérée, nous apparaît gris, bien qu'il résume en lui toutes les couleurs.
Baudelaire, Curiosités esthétiques, III, III.
2 Ainsi, sous le fouet railleur d'Eros, elle allait d'Ulysse à Antinoüs comme le toton de la fillette qui court de la case des fèves où l'on gagne à la case des petits poulets où l'on perd.
J. Giono, Naissance de l'Odyssée, II, Pl., t. I, p. 58.
Encyclopédie Universelle. 2012.