GUILDE
GUILDE ou GILDE
Organisation de solidarité groupant, dès l’époque carolingienne, dans l’Europe du Nord-Ouest, des hommes ayant des intérêts communs (marchands, artisans, paysans même) et mal garantis par les liens de dépendance et de protection du système féodo-vassalique. Les guildes (ou gildes) se multiplient aux Xe et XIe siècles, surtout aux Pays-Bas et en Rhénanie, en Angleterre et dans la France du Nord. Elles profitent de la reprise des relations économiques dans ces pays et leur caractère professionnel se précise. Les guildes marchandes sont les premières et les plus actives, prenant en charge la réglementation des échanges et assurant parfois leur sécurité; elles obtiennent dans certaines villes des fonctions publiques comme la connaissance des conflits entre marchands. Les guildes d’artisans apparaissent à la suite, à partir du XIIe siècle. Fraternités de cooptation, les guildes introduisent dans le système de sécurité communautaire un élément supplémentaire, à un niveau différent de la commune et de la communauté taisible. C’est ainsi qu’elles ont notamment assuré la cohésion économique des marchands originaires d’une même ville dans leurs opérations sur les autres marchés. Les guildes disparaissent au cours du XIIIe siècle, lorsque l’élargissement des horizons économiques et l’ampleur nouvelle des affaires rendirent nécessaires d’autres formes de solidarité, plus étroites (compagnie), ou moins contraignantes (nation). Les institutions municipales et les métiers jurés (futures corporations) prennent, pour leur part, la relève des guildes quant à la défense des intérêts communs et à l’organisation professionnelle; celle-ci devient un véritable encadrement, qui s’étend au contrôle des techniques de production. On distingue généralement les guildes des hanses. Ces dernières sont plus souvent des groupements de guildes urbaines, unissant des villes voisines ou intéressées par un même marché. Cependant, certaines guildes, et notamment celle de Paris, portèrent le nom de hanse.
guilde [ gild ] n. f. VAR. ghilde
1 ♦ Au Moyen Âge, Association de secours mutuel entre marchands (⇒ hanse), artisans, bourgeois. « une ghilde de peintres y existait depuis longtemps [à Gand] » (É. Faure).
2 ♦ Association destinée à procurer à ses adhérents des conditions commerciales particulières. La Guilde du disque.
● guilde ou ghilde ou gilde nom féminin (latin médiéval gilda, du moyen néerlandais gilde, corporation) Au Moyen Âge, association groupant des marchands exerçant une profession commune. Association visant à procurer à ses adhérents de meilleures conditions commerciales. ● guilde ou ghilde ou gilde (difficultés) nom féminin (latin médiéval gilda, du moyen néerlandais gilde, corporation) Orthographe et prononciation Les trois graphies, guilde, gilde et ghilde, sont admises, mais guilde est plus fréquent. On prononce de toute façon [&ph91;&ph93;&ph96;&ph88;], avec l'initiale comme dans guide.
guilde ou ghilde
n. f. Association commerciale offrant à ses adhérents des avantages particuliers.
⇒GUILDE, GHILDE, subst. fém.
Association confraternelle ou économique regroupant dans certains pays d'Europe au Moyen Âge, et parfois jusqu'à nos jours, des personnes ayant des intérêts communs (marchands, artisans, artistes). Quand les Van Eyck arrivèrent à Gand, une ghilde de peintres y existait depuis longtemps (FAURE, Hist. art, 1914, p. 467). Les guildes accomplissent aujourd'hui les mêmes rites qu'autrefois (MORAND, Londres, 1933, p. 281).
— [En d'autres lieux] Chef de l'association des banquiers shanghaïens (...) lié à tous les chefs de ghildes (MALRAUX, Cond. hum., 1933, p. 260).
— Auj. Association commerciale dont les adhérents acquièrent des marchandises à des prix avantageux moyennant des achats réguliers. Guilde du Livre, Guilde du Disque (COLIN 1971).
Prononc. et Orth. : [gild]. LITTRÉ et GUÉRIN 1892 enregistrent uniquement ghilde. Les autres dict. gén. admettent ghilde, gilde et guilde. D'apr. COLIN 1971, la graph. mod. est guilde (les 2 autres var. se rencontrant rarement). Il souligne que la prononc. est toujours la même. Étymol. et Hist. 1. 1155 gelde « bande de soldats à pied » (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 179); 2. a) 1260 a. pic. geude « corporation de marchands » (Layettes du Trésor des Chartes, éd. J. Laborde, t. 3, p. 547a); b) 1282 gilde « corporation d'artisans » (Ordonnances des Rois de France de la troisième race, t. 4, p. 260); 3. 1788 terme d'hist. médiév. guilde (Journ. de Paris, 579 ds FEW t. 16, p. 43a). 1 est sans doute issu de l'a. b. frq. gilda (de même famille que le m. néerl. gilde, infra) et découle peut-être du caractère militaire de certaines fonctions imparties aux associations, cf. a. fr. geldon « soldat » (XIIe s. ds T.-L.); 2 empr. du lat. médiév. gilda (1125 ap. NIERM.), latinisation du m. néerl. gilde « réunion de fête », mot qui était localisé à l'orig. dans les régions bordant la mer du Nord [cf. a. nord. gildi, a. fris. jelde, all. Gilde (KLUGE)]. Dans les villes flamandes, gilde finit par désigner différentes associations de métiers. C'est avec ce sens que le mot est entré en Picardie et en Flandre (2 a) en subissant l'infl. formelle de l'anc. subst. gelde, geude (1) avant de prendre une graphie calquée sur le mot d'origine (2 b). Fréq. abs. littér. : 12.
ÉTYM. 1788; ghilde, in Littré, Suppl. 1877; gelde, XIIe; lat. médiéval gilda, ghilda, empr. au moy. néerl. gilde « troupe, corporation ».
❖
1 Association de secours mutuel entre marchands (⇒ Hanse), artisans, bourgeois, au moyen âge.
0 La gilde était avant tout une association de secours mutuels, de protection, d'assurances contre toutes sortes d'accidents; une étroite solidarité unissant les membres d'une gilde liés entre eux par un serment. Elle avait en outre des fonctions religieuses (…)
M. Prou, in Encycl. Berthelot, art. Gilde.
Encyclopédie Universelle. 2012.