HOUE
HOUE
Le travail à la houe fait encore vivre des centaines de millions d’hommes. Il est universellement répandu bien que certaines civilisations rurales n’aient jamais connu cet outil (les îles du Pacifique par exemple). Entre le bâton à fouir et la charrue, la houe paraît représenter un stade de transition: on connaît, en effet, des houes en forme de bâtons recourbés (Abyssinie) ou fourchus (Hack de la Suède ancienne). Les ethnologues s’accordent pourtant à penser que les houes forment une famille originale de l’outillage humain. Le bâton à fouir et ses dérivés caractérisent bien la zone tropicale humide, où les racines, les tubercules, le maïs tiennent la première place; durci par le feu, armé d’un fer, il permet de planter en poquets (plusieurs graines dans un même trou) isolés dans des champs mal nettoyés de leur végétation. La houe est, au contraire, l’instrument de culture des millets et des sorghos sur les sols légers. (On peut signaler une forme de transition apparente: l’iler du Sénégal septentrional; c’est un fer en forme de croissant que l’on pousse devant soi.) La houe existe dans toutes les agricultures jardinatoires d’Europe et d’Asie. Aux Philippines, les paysans ont construit leurs grandes terrasses irriguées et disposées en gigantesques escaliers avec le secours des seules houes. La houe chinoise, utilisée par le riziculteur, possède soit un fer plein, soit un fer à deux dents. En Afrique, les modèles de houes sont multiples: celles qui se manient d’une main ont un manche très court; celles qui se manient à deux mains ont un manche long. Les fers ont des formes triangulaires, arrondies, rectangulaires. En Europe, et en particulier en France, chaque terroir possédait sa houe: feisson de Bourgogne, marre de Bordeaux, béchard de Provence, hoyau recourbé de Picardie. Les houes à dents servent dans les terrains caillouteux (bigos du Midi, piochons ). Mais la houe devient, peu à peu, un instrument de jardinage ou un témoin des façons culturales archaïques.
houe [ 'u ] n. f.
• fin XIIe; frq. °hauwa
♦ Pioche à lame assez large dont on se sert pour les binages. Houe à main. ⇒ fossoir, hoyau. Une femme « occupée à labourer la terre à la houe » (Balzac). — Houe à cheval : charrue légère à un ou plusieurs petits socs triangulaires. ⇒ bineuse. — Houe rotative. ⇒ 4. fraise.
⊗ HOM. Août, hou, houx, ou, où.
houe
n. f.
d1./d Pioche à large fer courbé servant à remuer la terre.
d2./d Instrument à traction animale servant à biner les cultures en ligne.
⇒HOUE, subst. fém.
A. — Outil à main composé d'une lame tranchante faisant un angle aigu avec le manche et servant à ameublir le sol. Houe carrée, rectangulaire; biner, sarcler à la houe :
• Grâce aux peintures égyptiennes et aux fouilles faites dans ce pays, nous pouvons suivre toutes les étapes de l'évolution qui fit de la houe une charrue. Le manche devint une pièce de bois, ou age, la lame un soc, puis on ajouta des mancherons. Bientôt l'instrument ne fut plus traîné par des hommes mais par des bêtes de somme, signe typique des hautes civilisations.
LOWIE, Anthropol. cult., 1936, p. 42.
♦ Houe fourchue, houe trident. Houe à deux, à trois dents, utilisée notamment pour défoncer les sols pierreux. On donne le premier labour avec la pioche ou la houe fourchue (DU BREUIL, Cult. arbres, 1876, p. 613). Il ne faisait plus très clair. Les dents d'une houe abandonnée dans l'allée luisaient comme de l'argent (POURRAT, Gaspard, 1931, p. 199).
B. — ,,Instrument à traction animale, utilisé pour l'entretien des cultures en lignes espacées, constitué par un châssis, muni à l'avant d'un régulateur à roue, sur lequel peuvent s'adapter (...) des socs, dents ou griffes en vue d'exécuter des binages, sarclages, scarifiages ou buttages`` (Agric. 1977). Houe bineuse, houe à cheval. Les houes multiples, de plus grandes dimensions que les houes à un rang, sont destinées à travailler plusieurs interlignes en un seul passage (PASSELÈGUE, Mach. agric., 1930, p. 153).
Prononc. et Orth. : [u] init. asp. Att. ds Ac. dep. 1694. Homon. hou, houx. Étymol. et Hist. 1. Ca 1170 « pioche à lame assez large dont on se sert pour les binages » (Rois, éd. E. R. Curtius, p. 24); 2. 1755 houe à cheval (DUHAMEL DU MONCEAU, Traité de la culture des terres, t. 1, p. 112 ds BRUNOT t. 6, p. 259). De l'a. b. frq. hauwa « houe, pioche, binette »; cf. m. néerl. houwe de même sens; a. h. all. houwa; m. h. all. houwe; all. Haue « id. ». Fréq. abs. littér. : 37.
DÉR. Houer, verbe. Travailler (la terre) avec la houe. Il houe cette terre, ce jardin (BESCH. 1845). Ce vigneron ne fait que houer toute la journée (Ac. 1835, 1878). — [ue] init. asp., (il) houe [u]. Att. ds Ac. dep. 1694. — 1res attest. a)
début XIIIe s. hoër intrans. « labourer avec la houe » (Hervis de Metz, éd. E. Stengel, 4736), b) ca 1274 hoer trans. « id. » (Adenet le Roi, Berte, éd. A. Henry, 848 ds T.-L.); de houe, dés. -er.
houe ['u] n. f.
ÉTYM. V. 1170; du francique hauwa.
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♦ Technique.
1 Agric. (relativement cour.). Pioche à lame assez large dont on se sert pour les binages. || Houe à main. ⇒ Bêchard, bêchoir, bêchon, fossoir, hoyau, marre. || Biner, sarcler à la houe. ⇒ Houer; houage, houement.
0 (…) il (Gudin) aperçut une femme d'une trentaine d'années, occupée à labourer la terre à la houe, et qui, toute courbée, travaillait avec courage (…)
Balzac, les Chouans, Pl., t. VII, p. 1020.
♦ (1755). Par ext. || Houe à cheval (cit. 2) : charrue légère à un ou plusieurs petits socs triangulaires. ⇒ Bineuse.
♦ Houe rotative : instrument agricole comportant plusieurs rangs de disques à dents incurvées, tournant dans les deux sens.
2 (1676). Techn. anc. Instrument pour corroyer le mortier.
3 (1866). Techn. Outil de métal droit ou courbe, servant à remuer la glaçure, en faïencerie.
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DÉR. Houer.
HOM. Hou, houx, ou, où.
Encyclopédie Universelle. 2012.