A.F.L.-C.I.O.
En 1986, l’American Federation of Labor-Congress of Industrial Organizations célébrait le centième anniversaire de sa plus puissante composante, l’American Federation of Labor. Le panorama qu’elle pouvait contempler était pour le moins inquiétant: en trente ans, le syndicalisme américain n’avait cessé de s’affaiblir. La plus puissante centrale syndicale des États-Unis était pourtant née à New York, le 5 décembre 1955, de la fusion de l’American Federation of Labor, forte de 10 millions d’adhérents, et du Congress of Industrial Organizations, qui comptait 5 millions de membres. George Meany et Walter Reuther, qui présidaient respectivement l’A.F.L. et le C.I.O. depuis 1952, se virent attribuer, le premier la présidence, l’autre la vice-présidence de la centrale unie. Le siège de l’A.F.L.-C.I.O. se trouve à Washington. Son président est, en 1992, Lane Kirkland. Son budget annuel, en 1985, était de 45 millions de dollars. Mais, pour son département des affaires internationales, elle disposait de 43 millions de dollars: 6 millions de la centrale elle-même et 37 millions de l’État fédéral (dont 23 millions de l’Agency for International Development et 14 millions du National Endowment for Democracy, dont l’objectif est de «vendre les principes de la démocratie à l’étranger»). À la fin des années quatre-vingt, l’A.F.L.-C.I.O. regroupait plusieurs dizaines de syndicats affiliés (dont les Teamsters – 1,4 million de membres – qui ont rejoint l’A.F.L.-C.I.O. en décembre 1987) et 14,5 millions de syndiqués (sur environ 18 millions).
La plupart des syndicats de l’A.F.L.-C.I.O. s’intitulent syndicats «internationaux», car ils possèdent des branches au Canada, à Porto Rico notamment. L’A.F.L.-C.I.O. est membre de la C.I.S.L. (Confédération internationale des syndicats libres) dont le siège est à Bruxelles, rivale de la F.S.M. (Fédération syndicale mondiale). Malgré la faiblesse relative de ses effectifs, et en raison de ses vastes ressources financières, l’A.F.L.-C.I.O. a joué et continue de jouer un rôle important non seulement aux États-Unis, mais aussi dans un grand nombre de pays étrangers.
1. L’American Federation of Labor
Dans l’histoire sociale du monde occidental, le cas américain a été notoirement brutal. Comme l’écrivent Philip Taft et Philip Ross (in H. D. Graham et T. R. Gurr dir., The History of Violence in America ): «Les États-Unis ont eu l’histoire du travail la plus sanglante et la plus violente de toutes les sociétés industrialisées.» D’après les sources de l’époque qu’ils citent, il y eut, par exemple, entre janvier 1902 et septembre 1904, époque qui n’est troublée par aucune grande grève, 198 morts et 2 000 blessés dans diverses grèves locales et lock-out.
Naissance de l’A.F.L.
L’histoire du syndicalisme américain est particulièrement ancienne. Avant même la Déclaration d’indépendance (1776), les artisans se regroupent en sociétés d’entraide pour parer à la maladie ou au décès des adhérents. Très rapidement, à la fin du XVIIIe siècle, des organisations de défense se constituent, par métier (charpentiers, imprimeurs ou cordonniers) dans les villes les plus importantes comme Boston, New York ou Philadelphie, pour s’opposer aux réductions de salaire que leur imposent les employeurs. Apparaissent alors les techniques qui deviendront traditionnelles du syndicalisme, la grève notamment. Très rapidement, la réponse des employeurs sera de recourir aux tribunaux: la technique deviendra, elle aussi, traditionnelle. Dès 1806, des syndicats sont poursuivis et condamnés pour «conspiration dans le but de limiter le commerce», selon la doctrine anglaise de common law qui estimait que toute tentative des travailleurs pour s’organiser afin d’obtenir de meilleurs salaires constituait en fait une conspiration contre le bien public.
Ces attaques, couronnées de succès, contre les syndicats et la récession provoquée par la guerre de 1812 contre l’Angleterre et par les difficultés dues aux guerres napoléoniennes en Europe se conjuguent pour ralentir la progression syndicale. Pourtant, le développement économique et les débuts de l’industrialisation vont permettre la renaissance d’un mouvement syndical qui commence même à établir des liens de ville à ville. Sa croissance est facilitée par une décision d’un juge municipal de Boston (Commonwealth c. Hunt, 1842 ) qui reconnaît la légalité des associations de travailleurs. Mais si le statut légal des syndicats n’est ainsi plus mis en cause, leurs méthodes (grèves ou boycottages) pour obtenir la satisfaction de leurs revendications restent, pour des décennies encore, du domaine des tribunaux qui n’hésitent pas à condamner les syndicats.
Ce n’est qu’à l’occasion de la guerre civile que naîtra, en 1864, le premier syndicat national, l’International Industrial Assembly of North America, dont l’existence est d’ailleurs brève. La National Labor Union lui succède en 1866, qui ne survivra que jusqu’en 1872. Elle se bat pour la journée de huit heures, adoptée par le Congrès pour les employés fédéraux en 1868. Mais le syndicat se politise et son échec aux élections de 1872 entraîne sa disparition. En 1869, les Chevaliers du travail (Knights of Labor) sont fondés par des catholiques irlandais. Ouverte à tous, ouvriers de métier et ouvriers d’industrie, l’organisation tente de dépasser le vieux conflit sur la forme que doit prendre le syndicat. Quinze ans plus tard, les Chevaliers regroupaient déjà 700 000 adhérents. En 1886, au Canada, ils étaient condamnés par l’Église qui leur reprochait de s’être organisés en société secrète afin de mieux assurer leur sécurité. Aux États-Unis, le cardinal Gibbons et Mgr Ireland intervinrent pour éviter une condamnation similaire, mais ils profitèrent de l’occasion pour dénoncer les dangers du «séparatisme» catholico-irlandais au sein d’une société protestante. Ils amorçaient ainsi l’américanisation du catholicisme en encourageant le gros des troupes des Chevaliers du travail à adhérer à l’American Federation of Labor.
Celle-ci avait été précédée en 1881 par la Federation of Organized Trades and Labor Union qui devint en 1886 l’American Federation of Labor sous la direction de Samuel Gompers (1850-1924), membre du syndicat des ouvriers des manufactures de tabac et président de sa section locale de 1874 à 1881. À ce titre, après la leçon de la grande crise économique de 1873, il entreprit, avec Adolphe Strasser, de réorganiser la Cigar Maker’s International Union sur le modèle des syndicats britanniques. D’autres syndicats, qui avaient suivi la même évolution, se regroupèrent autour de lui pour former la nouvelle organisation qui connut très vite le succès.
L’agitation sociale
C’est alors la grande époque de l’agitation sociale aux États-Unis. La grande grève de 1877, qui atteint tous les centres ferroviaires et voit la ville de Pittsburg occupée par les insurgés; les événements de Haymarket en 1886; les grèves de Homestead en 1892, de Pullman en 1894 et de Cœur d’Alene de 1892 à 1899; la véritable «guerre de trente ans» du Colorado entre 1884 et 1914 et les grèves des métiers du bâtiment en 1909-1910 ne sont que les temps forts qui rythment, année après année, le florilège de l’histoire ouvrière américaine. Ils manifestent la violente opposition entre ouvriers et patrons des grandes industries naissantes. Ces derniers étaient d’ailleurs aidés par le pouvoir qui n’hésitait pas à faire intervenir les troupes fédérales aux côtés des milices d’État et de la police locale pour écraser les mouvements de grève dans les industries clés. La justice n’était pas moins active pour soutenir les entrepreneurs. Elle développe à nouveau, après les grèves des chemins de fer de 1877, l’arme de la «conspiration» et la poussera à l’extrême, puisque la simple présence d’ouvriers en grève à la porte des usines ou le boycottage seront suffisants pour obtenir des condamnations pour «conspiration». Mais, surtout, la justice va trouver, dans les conflits du travail, l’arme, fort puissante, de l’«injonction» qui permet à une personne qui estime être lésée dans ses droits d’obtenir devant un tribunal que cette violation de ses droits cesse par voie d’injonction. La personne qui ne respecterait pas les termes de l’injonction peut être condamnée pour «mépris de la cour». La combinaison de cette arme avec un détournement d’objectif du Sherman Antitrust Act de 1890 s’avéra fort efficace. La loi interdisait en effet «les restrictions à la liberté du commerce» par «contrat, combinaison sous forme de trust ou autre, ou conspiration». Les trusts, premiers visés, firent rarement l’objet des rigueurs de la loi. Mais les syndicats, bien que certains parlementaires l’eussent souhaité, ne furent pas expressément exclus du champ d’application de la loi. Cela permit une interprétation extensive par les tribunaux: les syndicats et les grèves qu’ils organisent furent considérés comme mettant gravement en danger la liberté du commerce. L’exemple de la grève Pullman est significatif. En 1894, les employés de la compagnie Pullman (dont les salaires viennent d’être diminués de 30 p. 100) se mirent en grève et obtinrent le soutien de l’American Railway Union dirigée par Eugene Debs. La situation dégénéra rapidement, les incidents violents se multiplièrent et les troupes fédérales furent envoyées par le président Cleveland (contre la volonté du gouverneur de l’Illinois) à Chicago. Les tribunaux fédéraux réussirent à briser la grève en délivrant une injonction aux dirigeants syndicaux. En application du Interstate Commerce Act de 1887 et du Sherman Antitrust Act en 1890, ils durent cesser de porter atteinte à la liberté du commerce et arrêter leur grève sous peine d’être condamnés à la prison. Eugene Debs fut condamné à six mois de prison, non pour délit de grève ni pour les violences qui avaient eut lieu, mais pour atteinte à la liberté du commerce. Dans In re Debs (158 U.S. 564, 1895), la Cour suprême affirma la légalité de l’injonction décidée par les tribunaux et de la condamnation subséquente. Comme le souligne Jacques Lambert dans son Histoire constitutionnelle des États-Unis : «Avec l’injonction, les juges avaient trouvé un instrument d’intervention directe dans les conflits du travail dont la puissance est irrésistible. D’autant plus puissant que l’injonction permet aux tribunaux de punir, d’une sanction pénale, des faits que le législateur n’a point considérés comme crimes ou délits sans qu’ils soient limités par les garanties [de jury notamment] que l’accusé trouve normalement dans le droit anglo-saxon [...]. Comme, d’autre part, le procédé de l’injonction est extrêmement souple, la grève devient presque impossible, même par les méthodes les plus pacifiques, si le magistrat veut l’arrêter.» Dès lors, le précédent est établi et le nombre d’injonctions va croître «comme boule de neige en train de rouler» selon l’expression du juge Felix Frankfurter dans l’étude qu’il a consacrée à l’injonction du travail (The Labor Injunction ). Il faudra attendre le vote de la loi Norris-La Guardia (qui légalise de fait les activités syndicales) en 1932 pour que l’injonction perde une bonne part de sa puissance d’intimidation et de répression.
Gompers refusait pour l’A.F.L. toute compromission politique, tout caractère idéologique, écartant les tendances socialistes qui se faisaient jour, refusant les programmes plus ou moins révolutionnaires. Il limitait son action à trois revendications pratiques: salaires plus élevés, temps de travail plus court, liberté d’action syndicale croissante.
Malgré sa volonté d’apolitisme, l’A.F.L. ne se développa en fait que lorsqu’elle bénéficia d’un appui gouvernemental. Pendant les quatre premières années de la présidence de Theodore Roosevelt (1901-1908), qui s’était rangé aux côtés des syndicats pendant la longue grève (cinq mois) des mineurs de charbon, les effectifs syndicaux passèrent de 868 000 à 2 000 000. Mais le conservatisme eut tôt fait de reconquérir ses droits. La plupart des ouvriers furent contraints de signer les yellow-dog contracts par lesquels ils s’engageaient à ne pas se syndiquer, sous peine de perdre leur emploi. Les grévistes essuyèrent le feu des mitrailleuses (massacre de Ludlow, 1913); mais, après l’entrée en guerre des États-Unis (1917), Gompers devint membre du Conseil de la Défense nationale et s’efforça d’éviter les grèves afin de ne pas nuire à la production de guerre. En retour, il reçut l’appui du président Wilson. La volonté d’apolitisme avait cédé devant le nationalisme, mais les effectifs de l’A.F.L. atteignirent 5 000 000 de membres en 1918.
L’A.F.L. face au syndicalisme révolutionnaire
L’attitude de l’A.F.L. contrastait avec celle des Industrial Workers of the World (I.W.W.). Ceux-ci avaient été fondés en 1905, à Chicago, par Eugene V. Debs, qui purgea plusieurs peines de prison en raison de ses activités politiques et syndicales et fut cinq fois candidat socialiste à la présidence des États-Unis, de 1900 à 1920. Alors que l’A.F.L. organisait les travailleurs par métiers, selon des conceptions assez corporatistes, les I.W.W. regroupaient dans un même syndicat tous les travailleurs d’une même industrie, du manœuvre à l’ouvrier spécialisé. Debs lui-même avait quitté le syndicat des chauffeurs de locomotive pour fonder l’American Railway Union, où se retrouvaient non seulement des chauffeurs, mais aussi des mécaniciens ou des employés. Au réformisme de l’A.F.L., les I.W.W. opposaient un programme ouvertement révolutionnaire: abolition du capitalisme, édification du socialisme, ambitions exprimées en termes vagues, mais appuyées au besoin par une action violente. Alors que Gompers soutenait l’effort de guerre des États-Unis, les I.W.W. s’affirmaient nettement pacifistes et antimilitaristes. Plusieurs centaines d’entre eux furent accusés de refuser la conscription, d’organiser des grèves financées par l’ennemi, de saboter la production, et furent condamnés à de lourdes peines de prison. Mais des dissensions internes affaiblirent les I.W.W. Bon nombre de leurs dirigeants rallièrent le Parti communiste après la révolution d’Octobre. Et, surtout, les I.W.W. échouèrent à devenir un syndicat de masse et ne parvinrent pas à porter un coup décisif à l’A.F.L.
Les I.W.W. comptaient moins de 10 000 membres en 1930, au moment où les adhésions à l’A.F.L. allaient faire un nouveau bond en avant. Le conservatisme d’après guerre, illustré par la présence des républicains Harding, Coolidge et Hoover à la Maison-Blanche, avait fait fondre les effectifs de l’A.F.L. (3 500 000 membres en 1923) et la chute avait encore été accélérée par la grande crise de 1929-1930. Pour relever l’économie du pays, Franklin D. Roosevelt, ayant besoin de l’appui des syndicats, ne négligea aucun effort pour les aider. Ainsi, après Theodore Roosevelt et Wilson, un troisième président des États-Unis encourageait le développement du syndicalisme. Franklin Roosevelt fit voter le National Industrial Recovery Act (1933) qui garantissait aux ouvriers le droit de s’organiser et imposait le respect du salaire minimal et de la limitation de la journée de travail. En juillet 1935, le Wagner Act donna au syndicalisme sa «grande charte». De 1933 à 1940, les syndicats doublèrent leurs effectifs pour atteindre plus de 7 millions d’adhérents.
2. Le Congress of Industrial Organizations
Naissance du C.I.O.
Malgré l’appui de Franklin Roosevelt, l’A.F.L. ne parvint qu’à maintenir ses effectifs et non à s’implanter dans ces bastions ouvriers qu’étaient les aciéries ou l’industrie de l’automobile. En effet, organisée en «syndicats de métiers», elle défendait les intérêts particuliers de la main-d’œuvre qualifiée en évitant de se solidariser avec la masse des autres travailleurs. Président du syndicat des mineurs qui comptait alors 500 000 membres, John Lewis reprit une des idées des I.W.W. Alors que l’A.F.L. divisait les ouvriers d’une même entreprise en quinze ou vingt «syndicats de métiers», ce qui diminuait leur efficacité, J. Lewis voulut créer des «syndicats d’industrie» qui regrouperaient dans une seule organisation tous les travailleurs d’un même secteur, quelle que fût leur spécialité. Il proposa ce plan en 1934 au congrès de l’A.F.L., qui l’écouta sans conviction. Un an plus tard, un seul «syndicat d’industrie» était formé: celui des ouvriers de l’automobile. Revenant à la charge, J. Lewis ne put obtenir la majorité. Il quitta l’A.F.L. pour fonder le Committee for Industrial Organization qui groupait mineurs, fondeurs, ouvriers de la confection, des filatures, du gaz et du pétrole. Puis les ouvriers des verreries, du caoutchouc, de l’automobile et de la sidérurgie les rejoignirent pour donner naissance, en 1938, au Congress of Industrial Organizations (C.I.O.).
L’A.F.L. était formée de syndicats de charpentiers, d’électriciens, de chauffeurs, etc., dispersés dans toutes les industries. Le C.I.O. regroupait dans chaque «syndicat d’industrie» toute la main-d’œuvre des mines, ou des usines d’automobiles, ou de la sidérurgie. Bien plus, il touchait les secteurs clés de l’industrie, et ses dirigeants étaient plus jeunes et plus dynamiques. Il enregistra des victoires (signature en 1937 d’une convention collective avec l’U.S. Steel), mena des campagnes vigoureuses (dix ouvriers tués et une centaine de blessés pendant une grève à la Republic Steel Co.), inaugura la grève sur le tas dans l’industrie automobile, occupa l’usine de la General Motors à Flint (Michigan) et refusa d’obéir aux décisions judiciaires ordonnant d’évacuer l’usine, les ouvriers refusant de céder devant les charges de police.
Ayant fait capituler un «empire industriel» aussi puissant que la General Motors, le C.I.O vit augmenter le nombre de ses membres: 3 700 000 en 1937 contre 3 400 000 à l’A.F.L. Posant avec éclat le problème des ouvriers non qualifiés, ne reculant pas devant la violence, il donna au syndicalisme américain un élan nouveau.
La rivalité A.F.L.-C.I.O.
Un autre problème séparait A.F.L. et C.I.O.: le communisme. Les communistes étaient, en effet, assez nombreux au sein du C.I.O., alors que l’«aristocratie ouvrière» de l’A.F.L. n’était guère perméable aux thèses marxistes. En octobre 1945, le C.I.O. participa, à Paris, à la conférence internationale qui donna naissance à la Fédération syndicale mondiale (F.S.M.), alors que l’A.F.L., refusant de siéger aux côtés des syndicalistes soviétiques, déclinait l’invitation.
Un nouveau conflit surgit entre-temps. Le Sud, à prédominance agricole, s’industrialisait, mais l’implantation syndicale y était très faible. Le C.I.O. lança une campagne de pénétration et, dans le Sud, le nombre de syndiqués passa de 260 000 en 1936 à 2 millions en 1947. L’A.F.L. ne put rester à l’écart de cette activité, mais le C.I.O., plus progressiste, accueillait plus volontiers les Noirs, alors que beaucoup de syndicats affiliés à l’A.F.L., et dont les statuts comportaient des clauses raciales, les tenaient à l’écart. En 1946, plus de 500 000 Noirs étaient inscrits au C.I.O. et 90 000 seulement à l’A.F.L. Dans cette rivalité pour le contrôle du Sud, tous les arguments furent employés. L’A.F.L. n’hésita pas à invoquer la participation du C.I.O. à la F.S.M. pour le dénoncer comme une «cinquième colonne communiste». De nombreux organisateurs du C.I.O. furent assassinés ou victimes d’accidents suspects.
Cependant, en juin 1947, sous la présidence démocrate de Harry Truman, une majorité républicaine à la Chambre des représentants et au Sénat vota la loi Taft-Hartley, qui limite considérablement les possibilités d’action syndicale. Une clause de cette loi, obligeant les dirigeants syndicaux à un serment de non-communisme, fut acceptée par l’A.F.L. et, finalement, par le C.I.O., d’abord tenté de la récuser. L’A.F.L. comptait alors 7 500 000 membres, et le C.I.O. 6 000 000, dont 26 p. 100 dans des syndicats contrôlés par les communistes (électronique, dockers de la côte ouest, mines métalliques, alimentation, fourrure, transports, unions locales des principales grandes villes). Ayant décidé de procéder à sa propre épuration pour échapper aux rigueurs de la loi, le C.I.O. expulsa en 1949-1950 douze syndicats à direction communiste et perdit un million de membres. C’était le début de la période «maccarthyste».
3. La fusion
Ainsi, le problème du communisme ne séparait plus l’A.F.L. du C.I.O., ce dernier ayant d’autre part quitté la F.S.M. En outre, le conflit de structures était sinon éliminé, du moins très atténué. En effet, l’A.F.L. avait été amenée par les circonstances à créer certains «syndicats d’industries», et le C.I.O. certains «syndicats de métiers». Enfin, un conflit de personnes était à son tour écarté: en 1952, George Meany succédait à William Green à la présidence de l’A.F.L., et Walter Reuther prenait la place de Philip Murray à la tête du C.I.O. Trois ans plus tard, la fusion put avoir lieu. Mais les traditions conservatrices représentées par Meany et les traditions de lutte personnalisées en Reuther allaient continuer à entretenir des dissensions à l’intérieur de la centrale unifiée. En 1967, W. Reuther abandonnait la vice-présidence de l’A.F.L.-C.I.O.
La loi Taft-Hartley
L’A.F.L.-C.I.O. se heurte alors à la loi Taft-Hartley qui interdit le closed shop (entreprise fermée aux ouvriers non syndiqués) et exige un vote favorable de la majorité des salariés pour autoriser l’union shop (obligation pour un ouvrier nouvellement embauché d’adhérer au syndicat). De surcroît, le check off (retenue de la cotisation syndicale par l’employeur qui la reverse au syndicat) ne peut être utilisé qu’avec l’assentiment écrit de l’intéressé. Les syndicats perdent le droit de contribuer financièrement à une campagne électorale présidentielle ou législative, mais tournent cet obstacle en créant un Comité pour l’éducation politique. Enfin, et surtout, la loi Taft-Hartley retire aux fonctionnaires le droit de grève et, dans l’industrie privée, soumet la grève à une réglementation stricte: préavis de soixante jours pouvant être prolongé de quatre-vingts jours par décision judiciaire à la demande de l’exécutif. La loi autorise aussi les États de l’Union à voter des right-to-work laws (lois sur le droit au travail) qui limitent encore la liberté d’action syndicale, notamment en interdisant formellement l’union shop . De telles lois ont été votées dans dix-neuf États, où le salaire horaire moyen n’atteint que 70 p. 100 de la norme nationale.
L’évolution technologique
Le syndicalisme américain se trouve aussi confronté à la désindustrialisation et à l’évolution technologique. Des emplois industriels ont été perdus par centaines de milliers depuis les années soixante en raison de l’affaiblissement industriel des États-Unis. Bien des entreprises ont en effet préféré investir à l’étranger, pour bénéficier de moindres coûts salariaux, que dans le pays lui-même. Comme l’ont souligné Barry Bluestone et Bennett Harrison (The De-Industrialization of America , 1982), les investissements directs à l’étranger des grandes entreprises sont passés de 12 milliards de dollars en 1950 à 192 milliards en 1980, alors que les investissements internes ont crû deux fois moins vite, passant de 54 à 400 milliards de dollars dans la même période. Ainsi, bon nombre d’entreprises ont «délocalisé» vers l’étranger la fabrication d’une part de leur production: pour n’en donner qu’un exemple, 30 p. 100 environ des pièces nécessaires à la fabrication d’une voiture américaine seraient dorénavant fabriquées à l’étranger et doivent donc être réimportées. Cette politique d’exportation de l’emploi à l’étranger a évidemment diminué le nombre d’emplois locaux et, par conséquent, de syndiqués. Cette évolution est accentuée par la modernisation de l’industrie: mécanisation, automatisation et robotisation permettent une productivité plus élevée – et nécessitent moins d’hommes. Ainsi a-t-on vu les mines de charbon de l’Ouest, hautement mécanisées, produire en 1981 les deux tiers du charbon extrait avec 72 000 mineurs seulement contre 120 000 à l’Est. Enfin, les flux commerciaux ont aussi affaibli l’emploi américain: à titre d’exemple, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis produisaient près de la moitié de l’acier du monde entier, contre 10 p. 100 en 1989; ils n’importaient que 5 p. 100 de leurs besoins en acier en 1960, contre 22 p. 100 en 1982; le pourcentage de «cols bleus», réservoir privilégié de syndicalisables, est tombé de 34 p. 100 de la population active en 1960 à 27 p. 100 en 1982.
Difficultés et crises
Des facteurs plus strictement internes ont contribué à affaiblir un peu plus le syndicalisme américain. La raison la plus évidente est l’évolution du marché de l’emploi. Depuis les années soixante, l’essentiel des créations d’emplois s’est fait dans les services et le commerce, secteurs traditionnellement réservés à l’égard de la syndicalisation: les employés ne représentaient que 19 p. 100 des syndiqués en 1978, alors qu’ils constituaient plus de la moitié (52 p. 100) de la population active.
Ce phénomène, dû à l’évolution du marché du travail, n’a pas été compensé par la syndicalisation accrue du secteur public: sur les 16 millions de fonctionnaires américains (tous niveaux confondus: fédéraux, fédérés et locaux), 36 p. 100 seraient syndiqués. Mais ce pourcentage n’a pas changé depuis 1980. En renvoyant 11 400 contrôleurs aériens qui avaient illégalement commencé une grève au cours de l’été de 1981, Ronald Reagan envoyait un message qui a été clairement compris par l’administration. Au niveau fédéral, le taux de syndicalisation a même décru: l’American Federation of Government Employees, le plus important des syndicats de fonctionnaires fédéraux, a perdu 30 p. 100 de ses membres entre 1969 et 1987 (passant de 300 000 à 210 000).
Le patronat américain, dans son ensemble, n’a jamais fait preuve de faiblesse à l’égard des syndicats: c’est une tradition bien établie. Pour être moins violentes qu’elles ne le furent dans le passé, les tentatives pour les empêcher de s’établir dans l’entreprise demeurent nombreuses, constantes, et souvent couronnées de succès. Certaines tactiques sont anciennes, comme le fait de s’installer dans des régions (le Sud notamment) culturellement plus hostiles aux syndicats et où les autorités politiques locales ont mis en place des lois qui rendent plus difficiles les processus de syndicalisation (right-to-work laws ). Traditionnelle aussi la tactique (souvent illégale) qui consiste à renvoyer les «meneurs» avant que le syndicat n’ait réussi à s’implanter ou à fermer un établissement «menacé» pour intimider les travailleurs tentés de voter en faveur de la représentativité du syndicat dans l’entreprise. La seule menace est souvent payante. Les syndicats eux-mêmes ont d’ailleurs nettement réduit leurs tentatives pour organiser des sections d’entreprise: ces campagnes ont diminué de moitié des années soixante-dix aux années quatre-vingt. Au total, d’après les statistiques du National Labor Relations Board fédéral, 10 000 travailleurs par an sont mis à la porte pour campagnes de syndicalisation, une élection sur trois pour établir un syndicat est frauduleuse et de 35 à 40 p. 100 des «victoires» syndicales n’aboutissent jamais à un contrat d’entreprise. Dès lors, il n’est pas surprenant que 34 p. 100 des personnes interrogées lors d’un sondage commandé par le Washington Post en septembre 1986 aient estimé être en danger de perdre leur emploi si leur employeur apprenait qu’elles étaient intéressées par la création d’un syndicat. Effectivement, d’après les estimations rapportées par le même journal, les employeurs (dont certaines des plus grandes entreprises américaines) dépensent quelque 250 millions de dollars par an pour obtenir l’aide de consultants et d’avocats spécialisés dans la lutte antisyndicale (surnommés les «casseurs de syndicat», ou union busters ).
Reste qu’il existe, chez les syndicalisables éventuels, une profonde méfiance à l’égard des syndicats. Dans le sondage du Washington Post cité plus haut, 50 p. 100 des personnes interrogées considéraient que les syndicats eux-mêmes sont responsables de leurs propres difficultés et 61 p. 100 estimaient que les dirigeants syndicaux ne se rendent pas compte (are out of touch ) des problèmes des travailleurs. La réputation, qui n’est pas toujours usurpée, de corruption de syndicats comme celui des camionneurs (Teamsters ), les origines sociales, souvent fort bourgeoises, des dirigeants les plus importants, leurs salaires souvent un peu trop confortables (le président Kirkland, de l’A.F.L.-C.I.O., avait un salaire annuel de 150 000 dollars en 1986; le mieux rémunéré, Jackie Presser, président des Teamsters , recevait 572 000 dollars par an) ne sont pas étrangers à cette méfiance. S’y ajoute le sentiment que les négociateurs syndicaux sont parfois trop sensibles aux arguments du patronat. D’une coopération que chacun prône, les travailleurs ont le sentiment que l’on passe à une collaboration dont ils sont les premiers à faire les frais. C’est en effet, comme l’a noté Marianne Debouzy (Travail et travailleurs aux États-Unis ), que «le syndicalisme américain est essentiellement un syndicalisme contractuel. Tout est centré sur le contrat: l’activité fondamentale du syndicat est la négociation du contrat collectif et sa gestion en accord avec le patronat. Il fixe le règlement intérieur de l’entreprise et traite des salaires, horaires et conditions de travail, des congés, de l’assurance maladie et de la retraite». Or, au cours des années quatre-vingt, ce syndicalisme qui se vantait de son efficacité a dû quelque peu déchanter et accepter que soient remis en cause des acquis parfois obtenus il y a des lustres. Pour, au moins, préserver le maintien de l’emploi, il a fallu accepter maintes concessions, notamment salariales. Même dans les secteurs qui ont le plus progressé, les responsables souhaitent que les sacrifices des salariés consentis pour sortir de la crise deviennent permanents afin d’améliorer la compétitivité. Tous les moyens sont bons pour obtenir que les travailleurs et leurs représentants qualifiés soient «raisonnables»: se déclarer en faillite pour sortir d’une convention collective, menacer de se mettre en faillite ou de fermer un établissement par trop rebelle, promettre de construire une usine à condition que des concessions soient faites, vendre certaines unités à un concurrent non syndiqué ou sous-traiter à des entreprises elles aussi non syndiquées, procéder aux nouvelles embauches à des salaires inférieurs à ceux qui sont maintenus pour les anciens ou remplacer des grévistes par des jaunes. La concession essentielle porte sur les réductions de salaire et sur la classification des emplois, fort rigide dans le système américain (les syndicats américains exigent par exemple le maintien d’emplois technologiquement dépassés et devenus inutiles, phénomène appelé le featherbedding ). L’exemple de deux compagnies montre ce qu’en peuvent être les conséquences pour les salariés. La première est la compagnie Carlisle, qui fabrique des garnitures de frein. N’ayant pu obtenir les concessions qu’elle désirait dans son usine syndiquée de Pennsylvanie, elle a ouvert, en 1981, une usine non syndiquée en Virginie. Là, outre des salaires inférieurs, la direction peut déplacer les ouvriers comme il lui plaît – considérés comme moins qualifiés, ils peuvent ainsi être moins rémunérés. Et, en Pennsylvanie, la moitié de la main-d’œuvre, peu à peu remplacée par les travailleurs virginiens, a pu être renvoyée. En février 1988, General Electric a obtenu l’accord des ouvriers de la division «moteurs électriques» pour une baisse de salaire de 10 p. 100 étalée dans le temps, contre la promesse d’un investissement de 200 millions de dollars destiné à la modernisation de la production et de ne pas réduire les emplois... sauf en cas de réduction des commandes. Ainsi, contraints de céder par réalisme, les salariés acceptent des concessions salariales pour perdre, à terme mais tout autant, leur emploi. En effet, les garanties d’emploi, en principe acquises contre des concessions salariales, sont restrictives: elles jouent contre les effets de l’innovation technologique (robotisation), mais pas contre la baisse de la production. À l’automne de 1987, le syndicat de l’automobile (United Automobile Workers) a obtenu des garanties de ce type dans la renégociation des contrats avec General Motors et Ford. Mais, dès janvier 1988, 65 200 travailleurs de l’automobile (60 p. 100 de plus qu’en 1987) étaient au chômage technique sans perspective précise de réemploi (indefinite layoff ), parce que les commandes avaient chuté. En outre, les allocations complémentaires de chômage de ces travailleurs ont diminué depuis la ratification des contrats de l’automne de 1987. Financées par les compagnies, ces allocations complémentaires couraient sur douze mois. Après octobre 1987, chez General Motors et Chrysler, elles avaient diminué de 20 p. 100 et ne couraient plus que sur trois mois.
Pouvoir compensateur
Aussi critiques qu’ils soient de leur syndicat, les travailleurs se rendent cependant compte qu’un syndicat, même imparfait, les protège plus que pas de syndicat du tout. Dans un sondage du Washington Post (13 sept. 1987), ils étaient 56 p. 100 (contre 41 p. 100 à estimer le contraire) à affirmer que «la plupart des travailleurs qui n’ont pas des emplois-cadre se portent mieux en adhérant à un syndicat qu’en n’y adhérant pas». Car les syndicats, malgré tout, sont un pouvoir compensateur face au patronat: ils doivent bien assurer la défense des salariés pour être autant en butte aux attaques et manœuvres patronales. On note, en effet, des différences frappantes dans les taux de rémunération entre régions plus ou moins syndiquées. En 1987, dans le Sud, régions peu syndiquées, les niveaux de syndicalisation atteignaient, au minimum, 5,3 p. 100 des personnes employées en Caroline du Sud et 8,9 p. 100 en Caroline du Nord, et les salaires moyens horaires dans l’industrie n’étaient que de 7,61 et 7,29 dollars. En revanche, à l’autre extrême, dans les États de New York et du Michigan, les niveaux de syndicalisation étaient réciproquement de 35,8 p. 100 et de 33,7 p. 100 et la rémunération horaire de 9,67 et 12,64 dollars. Globalement, la différence de rémunération entre syndiqués et non-syndiqués est nette: 467 dollars par semaine pour les premiers contre 342 dollars par semaine pour les seconds en 1987 (chiffre du Bureau of Labor Statistics). De plus, aux différences entre le seul salaire viennent s’ajouter celles qui existent entre les conditions de travail et la couverture sociale. Ainsi, le Wall Street Journal décrivait-il (23 oct. 1978) en termes admiratifs les résultats d’une mine de charbon non syndiquée qui réussit à être rentable en versant des salaires annuels de 25 000 dollars, alors qu’à l’époque le salaire moyen dans les mines était de 15 000 dollars. Ce n’est qu’au détour d’une phrase que l’on apprend que beaucoup de mineurs «font volontairement 30 heures supplémentaires par semaine» et que les charges sociales (santé et retraite) reviennent à 27 cents la tonne contre 2,25 dollars dans une mine syndiquée. Les non-syndiqués n’auront guère, ou pas du tout, de retraite.
Pouvoir compensateur face au patronat, comme le démontrent clairement son histoire et la dureté des luttes qu’il a dû mener et qu’il mène encore, le syndicalisme américain n’en demeure pas moins d’une profonde ambiguïté, qui est peut-être sa principale caractéristique. Car il est, en même temps, une sorte de complice perverti de ce patronat qui devrait rester son adversaire privilégié. Les salariés dénoncent souvent une connivence entre directions syndicale et patronale, des conventions collectives négociées avec trop de compréhension pour le point de vue de l’industrie et pas assez pour celui des ouvriers. Certains syndicalistes ont la réputation d’être devenus «la voix de leur maître».
En dernière analyse, la plus grande difficulté des organisations syndicales provient de leur impuissance à trouver un relais politique. Le Parti démocrate, dont elles sont proches, n’est en rien comparable à un parti travailliste à l’anglaise. Si les syndicats se lient aux démocrates, c’est faute de mieux. Leur influence au sein du parti, pour réelle qu’elle soit, n’est pas primordiale: les syndicats ne sont qu’un élément important mais non déterminant d’une coalition hétéroclite; ils jouent plus souvent les utilités qu’ils ne déterminent la ligne du parti. Ils fournissent les militants, mais leur rôle n’est plus fondamental, s’il l’a jamais été, dans le choix des candidats qui porteront les couleurs du Parti démocrate. Ce sont pourtant eux qui font l’essentiel du travail de propagande électorale, fabriquent les tracts, pratiquent le porte-à-porte et surveillent le déroulement des opérations électorales. Ce sont les syndiqués qui remplissent, pour une part non négligeable, les coffres du parti et qui votent nettement plus en faveur des démocrates que les non-syndiqués. Au total, les syndiqués, bien souvent, font la différence entre une victoire et une défaite pour les démocrates.
La mobilisation à la base, d’ailleurs de plus en plus difficile à assurer, est l’arme principale d’un syndicalisme par ailleurs organisé en groupe d’intérêt classique avec ses lobbyists (la seule A.F.L.-C.I.O. en a une dizaine) enregistrés auprès du Congrès et maintenant des contacts étroits avec les membres des commissions parlementaires où se traitent les affaires concernant les syndicats, notamment les commissions du travail du Congrès (labor committees ). Mais les victoires, ces dernières années, ont été rares. Depuis 1981, l’A.F.L.-C.I.O. n’a pas réussi une seule fois à faire relever le taux du salaire minimum horaire, qui est resté désespérément fixé à 3,35 dollars, rémunération qui était, à la fin des années quatre-vingt, celle de 8 millions de travailleurs américains. L’affaiblissement des organisations syndicales n’y est pas étranger. Et rien n’indique que ce déclin cesse dans un avenir proche.
Encyclopédie Universelle. 2012.