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percer

percer [ pɛrse ] v. <conjug. : 3>
percier 1080; lat. pop. °pertusiare, de pertusum, de pertundere « trouer » pertuis
I V. tr. ACreuser, traverser.
1Faire un trou dans (un objet solide). perforer, trouer. Percer une planche, une paroi, un mur à l'aide d'un outil. forer, poinçonner. Instruments pour percer : drille, foret, mèche, perceuse, perforatrice, perforeuse, poinçon, 1. pointeau, trépan, vilebrequin, vrille. Percer un pneu. crever. Percer un tonneau ( perce) . Percer de part en part. transpercer. P. p. adj. Souliers percés. Poche percée. Panier percé. Chaise percée.
Spécialt Traverser, trouer (une partie du corps). Percer les oreilles, les narines pour y mettre des anneaux. Avoir les oreilles percées. Percer un abcès. crever, inciser, ouvrir. « de même qu'on se fait percer les veines quand le sang afflue au cœur ou monte à la tête » (Chateaubriand). Fig. Les os lui percent la peau : il est très maigre.
2Vieilli Blesser (qqn) à l'aide d'une arme pointue. blesser, tuer. Percer de coups. cribler, larder. Percer qqn de part en part (avec une épée, une fourche). embrocher, empaler, enferrer, enfourcher. Dessiner un cœur percé d'une flèche (symbole de l'amour). — Loc. fig. Percer le cœur : affliger, faire souffrir. « Le Malheur a percé mon vieux cœur de sa lance » (Verlaine).
3 Pratiquer dans (qqch.) une ouverture pouvant servir de passage. Percer un rocher pour pratiquer un tunnel. Percer un coffre-fort. « des petites fenêtres, dont les maisons sont percées, sortaient les têtes de quelques habitants » (Mme de Staël).
4Traverser (une protection, un milieu intermédiaire). Averse qui perce les vêtements. transpercer. Le soleil perce les nuages.
Son qui perce le silence. déchirer. Hurlements qui percent le tympan ( perçant) .
(Personnes) Se frayer un passage dans. Percer le front des armées ennemies. Percer la foule.
5Vieilli Percer qqn de son regard. transpercer; perçant.
Fig. et littér. Parvenir à découvrir (un secret, un mystère). déceler, pénétrer. Percer un complot. Loc. Percer à jour : parvenir à connaître (ce qui était tenu caché, secret). Percer qqn à jour (cf. Voir clair dans son jeu).
BPratiquer, faire (un trou, une ouverture) ( percement). Percer un trou, un tunnel, un chemin. Percer une rue, une avenue. Percer une porte, une fenêtre. P. p. adj. « Les cinq croisées percées à chaque étage ont de petits carreaux » (Balzac). II V. intr. (XVIe)
1Se frayer un passage en faisant une ouverture, un trou.
(Choses) « quatre grosses dents qui percent à la fois » (Balzac). pousser. Abcès qui perce. crever. Le soleil commence à percer (à travers les nuages).
(Personnes) Les ennemis n'ont pas pu percer ( percée) . Sport L'avant-centre perce.
2(1572) Fig. Se déceler, se manifester, se montrer. Rien n'a percé de leur entretien. transpirer. « une âme énergique, qui ne laisse percer à l'extérieur aucun des sentiments qu'elle renferme » (Mérimée). transparaître. « Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte » (Hugo) .
3(1756) Acquérir la notoriété. réussir. « Vous avez l'étoffe de trois poètes; mais, avant d'avoir percé, vous avez six fois le temps de mourir de faim » (Balzac). Il n'arrive pas à percer.
⊗ CONTR. 1. Boucher, clore, fermer, obstruer.

percer verbe transitif (latin populaire pertusiare, du latin classique pertusum, de pertundere) Faire un trou sur une surface, dans un objet : Percer un trou dans le mur. Percer une planche d'un trou de deux centimètres. Transpercer, trouer, crever quelque chose : Le clou a percé le pneu avant. Percer un furoncle. Pratiquer une ouverture, un passage : Percer une fenêtre dans une façade. Percer une rue. Pénétrer quelque chose, le corps ; transpercer : La pluie perce mes vêtements. Apparaître, se frayer un passage à travers ce qui fait obstacle : Le soleil a percé les nuages. Les troupes ont percé le front. Mettre au jour, découvrir, pénétrer ce qui est mystérieux ou secret : Les enquêteurs ont percé le mystère.percer (difficultés) verbe transitif (latin populaire pertusiare, du latin classique pertusum, de pertundere) Conjugaison Le c devient ç devant a et o : je perce, nous perçons ; il perça. Emploi Percer un trou, longtemps critiqué comme pléonasme, est aujourd'hui passé dans l'usage courant. Recommandation Dans l'expression soignée, utiliser soit percer seul, soit faire ou pratiquer un trou. ● percer (expressions) verbe transitif (latin populaire pertusiare, du latin classique pertusum, de pertundere) Percer l'obscurité, voir malgré l'obscurité. Percer les oreilles, le tympan, se dit d'un bruit très aigu et d'une intensité désagréable. Percer le silence, se dit d'un bruit violent qui éclate au milieu d'un grand silence. ● percer (homonymes) verbe transitif (latin populaire pertusiare, du latin classique pertusum, de pertundere) percée nom féminin percet nom masculinpercer (synonymes) verbe transitif (latin populaire pertusiare, du latin classique pertusum, de pertundere) Faire un trou sur une surface, dans un objet
Synonymes :
- perforer
- tarauder
- trouer
- vriller
Pratiquer une ouverture, un passage
Synonymes :
- forer
- ouvrir
Apparaître, se frayer un passage à travers ce qui fait...
Synonymes :
- s'infiltrer
- traverser
Mettre au jour, découvrir, pénétrer ce qui est mystérieux ou...
Synonymes :
- pénétrer
percer verbe intransitif Se frayer une ouverture, un passage : Le soleil perce à travers les nuages. S'ouvrir, crever en laissant échapper quelque chose : Abcès qui ne tardera pas à percer. Apparaître, pousser au-dehors de la gencive, en parlant d'une dent. Se manifester extérieurement d'une manière plus ou moins évidente : Une inquiétude perçait dans sa voix. Se montrer : Rien n'a percé de leurs discussions. Se faire connaître, acquérir de la réputation : Un artiste qui a enfin réussi à percer. Effectuer une percée. ● percer (homonymes) verbe intransitif percée nom féminin percet nom masculinpercer (synonymes) verbe intransitif Se frayer une ouverture, un passage
Synonymes :
- poindre
S'ouvrir, crever en laissant échapper quelque chose
Synonymes :
- crever
Apparaître, pousser au-dehors de la gencive, en parlant d'une dent.
Synonymes :
- sortir
Se montrer
Synonymes :
- filtrer
Se faire connaître, acquérir de la réputation
Synonymes :
- arriver (familier)
- monter
- réussir
- s'imposer

percer
v.
rI./r v. tr.
d1./d Faire un trou dans, forer. Percer une planche, un mur.
|| Pénétrer, traverser de part en part. La pluie perce les habits. Lumière qui perce les ténèbres.
Loc. Percer (qqch) à jour: découvrir (qqch de caché, de secret).
d2./d Réaliser (une ouverture, un passage). Percer une fenêtre, une porte.
d3./d Blesser ou tuer en traversant le corps ou une partie du corps. Percer qqn de coups de poignard.
Fig. Percer le coeur de qqn, le faire souffrir moralement.
rII./r v. intr.
d1./d Commencer à apparaître, à se manifester. Dents qui percent.
La vérité finira bien par percer.
d2./d Devenir célèbre. Jeune chanteur qui perce.
d3./d Abcès qui perce, qui s'ouvre spontanément et se vide de son pus.

⇒PERCER, verbe
I.— Empl. trans.
A.— Traverser, de part en part, en faisant un trou; faire un trou plus ou moins profond.
1. [L'obj. premier désigne un inanimé concr. : bois, pierre, métal, etc.] Perforer. Synon. forer, poinçonner, tarauder, transpercer, trouer, vriller.
a) Qqn perce qqc. Percer une planche, un morceau de bois (Ac. 1835-1935). Marie Tricotet, qui est pourtant née le même jour que moi, s'amuse encore à percer d'une épingle des vessies de porc (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 26).
Percer un tonneau. Mettre un tonneau en perce (v. ce mot). La liqueur de Bacchus jaillit sous le fer dont une troupe de joyeux vignerons, a percé un vaste tonneau (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 162).
b) Qqc. perce qqc. [À la forme passive] Noisette percée d'un trou. Une table percée de trous ou des encriers en plomb à l'usage des « élèves » que nous étions (VERLAINE, Œuvres compl., t. 4, Prisons, 1893, p. 360). La coquille des œufs est percée de très nombreux pores qui permettent les échanges gazeux entre le contenu de l'œuf et l'atmosphère extérieure (R. LALANNE, Alim. hum., 1942, p. 74).
2. [L'obj. premier désigne le résultat du percement] Faire un trou, pratiquer une ouverture dans un bâtiment.
a) Qqn perce qqc. Percer un trou avec un outil, une vrille; percer une muraille, un plafond. On perça une fenêtre, on éleva une cloison, et nous eûmes chacun notre mansarde (TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p. 209). Je croyais, ainsi que je vous l'ai dit, arriver jusqu'au mur extérieur, percer ce mur et me jeter à la mer (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 185). L'ouvrier fumiste doit, avant la pose de la frise, percer au ciselet et au marteau, deux trous rectangulaires, pour recevoir les bouches de chaleur (ROBINOT, Vérif., métré et prat. trav. bât., t. 5, 1929, p. 35).
Percer un puits. Creuser un puits profond dans la terre pour y trouver de l'eau. Cet étrange logis est inhabitable : on l'a flanqué d'une ferme, (...) et l'on perce un puits artésien pour lui donner de l'eau (ABOUT, Grèce, 1854, p. 361).
b) Qqc. perce qqc. [À la forme passive] Façade percée de fenêtres; mur percé d'une porte. La falaise est percée de distance en distance de grandes arches naturelles sous lesquelles la mer vient battre dans les marées (HUGO, Fr. et Belg., 1885, p. 29). Le toit est percé d'une petite cheminée pour l'évacuation des vapeurs produites (STOCKER, Sel, 1949, p. 56).
3. [L'obj. premier désigne une trouée dans un espace naturel ou dans un paysage urbain] Qqn perce qqc. Synon. ouvrir. Percer une avenue, un sentier. Au moment même où je vous parle, du nord au midi, on creuse des canaux, on construit des voies ferrées, on perce des montagnes, on élève des ponts (ZOLA, E. Rougon, 1876, p. 261). Les isthmes de Suez et de Panama, obstacles intolérables, nous les perçons, nous les ouvrons à une navigation perfectionnée (ARNOUX, Roi, 1956, p. 342) :
1. On bouleversait le quartier, cette année-là. On perçait le boulevard Magenta et le boulevard Ornano, qui emportaient l'ancienne barrière Poissonnière et trouaient le boulevard extérieur.
ZOLA, Assommoir, 1877, p. 737.
♦ [P. méton.] ,,Percer les buissons, les halliers, les forêts. Passer au travers des buissons...`` (LITTRÉ).
ASTRON. Percer le ciel. S'élever dans l'espace au-delà du mur du son. C'est fait : à 8 h 4 ce matin, l'astronef « Faith 7 », ayant à son bord le commandant Gordon Cooper, a percé le ciel au-dessus de Cap Canaveral, en route pour l'espace (Le Figaro, 16 mai 1963, p. 5, col. 1 ds GUILB. Astronaut. 1967).
P. métaph. Percer le plafond de... Synon. fam. crever le plafond (v. crever I A 2). L'on comprend que cette accession à la métempirie, même si elle ne dure qu'un instant, nous apporte une grande joie : la créature perce le plafond de sa finitude et de sa naturalité (JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 133).
4. P. anal.
Percer un abcès, une ampoule. (Dict. XIXe et XXe s.).
Percer la langue. [P. réf. à un ancien usage] Remontant aux siècles d'ignorance, où l'on perçait et coupait la langue aux blasphémateurs (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 39).
Percer les oreilles. Faire un trou dans le lobe pour y placer des boucles, des bijoux, des pendeloques en ornement. Par les tableaux de Stuck (...), j'avais été tenu à jour de sa beauté et de sa croissance; je savais qu'en 1908 on lui avait percé les oreilles (GIRAUDOUX, Siegfried et Lim., 1922, p. 131). Percer les oreilles. Faire mal aux oreilles à force de crier. Synon. fam. casser les oreilles. Tous ces beaux oiseaux des ruines tournoyaient sur ma tête en poussant des cris aigus qui me perçaient l'oreille (A. FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 408).
5. Percer les dents. Aider les dents à sortir. Jacqueline mange depuis qu'on lui a percé ses dents (ALAIN-FOURNIER, Corresp. [avec Rivière], 1913, p. 338). Percer ses dents. Avoir les dents qui percent (v. dent A). Synon. faire ses dents (v. dent B).
B.— Blesser, blesser à mort à l'aide d'une arme blanche.
1. Qqn perce qqn. Percer un adversaire, un ennemi, un rival. Il me donna un coup sur le bras. Aussitôt mon épée brille en l'air : « Défends-toi, ou je te perce! » (RESTIF DE LA BRET., M. Nicolas, 1796, p. 204) :
2. ... en même temps, l'autre hussard me donnait sur l'épaule un coup qui m'aurait fendu en deux sans l'épaulette; il allait me percer, si, par bonheur, un coup de fusil d'en haut ne lui avait cassé la tête.
ERCKM.-CHATR., Conscrit 1813, 1864, p. 187.
VÉN. J'ai appris à percer le chevreuil (CHATEAUBR., Mél. et poés., Duthona, 1828, p. 44).
Au fig.
Percer l'âme, le cœur (de qqn). Affecter, toucher profondément. Ces paroles, son geste, son accent, m'ont percé l'âme; je me serais précipité à ses genoux, je les aurais embrassés si j'eusse pu (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 469). Il est juste de dire que la mort de Violette, son amante, lui avait percé le cœur à jamais. Un veuvage, une plaie inguérissable (SARTRE, Mots, 1964, p. 155).
♦ [P. allus. littér. à CORNEILLE, Le Cid, I, 6 : Percé jusques au fond du cœur] M. le baron des Adrets, (...) percé jusqu'au fond du cœur par la mort du seul être qu'il aimât (...) avait rompu avec le monde par dégoût de la vie (STENDHAL, H. Brulard, t. 1, 1836, p. 112).
Percer au vif, jusqu'au vif. Toucher en plein cœur. Talleyrand observé, démasqué, percé au vif à ce moment, passe devant la postérité un mauvais quart d'heure (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 12, 1869, p. 81).
Absol., vieilli. Mais ce qui me perça, ce fut d'entendre cette terre qu'on faisait tomber sur la bière. Cela me blessa le cœur d'une douleur atroce (MICHELET, Journal, 1821, p. 135).
2. Qqn perce qqc. de qqn. Blesser ou tuer quelqu'un en touchant une partie du corps. Percer le bras, la gorge, le sein, les yeux de qqn. Il s'échappait des bras d'une femme impudique, pour aller à l'autel commettre un nouveau sacrilége. Je l'y surpris et lui perçai le cœur (LA MARTELIÈRE, Robert, 1793, IV, 9, p. 51). C'est encore ainsi que David (...) s'écrie, présent à l'avenir : Ils ont percé mes mains et mes pieds, ils ont compté mes os (J. DE MAISTRE, Soirées St-Pétersb., t. 2, 1821, p. 313).
Empl. pronom. réfl. indir. Elle se perce le pied en marchant sur un clou (MICHELET, Journal, 1851, p. 156).
3. Qqn perce qqn de qqc. Blesser, tuer quelqu'un avec une épée, un poignard, etc. Percer qqn d'une lance. Enfin il (...) lève le bras pour le frapper de son sabre qu'il a ramassé, lorsque Clémence accourt rapidement et le perce d'un poignard (GUILBERT DE PIXER., Victor, 1798, III, 12, p. 54). Tcheng-Daï y est figuré, mort, au-dessous d'un soldat anglais qui le perce d'une baïonnette (MALRAUX, Conquér., 1928, p. 128) :
3. Wallstein le regarda fixement, ouvrit les bras et présenta sa poitrine sans prononcer un seul mot. Les assassins le percèrent de leurs hallebardes, et il tomba mort, sans qu'aucun gémissement lui échappât.
CONSTANT, Wallstein, 1809, notes hist., p. 189.
P. anal. Percer qqn de ses regards. Le fixer avec intensité. Comme il me darde et me perce de son petit œil dur, aigu, pénétrant, sous le couvert de ses gros sourcils, je rispote vivement (MICHELET, Chemins Europe, 1874, p. 157).
Empl. pronom., vieilli. Se percer de... S'infliger une blessure mortelle. L'Indien désespéré se perce de son épée, et tombe dans le fleuve auquel il donne son nom (DUPUIS, Orig. cultes, 1796, p. 190). Se percer. Se donner la mort. Quand Antoine se retira dans Alexandrie, on lui dit que Cléopâtre s'était donné la mort : Je mourrai donc, dit-il; et il appela un esclave qu'il réservait depuis long-temps pour ce dernier moment. L'esclave leva l'épée, mais au lieu de frapper son maître, il se perça lui-même (MICHELET, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 325).
4. Qqc. perce qqn ou qqc. de qqn. [Le suj. désigne un objet pointu] Une flèche perce le cœur de qqn. La véritable histoire ne compte que le poignard qui perça le cœur de Henri IV, ou le boulet qui emporta Turenne (CHATEAUBR., Mém., t. 2, 1848, p. 529). Quelle belle mort! Cette petite lame qui lui perce le cœur (BARRÈS, Cahiers, t. 2, 1898, p. 72) :
4. ... Mérodack le regardait, le forçant à des distractions, et pendant la seconde de fascination, l'épée du prince perça en plein cœur l'Italien qui tomba raide.
PÉLADAN, Vice supr., 1884, p. 299.
[P. anal. de sensation avec la douleur physique d'une blessure] Tout à coup une douleur aiguë le perça; il lui sembla qu'un vilebrequin lui forait les tempes (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 158). À peine eut-il posé le pied à terre, la douleur le perça si violemment qu'il gémit (ARLAND, Ordre, 1929, p. 517).
Au fig. [Le subst. désigne l'irruption soudaine dans la conscience d'un souvenir, d'une représentation mentale] Un doute, un pressentiment, un souvenir perce qqn. Il entendait toujours ces mêmes mots, dont les syllabes lui perçaient le cœur comme les dards d'une couvée de serpents (MURGER, Scènes vie jeun., 1851, p. 194).
C.— Passer, pénétrer à travers.
1. Qqc. perce qqc.
a) [Le mouvement est perceptible]
[Le subst. désigne la végétation, une matière] Les fleurs percent le sol. Les semis sont établis soit en serre, soit en pleine terre (...). Là, ils germent, émettent des racines comme un fil, s'alimentent insensiblement, et un à un, suivant leur force, percent la couche poudreuse qui les protégeait et viennent à la lumière (PESQUIDOUX, Livre raison, 1925, p. 88).
[Le subst. désigne une lumière, la lumière d'un corps céleste, celle du soleil, de la lune, du jour, etc.] Synon. passer à travers, être visible dans. Le soleil perce le brouillard, les nuages. Aucune lumière ne vient percer l'ombre; nulle porte fraternelle ne s'ouvrira (PSICHARI, Voy. centur., 1914, p. 97).
[Le subst. désigne un bruit, une voix] Synon. déchirer. Une plainte perce le mur. Un cri déchirant perça les cloisons, emplit la cage de l'escalier, le cloua d'horreur, sur place (HUYSMANS, À rebours, 1884 p. 67). Un clairon qui chantait au loin (...) perça l'air doux et doré du mourant automne (TOULET, Tendres mén., 1904, p. 139).
Filtrer, suinter de. L'eau perce la roche (MICHELET, Journal, 1833, p. 109).
b) [Le mouvement n'est pas perceptible]
P. anal. Apparaître au travers de quelque chose. De petites maisons blanches percent çà et là la verdure de ces forêts (LAMART., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 210). Chaque matin la plaine, pour un peu de temps, se recouvre d'un voile tissé de clarté, et puis elle s'illumine d'un seul coup (...). Les clochers et les peupliers, surgissant de la même souche, percent la brume (MAURIAC, Bloc-Notes, 1958, p. 167).
P. hyperb., loc. fam. Les os lui percent la peau. Être très maigre. La sveltesse du torse où l'os perce la chair (RÉGNIER, Jeux rust., 1897, p. 111).
2. Qqc. perce qqn (souvent à la forme passive). Synon. transpercer. ,,Il a été tout percé, il a été percé jusqu'aux os. [Celui] qui a été extrêmement mouillé de la pluie ou de l'eau qu'on a jetée sur lui`` (Ac. 1835). Percé jusqu'aux os! mon cher; la route est un vrai torrent (GOZLAN, Notaire, 1836, p. 206).
3. Qqn perce qqc. [Le subst. désigne la vue d'une pers.] Essayer de voir à travers quelque chose, scruter. Percer le brouillard, la nuit, l'ombre. Penché à la fenêtre, il s'efforçait de percer l'obscurité, de voir une dernière fois les ténèbres mouvantes du fleuve, au pied de la maison (ROLLAND, J.-Chr., Adolesc., 1905, p. 231).
Au fig. Deviner, découvrir. Synon. déceler, pénétrer.
Qqn perce qqc. (de qqc. ou de qqn). Percer la cause de qqc.; percer le caractère, les desseins, le mystère, les projets, le secret, la vie privée de qqn. Oui, je percerai ce tissu d'horreurs (...) j'irai partout, je braverai tout (...) je découvrirai les coupables (BAYARD, Chambre ard., 1833, I, 3, p. 108). Ils s'étaient trouvés devant un Staline énigmatique et portant un masque que ses visiteurs n'avaient pu percer (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 369).
Qqn perce qqn. Ce Théodore!... quel coup d'œil!... En deux minutes il vous perce un homme (LABICHE, Station Champb., 1862, II, 11, p. 294). Pour la première fois, j'avais connu ce plaisir extraordinaire : percer un être, le découvrir, l'amener au jour et, là, le toucher (SAGAN, Bonjour tristesse, 1954, p. 101) :
5. Elle s'interrogeait sur son mari, cherchait à le percer, à connaître ses desseins secrets. Elle eût voulu tenter un rapprochement timide. Être mêlée un peu à ses soucis, à sa vie quotidienne, lui eût été une grande joie.
VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 483.
Percer à jour. Découvrir complètement. Elle avait appris à connaître son mari qui, d'heure en heure, se sentait déchiffré, percé à jour (MAURIAC, Myst. Frontenac, 1933, p. 28).
4. [Qqn perce un groupe de pers.] Se frayer un passage malgré les difficultés, la résistance. Percer la foule. Elle trouva un courage surnaturel pour fendre la presse, et pour rejoindre sa cousine encore occupée à percer la masse du monde qui l'empêchait d'arriver jusqu'au tableau (BALZAC, Mais. chat, 1830, p. 24).
ART MILIT. Percer les lignes adverses. Le 30 janvier, Milburn (...) perçait le front adverse au nord-est de Colmar (DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 151).
II.— Empl. intrans.
A.— Se frayer un passage.
1. Qqc. perce (en faisant un trou, une ouverture). Le blé perce; les fleurs percent. Le lancinement des dents qui veulent percer (MILLE, Barnavaux, 1908, p. 206). Une herbe grêle perçait entre les cailloux (BERNANOS, Imposture, 1927, p. 511).
P. anal. Crever. L'abcès perce. Son visage, rouge comme celui d'un ivrogne émérite, et couvert de boutons âcres, saignants ou près de percer (BALZAC, Curé vill., 1839, p. 25).
2. Qqn perce (en usant de tous les moyens pour parvenir quelque part ou auprès de qqn). Percer à travers la forêt, la foule. Et voilà Regnard et ses compagnons s'embarquant à Stockholm pour aller toucher au fond du golfe de Bothnie, et pour percer de là aussi avant que possible vers le pôle nord dans le pays des Lapons (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 7, 1852, p. 5). En s'aidant du nom de Jacques II (...) il perça jusqu'à la duchesse Josiane (HUGO, Homme qui rit, t. 2, 1869, p. 16).
ART MILIT. Nous, une poignée d'hommes, nous avions bien percé (...) mon escouade et moi, nous étions sur la crête de Vimy avec quelques braves types (...) égarés comme nous qui avions poussé de l'avant en sautant quatre lignes de tranchées allemandes sans tirer un coup de fusil, et le front était crevé! (CENDRARS, Main coupée, 1946, p. 11).
Percer à travers. Percer à travers les ennemis, les rangs ennemis. Celui-ci, vainqueur sur tous les points, se préparoit à percer avec ses troupes à travers celles du sultan (COTTIN, Mathilde, t. 5, 1805, p. 82). Il perça au travers des cosaques et parvint à s'échapper, mais en perdant la moitié de son monde (MÉRIMÉE, Cosaques d'autrefois, 1865, p. 47).
P. anal., SPORTS. L'avant centre perce, essaie de marquer (MONTHERL., Olymp., 1924, p. 252).
VÉN. Fuir à travers bois. ,,Le cerf perce, il tire de long`` (Ac.).
Perce! ,,Expression dont on se sert quand on veut activer les chiens chassant ou quêtant`` (DUCHARTRE 1973). Lorsqu'en chassant, les chiens traversent une route ou un chemin. On dit, en leur parlant :Perce, perce! et on nomme les chiens de tête : Ah! Thibau, oh! Belau, perce! (BAUDR. Chasses 1834).
Percer au fort. Passer à travers les endroits les plus fourrés. (Ds LITTRÉ).
B.— Vieilli. Se laisser traverser. ,,Cette étoffe, ce cuir ne perce point. La pluie ne les pénètre point`` (Ac. 1835, 1878). Ne dites pas : Mon papier perce, mais : Mon papier boit (Omnibus lang., 1835).
C.— P. anal. Apparaître, se montrer. Le soleil perce. Le jour perce à peine à travers les vitraux (STAËL, Corinne, t. 2, 1807, p. 142).
D.— Au fig.
1. Se manifester. La bonne humeur du Roi, depuis que la révolte contre le bailli lui avait été annoncée, perçait dans tout (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 507). Son dédain pour la philosophie perçait à chaque mot; c'était un perpétuel sarcasme (RENAN, Souv. enf., 1883, p. 235).
P. allus. littér. Ce siècle avait deux ans! Rome remplaçait Sparte, Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte, Et du Premier Consul, déjà, par maint endroit, Le front de l'Empereur brisait le masque étroit (HUGO, Feuilles automne, 1831, p. 717).
[À la forme négative] Ne rien laisser percer. Ne rien laisser apparaître ou transparaître. Tortoni avait terminé à deux francs vingt centimes de baisse; la bourse s'ouvrit dans les mêmes termes. Cependant rien n'avait percé (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 405).
2. Acquérir la notoriété, commencer à être connu, à réussir dans ses activités, sa vie professionnelle. Finir par percer; réussir à percer. Aujourd'hui il s'agit d'un romancier, d'un conteur, dont le nom [Gogol], fort en estime dans son pays, n'avait guère encore percé en France (SAINTE-BEUVE, Prem. lundis, t. 3, 1854, p. 25). Il est difficile de percer, de faire une clientèle au barreau (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1937, p. 45). Pour toi, Laurent, on commence à parler de toi dans les journaux. Tu perces, mon cher (DUHAMEL, Cécile, 1938, p. 21).
Percer à qqc. (vieilli). Je puis dire que c'est à force de mérite que j'ai percé aux mathématiques et au dessin comme nous disions à l'école centrale (STENDHAL, H. Brulard, t. 1, 1836, p. 263).
Percer dans qqc. Phellion, vu son âge et celui de sa femme, s'était chargé d'un domestique mâle (...) surtout depuis que son fils avait percé dans l'enseignement (BALZAC, Pts bourgeois, 1850, p. 88).
REM. Perçable, adj., rare. Susceptible d'être percé. Des pépiements d'oiseaux (...) perçaient l'air, les oreilles, le bruit des filets d'eau, toutes les choses perçables, de mille petites aiguilles dorées (MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 19).
Prononc. et Orth. :[], (il) perce []. Homon. perse. Att. ds Ac. dep. 1694. Conjug. Prend une cédille devant a et o : perçant, perçons. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 « traverser en faisant un trou l'épaisseur de quelque chose » (Roland, éd. J. Bédier, 2077); 2. ca 1230 « se frayer un passage » (Chevalier aux deux espées, 9811 ds T.-L. : percier les rens); 3. 1262 fig. (JEAN LE MARCHANT, Miracles N. D. de Chartres, éd. P. Kunstmann, VIII, 54 : Grant douleur le cuer l'en percha); 4. 1262 (ID., ibid., XI, 84 : Le tonnel ont tantout percié); 5. 1342 perçant (du regard) (JEAN BRUYANT, Chemin de Povreté ds Menagier de Paris, éd. Sté Bibliophiles fr., t. 2, p. 14); 6. 1557 percer de froid (O. DE MAGNY, Souspirs, éd. Courbet, p. 77); 7. av. 1593 « se manifester, apparaître » (AMYOT, Du vice et de la vertu, 5 ds LITTRÉ); 8. 1606 « passer à travers (de la pluie) » (NICOT); 9. 1636 percer de l'œil (MONET); 10. 1651 percer les oreilles de qqn (de cris) (SCARRON, Roman comique, II, 14 ds LITTRÉ); 11. 1666 « pénétrer avec l'esprit » (BOILEAU, Sat., VIII, ibid.); 12. 1680 « sortir (des dents) » (RICH.); d'où 1787 percer ses dents (FER.); 13. av. 1742 « passer (de la lumière) » (MASSILLON, Or. fun. Villars ds LITTRÉ); 14. 1752 percer qqn (Trév.); 15. 1756 « sortir de la foule, se faire connaître » (VOLTAIRE, Mœurs, 121 ds LITTRÉ). Du lat. pop. pertusiare « percer », dér. de pertusum, supin du class. pertundere « id. », v. aussi pertuis. Fréq. abs. littér. :2 042. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 3 906, b) 3 008; XXe s. : a) 2 509, b) 2 233.
DÉR. Percerette, subst. fém. a) Petite vrille. (Dict. XIXe et XXe s.). b) Petit outil pour percer les bouchons de liège. Percerettes (...) éclats avec une longue pointe portant de leur côté le plus large (MORTILLET, Préhist., 1882, p. 515). []. 1re attest. 1671 (POMEY); de percer, suff. -ette (-et).
BBG. — GOUGENHEIM (G.). Chercher et fouiller. In [Mél. Harmer (L.C.)]. London, 1970, p. 22. — Sculpt. 1978, p. 584, 635. — THOMAS (A.) Nouv. Essais 1904, p. 71 (s.v. percerette).

percer [pɛʀse] v. [CONJUG. placer.]
ÉTYM. 1080, percier; lat. pop. pertusiare « percer », du lat. pertusum, supin de pertundere « trouer ». → Pertuis, pertuisane.
———
I V. tr.
A (Creuser, traverser).
1 Traverser (un objet solide) ou commencer à (le) traverser en faisant un trou, une ouverture relativement petite. Perforer, trouer. || Percer une planche, une paroi, un mur… à l'aide d'un outil ( Forer, poinçonner, tarauder, vriller). || Instruments pour percer les matières dures. Drille, foret, mèche, perceuse, perforatrice, perforeuse, pointeau, tarière, trépan, vilebrequin, vrille. || Percer quelque chose de part en part. Transpercer. || Percer le sol avec une sonde. Sonder. || Percer un pneu. Crever. || Clou, vis… qui perce le bois. Enfoncer (s'), pénétrer. (XVe). || Percer un tonneau (par métonymie : percer du vin). Perce. || Commencer à percer quelque chose ( Entamer).Absolt. || Percer en creusant, en piquant.Percer une feuille, un tissu d'un trou, de trous (→ Frivolité, cit. 9).Au p. p. || Ustensiles percés de trous. Crible, écumoire, passoire, tamis.Matière dure, difficile à percer. || Les javelots et les lances ne peuvent percer la peau du rhinocéros (→ Entamer, cit. 2). || Obus qui perce un blindage.
1 (…) la terre est travaillée
Tout autour de ses bords; on perce en cent endroits
À la fois.
Florian, Fables, III, 2.
2 (…) sachez, en cas de malheur, mademoiselle, que la maîtresse poutre du grenier de mon pavillon a été percée avec une tarière.
Balzac, Une ténébreuse affaire, Pl., t. VII, p. 513.
Spécialt. Traverser, trouer (une partie du corps). || Percer (1651) les oreilles, les narines, la lèvre (cit. 1) pour y mettre des boucles (cit. 1), des anneaux… || Se percer les oreilles (→ Lobe, cit. 2).(1665). || Percer un abcès. Ouvrir (→ Mûr, cit. 2).
3 Je n'ai d'autre ressource, pour me soulager dans ces crises, que de donner un libre cours à la fièvre de ma pensée, de même qu'on se fait percer les veines quand le sang afflue au cœur ou monte à la tête.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 348.
Par métaphore.Les os lui percent la peau : il est très maigre.
2 (V. 1112). Vieilli. Blesser, à l'aide d'une arme pointue (ou tranchante). Blesser, tuer (→ 1. Loi, cit. 12). || Percer quelqu'un de coups. Cribler (2.); larder (→ Gémir, cit. 1). || Percer quelqu'un, son corps… d'une flèche (cit. 1 et 2), d'un javelot (→ Lance, cit. 1; arc, cit. 4; atteinte, cit. 8; cyclope, cit. 1). || Percer quelqu'un de part en part, d'outre en outre (avec une épée, une fourche, un pal…). Embrocher, empaler, enferrer (1.), enfourcher, enfiler (2.). — ☑ Loc. Vx. Percer à jour un ennemi (→ Estocade, cit. 1).Percer le sein (→ Écouter, cit. 29), le flanc (cit. 6 et 7) de quelqu'un. || Percer la bedaine (cit. 1). Éventrer.Pron. || Se percer le cœur, le sein.
4 Les dix mille Grecs (…) rencontrèrent une nation qui les endommagea merveilleusement à coups de grands arcs (…) et des sagettes si longues qu'(elles…) perçaient de part en part le bouclier et un homme armé.
Montaigne, Essais, I, XLVIII.
Par anal. Vx. || « Un air glacé qui perce les plus robustes » (→ Froideur, cit. 1). Syn. mod. Transpercer.
Par métaphore. || Une épigramme (cit. 8) qui « portait coup et perçait son homme ».
Par métaphore ou fig. Percer le cœur (cit. 1) : affliger, faire souffrir (→ Arracher, cit. 4; assassin, cit. 12; blessure, cit. 5).Au p. p. || « Percé jusques au fond du cœur… » (→ Atteinte, cit. 9, Corneille).Percer l'âme (cit. 51). → Mener cit. 11.
5 Ah, Dieux ! — Ah ! de quel coup me percez-vous le cœur ?
Racine, Esther, III, 4.
6 (…) mon cœur est grand, il peut tout recevoir. Oui, vous aurez beau le percer, les lambeaux feront encore des cœurs de père.
Balzac, le Père Goriot, Pl., t. II, p. 1043.
7 Le Malheur a percé mon vieux cœur de sa lance.
Verlaine, Sagesse, I, I.
3 (1650). Pratiquer une ouverture pouvant servir de passage à travers (quelque chose). || Percer un rocher de part en part pour pratiquer un tunnel (→ Obvier, cit. 2). || Percer une digue (cit. 1). || Percer les monts (→ Homme, cit. 57; 1. or, cit. 22).
Percer un mur (cit. 21), une clôture, une maison (→ Jour, cit. 25), pour s'introduire. || Percer un coffre-fort.Par métaphore. || L'honneur… perce la voûte des prisons (→ Entourer, cit. 7).
Archit. Pratiquer une ouverture, une porte, une fenêtre ( Fenêtrer), etc., dans (un mur, une cloison). || Percer une façade de trois fenêtres.Au p. p. (plus cour.). || Mur, frontispice (cit. 1) percé de trois portes. || Mur percé de trous en guise (cit. 9) de portes.
8 (…) des petites fenêtres, dont les maisons sont percées, sortaient les têtes de quelques habitants, que le bruit d'une voiture arrachait à leurs monotones occupations (…)
Mme de Staël, De l'Allemagne, I, XIII.
4 (V. 1155). Sujet n. de chose. Traverser, passer au travers de (une protection, un milieu intermédiaire). || La pluie ne perce pas la feuillée (cit.) de ces arbres. || Averse qui perce les vêtements.Lumière qui perce les ténèbres. Sortir (de). || Le soleil, un rayon perce les nuages, la brume… (→ Abord, cit. 3; entrouvrir, cit. 3; fugitif, cit. 7). || Façade (cit. 4) éclairée qui perce l'obscurité.Son qui perce l'air, le silence. Déchirer (→ Discordant, cit. 2).Par métaphore (du sens 2). || Cris, hurlements (cit. 6) qui percent les oreilles, le tympan.
9 Pendant que nous en étions là, voilà une pluie traîtresse (…) Les feuilles furent percées dans un moment, et nos habits percés dans un autre moment.
Mme de Sévigné, 196, 23 août 1671.
10 Parfois un rayon perçait les nuages qui s'étendaient à travers le ciel et glissait un instant sur les ardoises du toit (…)
J. Green, Adrienne Mesurat, I, II.
11 Un cri de locomotive perça la nuit près d'un hangar.
Aragon, les Beaux Quartiers, I, XXVI.
5 (Sujet n. de personne). Se frayer un passage malgré une résistance, passer au travers de… || Percer le front des armées ennemies. Entamer (→ ci-dessous, II., 1.).
Percer les buissons, la forêt (→ Moins, cit. 27). || Percer la foule.
6 Fig. et vieilli. Voir au loin, à travers… || Yeux qui percent l'étendue, l'infini (→ Finesse, cit. 2), les murailles (→ Lynx, cit. 2), l'obscurité, le noir (→ Marmonner, cit. 2).Spécialt. || Percer quelqu'un de son regard. Darder (2.), transpercer; perçant. || « D'âpres regards se fixaient sur les vôtres pour vous deviner et vous percer » (→ Effrayer, cit. 11).
12 Assise dans les tribunes de l'Assemblée ou des Jacobins, elle (Mme Roland) perce d'un œil pénétrant tous les caractères; elle voit à nu les faussetés, les lâchetés, les bassesses, la comédie des constitutionnels, les tergiversations (…)
Michelet, Hist. de la Révolution franç., V, V.
13 C'est le moment où il va mentir. Ce n'est pas la peine d'écrire des romans psychologiques, si je ne sais pas le percer en ce moment-ci.
Montherlant, les Lépreuses, II, XVIII.
7 (1651). Fig. et littér. Parvenir à connaître, à découvrir (un secret, un mystère). Déceler, développer (A., 2.), pénétrer. || Percer une intrigue, un complot. || Percer l'avenir (cit. 15). Prévoir. || Percer les origines de l'esprit humain (→ Immiscer, cit. 3), la nature de l'homme (→ Néant, cit. 7).
14 (…) le Parisien et la Parisienne de la société, ces civilisés excessifs (…) demandent des années pour qu'on les perce, pour qu'on les sache (…)
Ed. de Goncourt, les Frères Zemganno, Préface.
Loc. Percer (qqch., qqn) à jour : parvenir à connaître, et aussi faire connaître ce qui était tenu caché. Découvrir (→ Farce, cit. 6; ornière, cit. 5).
B Pratiquer, faire (un trou, une ouverture). || Percer un trou dans une planche. || Percer les trous d'un fer à cheval. Étamper.Percer un tunnel, un chemin. || Percer une rue, une avenue dans un quartier. Ouvrir (une voie). || Percer une porte, une fenêtre.
15 Quelle main a percé ces longues avenues ?
Dancourt, Céphale et Procris, I, 1 in Littré.
C (Considéré comme fautif). Pop. Faire, laisser percer (II., 1.). || Enfant qui perce ses dents.
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II V. intr. (XVIe).
1 Se frayer un passage en faisant une ouverture, un trou…(Choses). || Les premières dents percent à cet enfant. Par métonymie. || Abcès qui perce. Crever (II.).
16 (…) j'observais chez Armand des rougeurs et des pâleurs que j'attribuais à la pousse de quatre grosses dents qui percent à la fois.
Balzac, Mémoires de deux jeunes mariées, Pl., t. I, p. 267.
(Personnes; → ci-dessus, I., 5.). || Percer à travers un fourré (→ Broussaille, cit. 1), à travers la foule.Milit. || Les ennemis n'ont pas pu percer. Percée.Sports. || L'avant-centre perce (→ Marquer, cit. 21).
La lumière perce à travers les nuages, le brouillard.
17 Çà et là s'élevaient quelques tentes légères dont les toiles laissaient percer les rayons lumineux des lampes matinales, et des ombres passaient et repassaient au-dessous.
A. de Gobineau, Nouvelles asiatiques, p. 284.
18 (…) la théorie de la « percée » avait été complétée par cette thèse qu'il fallait avant de percer bouleverser entièrement par l'artillerie le terrain occupé par l'adversaire.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XIV, p. 71.
2 (1690). Vx. Donner passage, se laisser pénétrer, traverser. || « Un papier… qui ne perce pas » (Rousseau, in Littré).
3 (Fig. du 1.). Vieilli. Voir au loin par l'esprit, pénétrer. || « Il perçait dans tous les secrets » (Bossuet). || Percer « dans l'avenir », « dans les motifs des actions » (Massillon).
4 (1572). Se déceler, se manifester, se montrer (→ Dévergondé, cit. 3; froideur, cit. 2). || Secret qui perce. Transpirer. || Rien n'a percé de leur entretien. || Son dédain perce à chaque mot (→ Développer, cit. 13). || Laisser percer sa préoccupation (→ Engager, cit. 7). || À travers le charme de son style perce quelque chose de vulgaire (→ Gâter, cit. 13).
19 (…) la profonde dissimulation d'une âme énergique, qui ne laisse percer à l'extérieur aucun des sentiments qu'elle renferme.
Mérimée, Colomba, III.
Allus. littér. || « Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte… », se montrait, apparaissait (→ Consul, cit. 4, Hugo).
5 (1756). Acquérir la notoriété, commencer à se distinguer, à être connu. Réussir.
20 Vous avez l'étoffe de trois poètes; mais, avant d'avoir percé, vous avez six fois le temps de mourir de faim, si vous comptez sur les produits de votre poésie pour vivre.
Balzac, Illusions perdues, Pl., t. IV, p. 676.
21 — Oh Pierre, il est très intelligent, mais il n'a pas de chance; il n'arrive pas à percer; il n'a jamais que les premiers numéros.
R. Queneau, le Chiendent, p. 252.
——————
percé, ée p. p. adj.
1 Traversé d'un ou plusieurs trous. || Chaussures (cit. 7) percées. Troué. || Vêtements percés (→ Démantibuler, cit. 1). || Poche percée.Les Nez Percés (nom d'une ethnie indienne d'Amérique du Nord).Yeux percés comme avec une vrille, très petits et enfoncés.Fenêtres percées en meurtrières (cit. 5). || Les cinq croisées percées à chaque étage.
22 Quel était ce feu intérieur qui éclatait parfois dans son regard, au point que son œil ressemblait à un trou percé dans la paroi d'une fournaise ?
Hugo, Notre-Dame de Paris, IV, V.
Qui présente (naturellement) des trous, des ouvertures. Caverneux (1.; anat.), criblé, foraminé (hist. nat.). — ☑ Loc. Panier (cit. 5) percé.Chaise percée.
Fig. Être percé jusqu'aux os, trempé, « transpercé ». || Enfants percés de froid.Cœur percé d'une flèche : symbole de l'amour.
2 (1681). Blason. Se dit d'une pièce à jour.
CONTR. Boucher, clore, fermer, obstruer.
DÉR. Perçage, perçant, perce, percé, percée, (n. f.), percement, percerette, perceur, perçoir.

Encyclopédie Universelle. 2012.