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GUIMBARDE
GUIMBARDE

GUIMBARDE

Nom féminin qui désigne un petit instrument de musique dans lequel le son est produit par la vibration d’une languette flexible dont l’extrémité libre est placée devant la bouche du joueur et l’autre fixée dans un cadre. En modifiant la forme et le volume du résonateur naturel que constitue sa cavité buccale, le musicien peut faire ressortir tel ou tel harmonique du son fondamental émis par l’instrument pour construire des mélodies.

À travers les nombreuses régions où il existe, cet instrument se présente sous une grande diversité de matériaux, de formes et de factures d’où découlent des modes de mise en vibration différents, à partir desquels ont pu être dégagés deux types organologiques principaux. Dans le premier, languette et cadre sont découpés dans une plaquette de bambou, d’os ou de laiton. La languette, plus courte que le cadre qui l’enserre, est ébranlée soit directement en en frappant la partie médiane, soit indirectement en tirant sur une cordelette attachée à l’extrémité opposée du cadre. L’autre type concerne les instruments en fer dans lesquels la languette constitue un élément distinct, fixé d’un côté dans la partie la plus large du cadre et dont le bout libre qui en dépasse est pincé par le doigt du joueur.

Les exemples du premier type, de loin les plus anciens et les plus nombreux, appartiennent aux domaines asiatique et océanien où l’on peut situer le ou les foyers d’origine de l’instrument. C’est en Mélanésie que se rencontrent les plus longues guimbardes en bambou (en Nouvelle-Guinée certaines mesurent jusqu’à quarante centimètres); la plus grande diversité de facture et de jeu règne aux Philippines et en Indonésie; dans la péninsule indochinoise, les montagnards découpent leurs délicats instruments, d’une dizaine de centimètres de longueur, dans de fines plaquettes de laiton, tandis que quelques populations sibériennes font les leurs dans de l’ivoire de morse. Dans plusieurs régions d’Asie les deux types coexistent; c’est le cas notamment des plateaux du Vietnam central, des zones tibéto-népalaises et, plus sporadiquement, de l’Inde où se situe la limite occidentale de la diffusion des instruments en bambou.

L’Europe ne connaît que la guimbarde en fer à languette pincée. Son usage est constant, bien qu’inégalement réparti, du centre à l’ouest et de la Scandinavie à la Calabre. Les plus anciens spécimens mis au jour en Europe se rapportent généralement à la période du haut Moyen Âge et, plus rarement, à l’époque gallo-romaine, comme en témoignent quelques guimbardes récemment découvertes dans l’Ouest de la France. Depuis lors, ce petit instrument de musique, d’origine et d’usage populaires, a connu des fortunes diverses. S’il est tombé en désuétude dans de nombreuses régions, en revanche il a bénéficié, depuis une vingtaine d’années, du renouveau d’intérêt pour la musique et les instruments de tradition populaire. Les deux principaux centres de fabrication artisanale des guimbardes métalliques existant depuis près de trois siècles se trouvent en Angleterre et en Autriche. S’y approvisionnaient non seulement le marché européen mais aussi celui de l’exportation. C’est ainsi que du XVIIe au XIXe siècle, de grosses quantités de guimbardes partirent, avec d’autres marchandises destinées à la traite, vers les Amériques, l’Afrique et Madagascar où l’instrument fut très inégalement adopté et reproduit par les populations locales. Quant aux pays de culture arabo-musulmane, il semble que la guimbarde y soit absente.

D’une manière générale, l’instrument en bambou ou en fer peut être joué en solo, en duo ou en ensemble, comme en témoignent les orchestres (gamelan) de genggong balinais en bambou. Hormis son rôle strictement musical, la guimbarde peut également assumer des fonctions rituelles. Ainsi, dans le Pacifique, son jeu est associé à des rites agraires; en Mongolie et en Sibérie, elle constitue l’un des instruments du chamane. Toutefois son usage le plus répandu demeure lié à la cour d’amour. Des marches occidentales de la Chine à l’Insulinde, tout comme en Sicile, les jeunes gens utilisent les sons discrets de la guimbarde pour transmettre leurs messages amoureux et donner la sérénade aux jeunes filles.

guimbarde [ gɛ̃bard ] n. f.
• 1622 « danse » puis « instrument de musique »; provenç. mod. guimbardo « danse », de guimba « sauter » guibolle
1Petit instrument de musique rudimentaire, fait de deux branches de fer que l'on maintient dans la bouche et d'une languette métallique que l'index fait vibrer.
Fam. Mauvaise guitare.
2Techn. Petit rabot de menuisier, d'ébéniste, pour aplanir le fond des creux.
3(1723) Vx Long chariot couvert à quatre roues.
Mod. Vieille automobile délabrée. tacot. « sa vieille guimbarde disloquée » (Zola).

guimbarde nom féminin (provençal guimbardo, danse, de guimbá, sauter, du gotique wimôn) Familier. Vieille voiture, souvent en mauvais état. Danse ancienne à deux temps (XVIIe-XVIIIe s.). Instrument de musique dont le son, amplifié par la bouche du joueur, provient de la vibration d'une languette flexible fixée dans un cadre. Petit rabot de menuisier, de graveur, pour aplanir le fond des entailles préalablement affouillées au ciseau.

guimbarde
n. f.
d1./d TECH Petit rabot de menuisier, d'ébéniste, de sculpteur, servant à égaliser le fond des creux.
d2./d Péjor., Fam. Vieille voiture.

⇒GUIMBARDE, subst. fém.
A. — 1. Vx. Grand chariot, longue voiture couverte à attelage, servant à transporter des marchandises, des voyageurs. La guimbarde, sorte de coffre jaune coiffé d'une casquette de cuir noir, arrivait, secouant son cul au trot saccadé d'une rosse blanche (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Aveu, 1884, p. 161). Des voitures de place, sortes d'effroyables guimbardes délabrées, couvertes de boue, tirées par des chevaux faméliques et pilotées par des brutes (P. ROUSSEAU, Hist. transp., 1961, p. 148).
2. Fam. Voiture généralement usagée et bruyante, sans élégance ni confort. Synon. tacot. Une antique guimbarde 1899 à moteur arrière (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 465). Neuf heures de chemin de fer dans de vieilles guimbardes de wagons qui s'arrêtent toutes les dix minutes, avec une secousse dont gémissent les freins (COLETTE, Belles saisons, Mes cahiers, 1941, p. 163). Sa passion, c'est d'aller tout le temps plein gaz (...) rien ne l'intéresse que de monter dans sa guimbarde et de faire de la vitesse sur les routes (GIONO, Gds chemins, 1951, p. 186).
B. — MUS. Petit instrument généralement métallique, de sonorité plus ou moins musicale, formé d'une lame recourbée en anneau dont on maintient les extrémités entre les lèvres et au centre de laquelle s'insère une lamelle que l'on fait vibrer avec l'index. Leurs instrumens de musique [des Papous] sont le tam-tam, (...) une guimbarde grossière faite avec une lame de bambou (DUMONT D'URVILLE, Voy. autour du monde, t. 4, 1832-34, p. 611). J'aurais, la première, tiré un sifflet, un mirliton, une guimbarde de ma poche (SAND, Corresp., 1837, p. 48). Des instruments comme la guimbarde et comme l'arc musical que leur discrétion sonore laisserait muets (SCHAEFFNER, Orig. instrum. mus., 1936, p. 136).
P. ext. (Mauvaise) guitare, instrument de musique rudimentaire, médiocre. Cet instrument n'a qu'une corde (...). Ils appellent cela une guzla (...) la plus lointaine vibration de cette guimbarde nationale m'arrachait des sanglots plaintifs (FEUILLET, Scènes et com., 1854, p. 121). Une guimbarde de piano et un violon chlorotique (ARNOUX, Écoute, 1923, p. 57).
P. métaph. Tu es né (...) pour jouer de la harpe et tu n'as point de plus grande joie que de pincer de la guimbarde; né pour parler comme un prophète et tu t'es amusé dans l'Immoraliste, à parler comme une marionnette (JAMMES, Corresp. [avec Gide], 1902, p. 198) :
Si la sensibilité est une sorte de guitare que nous avons en nous-mêmes et que les objets extérieurs font vibrer, on a tant raclé sur cette pauvre mienne guimbarde que quantité de cordes en sont cassées depuis longtemps...
FLAUB., Corresp., 1853, p. 419.
C. — Outil de menuisier, de sculpteur, servant à aplanir le fond des entailles. Ces vides (...) s'entaillent au couteau, se creusent avec un bouvet, et se finissent au ciseau ou bien à la guimbarde (NOSBAN, Manuel menuisier, t. 2, 1857, p. 146).
D. — Au fig., fam., péj., vx. Personne ridicule, de peu de valeur. Molière, une pauvre guimbarde, Corneille, un fantôme de barde, Le père Hugo, un vieux coco (PONCHON, Muse cabaret, 1920, p. 293).
En partic. Femme grotesque, incapable, digne de mépris. Une femme devait savoir se retourner. Mais la sienne avait toujours été une guimbarde, un tas. Ce serait sa faute, s'ils crevaient sur la paille (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 763). L'égout immonde et nauséabond que Mme Deshoulières, une vieille guimbarde de l'époque de Louis XIV, nommait les bords fleuris de la Seine (DESAYMARD, Chabrier, 1934, p. 326).
REM. 1. Guimbarder, verbe trans. Transporter (comme) dans une guimbarde, véhiculer de manière inconfortable. En deuxième classe, on était cahoté, guimbardé (...) il fallait crier dans l'oreille de son voisin pour se faire entendre par-dessus le vacarme de ferraille et les gémissements des wagons éreintés (AYMÉ, Jument, 1933, p. 121). 2. Guimbardiste, subst. Joueur de guimbarde. Des centaines de violonistes et d'exécutants de toutes sortes (...) harpistes, guitaristes, guimbardistes, mirlitonistes (VEUILLOT, Odeurs de Paris, 1866, p. 154).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. 1798-1932. Étymol. et Hist. 1. a) 1622 mode à la guimbarde (Grands jours tenus à Paris par M. Huet ds Variétés historiques et littéraires, éd. E. Fournier, t. 1, p. 217); 1671 « femme méprisable » (Mme DE SÉV., Lettre n° 179, éd. M. Monmerqué, t. 2, p. 259); 1752 « nom de la reine de cœur » et « jeu de cartes où la reine de cœur porte ce nom » (Trév.); b) 1625 guimbarde « danse » (Muse Normande, I, 17 d'apr. HÉRON); 2. 1723 guimbardes « longs chariots pour marchandises » (SAVARY); 1828-29 « lourde voiture » (VIDOCQ, Mém., t. 4, p. 318); 3. 1739 « instrument de musique à vent » (CARBASSUS, Let. sur la mode des instruments, 36 in WRIGHT ds QUEM. DDL t. 13); 1853 « mauvaise guitare » (FLAUB., Corresp., p. 419); 4. 1771 « outil de menuisier » (Trév.). Empr. au prov. mod. guimbardo « instrument; outil; barque (en mauvaise part) » attesté dès le XVIIe s. au sens de « danse » à Toulouse (1617, GOUDELIN, cf. SAIN. Autour Sources, p. 60 et MISTRAL), prob. dér. de guimba « sauter » (XVIIe s., GOUDELIN ds MISTRAL), correspondant à l'a. prov. guimar « bondir » (1150-73 fig., RAIMBAUD D'ORANGE ds RAYN.), dont il est une forme hypercorrecte toulousaine (on y a vu une forme gasc., le gascon étant caractérisé par le passage de -mb- à -m-). Le prov. guimar représente un got. wîmon (correspondant à l'a. sax. up-wimon « s'élever », a. h. all. wemôn « flotter, ondoyer ») cf. FEW t. 17, p. 586. Dès 1620 le nom s'applique à une héroïne de roman (cf. BARB. Misc. t. 4, n° 13, p. 41); de là la désignation de cartes à jouer et de certaines modes vestimentaires, puis de la danse. 2 issu de 1 b parce que les cahots donnent l'impression que la voiture danse; 3 et 4 issu de 3 p. anal. de forme avec les ridelles des voitures. Fréq. abs. littér. : 53. Bbg. CHAUTARD (É.). La Vie étrange de l'arg. Paris, 1931, p. 316. - SAIN. Sources t. 1 1972 [1925], p. 166, 311, 335.

guimbarde [gɛ̃baʀd] n. f.
ÉTYM. 1625, « danse »; à la guimbarde, 1622, t. de mode; provençal mod. guimbardo « danse », p.-ê. de guimba « sauter » (→ Guibolle, regimber). Soulignant le caractère péjoratif des t. provençaux apparentés (« boiteux »), P. Guiraud suggère un composé par juxtaposition de rad. syn. (« sauter, glisser en travers »).
1 (1739). Petit instrument de musique rudimentaire, fait de deux branches de fer que l'on maintient dans la bouche et d'une languette métallique que l'index fait vibrer.
0.1 Il n'est si mince râcleur (sic) de guitare, si lourd marteleur d'ivoire (…) qui ne prétende arriver à l'aisance et à la renommée en donnant des concerts. Un homme a donné à Paris un concert sur la guimbarde…
H. Berlioz, les Soirées de l'orchestre, 2, p. 46.
1 Un gars que la pelade avait rendu chauve comme César, serrait entre ses dents une guimbarde qu'il tenait de la main gauche, tandis que de la droite il faisait vibrer son instrument pour accompagner le cantique.
Apollinaire, l'Hérésiarque…, p. 154.
Péj. Instrument de musique rudimentaire, de mauvaise qualité, et, spécialt, mauvaise guitare (cit. 7).
1.1 De l'antique guimbarde qui a nom piano dans ce mauvais lieu, elles (ses mains) tirent des sons inouïs, angéliques, et l'on croirait que les baguettes de feutre et les cordes assoupies se sont plongées aussi dans la fontaine de jeunesse.
André Hardellet, Lourdes, lentes…, p. 111.
2 (1771). Techn. Petit rabot de menuisier, d'ébéniste, pour aplanir le fond des creux.
3 a (1723). Vx. Long chariot couvert à quatre roues.
b (1862). Mod. Mauvaise voiture, vieille automobile délabrée. Tacot. || Une guimbarde cahotante (cit. 1). || Une affreuse guimbarde (→ Patache, cit. 3). || Il a vendu sa vieille guimbarde. || De vieilles guimbardes de wagons (→ Gémir, cit. 12).
2 C'était une affreuse guimbarde, cela était posé à cru sur l'essieu; — il est vrai que les banquettes étaient disposées à l'intérieur avec des lanières de cuir; — (…) les roues étaient rouillées et rongées d'humidité (…)
Hugo, les Misérables, I, VII, V.
3 (…) le vétérinaire, qui montait dans sa vieille guimbarde disloquée (…)
Zola, la Terre, I, III.
4 En d'autres mains que celles de son vieux chauffeur, cet engin, qui était franche et détestable guimbarde, eût donné à rire. Mais ce poussif et démodé teuf-teuf (…) prouvait au contraire que la possession des plus récentes mécaniques est le fait des marchands de cochons enrichis (…)
G. Chevallier, Clochemerle, p. 226.
4 (1671). Vx. Femme méprisable (encore cour. au XIXe : Zola, l'Assommoir).
DÉR. Guimbardier.

Encyclopédie Universelle. 2012.