transpercer [ trɑ̃spɛrse ] v. tr. <conjug. : 3>
1 ♦ Percer de part en part. « il plongea l'épée [...] c'était une douce chair, facile à transpercer comme l'agneau » (Giraudoux). — Fig. Froid qui transperce les promeneurs. « le soleil direct vous transperce le crâne, comme avec des vrilles ardentes » (Fromentin).
♢ (1393) Fig. Atteindre profondément, en faisant souffrir. ⇒ percer. Perte, rupture qui transperce le cœur.
2 ♦ (1690) Pénétrer; passer au travers de. La pluie a transpercé mes vêtements. ⇒ traverser.
● transpercer verbe transitif Percer de part en part quelque chose ou quelqu'un : Transpercer son adversaire d'un coup d'épée. Être très vif et atteindre profondément quelqu'un, en parlant d'une sensation, d'un sentiment : Cette joie qui nous transperçait. ● transpercer (difficultés) verbe transitif Conjugaison Le c devient ç devant o et a : je transperce, nous transperçons ; il transperça.
transpercer
v. tr.
d1./d Percer de part en part.
|| Fig. Transpercer le coeur, le pénétrer de douleur.
d2./d Pénétrer à travers. La pluie a transpercé son manteau.
⇒TRANSPERCER, verbe
A. — Empl. trans.
1. Percer de part en part. La licorne qui porte au front une épée flamboyante transperce le chasseur dans sa chemise de fer (A. FRANCE, Puits ste Claire, 1895, p. 202). Sur un nouveau signe, Pierrot lui tendit une nouvelle épingle qui s'en alla perforer l'autre joue. Une troisième épingle transperça encore une fois la joue droite, et ainsi de suite (QUENEAU, Pierrot, 1942, p. 80).
— Empl. pronom. réfl. On nous a promis que des Aïssaouas viendront croquer du verre et se transpercer de sabres sous nos yeux (GREEN, Journal, 1933, p. 141).
2. Au fig. Atteindre quelqu'un au plus profond de sa sensibilité. Après avoir persécuté amèrement et transpercé de ses cruelles épigrammes les victimes de son dépit, dans un jour de mansuétude il les réhabilitait et les couvrait du manteau de son ostentation (SAND, Jeanne, 1844, p. 73). Affectueusement il l'invite à répandre son âme, à dérouler devant lui ses intestins, l'amène peu à peu aux aveux complets, puis, démasquant son étincelante armure, le transperce d'un mot vengeur (BLOY, Femme pauvre, 1897, p. 144).
3. [En parlant du froid, de la pluie] Traverser, pénétrer. Enfin il fit nuit tout à fait, le froid nous transperça. Je relevai Vanessa sans mot dire, elle s'appuya à mon bras toute lourde (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 164). Soudain, tout se taisait. Quel silence! La terre roulait dans un espace que nul regard ne transperçait, et perdue sur sa surface immense, au milieu de l'éther aveugle, j'étais seule (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 139).
— Être transpercé. Ce trajet dura une seconde, et elle avait déjà marché dans des mares; ses souliers étaient transpercés, son châle traversé, le bas de sa robe et de ses jupons, alourdis par l'eau, se collait à ses jambes! (DURANTY, Malh. H. Gérard, 1860, p. 329).
♦ P. anal. Être transpercé jusqu'aux os. Être entièrement mouillé par la pluie ou transi de froid. Tu ne peux pas t'imaginer à quel point j'ai parfois assez de la vie... Hier, il faisait encore un temps affreux et nous étions de nouveau transpercés jusqu'aux os (BORDEAUX, Fort de Vaux, 1916, p. 124).
B. — Empl. intrans. Apparaître, se faire voir, percer. On dirait encore une des robes étranges de danseuses, où une gaze transparente et sombre laisse entrevoir les splendeurs amorties d'une jupe éclatante, comme sous le noir présent transperce le délicieux passé (BAUDEL., Poèmes prose, 1867, p. 107). Avec des phrases très polies, chargées de compliments, où transperçait partout de l'amour retenu, il ne lui laissait pas ignorer qu'il savait sa manière d'agir envers les hommes, qu'il était pris aussi (MAUPASS., Notre cœur, 1890, p. 329).
REM. 1. Transperçant, -ante, part. prés. en empl. adj. Qui transperce, qui pénètre. Et cette fois il n'a plus ce cheval entre ses jambes ramassé et cette lame qui fait si bien à son bras, Et cette armure fine et souple, et cette arme à son poing transperçante comme l'éclair! (CLAUDEL, Feuilles Saints, 1925, p. 601). P. métaph. Il se livre confiant à la transperçante lumière (...) à l'air sec et raréfié (COLETTE, Jumelle, 1938, p. 128). 2. Transpercement, subst. masc. a) Rare. Action de transpercer; état de ce qui est transpercé. (Dict. XIXe et XXe s.). b) Spéc. ) Impr. ,,Traversement de l'encre dans le papier imprimé, l'image du recto devenant visible au verso du papier`` (Lar. encyclop. Suppl. 1968). ) Technol. Transpercement de colle. ,,Exsudation de la colle à travers un pli extérieur se manifestant par des taches`` (Industries 1986).
Prononc. et Orth.:[], (il) transperce [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1210 « percer de part en part » (Dolopathos, 135 ds T.-L.) — 1718, Ac. ,,Il n'a plus guere d'usage``; 2. ca 1393 p. métaph. et fig. « atteindre profondément, en faisant souffrir » transpercer le cœur (Le Ménagier de Paris, éd. J. Pichon, I, 6, p. 108); 1588 (MONTAIGNE, Essais, III, 5, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 843: je fuis de mesme les plus legeres pointures, et celles qui ne m'eussent autres-fois esgratigné, me transpercent à cette heure); 3. 1690 « pénétrer; passer au travers » (FUR.: ce voyageur est tout le jour la pluye sur le corps, il etoit tout transpercé quand il arriva, c'est à dire, moüillé jusqu'à la peau). Comp. de l'élém. formant trans- et de percer. A remplacé l'a. et m. fr. trespercer « percer de part en part » (ca 1140, GEFFREI GAIMAR, Histoire des Anglais, éd. A. Bell, 2818 — XVIe s. ds HUG.). Fréq. abs. littér.:179.
transpercer [tʀɑ̃spɛʀse] v. tr. [CONJUG. percer. → Placer.]
ÉTYM. V. 1210; trespercier, XIIe; de trans-, et percer.
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1 Vieilli ou littér. Percer de part en part. || Transpercer quelqu'un de coups d'épée. ⇒ Cribler. — (Sujet n. de chose). || Des épines qui servaient à transpercer des images (→ Conjurer, cit. 3). || Une flèche qui transperçait la rose (1. Rose, cit. 12) des vents.
1 (…) il plongea l'épée. Et le roi des rois n'était pas ce bloc d'airain et de fer qu'il imaginait, c'était une douce chair, facile à transpercer comme l'agneau; il y alla trop fort, l'épée entailla la dalle.
Giraudoux, Électre II, 9.
♦ (V. 1398). Par métaphore et fig. Atteindre profondément, en faisant souffrir. ⇒ Percer. || La douleur transperce le cœur. || « Et le cœur transpercé que la douleur allèche Expire chaque jour en bénissant sa flèche » (1. Flèche, cit. 10). — Au p. p. || Transpercé par des épigrammes (cit. 8).
2 Je m'en vais avec un cœur tout transpercé et morfondu d'angoisse en songeant que je ne vous laisse pas heureuse.
G. Sand, François le Champi, X.
3 Quand on traverse la place, à midi, le soleil direct vous transperce le crâne, comme avec des vrilles ardentes.
E. Fromentin, Un été dans le Sahara, p. 281.
2 (1690). Pénétrer; passer au travers. || La pluie mouille, transperce. || Ses yeux voulaient transpercer les prunelles noires (→ 1. Point, cit. 68). ⇒ Percer.
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transpercé, ée p. p. adj.
♦ Voir à l'article.
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DÉR. Transperçant, transpercement.
Encyclopédie Universelle. 2012.