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vautrer

vautrer (se) [ votre ] v. pron. <conjug. : 1>
• 1534; se vultrer fin XIIe; lat. pop. °volutulare, du class. volutum, de volvere « tourner, rouler »
1Se coucher, s'étendre en se roulant, et par ext. en prenant une position abandonnée. s'avachir, s'étaler. La bête « se couchait dans la boue fraîche et elle se vautrait à pleins poils » (Giono). « vautrés sur notre tapis, nous fumons des chibouks » (Flaubert).
Fig. Péj. Se complaire. Ils « accusaient les militaires de se vautrer dans la concussion » (Céline).
2Fam. Tomber, faire une chute. Il s'est vautré avec sa moto.

vautrer (se)
v. Pron.
d1./d S'enfoncer, se coucher en se roulant. Porc qui se vautrait dans la boue.
d2./d S'abandonner, s'étaler de tout son corps. Se vautrer sur son lit.
|| Fig., péjor. Se vautrer dans le vice, s'y complaire.

⇒VAUTRER, verbe
A. — Empl. trans., rare. Coucher et rouler par plaisir son corps ou une partie de son corps dans ou sur quelque chose de mou et dans une position abandonnée. Le cochon, gras à ne pas bouger, grognait, attendait que les ornements sacrés ne fussent plus qu'une poignée de cendre chaude, pour y vautrer son ventre (ZOLA, Faute Abbé Mouret, 1875, p. 1488).
P. métaph. On se gronde de ne s'être pas creusé, même au prix de ses haines les plus chères, un trou heureux, pour vautrer ses lâchetés d'âme et de corps (ZOLA, E. Rougon, 1876, p. 272).
B. — Empl. pronom.
1. Se coucher, se rouler complaisamment dans ou sur quelque chose. Se vautrer par terre, dans la boue.
a) [Le suj. désigne un animal] La seconde habitude du sanglier est, à son retour du gagnage, de se vautrer dans les souilles, puis de se frotter le plus consciencieusement du monde contre les arbres avoisinants (VIDRON, Chasse, 1945, p. 93).
b) [Le suj. désigne une pers.] J'aurais voulu (...) me vautrer dans la neige étincelante, me mêler à toute cette nature, et me fondre comme un atome dans cette immensité (GAUTIER, Tra los montes, 1843, p. 68).
Empl. abs. Des bandes d'enfants emplissaient la route du tapage de leurs gros souliers, se poussant, se roulant, se vautrant (ZOLA, Faute Abbé Mouret, 1875, p. 1272).
2. Péj. S'étendre, s'étaler complaisamment dans une pose abandonnée. Des cigarettes fumées sans trêve, soit vautré sur un lit défait, soit en pérorant dans une brasserie ou dans un café (GYP, Raté, 1891, p. 126).
Se vautrer sur qqn, avec qqn, dans les bras de qqn. J'ai dormi comme une bête en me vautrant dans les bras des filles (ARLAND, Ordre, 1929, p. 259). Isadora riait, se vautrait sur Francis (COCTEAU, Diff. d'être, 1947, p. 104).
3. Au fig., péj.
a) [Le compl. désigne une mauvaise habitude, un vice] Ce grand corps puissant ne demandait qu'à ne rien faire, qu'à se vautrer dans une oisiveté et un assouvissement de toutes les heures (ZOLA, Th. Raquin, 1867, p. 28).
b) [Le compl. désigne un sentiment violent, une passion] Lui si vigilant autrefois, il ne brosse plus ses vêtements. Il semble se vautrer dans la frénésie sentimentale (DUHAMEL, Maîtres, 1937, p. 63).
Prononc. et Orth.:[] (il se) vautre []. Homon. de formes conjuguées: vautrait, vautre, vôtre. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Verbe pronom. 1. ca 1180 se vultrer (MARIE DE FRANCE, Fables, 65, 7, éd. K. Warnke, p. 209); fin XIIe s. se viutrer (Raoul de Cambrai, éd. P. Meyer et A. Longnon, 3407); ca 1195-1200 se voutrer (Renart, br. VII, éd. M. Roques, 5561); 1534 se vaultrer (RABELAIS, Gargantua, X, éd. R. Calder, p. 79); 2. fig. ca 1300 en pechie se voutrer (Dit de Guersai, éd. Omont, p. 476). B. Verbe trans. XVe s. voutrer (Catholicon, ms. Lille, 369, Scheler ds GDF.); 1550 veautrer son corps (DU BELLAY, La Musagnoemachie, 70, éd. H. Chamard, t. 4, p. 6); 1636 vautrer (MONET). Du lat. pop. volutulare « rouler », dér. du lat. class. volutum, supin de volvere « rouler, faire rouler ». Fréq. abs. littér.:371. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 183, b) 919; XXe s.: a) 791, b) 450.
DÉR. Vautrement, subst. masc., rare, péj. Fait de se vautrer; posture d'une personne vautrée. Des agenouillements de femmes, (...) des vautrements de paysans enfonçant de leurs coudes la paille des chaises, ne montrant que leurs yeux sauvages où flambait la réverbération des cierges (GONCOURT, Mme Gervaisais, 1869, p. 137). []. 1res attest. 1538 veautrement (EST.), 1675 (WIDERHOLD, Nouveau dict. fr.-allemand, d'apr. FEW t. 14, p. 619a), repris au XIXe s. 1869 vautrement (GONCOURT, loc. cit.); de vautrer, suff. -ment1.

1. vautrer [votʀe] v. tr.
ÉTYM. 1690; vaultrer « chasser le sanglier avec des vautres », 1573; veautrier, v. 1387; de veautre, du bas lat. vertragus.
Chasse. Chasser le sanglier avec des chiens courants, des vautres.
HOM. 2. Vautrer.
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2. vautrer (se) [votʀe] v. pron.
ÉTYM. V. 1636; voltrer, viltrer, vautrer « se rouler sur le sol », v. 1190; fig. se vautrer en péchié, 1300; se vautrer sur… aux XVIe et XVIIe; du lat. pop. volutulare, du lat. class. volutum, supin de volvere « tourner ».
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I V. pron. || Se vautrer.
1 Se coucher, s'étendre (sur, dans qqch.) en se roulant, et, par ext., en prenant une position abandonnée. || Un âne qui court se vautrer dans une mare (→ Brusque, cit. 6), dans la boue. Barboter. || Le cochon se vautre dans sa bauge, le sanglier dans sa souille (→ aussi Porc, cit. 1). || Se vautrer nonchalamment sur son lit, dans l'herbe… (→ Enivrer, cit. 28).Se vautrer sur les plages.
1 Il se vautrait sur son lit, en sueur, à plat ventre, collant sa face moite dans l'oreiller où avait traîné le chignon de Thérèse.
Zola, Thérèse Raquin, IX.
2 Elle (la bête, un marcassin) faisait le porc. Elle labourait la boue avec son groin puis elle se couchait dans la boue fraîche et elle se vautrait à pleins poils, le ventre en l'air.
J. Giono, le Chant du monde, I, III.
2.1 Ma mère s'inquiétait, me secouait, menaçait, suppliait. Mon père me considérait avec dégoût : rien n'y faisait. Je me vautrais sur les chaises, sur les lits, sur le tapis, comme si ma charpente ne supportait plus la station droite. J'étais terne et malheureux. Seul un événement important ou un excès quelconque pouvait me tirer de ma torpeur.
Geneviève Dormann, le Chemin des dames, 1964, p. 42.
2 Fig. (péj.). Se complaire. || Se vautrer dans la concussion et l'abus d'autorité (→ Rendre, cit. 22). || Se vautrer dans la débauche, le vice.
3 Non, tu te vautrais dans un souvenir délicieux (…)
F. Mauriac, le Nœud de vipères, I.
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II V. tr. || Vautrer. (1636; voutrer, XVe). Rare. || Vautrer son corps : se vautrer.
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vautré, ée p. p. adj.
|| Toute la journée vautrée sur notre tapis (→ Fainéantise, cit. 2). || Un chien vautré sur le carrelage (→ Bruit, cit. 17).
4 (…) Satin, en chemise, vautrée et les pieds plus hauts que la tête, l'écoutait en fumant des cigarettes.
Zola, Nana, VIII.
HOM. 1. Vautrer.

Encyclopédie Universelle. 2012.