toujours [ tuʒur ] adv.
1 ♦ Dans la totalité du temps. ⇒ éternellement, perpétuellement (cf. Sans fin). « L'Être éternel est toujours, s'il est une fois » (Pascal).
2 ♦ Dans la totalité du temps considéré (ex. la vie, le souvenir) ou pendant tout un ensemble d'instants discontinus; à chaque instant considéré, sans exception. ⇒ constamment, continuellement (cf. Sans cesse, à toute heure, en tout temps). « Ce qui a été cru par tous, et toujours, et partout, a toutes les chances d'être faux » (Valéry). « Tu crois que tu m'aimeras toujours, enfant. Toujours ! quelle présomption dans une bouche humaine ! » (Flaubert). Les absents ont toujours tort. — (Marquant la coïncidence avec une circonstance). Il grognait toujours, quand... (cf. Chaque fois que...). — Il est en retard, lui toujours si ponctuel. ⇒ généralement. Il arrive toujours à cinq heures. ⇒ invariablement.
♢ (Qualifiant un adj., un participe) La vie « se déroule toujours pareille, avec la mort au bout » (Maupassant). — Littér. (entre l'art. et l'adj. épithète) « La toujours placide Ligeia » (Baudelaire). — Littér. (après l'adj.) « La tristesse, éloquente toujours, impérieuse toujours » (Alain). — Toujours plus..., toujours moins (et adj.) :de plus en plus, de moins en moins. « Toujours plus nombreux sont ceux qu'assomme le vacarme des autobus et des taxis » (F. Mauriac).
♢ COMME TOUJOURS : de même que dans tous les autres cas, les autres occasions. « Pensant à elle comme toujours, je l'aperçus » (Stendhal). — PRESQUE TOUJOURS : très fréquemment, très souvent. ⇒ habituellement, ordinairement. — NE... PAS TOUJOURS : pendant une partie seulement d'une durée ou pendant certains instants et pas à d'autres. On ne vivra pas toujours. « Nous n'aimons pas toujours ceux que nous admirons » (La Rochefoucauld). — DE TOUJOURS : qui est toujours le même. Ce sont des amis de toujours. Le public de toujours. — DEPUIS TOUJOURS (cf. De tout temps). — POUR TOUJOURS ⇒ définitivement (cf. À jamais, sans retour). « je l'assurais qu'elle était maintenant guérie pour toujours » (Proust).
3 ♦ (Indiquant la persistance d'un état jusqu'à un moment donné) Encore maintenant, encore au moment considéré. ⇒ encore. « Ou plutôt je sentis que je l'aimais toujours » (Racine). « La guerre est finie et ils attendent toujours » (Sartre ). L'assassin court toujours. — Il ne dormait toujours pas. « Albertine, toujours pas venue » (Proust).
4 ♦ En tout cas, de toute façon, quelles que soient les circonstances. ⇒ cependant. « Il vient toujours une heure dans l'histoire où celui qui ose dire que deux et deux font quatre est puni de mort » (Camus). — Loc. C'est toujours ça de pris sur l'ennemi. C'est toujours mieux que rien. Ça peut toujours servir. Fam. Il peut toujours courir. Cause toujours !
♢ Interj. (à la fin d'une phrase négative) « Où est-elle cette preuve ? — Pas dans ma poche, toujours ! » (A. Daudet).
♢ TOUJOURS EST-IL (QUE)... : sert à introduire un fait ou un jugement que l'on pose comme certain, en opposition avec d'autres qui viennent d'être présentés sous le signe de l'hésitation ou de la probabilité.
⊗ CONTR. Jamais; parfois; exceptionnellement.
● toujours adverbe (de tout et jour) Exprime : la permanence dans la totalité du temps ou d'une période déterminée : Ces abus ont toujours existé. la répétition constante d'un fait, d'une situation : Quand il vient à Paris, il passe toujours me voir. la continuation, la persistance d'un état du passé jusqu'au moment présent ou au moment considéré (la négation pas se place après l'adverbe) : Je ne suis toujours pas satisfait. une possibilité souvent très incertaine dans l'avenir (surtout après pouvoir ou après un impératif) : Viens toujours, on verra bien. S'emploie comme intensif : C'est toujours mieux que rien. Familier. C'est toujours ça de pris, de gagné, faute de mieux, il faut se contenter de cela. Familier. Depuis toujours, depuis fort longtemps. Pour toujours, définitivement, à jamais. Toujours est-il que, quoi qu'il en soit, néanmoins, en tout cas. ● toujours (citations) adverbe (de tout et jour) Elsa Triolet Moscou 1896-Saint-Arnoult-en-Yvelines 1970 Toujours et jamais, c'est aussi long l'un que l'autre. Proverbes d'Elsa Les Éditeurs français réunis ● toujours (synonymes) adverbe (de tout et jour) la permanence dans la totalité du temps ou d'une période...
Synonymes :
- de tout temps
- éternellement
- perpétuellement
Contraires :
- jamais
la répétition constante d'un fait, d'une situation
Synonymes :
- généralement
Contraires :
- parfois
S'emploie comme intensif
Synonymes :
- de toute façon
- du moins
toujours
adv.
d1./d Pendant la totalité d'une durée considérée (limitée ou illimitée). Elle est toujours prête à rendre service. Cela a toujours existé et existera toujours.
|| Loc. adv. Pour toujours: pour toute la durée de l'avenir, sans esprit de retour. Depuis toujours: depuis très longtemps.
d2./d D'une façon qui se répète invariablement. Je gagne toujours contre lui.
— Loc. adv. Comme toujours: comme dans tous les autres cas, les autres circonstances.
d3./d (En parlant de qqch qui continue.) Encore. Il court toujours.
d4./d En tout état de cause, quoi qu'il en soit. Prenez toujours cet acompte. C'est toujours ça (de pris).
|| Loc. conj. (Exprimant une restriction, une opposition.) Toujours est-il que...: ce qu'il y a de sûr, en tout cas, c'est que...
⇒TOUJOURS, adv.
I. — [En empl. temp., marque une durée en soi illimitée (ou du moins indéf.) et sans discontinuité]
A. — [Marque l'idée de permanence; l'étendue de durée est déterminée par le temps gramm.]
1. [Effet de sens de continuité]
a) [Combiné avec un verbe au prés., à l'imp. ou au part. prés.] Il est toujours malade; il était toujours malade; étant toujours malade, il...
— [Au prés.] Ce n'est plus cette richesse d'un fonds toujours inépuisable et toujours prêt à se répandre, qui fait que l'artiste trouve toujours sous la main ce qu'il lui faut (DELACROIX, Journal, 1852, p. 455):
• 1. ... les hommes tombent, l'homme reste debout, enrichi de tout ce que ses devanciers lui ont transmis, couronné de toutes les lumières, orné de tous les présents des âges: Géant qui croît toujours, toujours, toujours et dont le trône, montant dans les cieux, ne s'arrêtera qu'à la hauteur du trône de l'Éternel.
CHATEAUBR., Ét. ou Disc. hist., t. 1, 1831, p. CLII.
— [À l'imp.] [La comtesse de Restaud] jouait si parfaitement la douleur, qu'elle obtint une sorte de célébrité (...). Mais elle avait toujours devant les yeux la misère qui l'attendait à la mort du comte (BALZAC, Gobseck, 1830, p. 426).
— [Au part. prés.] Froide, brave, calculatrice, méfiante, discutante, ayant toujours peur d'être électrisée par quelqu'un qui pourrait se moquer d'elle en secret (STENDHAL, Amour, 1822, p. 274).
b) [Combiné avec le fut., le cond. et qqf. les temps simples du subj. (je veux que tu sois toujours avec nous), marque la durée à partir d'une limite init.] On ne pouvait pas savoir s'il était vieux avant le temps, ou s'il avait ménagé sa jeunesse afin qu'elle lui servît toujours (BALZAC, Gobseck, 1830, p. 383). Tirant moi-même les déductions de ce que je venais d'avancer, je m'étais mis à anticiper le temps qui allait commencer le lendemain et qui durerait toujours (PROUST, Prisonn., 1922, p. 353).
c) [Avec les temps comp., marque la permanence du procès jusqu'à la limite finale (mais sans exclure la persistance au delà de cette limite)] Malgré ma mine tranquille, j'ai toujours préféré la folie des passions à la sagesse de l'indifférence (A. FRANCE, Bonnard, 1881, p. 419). Une capacité, en un mot, qui est comblée de nos jours par la morale, et qui l'a toujours été et le sera toujours par quelque chose d'analogue (RENAN, Avenir sc., 1890, p. 177).
d) [Avec le passé simple ou l'inf., la durée est inscrite entre une limite init. et une limite finale] Puis elle monta dans un wagon vide, et Morin la suivit toujours (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Morin, 1882, p. 845). Il déplut à la majorité, fut toujours de l'opposition (RENAN, Souv. enf., 1883, p. 203). Nous vivons un moment et nous ne gagnerions rien à vivre toujours (A. FRANCE, Mannequin, 1897, p. 12).
2. [Effet de sens d'itér.]
a) [Avec un verbe transformatif] Et toujours, et du même pas, avec le même geste, il allait au nord, il revenait au midi (ZOLA, Terre, 1887, p. 11). Et l'heure des repas nous surprenait toujours (BARRÈS, Jard. Bérén., 1891, p. 55). Elle s'agaçait qu'il arrivât toujours en retard (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 182).
b) Plus rarement. [Avec un verbe non transformatif] Le dandy est donc forcé d'étonner toujours. Sa vocation est dans la singularité, son perfectionnement dans la surenchère (CAMUS, Homme rév., 1951, p. 73).
3. En partic. [Dans des énoncés à valeur générique, avec ou sans effet itér.]
— [Avec le prés.] Quels effroyables tableaux ne présenteraient pas les âmes de ceux qui environnent les lits funèbres, si l'on pouvait en peindre les idées? Et toujours la fortune est le mobile des intrigues qui s'élaborent (BALZAC, Gobseck, 1830, p. 429). Ce qu'on dit de soi est toujours poésie (RENAN, Souv. enf., 1883, p. III).
— [Avec le passé simple] Et le mieux, Monsieur Letondu, fut toujours l'ennemi du bien (COURTELINE, Ronds-de-cuir, 1893, p. 171).
— [Avec le subj.] Voudrait-on que la vie fût toujours bonne aux méchants? (BLONDEL, Action, 1893, p. XIV). C'est cependant une loi de l'histoire que de l'excès du mal naisse toujours un grand bien (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 195).
4. [Introd. par les prép. pour, à, depuis, de ou par les conj. et, comme, ainsi que]
— Pour toujours. [Suggère la permanence de l'état résultant d'un procès] Synon. à jamais. Elle a existé vingt ans, pas plus, et elle a disparu pour toujours, pour toujours, pour toujours! (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Tombe, 1884, p. 968).
— À toujours. Synon. rare de pour toujours. L'Espagne est un satellite qui doit à toujours rester dans notre sphère, pour la régularité de ses mouvements et des nôtres (CHATEAUBR., Congrès Vérone, t. 1, 1838, p. 368). À toujours, si seulement vous savez lire, l'apparence militaire vainement se reformera (ALAIN, Propos, 1928, p. 796).
— Depuis toujours. [Suggère une permanence sans limite init. (d'où l'impossibilité d'employer cette combinaison avec le passé simple ou le fut.)] Ils vont de plaine en plaine, Depuis toujours, à travers temps (VERHAEREN, Camp. halluc., 1893, p. 18). Sa mère elle-même, la vieille Montaine, sa femme Sandrine ne l'appelaient que Raboliot; une sornette qui était sienne depuis toujours, depuis les premiers mois de sa vie (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 25). Ils me connaissent depuis trente ans, ils me connaissent depuis toujours comme vendeuse et comme commerçante (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 362).
♦ [Avec le part. passé, depuis toujours peut être remplacé par de toujours] Elles étaient terriblement froides, et simples, et connues de toujours (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 222).
— Comme toujours. [Suggère l'itér. d'un procès qui s'est produit immanquablement jusqu'au moment envisagé] Ce fut, comme toujours, Huret qui arriva en retard (ZOLA, Argent, 1891, p. 140). Mais aujourd'hui, comme hier, comme toujours, ce n'est qu'un rêve (BERNANOS, M. Ouine, 1943, p. 1355).
— Ainsi que toujours. Synon. rare de comme toujours. Il ne s'agit pas, ainsi que toujours, de traits sonores réguliers ou vers (MALLARMÉ, Coup dés, 1897, p. 455).
— De toujours, loc. adj. [Introd. une idée de permanence] Nous voilà hors du temps, dans ces lieux et ces moments dramatiques où l'on construit le bûcher d'Hercule, où le vautour s'élance sur Prométhée, où Vénus sort de la vague marine. Nous sommes au pays de toujours (BARRÈS, Mystère, 1923, p. 111). — D'où les connaissez-vous? lui demandai-je. — Ce sont des amies de toujours (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 269). Malgré tout, on entendait de temps en temps fuser une de ces réflexions de toujours, une de ces réflexions que nous ferons encore dans dix mille ans (DUHAMEL, Maîtres, 1937, p. 19).
♦ [En corrél. avec d'autres loc. adj.] Les yeux, les chers yeux, les grands yeux terribles de jadis, de toujours, d'au delà! (MILOSZ, Amour. init. 1910, p. 56).
♦ [Empl. comme attribut] Cela est de toujours, cela est de partout, puisque l'homme est faillible (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 494).
Rem. Pour nier l'idée de permanence, on fait précéder toujours de la nég. pas, plus rarement, p. arch., de point, voire de mie: Il est curieux de constater qu'il n'en fut pas toujours ainsi (MAETERL., Vie abeilles, 1901, p. 22). Notre indifférence au changement d'année n'a point toujours une cause aussi romanesque (MAURIAC, Journal 1, 1934, p.7). Mais je suis plus forte que toi et tu ne m'auras mie toujours! (CLAUDEL, J. d'Arc, 1939, 9, p. 1222). La conj. ni peut également nier l'idée de permanence exprimée par toujours: Et mon ami sait bien que le vert ne couronne La ramée toujours, mais ni toujours l'automne (MORÉAS, Sylves, 1896, p. 220). De même la nég. renforcée non pas: Tant de gestes pressés et hasardeux d'une vie toujours frénétique, mais non pas toujours sincère (GUÉHENNO, Journal « Révol. », 1937, p. 11). P. oppos. à parfois ou souvent: — Mais vous trouvez toujours? lui demandai-je. — Souvent, pas toujours (BOSCO, Mas Théot., 1945, p. 200).
5. [Toujours se combine]
— [Avec d'autres adv. de temps (d'abord, autrefois, maintenant, longtemps, jamais)] Ces naïves croyances ont elles-mêmes leur source dans le culte des morts, qui autrefois, maintenant et toujours, conserve le souvenir des meilleurs, et purifie leurs vertus (ALAIN, Propos, 1921, p. 312). Il parlait beaucoup d'abondance... toujours, et tout le temps (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 419).
— [Avec des adv. de manière (sans cesse, nécessairement)] Je compte toujours et sans cesse (ce qui est très fatigant parfois) (GIDE, Journal, 1943, p. 190). C'est toujours et nécessairement quelque formule ou affirmation détachée (VALÉRY, Variété V, 1944, p. 242).
— [Avec des mots ou des loc. exprimant la totalité dans un autre ordre que le temps (partout, surtout, de toutes parts)] Je t'ai, tu m'as... Mais où? Partout, toujours (LAFORGUE, Complaintes, 1885, p. 178). Je n'y puis rien, sinon me condamner pour n'avoir pas en tout et toujours été prophète (BRETON, Manif. Surréal., 1er Manif., Préf., 1929, p. 10). Parfois la mode, qui cherche toujours et de toutes parts de quoi nourrir son lendemain, rencontre quelques nouveautés (VALÉRY, Variété II, 1929, p. 50).
— [Il peut être combiné avec lui-même] Nous serions très jeunes, très purs et très nobles, toujours, toujours! (ZOLA, Rêve, 1888, p. 50).
— [Modifié par presque] J'ai toujours admiré avec une surprise nouvelle que les intentions secrètes et les idées que portent en eux deux adversaires [dans un procès] sont presque toujours réciproquement devinées (BALZAC, Gobseck, 1830, p. 428).
— [Coordonné à des expr. adversatives (malgré tout, quand même)] Des mots qui (...) renfermeraient aussi l'espérance obstinée, toujours et malgré tout, d'une réunion céleste sans fin (LOTI, Rom. enf., 1890, p. 23).
B. — [En combinaison avec un verbe au prés., à l'imp., au part. prés., rarement au fut. ou au cond., peut marquer l'idée de persistance]
1. [Avec un verbe non transformatif, sans idée d'itér.] J'ai réfléchi, murmura-t-il. Tu es la meilleure et la plus sage... Mais je t'aime toujours, je t'aime comme j'ai aimé maman (ZOLA, Joie de vivre, 1884, p. 1040). Elle était la femme d'un architecte qui vivait toujours (BARRÈS, Cahiers, t. 13, 1920, p. 13). Il s'en fut au placard chercher le porto et les verres, puis revint à moi, souriant toujours:— Nous arrosons ça. Tu verras, ça marchera bien (SAINT-EXUP., Terre hommes, 1939, p. 143).
2. [Avec effet itér., surtout si le verbe est transformatif] Voyons, et il sourit, — me trompez-vous toujours avec un faux moi-même? (HUYSMANS, Là-bas, t. 2, 1891, p. 88).
Rem. Pour marquer la persistance d'un procès nég., toujours est suivi de la nég. et non pas précédé par elle comme dans l'effet de permanence: Il soupirait: « Charlotte n'est toujours pas bien (...) » (BOURGET, Disciple, 1889, p. 171). Avec rien ou personne: Tirer sur qui? Puisqu'on ne voyait toujours personne, à l'horizon vide! (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 245).
3. [P. ell. du verbe, avec un adj., un part. passé, un pron. ou un autre adv.] Un antique mobilier habitait seul les pièces toujours fermées (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Réveillon, 1882, p. 49). Très humble, il n'eût pas voulu de cet honneur. C'est Vincent de Paul — toujours lui! — qui le décide à l'accepter (BREMOND, Hist. sent. relig., t. 3, 1921, p. 554):
• 2. Harriet était vraiment agréable à regarder: toujours jolie, toujours fraîche et vive, toujours bien coiffée, sans mèches folles, elle avait l'air d'une fleur blanche et rose. Elle s'habillait très simplement, mais elle était toujours nette.
MAUROIS, Ariel, 1923, p. 75.
4. [Dans une loc. subst.] La réaction émotive (...) établit le sujet dans le « toujours vibrant ». En le faisant vulnérable, elle le rend attentif (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 230). L'émotif est un « toujours ouvert » (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 230).
5. Empl. autonymique. Comm' l'amour Rime avec toujours, Comm' plus tard Rime avec trop tard (...) Toi, Tu rimes avec moi (J. DRÉJAC, Ma petite rime, 1954 ds P. SAKA, La Chans. fr. à travers ses succès, Paris, Larousse, 1988, p. 197).
II. — [Dans des empl. dits pragmatiques]
A. — [Marque la prise en charge d'une conclusion jugée acquise en tout état de cause, ne serait-ce que par le fait qu'elle engage fort peu]
Rem. La conclusion en cause ,,ne soulève pas elle-même d'objection sérieuse; elle ne coûte rien, ou bien, si elle consiste en une action, cette action ne comporte pas de risque important ou encore est réversible, annulable`` (Modèles ling. t. 7, 2 1985, p. 117). Dites toujours. Passons toujours prendre le café au salon (A. DAUDET, Tartarin Alpes, 1885, p. 225).— Faut pourtant que je l'achète, le petit café (...) — Achetez-le toujours. Si ce n'est pas moi... ce sera une autre (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 215). Je viens de lire une offre d'emploi qui m'intéresserait bien, mais ça n'a pas l'air sérieux. — Écris toujours! (Modèles ling. t. 8, 2 1986, p. 124).
— En partic. (notamment avec l'auxil. pouvoir). [Marque l'idée que ce qui est envisagé n'aura, en tout état de cause, aucune sorte d'effet; signifie l'indifférence ou le refus] Mme Renard l'interrompit: « Cause toujours; rira bien qui rira l'dernier » (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Trou, 1886, p. 576). Tu peux toujours courir.
B. — [Marque la prise en charge d'un argument, sans doute faible, mais considéré comme acquis et qui restera valable quoi qu'il arrive]
Rem. Dans ce sens, toujours ,,introduit dans un argument, indique pourquoi il faut prendre en considération cet argument, en mettant en œuvre le principe: « si faible que soit un argument, il reste un argument et il faut le suivre si on n'a pas d'argument plus fort en sens inverse »`` (Modèles ling. t. 7, 2 1985, p. 122). La valeur est proche de en tout cas, de toute façon, quoi qu'il en soit: Angélique donna son aumône. — Voilà toujours un pain. — Oh! du pain, reprit la mère (ZOLA, Rêve, 1888, p. 84). ,,On y sera toujours au chaud (dans un contexte comme: « Allons au bistro! », « Qu'est-ce que tu penses du bistro? »)`` (Modèles ling. t. 7, 2 1985, p. 105). Ça leur a toujours fait un quart d'heure de bon. Alors vous autres vous en profitez pour que ça vous fasse encore un quart d'heure de mauvais. C'est toujours ça de pris (PÉGUY, Myst. charité, 1910, p. 19).
C. — Toujours est-il que. [Sert à introduire un fait ou un jugement que l'on pose comme indéfiniment vérifié, en oppos. à d'autres faits ou jugements qui viennent d'être présentés]
— [Sous forme d'hyp.] Je crois que le brave capitaine s'est un peu perdu; à moins qu'il n'ait d'abord essayé d'un des bras du Chari, bientôt reconnu impraticable... toujours est-il que, de nouveau, nous devons mettre cap au nord (GIDE, Voy. Congo, 1927, p. 845).
— [Sous forme d'interr.]
♦ [dir.] De quelle nature, cette rencontre? Mystère. Toujours est-il que le jeune Œdipe entre à Thèbes en vainqueur et qu'il épouse la reine (COCTEAU, Machine infern., 1934, p. 26):
• 3. L'avait-elle dit seulement pour brouiller Jupien avec moi, peut-être pour qu'on ne prît pas la fille de Jupien pour la remplacer? Toujours est-il que je compris l'impossibilité de savoir d'une manière directe et certaine si Françoise m'aimait ou me détestait.
PROUST, Guermantes 1, 1920, p. 67.
♦ [indir.] Quelqu'un, hier, a ouvert la barrière de l'enclos de Mme Freger. Malveillance, incurie... on ne sait. Toujours est-il que les sept génissons qui paissaient dans l'enclos, sont sortis (GIDE, Journal, 1916, p. 583).
— [P. oppos. à une prop. prise en charge par l'interlocuteur et jugée sans conséquence sur ce que l'on affirme soi-même] — On ne va pas sortir, regarde cette pluie! — C'est comme tu voudras, toujours est-il que tu es bien sorti l'autre jour par une pluie battante (Modèles ling. t. 8, 2 1986, p. 123).
Rem. Dans l'usage dit « pragmatique », la nég. est toujours pas, comme dans le sens temp. de persistance: S'ils n'y sont pas, ils sont toujours pas loin (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 151). Faut toujours pas qu'il ay'e idée de v'nir à ç'monde (MARTIN DU G., Gonfle, 1928, I, 6, p. 1194). Prosper: Et il faut voir l'effet que ces choses-là font en province, quand on les raconte. L'Huissier: Qui est-ce qui les raconte? Ce n'est toujours pas les députés (A. CAPUS, Les Favorites ds DAM.-PICH. t. 7 1940, p. 190, § 2974).
Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694, 1718: tousjours, 1740: toûjours, dep. 1762: toujours. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 tuzjurz marque la permanence « sans cesse » (Roland, éd. J. Bédier, 1822); ca 1165 a toz jorz mais « à jamais » (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, éd. L. Constans, 3928), rare, supplanté par l'expr. pour toujours 1668 (LA FONTAINE, Fables, VIII, 1); 2. 1666 toujours explétif « en tout cas, de toute façon » (MOLIÈRE, Médecin malgré lui, III 1); 1681 toujours est-il que (BOSS., Hist. III, 3 ds LITTRÉ); 3. 1667 indique la persistance à un moment donné « encore maintenant » (RACINE, Andromaque, I, 1). Comp. du plur. de tout1 et de jour; a éliminé l'a. m. fr. sempre de même sens, lat. semper, 881 (EULALIE 10 ds HENRY Chrestomathie, p. 3), qui a très tôt évolué vers le sens « tout de suite » (cf. GDF.), encore en 1466 ds DU CANGE, et l'autre comp. tousdis « toujours » ca 1100 (Roland, 1254) qui survit encore en pic. (v. COTGR. 1611) et wall. (v. GDF.). Fréq. abs. littér.:77 994. Fréq. rel. littér.:XIXe s. a) 108 119, b) 112 131; XXe s.: a) 105 659, b) 115 819. Bbg. CADIOT (A.), DUCROT (O.) ... Sous un mot, une controverse: les empl. pragmatiques de toujours. Modèles Ling. 1985, t. 7, n° 2, pp. 105-124. — FRANCKEL (J.-J.). Aspects et énonciation. In: Ling., énonciation: aspects et détermination ... Paris, 1983, pp. 139-140; Toujours. Colloque. 1980. 10-11 mai. Besançon, 1981, n° 8, pp. 135-184. — NEF (F.). Sém. de la réf. temp. en fr. mod. Bern, 1986, pp. 220-237. — NGUYEN (T.). À propos des empl. pragmatiques de toujours. Modèles ling. 1986, t. 8, n° 2, pp. 123, 139; Toujours est-il. R. rom. 1986, t. 21, pp. 192-207; Toujours en position finale ... R. rom. 1988, t. 23, pp. 36-46. — POTT (H.). Der Ausdruck der Konzessivität im Frz. Bern, 1976, pp. 44-45. — QUEM. DDL t. 19, 38. — SPILLNER (B.). Semantische Determination ... Poetica. An international journal of linguistic-literary studies. 1976, n° 5, pp. 23-34. — SPITZER (L.). Toujours. Z. fr. Spr. Lit. 1912, t. 36, pp. 721-722. — TOGEBY (K.). Gramm. fr. Vol. 4: les mots inv. Copenhague, 1984, p. 220. — VET (C.). Temps, aspects et adv. Le temps en fr. contemporain ... Genève, 1980, p. 28, 114, 150, 158.
toujours [tuʒuʀ] adv. de temps
ÉTYM. 1080, Chanson de Roland, tuzjurs; comp. de tous (tout), et jour(s); a remplacé l'anc. franç. sempre, du lat. semper. → Sempiternel.
❖
1 (Marquant la permanence). Dans la totalité du laps de temps considéré, à quelque point du temps que l'on se place.
a (Au sens fort). En envisageant la totalité du temps. ⇒ Éternellement (cit. 6), perpétuellement (cf. Sans fin, sans terme). || L'Être éternel est (cit. 4) toujours. || L'infini (cit. 22), terme auquel le fini tend toujours. || Les nombres peuvent toujours être augmentés et diminués. ⇒ Infiniment (cit. 1). — (Placé avant le verbe). || Le temps qui toujours marche (→ Argent, cit. 4).
b En envisageant une durée limitée (par exemple, la vie : cf. À la vie, à la mort; le souvenir : → 1. Mémoire, cit. 39) ou un ensemble d'instants discontinus; pendant une durée; à chaque instant considéré, sans exception (→ Gronder, cit. 7; 1. peuple, cit. 11). ⇒ Constamment, continuellement, continûment. → Sans arrêt, sans cesse (cit. 4), sans interruption, à toute heure, tous les jours (valeur originelle de toujours), en permanence, en tout temps. || Parfois (cit. 4 et 5), souvent (cit. 1) et toujours. || Jamais opposé à toujours (→ Céder, cit. 15; distrait, cit. 21). || Longtemps ou toujours. || Toujours et partout (cit. 3). || Aujourd'hui, demain, toujours : tous les jours (→ Plume, cit. 19). || « Cela s'est toujours fait et toujours se fera (cit. 254) ».
♦ ☑ Les absents (cit. 8) ont toujours tort. || La raison du plus fort est toujours la meilleure (→ Montrer, cit. 13). || On a toujours raison, le Destin (cit. 4) toujours tort. || Le cœur est toujours jeune et peut toujours saigner (cit. 4). || Je fais toujours la guerre (cit. 32). || L'esprit humain est toujours en marche (→ Fixer, cit. 16). || Être toujours en mouvement (cit. 18). || La populace (cit. 3) est toujours la même. || Lieux que j'aimai toujours (→ Asile, cit. 21). || J'y pensais toujours (→ Obsession, cit. 2). || « Il neigeait (Neiger, cit.), il neigeait toujours ! ». || La mort lui fut nuit et jour toujours présente (→ Attentif, cit. 11). || C'était toujours comme ça avec elle (→ Nouer, cit. 13). — Quiconque a pensé (1. Penser, cit. 1) pensera toujours. || Il y aura toujours des captifs (cit. 4). || On s'épouse (cit. 21) de tout temps, on s'épousera toujours. || Soyez toujours la même et l'on vous aimera toujours (→ Changer, cit. 63). — On chérira toujours les erreurs de la Grèce (→ Païen, cit. 3). — Fam. et iron. || Cause toujours, parle toujours !
♦ (Marquant la coïncidence avec une circonstance). || Il grognait (cit. 5) toujours, quand… (cf. Chaque fois que…). — Par exagér. || Il est en retard, lui toujours ponctuel. ⇒ Coutume (de), généralement. || Il arrive toujours à cinq heures. ⇒ Invariablement.
1 Car vous aurez toujours des pauvres avec vous; mais vous ne m'aurez pas toujours.
Bible (Sacy), Évangile selon saint Matthieu, XXVI, 11.
2 Je te dis toujours la même chose, parce que c'est toujours la même chose (…)
Molière, Don Juan, II, 1.
3 (…) il est aussi ridicule de jurer à une femme qu'on l'aimera toujours que de soutenir qu'on se portera toujours bien, ou qu'on sera toujours heureux. Quand ils promettent à une femme qu'ils l'aimeront toujours, ils (les hommes) supposent qu'elle, de son côté, leur promet d'être toujours aimable; et si elle manque à sa parole, ils ne se croient plus engagés à la leur.
Montesquieu, Lettres persanes, LV.
4 Tu crois que tu m'aimeras toujours, enfant. Toujours ! quelle présomption dans une bouche humaine ! Tu as aimé déjà, n'est-ce pas ? comme moi; souviens-toi qu'autrefois aussi tu as dis : toujours.
Flaubert, Correspondance, 114, 8 août 1846.
REM. 1. Toujours se place habituellement après le verbe ou entre l'auxiliaire et le participe (il a toujours été…); il n'en était pas de même dans la langue classique. Les gens de bien sont enviés (cit. 1) toujours. 2. L'inversion du sujet après toujours se rencontre parfois dans la prose contemporaine (cf. H. de Régnier, Gide, in Le Bidois, Inversion du sujet, p. 138). Toujours est-il (→ ci-dessous).
5 Qui rit toujours, ou toujours pleure ?
6 Toujours je la connus pensive et sérieuse.
♦ (Se rapportant à un adjectif, un participe). || « Ainsi (cit. 11), toujours poussés vers de nouveaux rivages ». || « … un monde toujours beau, Toujours divers, toujours nouveau » (→ 2. Lieu, cit. 35). || Toujours attirés (cit. 47) et toujours trompés. || Vos jours toujours sereins coulent dans les plaisirs (→ Inépuisable, cit. 1). || La vie se déroule (cit. 11) toujours pareille… || Une vie toujours réprimée (cit. 8) et toujours misérable. || Toujours ponctuel (cit. 1 et 2). — (Entre l'article et l'adj. épithète). || La toujours placide (cit.) Ligeia. — Littér. (placé après l'adj.). || La tristesse, éloquente toujours, impérieuse toujours… (→ Résister, cit. 14).
♦ Toujours plus…, toujours moins (et adj.), marque une évolution qui ne s'arrête pas. ⇒ Plus (de plus en plus). → Assommer, cit. 17; fandango, cit. 2. || À un rythme (cit. 5) toujours plus rapide.
♦ Ellipt. || Pas un instant de répit, toujours à la chaîne ! (cit. 12). || Toujours petits (cit. 30) tableaux, petites idées… || Toujours la même histoire (→ Sot, cit. 1). — ☑ Allus. hist. De l'audace (cit. 8), encore de l'audace, toujours de l'audace.
♦ ☑ Comme toujours : de même que dans tous les autres cas, les autres occasions (→ Plisser, cit. 1). || Pensant à elle comme toujours (→ Fuite, cit. 4). || Le peuple fasciné (cit. 10), comme toujours… — Presque (cit. 3) toujours : très fréquemment, très souvent. ⇒ Habituellement, ordinairement.
♦ Ne pas… toujours : pendant une partie seulement d'une durée ou pendant certains instants et pas à d'autres (→ Aimer, cit. 10). || Un courage que je n'ai pas toujours eu (→ Oser, cit. 8). || On ne vivra pas toujours (→ Immortel, cit. 4).
♦ De toujours : qui est toujours le même. || Le public de toujours (→ Jeu, cit. 33). — Depuis toujours (→ De tout temps; et aussi gouverner, cit. 41; partie, cit. 11). — (Déb. XIXe). || Pour toujours. ⇒ Définitivement (cf. À jamais, à perpétuité, sans retour…; et → cadre, cit. 7). — (V. 1160). || À toujours (rare) : à jamais.
7 (…) ceux qui en boiront (du philtre) ensemble s'aimeront de tous leurs sens et de toute leur pensée, à toujours, dans la vie et dans la mort.
J. Bédier, Adaptation de Tristan et Iseult, IV.
8 (…) leur fuite peut-être pour toujours.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. V, p. 123.
♦ Subst. || Les jamais et les toujours (→ 1. Le, cit. 24).
9 Tout ce bonheur n'est plus. Qui l'aurait dit ? nous sommes
Comme des étrangers l'un pour l'autre; les hommes
Sont ainsi, — leur toujours ne passe pas six mois —.
Th. Gautier, Albertus, LVI.
2 (Indiquant la persistance d'un état jusqu'à un moment donné). Encore maintenant, encore au moment considéré. ⇒ Encore (1.). || Ils attendent toujours (→ 1. Patience, cit. 13). || Le pain est toujours rare (cit. 4). || Est-on (cit. 22) toujours fâchée ? — Il court toujours. — La marmite bouillait toujours (→ 3. Poste, cit. 1). || Des ouvriers sortaient toujours (→ Quinzaine, cit. 2). — « Je tremble d'être vieille et laide, quand Gaston sera toujours jeune et beau » (→ Frayeur, cit. 6). — Des sentiments toujours jeunes (cit. 13).
10 Je sentis que ma haine allait finir son cours,
Ou plutôt je sentis que je l'aimais toujours.
Racine, Andromaque, I, 1.
11 — Ils ne se verront plus. — Ils s'aimeront toujours.
Racine, Phèdre, IV, 6.
12 (…) j'ai vu, en passant, un homme qui lisait; il avait dans la main la main d'une jeune femme assise à côté de lui. J'ai repassé deux heures après. L'homme lisait toujours, et il avait toujours la main de la jeune femme dans la main.
Ed. et J. de Goncourt, Journal, 21 janv. 1866, t. III, p. 12.
REM. Dans cet emploi, pas se met après toujours. On ne démarrait toujours pas (→ Flot, cit. 18). « Albertine, toujours pas venue… » (Proust, in Damourette et Pichon). De même : toujours rien; toujours guère (M. Prévost, in Damourette et Pichon).
13 Et la nuit s'avançait. Il ne se couchait toujours pas (…)
A. de Chateaubriant, la Brière, I, I.
3 (1668). Emploi non temporel, dit de « constance logique » (Damourette et Pichon). REM. Ce sens provient d'emplois temporels où toujours marque la correspondance — temporelle, puis logique — entre deux choses. Ex. : « Quand on se fait entendre, on parle (1. Parler, cit. 13) toujours bien », ou, au sens 2, « Un père (cit. 3) en punissant, Madame, est toujours père ». — En tout cas, de toute façon, quelles que soient les circonstances. ⇒ Cependant, moins (II., 2. : du moins). || Il vient, il arrive toujours une heure (cit. 76), un moment où… || « Bon ! Cela fait toujours passer une heure ou deux » (→ Malheureux, cit. 16). || Je m'arrangerai (cit. 21) toujours. — ☑ Loc. C'est, c'était toujours ça de pris (cit. 24) sur l'ennemi. ☑ Fam. Il peut toujours courir, se fouiller… : quoi qu'il fasse, il n'aura rien. || C'est toujours pas toi qui l'auras. ☑ Cause toujours !
14 Voilà des gens qui ont la mine de me venir consulter. Allez toujours m'attendre auprès du logis de votre maîtresse.
Molière, le Médecin malgré lui, III, 1.
15 Il demanda à Tartarin s'il devait mettre pour se rendre à bord son manteau de première classe. « Mets-le toujours, ça les impressionnera ! » répondit le Gouverneur.
Alphonse Daudet, Port-Tarascon, II, V.
16 En phrase négative toujours, quand il est pris dans ce sens spécial, se met avant pas : « Tu ne vas toujours pas me dire que tu as dépensé tout ton argent ? » C'est sans doute par lapsus que Proust fait dire à Odette : « Ce n'est pas toujours ça qui me trahira », Swann, II, 91.
G. et R. Le Bidois, Syntaxe du franç. moderne, §1724.
REM. (1749, in D. D. L.). En phrase négative, toujours se met parfois à la fin (et prend alors la valeur d'une interjection).
17 — Où est-elle cette preuve ? — Pas dans ma poche, toujours !
Alphonse Daudet, Port-Tarascon, I, VII.
18 Il demanda, un peu anxieux : — Tu n'es pas allé chez moi, toujours ? — Penses-tu ! dit Sarcelotte.
M. Genevoix, Raboliot, III, V.
♦ ☑ Toujours est-il (que)…, « sert à introduire un fait ou un jugement que l'on pose comme certain, en vive opposition avec d'autres faits qui viennent d'être présentés sous le signe de l'hésitation, de l'incertitude ou de la probabilité » (R. Le Bidois, Inversion du sujet, p. 104, qui cite des exemples où cette locution s'oppose à des séries de questions, d'hypothèses, de suppositions [peut-être…], etc.). ⇒ Néanmoins, rester (reste que…). → 1. Pensée, cit. 29. — REM. Le verbe est généralement au présent. Cf. cependant Toujours était (cit. 29)-il que, fut-il que… (P. Benoit).
19 Mais je n'ai pas vu Leriche depuis quinze jours au moins.
Toujours est-il, monsieur, qu'il est ici (…)
H. Monnier, Scènes populaires, La grande dame, sc. 9, t. I, p. 224.
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Encyclopédie Universelle. 2012.