Akademik

trac

trac [ trak ] n. m.
traque 1830; o.i., p.-ê. formation expressive ou du même rad. que traquer; cf. tracasser
Vieilli Peur, frousse. « Vous lui avez tellement fichu le trac » (Romains).
(1833) Mod. Peur ou angoisse irraisonnée que l'on ressent avant d'affronter le public, de subir une épreuve, d'exécuter une résolution, et que l'action dissipe généralement. Avoir le trac, un trac fou. Le jeune acteur « était blême, avait visiblement le trac » (Green).
⊗ HOM. Traque. trac (tout à) [ tutatrak ] loc. adv.
• 1549, rare av. 1888; tout d'un trac « sans s'arrêter » 1493; de trac n. m. déb. XVe « trace, piste » → traquer
Vieilli En s'exprimant d'une façon brusque, soudainement et sans préparation (cf. De but en blanc). « ne se gênant pas pour dire tout à trac [...] ce qui lui passait par la tête » (Henriot).

trac nom masculin (radical expressif trak- évoquant quelque chose de brusque) Familier. Peur ou angoisse irraisonnée que quelqu'un éprouve au moment de paraître en public, de subir une épreuve, d'exécuter un exercice dangereux, etc. ● trac (homonymes) nom masculin (radical expressif trak- évoquant quelque chose de brusque) traque nom féminin traque forme conjuguée du verbe traquer traquent forme conjuguée du verbe traquer traques forme conjuguée du verbe traquertrac (synonymes) nom masculin (radical expressif trak- évoquant quelque chose de brusque) Familier. Peur ou angoisse irraisonnée que quelqu'un éprouve au moment de...
Synonymes :
- frousse (familier)
- trouille (populaire)

trac
(tout à) loc. adv. Sans préparation, sans précaution. Il déclara tout à trac qu'il ne reviendrait plus jamais.
————————
trac
n. m. Angoisse, peur que l'on ressent juste avant de se produire en public ou de mettre à exécution un projet.

I.
⇒TRAC1, subst. masc.
A. — Vieux
1. Allure d'une bête de somme. Le trac des chevaux (Ac. 1798).
2. Trace, piste des animaux sauvages. (Dict. XIXe et XXe s.). Suivre une bête au trac (Ac. 1798).
B. — Loc. adv. Tout à trac
1. [Déterm. d'un verbe de parole] Spontanément, franchement, sans détour. Avouer, crier, jeter tout à trac. Je le dis tout à trac, je considère comme Une calamité Que l'on soit à ce point rebelle à ce qu'on nomme La ponctualité (PONCHON, Muse cabaret, 1920, p. 127). Elle lui assénait tout à trac des nouvelles qui le décourageaient (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 213).
2. [Déterm. d'un autre verbe] Rare. Sans réfléchir. Au lieu de lui donner ton argent tout à trac dans une grande bourse comme à un séraskier, on s'arrange (A. DAUDET, Nabab, 1877, p. 11).
Prononc. et Orth.:[]. Homon. et homogr. trac2, traque, formes de traquer. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1441 « bagages qui suivent une armée » (Lettre de Remission ds DU CANGE t. 8, p. 141b: faire guet sur le trac ou trayn, de ladite compaignie); 1534 trac de bataille (RABELAIS, Gargantua, éd. R. Calder, p. 263); 2. ca 1470 « trace, piste d'un animal » (G. CHASTELLAIN, Chron., II, 347, Kerv. ds GDF.); 3. 1534 « bruit que font les gens en marchant » (RABELAIS, op. cit., p. 246: j'entends le trac de noz ennemys, et jà en aperçoy aulcuns d'iceulx qui viennent contre nous à la foulle); 4. 1694 « allure du cheval, du mulet » (Ac.). B. Loc. adv. 1483 tout d'un trac « sans s'arrêter » (MARTIAL DE PARIS, Vigiles de Charles VII, sign. Mi v°, éd. 1493 ds GDF.); 1549 tout a trac (EST.). Mot onomat. issu du rad. expr. trak- qui dépeint le bruit de la marche. L'orig. néerl. proposée par DIEZ, à partir du mot trec « trait, ligne » est peu prob. en raison de l'aire géogr. et de la chronol. des premières attest. (FEW t. 13, 2, pp. 193-194; BL.-W.5).
II.
⇒TRAC2, subst. masc.
A. — Fam. Peur incontrôlée, angoisse irraisonnée qu'éprouve une personne en certaines circonstances, et où se mêlent à la fois un sentiment de crainte ou de frayeur et une émotion intense. Synon. pop. ou arg. frousse, pétoche, trouille2. Avoir, donner, flanquer le trac. À chacun de mes tableaux, j'ai encore une grosse émotion de débutant, le cœur qui bat, une angoisse qui sèche la bouche, enfin un trac abominable. Ah! le trac, jeunes gens, vous croyez le connaître, et vous ne vous en doutez même pas (ZOLA, L'Œuvre, 1886, p. 196). Sa voix coupée de hoquets (...) ses protestations de douceur (...) disaient le trac formidable qui lui étreignait la gorge (COURTELINE, Ronds-de-cuir, 1893, p. 172).
En partic. Sentiment d'appréhension, de doute qui envahit une personne avant d'affronter le public, de subir une épreuve, etc., et qui se traduit par une angoisse réelle, généralement passagère. Trac d'acteur, d'artiste, de comédien, d'orateur, de candidat à un examen. Ce corridor, était, lui aussi, encombré de candidats qui avaient le trac. Ça se voyait à leurs frottements de mains, à la succion des lèvres qui cherchaient de la salive (...). Moi-même (...) je relisais fébrilement mes notes (...) il faudrait, comme au bac, parler en public (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 78).
B. — Loc., fam. ou pop.
1. Avoir le trac de qqn. C'est pas le trac des poulets qui les avait conduits dans ce bouge (LE BRETON, Rififi, 1953, p. 145).
2. Avoir le trac de + inf. Et il installe Maxime et comme Maxime avait le trac de se faire pincer il ne voulait pas qu'on le touche (COCTEAU, Théâtre poche, 1949, p. 92).
3. Avoir le trac que + subj. J'avais un trac de tous les diables que, le pied venant à lui manquer, il ne s'écroulât bruyamment (COURTELINE, Conv. Alceste, Margot, 1890, p. 183).
Prononc. et Orth.:[]. Homon. et homogr. trac1, traque, formes de traquer. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1. 1830 traque « peur, appréhension » (Chans. pop. ds ESN. 1966); 2. 1833 « angoisse avant d'affronter le public » (Coméd., ibid.). Mot onomat. issu du rad. expr. trak (v. trac1) qui dépeint le sursaut de quelqu'un qui est soudain pris de peur. Selon une autre hyp., proposée par A. BECKER-HO, Les Princes du jargon, Paris, 1990, p. 74, trac serait un empr. au gitan trach « crainte, angoisse » (lui-même prob. issu d'une lang. de l'Inde, cf. le skr. - « frayeur, terreur, angoisse »).
STAT. Trac1 et 2. Fréq. abs. littér.:64.
BBG. — GUIRAUD (P.). Tric, trac, troc, truc. B. Soc. Ling. 1962, t. 57, pp. 103-125.

1. trac [tʀak] n. m.
ÉTYM. Déb. XVe; de traquer, selon Guiraud, ou du roman tracticus, de tracticare → Traquer (on voyait classiquement en trac une onomatopée trakk, d'où traquer serait dérivé).
1 Vx. Piste, trace d'une bête (→ Détraquer, traquer); allure (du cheval, d'une bête de somme).
Loc. (1493). Vx. Tout d'un trac : tout d'une traite.
2 Loc. adv. (1549, rare av. 1888, A. Theuriet). Mod. Tout à trac : en s'exprimant d'une façon brusque, en disant les choses sans préparation (→ Gêner, cit. 35).
1 Un jour, il me considéra, sourit… Puis, tout à trac : — Un chirurgien ne doit pas porter la barbe, me dit-il. Pourquoi portez-vous la barbe ?
G. Duhamel, la Pesée des âmes, VIII.
2 Mais enfin, dis-je elle n'a pas commencé à vous engueuler là, de but en blanc, j'imagine. Elle n'est pas entrée dans cette chambre, refermant la porte, s'adossant à elle, et se mettant tout à trac comme ça, la troisième fois qu'elle vous voyait, à vous faire une scène comme si (…)
Claude Simon, le Vent, p. 153.
HOM. 2. Trac, traque. — Formes du v. traquer.
————————
2. trac [tʀak] n. m.
ÉTYM. 1830, traque; orig. douteuse, peut-être formation expressive ou métaphore sur 1. trac, traquer (« fait d'être secoué »); un rapport avec tracas, tracasser n'est pas invraisemblable.
1 Fam. Peur. Frousse, trouille.
1 — Vous lui avez tellement fichu le trac, qu'elle s'est dit qu'elle ne vivrait plus tant qu'elle sentirait ce paquet dans son coffre.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, XX, p. 225.
2 (1833). Peur ou angoisse irraisonnée que l'on ressent avant d'affronter le public, de subir une épreuve, d'exécuter une résolution, et que l'action dissipe généralement. || Le trac d'un acteur, d'un candidat, d'un athlète. || Avoir le trac. 2. Traqueur. || Avoir un trac fou. || Être fou de trac.
2 Au fond, cet article du Gaulois me donne le trac. Car si ce soir, il y a quelques sifflets, avec tout ce qu'il y aura dans la salle de mauvaises dispositions latentes, chez la plupart de mes confrères, c'est une partie compromise, un four quoi, encore.
Ed. et J. de Goncourt, Journal, 3 mars 1885, t. VII, p. 16.
3 (…) le soir de la générale arriva. Béatrice était debout dans sa loge (…) Elle attendait le trac qui ne venait pas. Pourtant tous les bons comédiens l'ont, elle le savait.
F. Sagan, Dans un mois, dans un an, X.
Par extension :
4 Cet émoi (analogue à une rougeur qui empourpre le visage, de honte ou d'émotion) est un trac. Dans le trac ordinaire — celui qui précède quelque performance à accomplir —, je me vois au futur en état d'échec, d'imposture, de scandale. Dans le trac amoureux, j'ai peur de ma propre destruction, que j'entrevois brusquement, sûre, bien formée (…)
R. Barthes, Fragments d'un discours amoureux, p. 238 (1977).
DÉR. 2. Traqueur.
HOM. 1. Trac, traque. — Formes du v. traquer.

Encyclopédie Universelle. 2012.