HOMÉOPATHIE
Les origines de l’homéopathie remontent à la tradition hippocratique. Pour Hippocrate, la maladie est un mouvement physiologique de tout l’organisme, dépendant des réactions particulières et individuelles qu’il oppose aux influences du milieu naturel et des phénomènes cosmiques. Dans ces conditions, la thérapeutique peut mettre en œuvre trois méthodes: l’expectative fait intervenir la natura medicatrix , l’opposition utilise la loi des contraires, l’aide se fonde sur la loi des semblables. À chaque malade convient une thérapeutique individuellement appropriée.
Lorsque Paracelse (1493-1541) fera renaître les idées d’Hippocrate, longtemps éclipsées par celles de Galien, il mettra en valeur l’individualisation du malade, l’individualisation du remède et la loi de similitude, ce qui en fait le précurseur de l’homéopathie, dont Samuel Hahnemann devait être deux cent cinquante ans plus tard le fondateur.
Hahnemann, comme Paracelse, était en avance sur son temps. Pour bien le comprendre, il faut se reporter en esprit à la fin du XVIIIe siècle, se rappeler la thérapeutique d’alors, quasi impuissante, sans méthode, sans discipline, quand la médecine, pour tout dire, était plus une affaire de croyance et de préjugé que de savoir et de jugement.
Laennec eut la gloire de découvrir le lien entre les constatations anatomopathologiques et les signes physiopathologiques présentés par le malade. Hahnemann, vers la même époque, établissait un lien analogue entre ces mêmes signes physiopathologiques présentés par le malade et les caractéristiques de «physiologie humaine expérimentale» développées, chez le sujet sain, par les substances médicamenteuses. Découvertes simultanées, qui se complètent admirablement, l’une organisant les symptômes pour définir les maladies, l’autre organisant les symptômes pour définir les variétés individuelles des maladies et trouver les remèdes individuels correspondants.
1. Samuel Hahnemann
Né en 1755 à Meissen, en Saxe, contemporain de Lavoisier, de Jenner, de Bichat, de Laennec, de Beethoven, de Goethe, Hahnemann a vingt ans lorsqu’il arrive à Leipzig avec vingt thalers en poche, dans l’intention d’apprendre la médecine. Mais il faut vivre, et il entreprend, la nuit, la traduction d’ouvrages français et anglais. Il soutient sa thèse de doctorat: Considérations étiologiques et thérapeutiques sur les affections spasmodiques , en 1779, à Erlangen. Il exerce d’abord à Hettstedt, puis à Dessau, mais il est de plus en plus convaincu de l’inanité de ses traitements, souvent de leur nocivité, ce qui le décide, subitement, à ne plus exercer la médecine telle qu’on la lui a enseignée. Pour assurer la vie quotidienne de tous les siens, il retourne à ses occupations de traducteur des Anciens: Hippocrate, les Arabes, Paracelse et, plus près de lui, Van Helmont, Stahl, Haller.
En Europe, les encyclopédistes ont abandonné définitivement, dans leurs recherches scientifiques, les méthodes relevant de la théologie et de la scolastique. Ils s’attachent à l’observation des phénomènes naturels, à l’examen objectif des faits, à leur interprétation prudente et rationnelle, sous réserve de confirmation expérimentale. À cette révolution, Hahnemann apportera l’épisode thérapeutique.
En 1790, à Stoetteritz, traduisant La Matière médicale du médecin écossais William Cullen, il est frappé par la description des propriétés du quinquina et par l’incohérence des explications qu’on en donne. Il décide d’en expérimenter l’action sur lui-même et, bientôt, ressent les symptômes d’un état fébrile intermittent, identique aux fièvres qui, précisément, sont guéries par la quinine. Il écrit, en marge de son exemplaire: «Les substances qui provoquent une sorte de fièvre coupent les diverses variétés de fièvre intermittente.» Il renouvelle l’expérience sur lui-même, autour de lui, et l’étend au mercure, à la belladone, à la digitale. Constatant toujours une réponse concordante, il vérifie l’antique loi de la similitude. En 1796, il crée l’homéopathie. En 1810, il publie l’Exposé de la doctrine homéopathique: Organon de l’art de guérir . Puis, de 1811 à 1821, c’est la publication de la Matière médicale pure , suivie, en 1828, du Traité des maladies chroniques . Il se voue à l’étude des réactions naturelles, de l’homme sain et de l’homme malade, par l’expérimentation systématique sur l’homme sain. L’étude des remèdes lui fait découvrir le pouvoir des remèdes dilués. Il fonde, selon la tradition hippocratique, l’homéopathie sur la loi de similitude, l’individualisation du malade, l’individualisation du remède.
La loi de similitude en est la base: toute substance susceptible de déterminer chez l’homme sain certaines manifestations peut, chez l’homme malade, faire disparaître des manifestations semblables.
La connaissance exacte de l’analogie entre maladie et remède implique forcément l’étude minutieuse, d’une part des caractéristiques de la maladie, c’est-à-dire de tous les symptômes que présente l’individu malade, d’autre part des caractéristiques du remède, c’est-à-dire des symptômes que présente l’individu sain soumis à son action. D’où la nécessité d’individualiser successivement le malade et le remède, au prix d’un interrogatoire, d’une observation et d’un examen clinique méthodique et minutieux.
L’individualisation du malade exprime la synthèse clinique: les symptômes traduisent la réaction individuelle du malade. «C’est la totalité des symptômes qui caractérisent le cas présent.» Il faut donc diagnostiquer non seulement la maladie, mais la forme qu’elle peut revêtir chez le malade considéré. Tous les symptômes ont de l’importance; mais il faut aussi évaluer l’importance propre de chacun et sa signification particulière, notamment sa place dans le déroulement de la maladie, y compris les antécédents immédiats et lointains. Tous les signes psychiques, même les plus insolites, doivent être retenus par le médecin attentif à écouter le malade. Les symptômes sont ensuite confrontés avec ceux de l’expérimentation pour individualiser le remède utile, car chaque forme clinique correspond en même temps à une forme thérapeutique.
L’expérimentation sur l’homme sain, innovation extraordinaire pour l’époque, poursuivie par Hahnemann et ses élèves, forme la Matière médicale homéopathique , autrement dit le recueil des protocoles d’expérimentation, sur l’homme sain, des remèdes étudiés, encore appelés pathogénésies.
Enfin, remarquable et dernière découverte, ces remèdes seront employés, le plus souvent, dilués, car Hahnemann a bien montré l’immense avantage qu’on peut avoir à employer des dilutions de substances médicamenteuses et particulièrement les alcoolatures.
Ayant établi les éléments de sa thérapeutique, Hahnemann envisage la clinique médicale sous un angle original pour l’époque, quoique inspiré d’Hippocrate. Les maladies sont sporadiques, épidémiques ou chroniques. Elles sont variables dans leurs aspects, avec les conditions de temps, de lieu, avec les circonstances météorologiques, avec la constitution, le tempérament, les forces du sujet, ce qu’on appelle aujourd’hui le terrain. Toutes traduisent une révolte de l’organisme assailli.
Prévoyant, comme le voulait Hippocrate, l’évolution des maladies, Hahnemann recommande de ne pas s’arrêter au diagnostic de maladie d’un organe, de ne pas s’occuper uniquement de la maladie et de ses lésions. Il faut que tous les «épisodes d’un état morbide» soient appréciés par le médecin dans leur déroulement, dans leur transformation, dans leurs alternances, soit pour les prévenir, soit pour inverser si possible le cours de leur succession. Il envisage ainsi l’état prétuberculeux et l’état précancéreux de telle façon que, là encore, il est le précurseur de tous ceux qui ont écrit sur ce sujet depuis un siècle. La thérapeutique est une thérapeutique symptomatique certes, mais justifiée, dans le sens où elle s’adresse à l’ensemble des symptômes.
2. La tradition hahnemannienne
Samuel Hahnemann avait défini l’individualisation du malade en constatant surtout la différence des tempéraments qui était à l’origine de la diversité des réactions. De nos jours, l’homéopathie considère plusieurs grands groupes de constitutions différentes dont les éléments congénitaux et héréditaires se trouvent nuancés par les variations tempéramentales inhérentes, d’une part, à des causes exogènes (climat, milieu social, milieu familial, milieu professionnel, condition sanitaire), d’autre part, à des causes endogènes (équilibre neuroendocrinien et neurovégétatif).
On comprend dès lors quelle variété de réactions à une cause en apparence unique on peut enregistrer. C’est pourquoi il est utile de connaître, pour chaque individu considéré, son état normal, qui donne de précieux renseignements sur la situation pathologique et son évolution.
L’individualisation du sujet consiste donc à définir sa constitution, à reconnaître ses réactions tempéramentales et à observer ses réactions pathologiques. Interroger et savoir écouter longuement le malade complètent l’ensemble de ces notations. Tous les symptômes constituent une sorte de tableau, physionomie morbide d’un individu donné que le médecin homéopathe doit établir, car c’est cette physionomie morbide qu’il doit confronter avec une des physionomies médicamenteuses de la «matière médicale».
L’individualisation du remède signifie qu’un remède homéopathique est caractérisé par des groupes de symptômes (provoqués chez l’homme sain) qui, ordonnés cliniquement, constituent la description réelle d’un état clinique pathologique correspondant. Le principe et la pratique consistent donc à rapprocher l’aspect du remède (ou physionomie médicamenteuse) de l’aspect du malade (ou physionomie pathologique), pour choisir le plus exactement possible le remède adapté à un malade déterminé, par une véritable «mise au point» clinique et thérapeutique simultanée.
Dans certains cas, la description des symptômes provoqués par le remède coïncide point pour point avec l’observation que l’on a pu prendre du sujet. Hahnemann appelait alors ce remède le simillimum .
D’où l’importance de l’étude des substances médicamenteuses, non pas seulement du point de vue toxicologique ou pharmacologique, mais encore en ce qui concerne les moindres réactions fonctionnelles provoquées sur l’homme sain par ces mêmes substances: ce sont les pathogénésies.
Le recueil de ces pathogénésies constitue la Matière médicale homéopathique , dont la connaissance approfondie est, on le comprend facilement, la première condition nécessaire de l’exercice valable de l’homéopathie.
Depuis de nombreuses années, on s’est efforcé d’établir des matières médicales plus cliniques. D’une part, une certaine valorisation des symptômes permet d’établir des caractéristiques (véritables signes pathognomoniques) pour chaque remède et parfois un véritable «symptôme clé» (key-note ). D’autre part, une présentation clinique de la matière médicale, l’observation expérimentale étant étudiée cliniquement comme s’il s’agissait d’un malade, présente le double avantage de faciliter l’étude immédiate du remède et de superposer plus facilement la description des symptômes médicamenteux et des symptômes pathologiques.
L’infinitésimal, comme on le sait, n’était pas à l’origine même de la doctrine hahnemannienne, et le principe fondamental de l’homéopathie repose sur la loi de similitude. Néanmoins, l’expérience de Hahnemann lui montra – et tous ses disciples à des degrés divers le vérifièrent – que certaines substances, utilisées suivant le principe de similitude, agissent mieux lorsqu’elles sont administrées en petite quantité ou à dose extrêmement faible, voire à dose infinitésimale: ce qui permet d’éviter l’action primitive du remède, dite d’aggravation. Les préparations homéopathiques font partie intégrante du Codex officiel français.
C’est donc l’étude des rapports entre l’individu sain, l’individu malade et les remèdes qui conduit à la thérapeutique appropriée.
Mais celle-ci ne saurait être l’application systématique de l’homéopathie. L’évolution générale de la médecine et de la thérapeutique fait que l’homéopathie a son champ d’action et ses limites, et que le problème thérapeutique n’est pas seulement résolu par le choix du simillimum , mais aussi et d’abord par le choix du mode d’action: thérapeutique classique ou thérapeutique homéopathique, à déterminer suivant l’opportunité (non pas l’opportunisme) et suivant les indications que donnent l’observation et l’examen du malade.
Il faut insister sur le danger pour le malade de suivre une thérapeutique de système. «En médecine contemporaine, il n’y a plus opposition entre similia similibus curantur et contraria contrariis curantur , il n’est qu’une médecine, qui doit prendre ses méthodes où elles existent. Affaire au médecin de sagement discriminer l’emploi des méthodes» (N. Fiessinger).
C’est bien ainsi que la thérapeutique comparée est un des liens qui rapprochent deux méthodes, non plus contradictoires mais désormais complémentaires, au service du malade.
3. L’homéopathie moderne
L’avenir de l’homéopathie dépend d’une étude critique permanente de la méthode dans ses rapports avec les autres méthodes cliniques et thérapeutiques.
Renouveau clinique
L’étude de l’homme sain, c’est-à-dire des formes cliniques de l’homme sain, doit rester ouverte à tous les développements des sciences biotypologique et anthropologique, pour maintenir la position de l’homéopathie dans la médecine psychosomatique et lui permettre de se développer sur le plan de la clinique et de la thérapeutique individuelles, où elle a précédé depuis longtemps tous les autres travaux sur la médecine de l’individu et de la personne.
Du fait même des progrès de la chimiothérapie et de l’antibiothérapie, la pathologie dans son ensemble devient beaucoup plus une pathologie de malaises, de troubles, de déséquilibres, qu’une pathologie de maladie bien définie, tout au moins jusqu’à ce que la persistance et la somme de troubles fonctionnels multiples aboutissent à une maladie aiguë ou chronique caractérisée.
Dans cette perspective, l’homéopathie s’applique aux modifications individuelles de l’état de santé soumis à toutes les agressions quotidiennes, d’origine externe (familiales, professionnelles, sociales) et d’origine interne (surmenage, intoxication, fautes d’hygiène physique ou psychique). Elle seule peut, dans bien des cas, s’adapter exactement à l’ensemble morbide pour lequel aucun diagnostic précis ne peut être établi et pour lequel aucune thérapeutique rationnelle et non offensante ne peut être déterminée, assurant ainsi une prescription véritablement individuelle.
Les circonstances doivent être étudiées d’une façon systématique et persévérante, non seulement à la lumière des notions homéopathiques et de l’expérience de chacun, mais encore à celle des enseignements de I. P. Pavlov et de son école, de Selye, de J. P. Reilly et de leurs élèves, pour bien apprécier la valeur des réactions individuelles, autrement dit les possibilités d’adaptation de l’individu qui conduisent au choix thérapeutique: soit thérapeutique réacto-lytique ou réacto-mimétique, soit thérapeutique de soutien.
Ces notions, dont l’importance primordiale est à la mesure de l’homme et de son avenir, paraîtront banales un jour, car la personnalité physique et psychique de chacun est le résultat de son adaptation singulière à l’univers.
L’étude clinique méthodique permet seule de comprendre la valeur typique de l’individu sous le double aspect de la constitution fondamentale et du tempérament variable du sujet. C’est pourquoi, à l’action sanitaire, préventive et thérapeutique à venir, l’homéopathie doit apporter une contribution de plus en plus importante.
Renouveau de la recherche
Dès son origine, donc, l’homéopathie s’est placée sous le signe de l’expérimentation en prônant l’expérimentation clinique (pathogénétique et thérapeutique). Depuis quelques années, elle est venue à l’expérimentation pharmacologique.
Ainsi, à une époque où la thérapeutique était purement empirique et ne reposait sur aucune méthode rigoureuse de prescription et de contrôle, Samuel Hahnemann avait entrepris, sur l’homme sain d’abord, sur l’homme malade ensuite, une étude systématique de l’activité des principales substances médicamenteuses connues et utilisées de son temps, ce qui lui permit d’élaborer des règles de prescription et de posologie extrêmement précises et d’établir une méthode thérapeutique cohérente et rationnelle. Il ouvrait ainsi, sur le plan clinique, une voie à la pharmacologie, qui ne s’établit en science réellement organisée qu’au milieu du XIXe siècle.
Mais ses successeurs eurent le tort de limiter leurs travaux à l’étude de l’action des médicaments sur l’homme alors que la pharmacologie classique connaissait un essor considérable grâce aux innombrables travaux de laboratoire entrepris sur l’animal.
Depuis quelques années, sous l’impulsion conjointe de certains médecins homéopathes et des laboratoires homéopathiques fabricants de médicaments, des travaux systématiques ont été entrepris dans divers laboratoires de facultés de médecine, de pharmacie ou de sciences, selon les critères habituellement retenus pour l’expérimentation pharmacologique.
Malgré des difficultés techniques très grandes, aussi bien au niveau de l’établissement des protocoles expérimentaux qu’au niveau des méthodes de mesure, les laboratoires homéopathiques obtiennent des résultats qui sont loin d’être en contradiction avec bien des faits d’observation courante dans les laboratoires de biologie fondamentale ou de pharmacologie. Au contraire, ils apportent des éléments nouveaux dans un domaine jusque-là fort peu exploré. Une collaboration étroite s’amorce actuellement entre les organismes de recherche homéopathique et les organismes de recherche officiels. La recherche homéopathique s’inscrit dans le cadre général de la recherche contemporaine, même si elle s’en distingue quelque peu par son intérêt préférentiel pour l’étude exclusive et systématique des concentrations extrêmement faibles de substances actives.
Mise en évidence des effets pharmacodynamiques des «dilutions infinitésimales»
Cette étude systématique des hautes dilutions, couramment appelées «dilutions infinitésimales», doit tenir compte, pour être menée à bien, de deux conditions qui imposent un certain nombre de contraintes expérimentales:
1. Les dilutions infinitésimales sont utilisées en quantité si faible qu’elles ne sont plus mesurables par les techniques analytiques physiques ou chimiques actuellement en usage, malgré l’évolution constante des techniques et l’amélioration progressive des appareils de mesure. Leur activité ne peut être mise en évidence qu’indirectement, en utilisant la réaction amplificatrice d’un système biologique bien adapté.
2. Les dilutions infinitésimales, apparemment inactives sur l’homme sain ou l’animal sain, agissent en revanche sur l’homme ou l’animal (ou l’organe isolé, ou la cellule en culture) modifié dans son comportement physiologique par une maladie ou une intoxication expérimentale. Elles apparaissent comme ayant une action régulatrice à l’intérieur de certaines limites, variables en fonction de l’intensité et de la nature de l’agression, mais aussi en fonction de la réactivité de l’animal, de l’organe ou de la culture cellulaire étudiés.
À titre d’exemple, on peut résumer un travail récent: Étude de l’activité de dilutions successives d’aconitine sur le cœur isolé et perfusé d’anguille et sur le cœur isolé, perfusé de rat (faculté des sciences et des techniques, Brest).
L’aconitine est un alcaloïde bien connu des toxicologues et des cardiologues pour sa capacité de déclencher des perturbations importantes du rythme cardiaque, en agissant au niveau membranaire sur la structure et le fonctionnement du canal sodique rapide. Lors de l’expérimentation, on étudia sur le cœur isolé, perfusé, l’activité de dilutions décroissantes d’aconitine et on put déterminer plusieurs plages d’activité:
– Pour des concentrations 10-5 M (10-5 moles), on observe une augmentation de la fréquence cardiaque, une fibrillation auriculaire, puis des foyers de dépolarisation ventriculaire. Ces modifications sont difficilement et incomplètement réversibles après arrêt de l’intoxication et retour en Ringer normal;
– Pour des concentrations comprises entre 10-5 M et 10-8 M, on observe une diminution de la fréquence cardiaque. Cet effet est rapidement et totalement réversible après retour en Ringer normal;
– Pour des concentrations inférieures à 10-8 M, on n’observe aucune activité sur le cœur sain.
L’activité de l’aconitine est donc différente selon les concentrations: fibrillation et arrêt cardiaque pour les concentrations supérieures à 10-5 M, tachycardie pour les concentrations 10-5 M , bradycardie pour les concentrations 10-6 M, 10-7 M, inactivité pour les concentrations inférieures.
Pour étudier l’activité des hautes dilutions supérieures à 10-10 M, il devenait nécessaire d’utiliser un artifice expérimental. Ces dilutions furent étudiées sur un cœur préalablement intoxiqué par l’aconitine. Le résultat observé fut intéressant. Les hautes dilutions, préparées selon la technique hahnemannienne, induisaient très rapidement le retour à un rythme normal du cœur préalablement intoxiqué et arythmique, alors qu’elles étaient totalement inactives sur le cœur sain.
Ainsi, au cours d’une expérimentation de pharmacologie effectuée de façon parfaitement classique sur un modèle couramment utilisé, il a été possible de mettre en évidence, au-delà d’une zone d’inactivité, de nouvelles propriétés qui pourront peut-être déboucher dans l’avenir sur des applications thérapeutiques.
Nouvelle dimension de la pharmacologie
Un domaine nouveau s’ouvre à l’investigation pharmacologique: pharmacologie de l’infinitésimal, avec ses règles, ses méthodes, ses techniques, son champ d’application et ses limites.
L’action des substances médicamenteuses n’est en effet connue, étudiée et utilisée qu’à l’intérieur d’une certaine fourchette quantitative, limitée en haut par la toxicité du produit, en bas par sa non-activité. Mais cette non-activité n’est telle que parce qu’elle n’entre pas dans le champ d’investigation de la pharmacologie classique et qu’elle échappe aux méthodes de mesure et aux modèles opératoires habituellement utilisés.
En modifiant ces méthodes, en mettant en œuvre un certain nombre de tests particulièrement sensibles, en utilisant le modèle opératoire proposé et élaboré par les chercheurs homéopathes en complément du modèle classique, on pourrait voir apparaître, pour beaucoup de substances connues et couramment utilisées pour certaines de leurs propriétés, d’autres propriétés pharmacologiques jusque-là ignorées.
Ainsi le phosphore, bien connu pour son hépatotoxicité, peut-il devenir un excellent hépatoprotecteur lorsqu’il est utilisé en dilution infinitésimale. De même le Phytolacca , dont les propriétés stimulantes sur les lymphocytes en culture sont couramment utilisées en immunologie, peut-il, en dilution infinitésimale, bloquer la mitogenèse déclenchée par la P.H.A. ou la concanavalline A. Bien d’autres exemples pourraient être cités, tels que l’action anti-inflammatoire de dilution de venin d’abeille, l’action antispasmodique de dilution de la noix vomique ou l’action sur les phénomènes allergiques de dilution d’histamine.
Ce sont ces propriétés que les médecins homéopathes ont depuis longtemps observées et étudiées en clinique avec les moyens qui étaient les leurs. Ce sont ces propriétés qu’il est nécessaire maintenant d’explorer d’une façon systématique avec tous les moyens d’investigation actuels pour ouvrir la voie à la découverte de nouveaux moyens thérapeutiques.
homéopathie [ ɔmeɔpati ] n. f.
• 1827; all. Homöopathie (1796), du gr.
♦ Méthode thérapeutique (du médecin allemand Hahnemann) qui consiste à soigner les malades au moyen de remèdes (à doses infinitésimales obtenues par dilution) capables, à des doses plus élevées, de produire sur l'homme sain des symptômes semblables à ceux de la maladie à combattre. Homéopathie et allopathie.
● homéopathie nom féminin (allemand Homöopathie, du grec homoios, semblable) Méthode thérapeutique consistant à prescrire à un malade, sous une forme fortement diluée et dynamisée, une substance capable de produire des troubles semblables à ceux qu'il présente. ● homéopathie (synonymes) nom féminin (allemand Homöopathie, du grec homoios, semblable) Méthode thérapeutique consistant à prescrire à un malade, sous une...
Contraires :
homéopathie
n. f. Méthode thérapeutique qui consiste à traiter les maladies par des doses infinitésimales de produits capables (à plus fortes doses) de déterminer des symptômes identiques aux troubles que l'on veut supprimer. Ant. allopathie.
Encycl. En 1790, Hahnemann énonça les trois lois de l'homéopathie: - Loi de similitude: analogie entre les symptômes du malade et ceux qui apparaissent chez un sujet sain auquel est administrée une substance médicamenteuse donnée. - Loi des doses infinitésimales: on prépare des dilutions successives au 1/100 (centésimales hahnemanniennes, par abrév. CH) ou au 1/10 (décimales notées X); en outre, l'agitation du flacon (dynamisation) est capitale. - Loi concernant le "terrain morbide": il n'y a pas des maladies (à caractère universel) ni des malades (tous identiques s'ils sont frappés d'un même mal), mais un malade, global et individualisé, dont il faut stimuler le système de défense.
⇒HOMÉOPATHIE, subst. fém.
Méthode thérapeutique consistant à soigner les malades en employant à dose infinitésimale certains médicaments susceptibles de provoquer chez un sujet sain des symptômes analogues à ceux de la maladie que l'on veut traiter. Anton. allopathie. Le triomphe de l'homéopathie (...) s'explique aussi par l'expectation; un malade, étant persuadé qu'une chose lui est bonne et mauvaise, est certainement influencé par cette idée (BERNARD, Principes méd. exp., 1878, p. 250). — Et l'homoeopathie? — Oh! elle a du mauvais et du bon. Elle aussi pallie sans guérir, réprime parfois les maladies, mais pour les cas graves et aigus, elle est débile (HUYSMANS, Là-bas, t. 1, 1891, p. 161) :
• ... j'ai voulu faire à l'homéopathie, si sottement et âprement combattue, la place qu'elle mérite dans la clinique et surtout dans la thérapeutique, avec des hommes de la valeur de Léon Vannier et de Joseph Roy. Je connais encore quelques confrères qui croient que le Similia similibus est une blague et l'infinitésimal une chimère.
L. DAUDET, Brév. journ., 1936, p. 104.
— P. métaph.
♦ [P. réf. aux doses infinitésimales employées en homéopathie] Fontenelle, ce beau génie de la vitalité, qui devina les petits dosages du mouvement, l'homoepathie [sic] de la démarche, était essentiellement Asiatique (BALZAC, Théor. démarche, 1833, p. 640).
♦ [P. réf. aux principes que cette méthode préconise] Ce procédé ne vous semble-t-il pas de la plus absurde homoeopathie? Comment concevoir que plus aisément on pourra me rançonner, plus tôt je serai pourvu? (PROUDHON, Syst. contrad. écon., t. 1, 1846, p. 308). Peintre, ils le mettaient au musée; penseur, dans les bibliothèques. (...). En vain protestait-il de son indépendance : ils se l'incorporaient. Ainsi l'effet du poison était neutralisé : c'était le traitement par l'homéopathie (ROLLAND, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1351).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1878. V. homéo-. Étymol. et Hist. 1827 (J. BIGEL, Examen théorique et pratique de la méthode curative du Dr. Hahnemann, nommée homéopathie). Terme introduit en fr. par J. Bigel, qui l'a pris à l'all. Homöopathie, créé en 1807 par le médecin all. S. Hahnemann, initiateur de cette thérapeutique; l'all. est formé d'apr. le gr. « semblable », v. homéo-, et « ce qu'on éprouve », v. -pathie (KLUGE20); cf. le gr. « conformité d'affections ou de sentiments ». Fréq. abs. littér. : 21. Bbg. QUEM. DDL t. 14.
homéopathie [ɔmeɔpati; omeopati] n. f.
❖
1 Méthode thérapeutique (du médecin allemand Hahnemann; → Hahnemannisme) qui consiste à soigner les malades au moyen de remèdes (à doses infinitésimales obtenues par dilution) capables, à des doses plus élevées, de produire sur l'homme sain des symptômes semblables à ceux de la maladie à combattre. || Le principe fondamental de l'homéopathie repose sur la loi de similitude (lat. similia similibus curantur). || Emploi des dilutions en homéopathie. — Var. anc. homœopathie.
0 — Si l'homéopathie arrive à Paris, elle est sauvée, disait dernièrement Hahnemann.
Balzac, Ursule Mirouët, Pl., t. III, p. 316.
2 Fig. Traitement d'un mal par le mal.
❖
CONTR. Allopathie.
DÉR. Homéopathe, homéopathique.
Encyclopédie Universelle. 2012.