présage [ prezaʒ ] n. m.
• presaige 1390; lat. præsagium
1 ♦ Signe d'après lequel on croit prévoir l'avenir. ⇒ 1. augure, auspices. Croire aux présages. Bon, mauvais présage. « Il jeta par trois fois, dans l'air, des pièces de monnaie. Toutes les fois, le présage fut heureux » (Flaubert).
♢ Ce qui est annoncé, prédit d'après ce signe. Présages tirés du vol des oiseaux (⇒ 2. augure, auspices) , de l'examen des entrailles des bêtes sacrifiées (⇒ aruspice) .
2 ♦ Ce qui annonce (un, des événements à venir). ⇒ signe. « Les tristes présages que me donnait votre lettre [...] ne se sont que trop vérifiés » (P.-L. Courier). Succès qui sont les présages d'une brillante carrière. Présages d'une catastrophe, d'une crise. « Une brume légère flottait, présage de chaleur » (Maupassant).
● présage nom masculin (latin praesagium) Signe grâce auquel on croit pouvoir connaître, annoncer l'avenir : Oiseau de mauvais présage. Signe avant-coureur d'un événement : Toutes ces anomalies étaient le présage d'une catastrophe. ● présage (citations) nom masculin (latin praesagium) Cicéron, en latin Marcus Tullius Cicero Arpinum 106-Formies 43 avant J.-C. Que les dieux détournent ce présage ! Quod di omen avertant ! Philippiques, III, 35 ● présage (synonymes) nom masculin (latin praesagium) Signe grâce auquel on croit pouvoir connaître, annoncer l'avenir
Synonymes :
- augure
- prodige
- signe
Signe avant-coureur d'un événement
Synonymes :
- auspices
- prédiction
- prévision
présage
n. m.
d1./d Signe heureux ou malheureux par lequel on pense pouvoir juger de l'avenir. Heureux, mauvais présage.
d2./d Conjecture que l'on tire de ce signe.
— Par ext. Conjecture que l'on tire d'un fait quelconque.
⇒PRÉSAGE, subst. masc.
A. —1. Signe dont l'interprétation permet de prévoir l'avenir, de prédire un événement. Présage alarmant, funeste; présage favorable; sinistre présage; bon, heureux présage; science des présages; croire aux présages; interpréter un présage. Peu à peu toute la troupe prit tellement l'habitude des présages, que si, au moment de s'embarquer, on apercevait sur la côte un prêtre, ou si l'on voyait un corbeau s'envoler à main gauche, on se hâtait de remettre le cadenas à la chaîne du bateau (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p.18). On a raconté que le cheval de Napoléon s'abattit et qu'on entendit murmurer: «C'est un mauvais présage; un Romain reculerait» (CHATEAUBR., Mém., t.2, 1848, p.421). La pluie d'été, si étrange... La nocturne pluie d'été, pleine de présages, au dire des Anciens (MONTHERL., Démon bien, 1937, p.1303).
— [Suivi d'un compl. introd. par de indiquant la nature de l'événement prédit] On pensait chez les anciens Latins que les foudres et les éclairs du côté gauche étaient signes et présages de bonheur; et ceux du côté droit, de malheur (SAINTE-BEUVE, Tabl. poés. fr., 1828, p.311). J'ai vu [dans un rêve] un bel oiseau du Paradis voleter dans ma chambre, puis se poser à terre et marcher doucement vers la porte qui donne sur le couloir (...). Quelqu'un dit alors au-dessus de moi: «C'est un fâcheux présage, un présage de mort» (GREEN, Journal, 1938, p.159).
2. P. méton. Prévision que l'on tire de ce signe. Elle devenait superstitieuse et s'occupait des présages continuels qu'on peut tirer de chaque événement, quand on est toujours poursuivi par la même crainte (STAËL, Corinne, t.3, 1807, p.180). Cinquante-quatre ans plus tard, en 1400, le fatal présage s'accomplit; Wenceslas, fils de Charles, fut déposé (HUGO, Rhin, 1842, p.275). Le mauvais présage d'un lièvre qui traverse la route peut être confirmé par le hasard, ou par la crainte même (ALAIN, Propos, 1933, p.1140).
B. —P. ext.
1. Signe annonciateur d'un événement, d'un fait qui a une forte probabilité de se produire. Synon. annonce, indice. Présage de pluie, de réussite; présage d'orage; présage d'une catastrophe, d'une crise, d'une tempête. Une forte toux nerveuse, des bâillements et un frisson, présage de la fièvre (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t.2, 1823, p.223). Moronval (...) se rongeant les ongles furieusement, ce qui était toujours le présage de quelque emprunt (A. DAUDET, Jack, t.2, 1876, p.332). Jour vert, pointe de bise, temps de nord-ouest, présages de ce qu'on peut appeler ici, en cette saison, beau temps (GIONO, Roi sans divertiss., 1947, p.115).
2. Conjecture que l'on tire d'un événement, d'un fait. Synon. augure (v. ce mot A p.ext.). Le présage qu'on tira de la première action de ce prince, fut que les peuples seraient heureux sous son règne (Ac. 1798-1878). Il y eut quelques admirables moments, et l'un si beau que je devrais être assez fort pour en tirer les meilleurs présages (DU BOS, Journal, 1924, p.9). Au soir de cette réception (...) qui n'avait en rien engagé les choses, Lise (...) essayait de tirer des présages, revoyait certaines expressions de la jeune fille, certains mouvements aimables (LACRETELLE, Hts ponts, t.4, 1935, p.49).
— Loc. (Être) de bon présage, de funeste présage. Les acteurs qui ne jouent pas dans l'ouvrage, quelquefois même ceux qui y jouent des rôles qu'ils ont jugés mauvais, font circuler dans le public des bruits de funeste présage (JOUY, Hermite, t.3, 1813, p.234).
Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694, 1718: pre-; dep. 1740: pré-. Étymol. et Hist.1. Ca 1390 «signe où l'on voit l'annonce d'un événement futur» la science des presaiges (EVR. DE CONTY, Probl. d'Arist., B.N. 210, f° 150b ds GDF. Compl.); 1529 [éd.] presages (O.DE S. GEL., Eneide, f° 92b, ibid.); 2. 1512 «conjecture, annonce bonne ou mauvaise que l'on tire du signe annonciateur d'un événement futur» (J. LEMAIRE DE BELGES, OEuvres, éd. J. Stecher, t.II, p.235). Empr. au lat. d'époque impériale praesagium «connaissance anticipée, prévision; présage; prédiction, oracle», de praesagire «deviner, prévoir, augurer». Fréq. abs. littér.:484. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 1006, b) 452; XXes.: a) 494, b) 659.
présage [pʀezaʒ] n. m.
ÉTYM. 1390, presaige; lat. præsagium, de præ-, et sagire « agir avec habileté ».
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1 Signe d'après lequel on croit pouvoir deviner, prévoir l'avenir. ⇒ 2. Augure (1.), 2. auspice (cit. 1). || Astrologue interprétant les présages que lui fournit l'observation des astres. || Croire aux présages : être superstitieux. || Présage favorable. || Heureux présage. || Le corbeau (cit. 2), la corneille, oiseaux de mauvais présage. ⇒ Porte-malheur. || Considérer les hurlements (cit. 1) prolongés des chiens comme un présage sinistre.
1 Un présage avait un moment ranimé les esprits : un vautour s'était embarrassé dans les chaînes qui soutenaient les croix de la principale église; Rome, eût, comme Moscou, vu dans ce présage la captivité de Napoléon.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. III, p. 213.
2 (…) il jeta par trois fois, dans l'air, des pièces de monnaie. Toutes les fois, le présage fut heureux.
Flaubert, l'Éducation sentimentale, I, V.
♦ Par métonymie. Ce qui est annoncé, prédit d'après ce signe. || Présages tirés du vol des oiseaux, de l'appétit des poulets sacrés, de l'examen des entrailles de bêtes sacrifiées (⇒ Aruspice)… || Les présages de son horoscope. || Il m'a prédit le succès, j'en accepte le présage. ⇒ 2. Augure, 2.
2 (Av. 1525). Ce qui annonce, laisse prévoir (un événement ou une série d'événements à venir). ⇒ Symptôme. || Fâcheux présages qui s'accumulent (cit. 13), qui assombrissent l'horizon (cit. 22) international. — Ses succès universitaires semblent le présage d'une brillante carrière. ⇒ Prélude; présager. || Présages d'une catastrophe, d'une crise, d'une tempête. ⇒ Avant-coureur. || Présage d'une vie sans amour. ⇒ Avant-goût (cit. 4). || Le départ des hirondelles, présage de la fin des beaux jours (⇒ Annonce, avertissement; 1. marque).
3 Monsieur, les tristes présages que me donnait votre lettre du 3 courant sur la maladie de M. de Sainte-Croix, ne se sont que trop vérifiés (…)
P.-L. Courier, Correspondance, CIII, 13 mars 1809.
4 Une brume légère flottait, présage de chaleur.
Maupassant, Notre cœur, II, I.
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DÉR. Présager.
Encyclopédie Universelle. 2012.