vocaliser [ vɔkalize ] v. <conjug. : 1>
• 1611 au p. p.; du lat. vocalis
2 ♦ V. intr. (1821) Mus. Faire des vocalises. Des dames roumaines « vocalisaient encore le matin » (Aragon). Un oiseau « vocalisait éperdument » (Hugo ).
● vocaliser verbe intransitif (de vocal) Chanter de la musique sur une ou plusieurs syllabes, sans prononcer les paroles ni nommer les notes. En linguistique sémitique, effectuer une vocalisation.
vocaliser
v.
d1./d v. tr. LING Transformer (une consonne) en voyelle.
|| v. Pron. Consonne qui se vocalise.
d2./d v. intr. MUS Exécuter des vocalises.
I.
⇒VOCALISER1, verbe
MUSIQUE
A. — Empl. intrans.
1. Exercer sa voix en parcourant une échelle de sons sur une ou plusieurs voyelles, exécuter un ornement musical par ce procédé. [Dans la fugue sur Amen de la Damnation de Faust] le chœur, tantôt vocalise sur a a a a, tantôt répète rapidement le mot tout entier (BERLIOZ, Grotesques mus., 1859, p. 31). Des petites filles vocalisent, la nuque renversée (FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p. 142).
2. P. anal.
a) Parler en modulant la voix, avec emphase. Il avait inventé le décor [de théâtre] en liège, qui évite si merveilleusement les résonances parasites (...). Il disait: « Dans le liège, impossible de vocaliser, toutes les harmoniques sont absorbées. La pensée reste sèche et pure (...) » (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 26).
b) [Le suj. désigne un oiseau] Chanter. Pourquoi le plus habile des oiseaux chanteurs ne se reposait-il pas comme les autres et se mettait-il à vocaliser dans l'ombre troublante? (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Clair de lune, 1882, p. 33).
B. — Empl. trans. Exécuter avec des vocalises. Voilà qu'elle chante, et voilà qu'elle vocalise Niniche avec les intonations d'une chanteuse d'un beuglant (GONCOURT, Journal, 1878, p. 1245).
— Part. passé en empl. adj. Mélodies vocalisées; traits vocalisés. Dans le nombre de nos morceaux à effet (...) il se trouvait bien des antiennes vocalisées dans le goût rococo de la musique sacrée du dernier siècle (SAND, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 256).
— P. métaph. Cette jeune fille n'était, après tout, qu'une folle personne, vocalisant dans la perfection le solfége de la rouerie (MURGER, Scènes vie boh., 1851, p. 273).
Prononc. et Orth.:[], (il) vocalise [-li:z]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1821 (CASTIL-BLAZE, Dict. de mus. mod., t. 2, p. 377: On vocalise, non seulement pour apprendre à passer un grand nombre de notes sur la même syllabe, mais pour égaliser la voix dans tous ses tons); 1833 (L. QUICHERAT, Traité élémentaire de mus., p. 114: Vocaliser. C'est chanter sur une voyelle, sans articuler de paroles); 1842 « chanter (en parlant d'un oiseau) » (BANVILLE, Cariat., p. 36). Dér. sav. de vocal; suff. -iser. Fréq. abs. littér.:10.
DÉR. Vocalisateur, -trice, subst., mus. Celui, celle qui vocalise, chante des traits. Synon. vocaliste. Sa voix de soprano suraigu (...), son prodigieux talent de vocalisatrice et ses véritables qualités de comédienne justifiaient (...) l'admiration des dilettants (LAVIGNAC, Mus. et musiciens, 1895, p. 512). — [], fém. [-]. — 1res attest. 1836 (RAYMOND, Suppl. au Dict. de l'Ac. fr.: Vocalisateur. Celui qui fait vocaliser. Il est familier et ironique), attest. isolée, 1842 (Ac. Compl., s.v. vocaliste); de vocaliser1, suff. -ateur, v. -eur2, v. aussi vocaliste.
II.
⇒VOCALISER2, verbe trans.
LING., PHONÉT., gén. au part. passé en empl. adj. Changer une consonne en voyelle soit par évolution historique, soit dans une alternance synchronique. Vocaliser une consonne. Dauzat se demandait déjà comment, en admettant la conservation de l'l pinguis [l « épais »] en Gaule jusqu'à l'époque de la vocalisation, on pourrait expliquer sa disparition dans la plus grande partie de l'Italie, en Dacie et partout où, au lieu de voir cette consonne vocalisée ou maintenue, on la trouve remplacée par une l moyenne (G. STRAKA, Les Sons et les mots, 1979, p. 411).
— Empl. pronom. [Le suj. désigne une cons.] Subir le processus de vocalisation. Placé ou venant à être placé dans le mot devant une consonne, l simple ou double s'est vocalisé en français après a, , , , , et a produit un u qui s'est combiné avec la voyelle précédente. Ex.: Alba, aube; talpa, taupe (BOURC.-BOURC. 1967, p. 187).
Prononc.:[], (il) vocalise [-li:z]. Étymol. et Hist. 1611 vocalizé « changé en voyelle » (COTGR.); puis 1870 vocalisé (Bibl. Éc. des Chartes, 131 d'apr. FEW t. 14, p. 586); 1871 se vocaliser (R. Lang. rom. t. 2, p. 174, note 1); 1907 (Nouv. Lar. ill. Suppl.: vocaliser. Changer en voyelle). Dér. sav. de vocal; suff. -iser.
vocaliser [vɔkalize] v.
ÉTYM. 1611, au p. p.; du lat. vocalis.
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I V. tr. Changer en voyelle. || Vocaliser une consonne. — Au p. p. (plus cour.). || Consonnes vocalisées. — Pron. passif. || Le l s'est vocalisé.
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II V. intr. (1821).
1 Mus. Chanter, en parcourant une échelle de sons et sur une seule voyelle ou syllabe.
1 Le train-train de la pension se poursuivait : des dames roumaines prenaient des leçons de solfège, et vocalisaient encore le matin, tandis que Miss Baxton comptait les petites cuillers.
Aragon, les Cloches de Bâle, II, XV.
2 Fig., fam. Parler (avec emphase).
2 L'autre, au bout du fil, vocalisait si fort que l'on put saisir au vol une bribe de conversation (…)
B. Vian, Vercoquin et le Plancton, p. 89.
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DÉR. Vocalisateur, vocalisation, vocalise.
Encyclopédie Universelle. 2012.