Akademik

INFORMATIQUE
INFORMATIQUE

LE MOT «informatique» a été proposé en 1962 par Philippe Dreyfus pour caractériser le traitement automatique de l’information. Ce terme a été accepté par l’Académie française en avril 1966, avec la définition suivante: «Science du traitement rationnel, notamment par machines automatiques, de l’information considérée comme le support des connaissances humaines et des communications dans les domaines techniques, économiques et sociaux.»

En fait, cette définition peut correspondre à deux groupes de disciplines sensiblement distinctes: l’ensemble des techniques mises en œuvre pour l’utilisation des ordinateurs (electronic data processing , en anglais); une science nouvelle, qui n’est pas fondamentalement liée à l’utilisation des ordinateurs, ces derniers en constituant cependant un outil majeur (computer science , en anglais).

Ces deux thèses comptent des partisans distingués. La seconde a été particulièrement affirmée en France par le professeur Jacques Arsac dans son ouvrage La Science informatique (Dunod, Paris, 1970). Si l’on s’en tient à l’empirisme de la première thèse, on peut remarquer que le traitement automatique de l’information, tout spécialement par ordinateur, met en jeu un grand nombre de disciplines scientifiques dans un champ d’application très voisin de l’organisation (scientifique, industrielle, administrative).

On peut donc dire que l’informatique est une discipline carrefour, dont les ordinateurs actuels, les structures intellectuelles (algorithmes du calcul scientifique) et institutionnelles (organisation comptable, organisation industrielle) déterminent pratiquement le contenu.

L’existence de l’ordinateur a indirectement attiré l’attention sur les circuits électroniques et renouvelé l’intérêt pour l’algèbre de Boole, dont l’ordinateur constitue une excellente application. Pour des raisons voisines, la théorie des automates et la théorie des langages (naturels et artificiels) tirent de l’existence et du fonctionnement de l’ordinateur une valorisation toute nouvelle.

La machine elle-même par la puissance de ses calculs rend possible l’utilisation de certains outils mathématiques connus mais inexploitables. C’est ainsi que les développements de l’algèbre linéaire ou de la statistique ont pu élargir considérablement le domaine des mathématiques appliquées. Par la création de nouveaux algorithmes de calcul plus puissants et souvent plus économiques que les algorithmes classiques, on en vient à une conception, une méthodologie nouvelles du calcul numérique. La machine peut aussi orienter le mathématicien dans ses recherches par des démarches heuristiques donnant du sens ou non à certaines conjectures.

De plus, la machine, grâce au codage, peut non seulement traiter des nombres, mais aussi des lettres, des signes de ponctuation, donc des textes. Le traitement de l’information linguistique courante fait alors déborder l’informatique sur les sciences humaines. Les applications documentaires ou pédagogiques en particulier, sans parler des essais de traduction automatique des langues, mêlent, dans leur expérimentation, la physiologie, la psychologie, la psychologie sociale. Les processus de simulation, la recherche opérationnelle, la théorie des jeux, entre autres, permettent d’ailleurs à l’ordinateur d’intervenir pratiquement dans tous les domaines de l’activité humaine.

Cependant, cet essor prodigieux de la machine «intellectuelle» ne doit pas cacher la relative pauvreté de l’informatique comme science. La cybernétique de Norbert Wiener, la théorie de l’information de Claude E. Shannon ne paraisent pas avoir épuisé les généralisations de toute science possible de l’information, mais rendent seulement compte au plus haut niveau de ce que les ordinateurs sont et font. Il est probable, si l’on songe particulièrement aux complexités des systèmes d’exploitation (temps réel et temps partagé, réseaux d’ordinateurs), à la diversification des travaux de programmation, à la finesse de certaines applications (psychologie, enseignement...), que les analyses théoriques donnent lieu à l’induction de lois, ou plus tard à la déduction de théorèmes, spécifiques de l’informatique, la faisant ainsi passer du stade de science virtuelle à celui de science réelle.

informatique [ ɛ̃fɔrmatik ] n. f.
• 1962; de information et -ique, d'apr. mathématique, électronique
Science du traitement de l'information; ensemble des techniques de la collecte, du tri, de la mise en mémoire, du stockage, de la transmission et de l'utilisation des informations traitées automatiquement à l'aide de programmes ( logiciel) mis en œuvre sur ordinateurs. Les métiers de l'informatique. informaticien. Informatique théorique (informatique fondamentale, formelle ou analytique) et informatique appliquée (informatique de gestion, informatique documentaire, etc.). Informatique bancaire. monétique. Application de l'informatique aux travaux de bureau ( bureautique) , à la production ( productique) , à l'habitation ( domotique) . Informatique et télécommunications. téléinformatique, télématique. Informatique sur micro-ordinateurs. micro-informatique. Simulation de l'intelligence par l'informatique. intelligence (artificielle). Loi sur l'informatique et les libertés. Adj. Système informatique. Réseaux informatiques ( connectique) . Équipement, matériel informatique. 2. calculateur, 2. ordinateur. Saisie informatique. Langages informatiques. Fichier informatique. Fraude, piratage, délinquance informatique.

informatique nom féminin (de information et automatique) Science du traitement automatique et rationnel de l'information considérée comme le support des connaissances et des communications. Ensemble des applications de cette science, mettant en œuvre des matériels (ordinateurs) et des logiciels. ● informatique adjectif Qui relève de l'informatique. ● informatique (expressions) adjectif Système informatique, ensemble des moyens de saisie, de traitement et de transmission de l'information mis en œuvre pour une application donnée.

informatique
n. f. et adj. Technique du traitement automatique de l'information au moyen des calculateurs et des ordinateurs. Informatique de gestion.
|| adj. Relatif à cette technique. Traitement par des moyens informatiques.
Encycl. L'informatique est apparue avec le développement des calculateurs électroniques à grande capacité, les ordinateurs (le mot informatique date de 1962). La rapidité d'accès et de traitement de l'information, l'automatisme du fonctionnement des ordinateurs et la systématique des résolutions ont ouvert un très vaste champ d'application à l'informatique: recherche scientifique (ex.: contrôle de la trajectoire d'un satellite); industrie (conception assistée par ordinateur, contrôle et commande des machines, des processus); gestion des entreprises (opérations administratives, simulation, recherche opérationnelle); enseignement programmé; documentation, banques d'informations; informatique individuelle. La liaison de plusieurs ordinateurs accroît la puissance de leur traitement, la télématique assurant la transmission (V. télématique, ordinateur, réseau).

INFORMATIQUE, subst. fém. et adj.
I. — Subst. fém.
A. — ,,Science du traitement rationnel, notamment par machines automatiques, de l'information considérée comme le support des connaissances humaines et des communications dans les domaines technique, économique et social`` (B.O.E.N., 26 févr. 1981, n° 8). Informatique documentaire, médicale; informatique de gestion. L'électronique mise au service de l'information, ce qu'on appelle dans ce cas informatique (E. ROCHE, Préf. ds P. LHERMITTE, Le Pari informat., Paris, France-Empire, 1968, p. 11).
B. — Activité économique ayant pour objet la mise en œuvre de cette science et de cette technique :
Encore négligeable en 1970, le chiffre d'affaires mondial de l'informatique atteint aujourd'hui les tous premiers rangs parmi les grandes activités industrielles, et l'on prévoit que dans les années 1980-1990 (...) l'industrie de l'informatique dépassera en importance l'automobile, l'aéronautique et la chimie.
DEL.-PERRET 1973.
II. — Adjectif
A. — D'informatique, de l'informatique; qui utilise l'informatique. Industrie, matériel, traitement informatique; moyens informatiques; le budget informatique d'une entreprise.
Système informatique. L'ensemble physique des matériels nécessaires pour effectuer un traitement donné constitue ce qu'on appelle un système informatique (P. LHERMITTE, Le Pari informat., Paris, France-Empire, 1968, p. 31).
B. — Qui est caractérisé par l'informatique; qui caractérise l'informatique. L'ordinateur n'est pas toujours nécessaire. Mais l'esprit informatique l'est, la décomposition de chaque problème général en sous-problèmes et leur réorganisation dynamique, les uns en fonction des autres (D. GARRIC, L'Informat., révolution totale, 1969, p. 107 ds C. MARCELLESI, Approche synchr. du vocab. de l'informat., Thèse 3e cycle, Nanterre, t. 2, 1972, p. 452).
REM. 1. Micro-informatique, subst. fém., mini-informatique, subst. fém. Informatique utilisant des matériels miniaturisés grâce aux circuits intégrés et aux microprocesseurs (cf. S. NORA, A. MINC, L'Informatisation de la société, Paris, éd. du Seuil, 1978, p. 150). 2. Péri-informatique, subst. fém. ,,Ensemble des industries et équipements de mini-informatique, périphériques, terminaux et généralement tous équipements auxiliaires utilisés autour d'un ordinateur, soit en mode connecté, soit en mode autonome`` (cf. S. NORA, A. MINC, L'Informatisation de la société, Paris, éd. du Seuil, 1978, p. 150). 3. Télé-informatique, subst. fém. ,,Ensemble des techniques informatiques et de communications qui permettent des échanges d'information entre équipements informatiques`` (cf. S. NORA, A. MINC, L'Informatisation de la société, Paris, éd. du Seuil, 1978, p. 150).
Prononc. : []. Étymol. et Hist. 1962 (Terme inventé par Ph. Dreyfus d'apr. GILB. 1971); 1966, 16 nov. (Le Monde, ibid.). Dér. de informat(ion); suff. -ique. Bbg. BERTINI (M.-T.), TALLINEAU (Y.). Pt vocab. L'Informat. nouv. 1977, n° 80, p. 23. - Dossiers de mots. Néol. Marche. 1977, n° 3, p. 37. - Encyclop. (XII)... L'Informat. 1973, n° 45, p. 70; (XIII)... 1973, n° 46, pp. 61-64.

informatique [ɛ̃fɔʀmatik] n. f. et adj.
ÉTYM. 1962, mot créé par Ph. Dreyfus; de information, et -ique, d'après mathématique, électronique.
1 N. f. Science et ensemble des techniques de la collecte, du tri, de la mise en mémoire, de la transmission et de l'utilisation des informations (IV.) traitées automatiquement à l'aide de programmes (logiciels) mis en œuvre sur ordinateurs; activité économique mettant en œuvre cette science, ces techniques. Calculateur, ordinateur (et processeur). || Spécialiste de l'informatique. Informaticien. || Informatique théorique (informatique fondamentale, informatique formelle ou analytique) et informatique appliquée (informatique de gestion, informatique documentaire [→ Documentation], informatique juridique, informatique médicale, informatique bancaire [ aussi Monétique], etc.). || Informatique et sciences cognitives, et neurosciences, et sciences de la communication. || Développement des programmes complexes, en informatique (→ Intelligence artificielle, système expert). || L'informatique et ses champs d'application; techniques en relation avec l'informatique ( Péri-informatique). || Utilisation de l'informatique dans les télécommunications. Téléinformatique, télématique; télégestion, télétraitement; Internet. || Automatisation par utilisation de l'informatique. Robotique, et aussi automatique (n. f.). || Banque de données, bibliothèques de programmes utilisées par l'informatique. || Informatique appliquée à la rénovation économique. Novotique. || Informatique et traitement de texte. || Informatique et travaux de bureau. Bureautique. || Utilisation de l'informatique dans les bureaux d'études, dans l'enseignement (conception assistée par ordinateur, enseignement assisté par ordinateur, etc.). || Informatique individuelle et systèmes informatiques de petite taille. Micro-informatique, mini-informatique; micro-ordinateur, mini-ordinateur (et microprocesseur). || L'informatique décentralisée (Nora et Minc, l'Informatisation de la société, p. 52). || Applications de l'informatique à la vie quotidienne; informatique domestique, informatique personnelle. || Informatique appliquée à l'habitation. Domotique. || Problèmes de société posés par l'informatique. || La commission « Informatique et libertés », en France (loi du 6 janv. 1978).Le chiffre d'affaires de l'informatique française. || Agence de l'informatique (établissement public français créé en 1979).
1 Jusqu'à une période récente, l'informatique était chère, peu performante, ésotérique, et de ce fait cantonnée à un nombre restreint d'entreprises et de fonctions : élitiste, elle demeurait l'apanage des grands et des puissants. C'est une informatique de masse qui va désormais s'imposer, irrigant (sic) la société, comme le fait l'électricité. Deux progrès sont à l'origine de cette transformation. Il n'y avait autrefois que de grands ordinateurs. Il existe désormais une multitude de petites machines puissantes et peu coûteuses. Elles ne sont plus isolées, mais reliées les unes aux autres dans des « réseaux ».
Cette imbrication croissante des ordinateurs et des télécommunications — que nous appellerons la « télématique » (…) — ouvre un horizon radicalement neuf.
Simon Nora et Alain Minc, l'Informatisation de la société, p. 11.
2 Non connectés, les ordinateurs relèvent d'une informatique autonome, où l'usager est son seul maître. Nul fournisseur de traitement et nul gestionnaire de banques de données ne viennent le « démarcher ». La connectabilité recrée en revanche une informatique décentralisée (…)
Entre informatique déconcentrée, décentralisée ou autonome, le choix est donc possible. La nouvelle informatique échappe à la fatalité : s'il y a centralisation, c'est affaire de volonté, non de contraintes.
Simon Nora et Alain Minc, l'Informatisation de la société, p. 59.
3 La grande informatique appartient depuis dix ans au domaine d'intervention traditionnel de l'État. Aujourd'hui elle se développe dans le cadre de l'accord CII Honeywell Bull. Celui-ci cherche à placer l'effort français dans une mouvance concurrentielle et modifie les relations entre l'État et le constructeur national (…). Avec les entreprises de mini informatique, le constructeur national a d'autres relations. Concurrent puissant face à des interlocuteurs plus modestes, il lui faut beaucoup de prudence pour éviter les effets pervers d'une lutte déséquilibrée.
Simon Nora et Alain Minc, l'Informatisation de la société, p. 98-99.
tableau Noms de sciences et d'activités à caractère scientifique.
2 Adj. De l'informatique. || Systèmes informatiques (systèmes de programmation, d'exploitation; systèmes moniteurs, superviseurs). || Entrée, sortie des données dans un système informatique. || La recherche informatique. || L'industrie informatique. || La stratégie informatique d'un pays. || Méthodes, procédés informatiques. || Réseaux informatiques ( Connectique; Internet, intranet, web). || Le matériel, l'équipement informatique. || Modélisation d'un problème en vue de son traitement informatique. || Saisie informatique. || Langages informatiques : langage machine, assembleur, langages intermédiaires (Fortran, Algol, Cobol, Basic, Pascal). || Fichiers informatiques.Fraude, piratage, délinquance informatique ( aussi Cybercriminalité).
4 La mutation des techniques informatiques va s'accompagner d'une automatisation plus rapide des entreprises industrielles : elle concernera aussi bien les activités « tertiaires » internes à chaque groupe, que les systèmes de production, la robotique que les automatismes.
Simon Nora et Alain Minc, l'Informatisation de la société, p. 38.
Qui concerne l'emploi de l'informatique (dans une société). || Le tournant, la mutation informatique.
DÉR. Informaticien, informatiquement.
COMP. Bio-informatique, micro-informatique, mini-informatique, péri-informatique, téléinformatique.

Encyclopédie Universelle. 2012.