1. y [ igrɛk ] n. m. inv.
1 ♦ Vingt-cinquième lettre et sixième voyelle de l'alphabet, dont les Latins se servaient pour transcrire le upsilon grec : y majuscule (Y), y minuscule (y). — Prononc. Lettre qui, à l'initiale ou après consonne, correspond à la voyelle étirée fermée [ i ] (ypérite, cycle, lady) et à la semi-consonne [ j ] (⇒ yod) quand elle est suivie d'une voyelle (yeux, myope).REM. Devant y initial, il y a absence de liaison et d'élision, ce qui est indiqué dans la transcription phonétique de l'entrée par [ ' ] (yaourt [ 'jaurt ] ; des yaourts [ dejaurt ] ), sauf pour les mots yeuse, yèble et yeux (les yeux [ lezjø ] ). — Digrammes comportant y : suivi d'une voyelle, ay, ey notent [ ɛj ] ou [ ej ] (balayer, grasseyer), oy note [ waj ] (noyer, voyage, moyen), uy note [ ɥij ] (essuyer), sauf dans quelques mots (gruyère [ gryjɛr ], mayonnaise [ majɔnɛz ], fayot [ fajo ]); ay, ey notent [ ɛ ] à la finale (tramway, poney); yn (→ 1. n); ym (→ 1. m). REM. -ay- note [ ei ] dans pays (et dérivés) et abbaye; oy note [ ɔj ] (cow-boy, boycotter).
2 ♦ Par compar. (Forme de Y majuscule). « La localité est un vaste Y irrégulièrement ourlé de façades basses » (Barbusse).
y 2. y abrév. et symboles
♦ y [ igrɛk ] n. m. inv. En algèbre, La seconde inconnue (après x). — Fonction de la variable x. — Géom. La seconde des coordonnées cartésiennes. Axe des y : axe des ordonnées.
♢ (Avec x) Personne indéterminée. Qu'il sorte avec X ou Y, ça m'est égal. — Adj. Chromosome Y. Mammifère mâle de formule XY.
y 3. y [ i ] pron. et adv.
• Xe; lat. hic; a éliminé iv (842), du lat. ibi REM. Avec l'impératif, on ajoute un s aux verbes qui n'en ont pas, par euphonie : vas-y, restes-y [ rɛstəzi ] . Pronom adverbial représentatif d'une chose, d'un énoncé, quelquefois d'une personne.
1 ♦ (Pour rappeler le lieu où l'on est, où l'on va) Dans ce lieu, dans cela. Elle y a vécu plusieurs années. « On y entre et on en sort » (Musset). J'y suis, j'y reste. Restez-y. Allons-y. Je n'y suis (chez moi) pour personne : je ne veux recevoir personne. Fam. Tu y vas, à cette soirée ? — Fig. Y compris. Ah ! j'y suis : je comprends. Je n'y suis pour rien : je n'ai aucune responsabilité dans cette affaire. Nous y voici; nous y voilà.
2 ♦ (Représentant un compl. précédé de à) À ce(s)..., à cette..., à cela. « Le pouvoir de penser à une chose ou de n'y pas penser » (Voltaire). J'y renonce. Je n'y manquerai pas. Que voulez-vous que j'y fasse ?
♢ Rare (Personnes) À lui, à elle. « Souvent femme varie, Bien fol est qui s'y fie » (Hugo).
♢ Pop. Lui. ⇒ lui. J'y ai dit [ ʒjedi ] :je lui ai dit. « Un jour j'y ai flanqué des gifles pour la faire jaser » (Maupassant). Dis-y de venir.
♢ (Représentant un compl. précédé d'une autre prép.) N'y comptez pas : ne comptez pas là-dessus.
3 ♦ (Dans divers gallicismes) Il y a. ⇒ 1. avoir (IV). Y aller. ⇒ 1. aller (I, A et B). Il s'y connaît, s'y entend (IV, 2o). Savoir s'y prendre (III, B, 7o). Je n'y tiens (II, 3o) plus. Ça y est ! la chose est arrivée, s'est produite; l'action, l'opération dont il est question ou qu'on attendait est terminée.
⊗ HOM. Hi.
y 4. y [ i ] pron.
♦ Pop. Il. ⇒ il. « Ah ! c'est-y pas malheureux, s'écria François » (Balzac). « Qu'est-ce qu'il fait ? — Y chiale » (Anouilh).
● Y Symbole chimique de l'yttrium. ● Y (expressions) Chromosome Y, celui des deux chromosomes sexuels d'un mâle hétérogamétique qui diffère des chromosomes sexuels de la femelle, notés X. (L'existence du chromosome Y dans le noyau de l'œuf fécondé est responsable de l'orientation du développement sexuel de l'embryon dans le sens mâle.)
y
adv. et Pron.
rI./r adv.
d1./d Dans cet endroit. J'y suis, j'y reste! Vas-y.
|| Y être: être chez soi. Je n'y suis pour personne.
— Fig. J'y suis!: je comprends!
d2./d adv. ou Pron. Il y a: il est, il existe (au sens local ou temporel).
— Il y va de: telle chose se trouve engagée, en cause (dans telle affaire). Il y va de l'honneur.
— Y être pour quelque chose, pour rien: avoir, ou ne pas avoir, sa part de responsabilité (dans telle affaire).
rII./r Pron. pers.
d1./d à cela. Je n'y comprends rien.
— (Remplaçant un compl. normalement précédé d'une préposition autre que à.) N'y comptez pas: ne comptez pas sur cela, là-dessus.
d2./d (En locutions verbales.) S'y entendre, s'y connaître: être expert en la matière.
— Bien s'y prendre: agir habilement.
d3./d loc. adj. (Luxembourg) Y relatif: relatif à ce qui précède. Le Ministre a entamé les discussions y relatives avec les syndicats.
————————
y
n. m.
d1./d I grec, vingt-cinquième lettre (y, Y) et sixième voyelle de l'alphabet, notant la voyelle palatale (ex. cygne) ou la semi-voyelle (ex. yeux), celle-ci ne recevant pas à l'initiale l'élision ou la liaison du mot précédent, sauf pour l'yèble et les yeux.
d2./d MATH y: symbole utilisé pour désigner une fonction ou une inconnue.
— Axe des Y (ou y): axe des ordonnées.
|| BIOL Chromosome Y: V. encycl. chromosome.
I.
⇒Y1, y, lettre
La vingt-cinquième lettre de l'alphabet; un exemplaire de cette lettre.
A. — [La lettre en tant que telle]
1. [Y désigne y] Je dédaignai les merciers et ne cherchai plus à deviner le sens de l'Y énigmatique qui brille en or sur leur enseigne (A. FRANCE, Livre ami, 1885, p. 163).
— [Forme dessinée de la lettre] Ils s'arrêteront sur une anagramme presque parfaite — il n'y manque qu'un C — de Crayencourt: Yourcenar. « Pour le plaisir de l'y », dira Marguerite (J. SAVIGNEAU, M. Yourcenar, Paris, Gallimard, 1990, p. 68).
— [P. allus. au symb. math. corresp.; la différence, entre x et y, effectivement interchangeables, est sans conséq.] Nous nous sommes battus trois fois, parce que il soutenait avoir vu des X sur les boutons d'un habit, où je crois qu'il y avait des Y (DUMAS père, Henri III, 1829, II, 2, p. 146).
2. [Par rapport à la forme physique du caractère]
— [D'un point de vue esthét.] Quand reviendrons-nous à « poëte » et à « poësie »? Qui nous rendra les « Plëiades »? Qui restituera le calice royal de l'« y » dans ce mot de « lis » démocratisé? (MORIER 1961, p. 921, s.v. rime).
— [Figures de la forme] Elle se partageait en deux rues, obliquant l'une à gauche, l'autre à droite. Jean Valjean avait devant lui comme les deux branches d'un Y (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 541).
♦ En forme d'y, en y. Pécuchet, le tournant vers la Grande-Ourse, lui montra l'étoile polaire, puis Cassiopée, dont la constellation forme un Y, Véga de la Lyre, toute scintillante, et, au bas de l'horizon, le rouge Aldebaran (FLAUB., Bouvard, t. 1, 1880, p. 79). Maurice avait rapproché les sourcils, il avait une ride en Y sur le front, il paraissait réfléchir (SARTRE, Sursis, 1945, p. 153).
— Tiré comme un bel y grec. Être bien habillé. (Ds FRANCE 1907).
B. — [Y désigne un référent autre que lui-même, directement, p. attrib. arbitraire, ou indirectement, en tant qu'abrév. d'un signe lex.]
1. [Avec un référent lex.]
— [Abrév. d'une lettre; substitution, oralement, du signe lex.]
♦ Y. Symbole de l'yttrium. (Dict. XIXe et XXe s.).
— [Abrév. de plus d'une lettre]. Y.M.C.A. [Abrév. de Young men's christian association] Une organisation de bienfaisance. Deux poilus regardent les petites femmes de l'Y.M.C.A. « Sais-tu ce que c'est, mon vieux? — Ya moyen coucher avec » (BARRÈS, Cahiers, t. 11, 1918, p. 332).
2. [Sans référent lex.] De cette loge, on surveillait également, par une petite fenêtre pratiquée en Y, la porte V, qui donnait sur l'appartement du vieux Bob (G. LEROUX, Parfum, 1908, p. 80).
— Variable algébrique. Un facteur commun diviserait leur somme 2 x et leur différence 2 y, et par suite x et y, ce qui est impossible, x et y étant supposés premiers entre eux (Gds cour. pensée math., 1948, p. 91).
♦ L'axe des y. La courbe représentative des moments fléchissants est une parabole (...) tournant sa concavité vers les y négatifs (RÉSAL, Ponts métall., t. 2, 1889, p. 11).
— [Une entité ou une propriété indéterminées] Le même symbolisme grossier sur lequel on prétendait fonder la contingence de l'action accomplie aboutit, par un prolongement naturel, à en établir l'absolue nécessité. Bref, défenseurs et adversaires de la liberté sont d'accord pour faire précéder l'action d'une espèce d'oscillation mécanique entre (...) deux points x et y (BERGSON, Essai donn. imm., 1889, p. 141).
— En partic. Chromosome Y. Chromosome mâle. V. x ex. de Rostand. Le chromosome Y diffère de X en ce qu'il est un peu plus grand et a la forme d'un V à branches très inégales (CUÉNOT, La Genèse des espèces animales, Paris, Alcan, 1932, p. 144).
— [Une pers. indéterm. ou non identifiée] Je remarque en passant que c'est l'idée vague qui est le plus généralement comprise — et qu'on passe pour obscur dès qu'on précise. (Cf. X, Y) (VALÉRY, Corresp. [avec Gide], 1899, p. 350). Indépendance: à l'égard de mes antécédents, et de ce que X. et Y. peuvent croire être mes ambitions (LARBAUD, Journal, 1931, p. 248).
Prononc. et Orth.: i [i]grec. L'élision est générale, l'y. La liaison est probable dans des y, deux y, un y, en y. La semi-voyelle [j]à l'initiale d'une partie des mots en y- a le comportement d'une consonne. Elle ne suscite pas l'élision, la yole. Elle entraîne la syncope, six yoles ([sis] réduit à [si]). Elle ne connaît pas la liaison, les yoles [], ni la substitution de la forme jonctive, beau yearling (pour bel yearling), ni l'enchaînement (l'insertion d'un coup de glotte, d'une pause, voire d'un [] est probable dans cette voie). L'initiale de [i]iambe, iode, iota, etc., échappe, ou à peu près, au phénomène. La liaison est certaine, l'iode, un peu moins les autres aspects du phénomène. LITTRÉ, s.v. yole: « L'y joue le rôle de consonne, la yole, les yoles, sans lier l's » Ac. 1935: « Au début de la plupart des mots, y se comporte comme s'il était précédé d'une h aspirée, et la voyelle finale de l'article ou de la préposition de ne s'élide pas devant lui. Le yucca. La pointe du yatagan ». Étymol. et Hist. 1. 1119 y griu, y (PHILIPPE DE THAON, Comput, éd. I. Short, 1553 et 1559); 2. 1832 (RAYMOND: Y Figure un chemin qui se sépare au bout en deux parties); 3. 1842 chim. (Ac. Compl.); 4. 1846 alg. (BESCH.). Vingt-cinquième lettre de l'alphabet, lat. y, gr. , empr. tardivement par les latins à l'alphabet gr. pour écrire les mots tirés du grec.
II.
⇒Y2 , pron. adv. et pers.
I. — [Y, pron. adv., représente le lieu où l'on est ou le lieu où l'on va. Il s'oppose ainsi à en qui représente le lieu d'origine]
A. — [Représente un syntagme prép. de lieu]
1. [Avec à] Jamais (...) je ne me rendrai à la bibliothèque pour y consulter les archives (SARTRE, Nausée, 1938, p. 127).
2. [Avec une autre prép. chez, dans, en, sous, sur...] Y aller (en Bretagne, dans le Poitou, chez Paul). Il chercha la lettre dans sa poche, l'y sentit, mais il n'osa pas l'ouvrir (FLAUB., Mme Bovary, t. 2, 1857, p. 193). Il n'y avait plus de verres, de fioles ni de bouteilles sur la table de nuit; deux bougies y brûlaient (A. FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 336). Ah! c'est bon, n'est-ce pas? d'être sous l'aile du pouvoir. On y est mieux que sous l'aile de Jésus-Christ (MONTHERL., Port-Royal, 1954, p. 1048).
B. — [Représente un adv. de lieu] Tu verras ici Charles, tu y verras M. Pagnerre, tu y auras le cœur et l'esprit contents (HUGO, Corresp., 1862, p. 411). Il déjeunait dehors, souvent même il y dînait (ZOLA, Curée, 1872, p. 121). On s'assied là-dedans, on s'y couche plutôt, sur des tapis de Perse qui recouvrent des coussins moelleux comme un lit (FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p. 72).
— [Y est pléonastique]
♦ [Avec un adv. là, dessus...] On n'est pas toujours obligé de penser à cette terre plate et au vent qui s'y aiguise dessus (GIONO, Regain, 1930, p. 78).
♦ [Avec l'adv. rel. où] Il recherche des plaisirs où l'âme n'y trouve nulle paix (GREV. 1986, § 655, p. 1038).
♦ [Avec un syntagme prép. en appos.] Les Prussiens n'y entreront pas (dans Paris): c'est un épouvantail de M. Thiers (FLAUB., Corresp., 1871, p. 223). Mais toi, mon garçon, tu y viendras, au sermon (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Père Amable, 1886, p. 216).
C. — [Désigne un compl. de lieu prép. ou un adv. de lieu] Passereau se traîna tant bien que mal jusqu'à son lit et s'y abattit lourdement (BOREL, Champavert, 1833, p. 187). L'hôtel est un pays en petit. On y vient au monde, on y souffre, on y travaille et parfois l'on y meurt (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p. 195).
II. — [Y, pron. équivaut à une constr. indir. et représente un nom, un pron. ou une prop. entière]
A. — [Fonctions]
1. [Y est compl. d'un verbe ou d'une loc. verb.]
a) [Corresp. à un subst. introd. par à] Cette fièvre qui devient une anxiété, une angoisse, un amour de la mort, quand on s'y abandonne imprudemment (AMIEL, Journal, 1866, p. 201). La politique, il n'y comprend rien (RENARD, Journal, 1901, p. 688).
— [Dans des constr. vieillies ou figées, corresp. à un subst. introd. par une autre prép. en, par, pour...] Croire en Dieu, y croire. Neuf fois sur dix, cela se retourne contre lui; il le sait, et il y persiste; c'est de la manie (MONTHERL., Malatesta, 1946, III, 4, p. 496). Balzac y insiste, « la ridicule phraséologie fut un élément de succès » (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 45).
b) [Y représente]
) [un subst.] Cette chambre pouvait voir et connaître de toutes plaintes et clameurs, recevoir toutes requêtes et y pourvoir (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 374). La connaissance purement intellectuelle « exile à l'infini tout ce qu'elle croit étreindre »: la notion me sépare de l'objet autant qu'elle m'y unit (LACROIX, Marxisme, existent., personn., 1949, p. 110).
) [un inf.] Tu n'as pas idée de la difficulté de monter à une tribune pareille et d'y parler sans radotages et sans être stupéfié par les regardeurs, les auditeurs et les interrupteurs. Quant à lire, il n'y faut pas penser, cela ne s'écoute pas du tout (LAMART., Corresp., t. 2, 1834, p. 18).
) [une prop. entière] Je ne retournerai plus à Juvigny, dit-elle d'une voix ferme. — À d'autres! s'exclama le chevalier, je vous y forcerai bien (THEURIET, Mariage Gérard, 1875, p. 217). Cette femme qui va vieillir demain, que n'oublie-t-elle pas, — songez-y! — sous le charme magique des avant-dernières caresses! (BOYLESVE, Leçon d'amour, 1902, p. 226).
— [Y est empl. comme régime dans une prop. compar.] Sans doute aurions-nous dû vous envoyer une auto, comme nous y avons pensé (SANDF. t. 1 1965, § 81).
2. [Y est compl. d'un adj. ou d'un part. en fonction d'adj.]
a) [Y précède le verbe] Être attaché à la morale, y être attaché. Je parlai de M. Dubois, de Gérard, de Psyché et l'amour, dans le Jardin du Luxembourg à Fontanet et à Mouron qui y furent indifférents (A. FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 463).
b) [Y se place immédiatement devant un adj. dans qq. expr. figées:renseignements afférents à une affaire, renseignements y afférents] Fais embarquer tout l'équipage à bord de la goëlette, y compris les Noirs (SUE, Atar-Gull, 1831, p. 21). Sur le rebord de la cheminée et sur les planches y attenantes (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 626). Parmi ces plaques unies frappées par la lumière parfumée d'une forêt de bougies et de girandoles y incluses (CLADEL, Ompdrailles, 1879, p. 363).
3. [Y peut se substituer à le lorsque celui-ci représente un compl. prép. en fonction d'attribut] Ô Étoiles, vous êtes à faire peur, Vous y êtes toutes! toutes! (LAFORGUE, Poés., 1887, p. 109). — Oh! si elle était en vers! — Mais elle y est, dit Barbier. — Oui, mais en d'autres vers (RENARD, Journal, 1898, p. 459). Il était parfaitement au courant des événements il y a une dizaine d'années; il n'y est plus (GREV. 1986, § 648, p. 1029).
— [Dans le fr. parlé ou région., y peut représenter un adj.] [Le Provençal, la tête dans un baquet de tripes:] Si elles sont belles (...) Ah! je te crois qu'elles y sont! Té, vé (RICHEPIN, Truandailles, 1891, p. 255).
4. [Y en constr. avec voici et voilà] M'y voici! vous y voilà! — (...) Tenez, nous y voilà... Les voyez-vous? — Qui donc? — Les corbeaux qui vont coucher au puits (DUSAULX, Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 323).
5. [Avec reprise par un syntagme prép. apposé]
a) [Le syntagme apposé suit y] Voilà maintenant que nous sommes à Bar-le-Duc! Mais queq' nous allons y foutre, à Bar-le-Duc! (COURTELINE, Train 8 h. 47, 1888, p. 100). Mes griefs?... Vous croyez que j'y tiens, à mes griefs? (SANDF. t. 1 1965, § 83).
b) [Le syntagme apposé précède y] Mais, à son salut, oh! si je le pouvais, j'y travaillerais malgré lui. Par tous les moyens, oui! (ZOLA, Dr Pascal, 1893, p. 23).
— [Dans ce cas, la prép. est gén. omise] La liberté relative, on y arrive plus facilement encore sans galons (SANDF. t. 1 1965, § 83).
Rem. Dans la lang. parlée, il arrive souvent qu'y annonce le compl. qui suit en y ajoutant après coup le membre de phrase qu'il représente: Les Henrouille, dès avant leur mariage, ils y pensaient déjà à s'acheter une maison (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 309).
B. — [Désigne gén. une chose, mais peut désigner aussi]
1. [un animal] Ce chien, je m'y suis attaché. [Fabrice] sauta lestement sur le cheval. Il y était à peine et cherchait l'étrier de droite avec le pied, lorsqu'il entendit siffler une balle de fort près (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 62).
Rem. 1. L'empl. de lui et de leur est normal, même à propos d'animaux ou de choses, quand il y a un obj. dir. (avec donner, demander, devoir, préférer, etc.), lui et leur étant des obj. seconds: Le cheval rua et le charretier lui donna un coup de fouet (LITTRÉ). Ce cuir ne vaut rien, on lui a donné un mauvais apprêt (Ac., s.v. apprêt). 2. Cependant, même dans ce cas, on trouve parfois y: j'ignore de quoi nous sommes faits, et peu importe le nom qu'on y donne (GREV. 1986, § 653, p. 1035).
2. [une pers.]
a) [Y peut être empl. comme obj. indir. quand les pron. conjoints sont exclus (notamment avec certains verbes: avoir affaire, croire, en appeler, habituer, penser, prendre garde, recourir, renoncer, rêver, songer...)] C'est un homme dangereux, prenez-y garde! Je voyais bien des gens d'Égypte, mais je n'osais guère m'y fier; je les tâtais, et ils me tâtaient (MÉRIMÉE, Carmen, 1845, p. 58). Je pensai à Anne. J'y pensai d'une telle manière que je m'assis sur mon lit, le cœur battant (SAGAN, Bonjour tristesse, 1954, p. 76).
Rem. 1. La forme disjointe est fréq. empl. dans ce cas: il s'y intéresse; il s'intéresse à lui; j'y pense, je pense à lui. 2. ,,Y (...) est utilisé de plus en plus souvent pour parler de personnes, peut-être un peu par analogie avec en, (...) les puristes mis à part, on commence à considérer y comme la variante « parlée » des pronoms à lui, à elle, etc. Ceci nous amène à supposer (...) que la différence en ce qui concerne la pronominalisation des compléments (...) n'a rien à voir avec la nature des compléments (humains ou non), mais tient exclusivement à la nature du verbe`` (D. SEELBACH ds Sur le verbe, 1986, p. 141).
b) [Dans la lang. fam. ou pop.]
) [Comme datif conjoint, y est empl. à la place de lui ou de leur] Mords-y l'œil! Ah! dis donc!... J'ai manqué y pouffer au nez. L' pauv'e bonhomme! (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 94). J' vas y porter une lettre (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 171).
) [Leur, ou plutôt leur z' fait pléonasme avec y dans certains énoncés] Je « leux » y dirai la chose, histoire de rire (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 350). Aux poulets [policiers] tu pourrais toujours leur-z-y expliquer (GREV. 1986, § 653, 2e rem., p. 1035).
C. — [Place de y]
1. [Aux modes autres que l'impér. et à l'impér. nég., y précède le verbe] Il y court, il faut qu'il y coure, il faut y courir, n'y cours pas! Y vas pas, tu vas te faire tuer, lui dit Lemoine (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 233).
2. [Avec un verbe à l'impér. positif y suit le verbe (on fait la liaison et on met un trait d'union)] Songez-y, Musette, pour moi, pour vous, cela est bien inconvenant (MURGER, Scènes vie boh., 1851, p. 232). Eh bien! vas-y, répond l'impitoyable père à sa fille; vas-y, avec ton mendiant, courir les champs (LAMART., Cours litt., 1859, p. 295).
— [La 2e pers. du sing. des verbes en -er est écrite avec s] Tu veux absolument aimer; renonces-y, je t'en prie (BOREL, Champavert, 1833, p. 185).
♦ [Lorsque y est suivi d'un inf., on n'a ni s final, ni liaison; y se rapporte en fait ici à l'inf.] Va y mettre de l'ordre. On lui avait assez dit qu'il fallait se méfier à Paris, que la plupart des femmes y étaient malades. Même les femmes du monde (...) va y comprendre quelque chose? (R. GUÉRIN, L'Apprenti, Paris, Gallimard, 1949 [1946], p. 269).
3. [Y constr. avec un autre pron. conjoint se place après celui-ci; le, la, me, te, se s'élident graphiquement et phonétiquement: on met un trait d'union entre le verbe, le pron. et y] Tenons-nous-y, fais-m'y penser. Et toi, Tristesse, qui songez comme deux Sœurs Auprès de l'eau où vous aviez jeté la clef et les fleurs De mes plus belles Destinées, Laissez-m'y voir, hélas! penché sur son mirage (RÉGNIER, Poèmes, Tel qu'en songe, 1892, p. 230).
Rem. 1. On peut trouver la forme tonique dans des ex. oraux ou liés à l'oralité: Mènes-y-moi, confies-y-toi. Mets-toi à leur place à ces deux femmes, mets-y-toi un peu (CÉLINE, Voyage, 1932, pp. 554-555). 2. L'usage pop. connaît la constr. z-y (et même zi) derrière un pron. tonique: [Le brigadier au trompette:] Rage dessus [= sur ta trompette]! Metz-toi-zi dedans (D'ESPARBÈS, Tumulte, 1905, p. 142).
4. [Lorsque y et en figurent ensemble dans une constr., y précède en] Réfléchissez avant d'aller à Rome, car on y a trop d'occasions de dépenser son argent, et l'on ne peut pas y en gagner (TAINE, Philos. art, t. 2, 1865, p. 31).
5. a) Vieilli [Y se place devant un verbe régissant un inf. dont il est compl.] Car une fois perdu parmi ces capitales, ces immenses Paris, aux tourmentes fatales, repos, fraîche gaîté, tout s'y vient engloutir (BRIZEUX, Marie, 1840, p. 14).
b) [Lorsque le verbe à l'inf. est précédé d'un adv. (bien, trop, toujours...) ou de la 2e partie de la nég. (pas, point, rien, jamais...) y précède le groupe adv. + inf.] Il y échangea les soins du pressoir contre ceux de la presse, et il était, comme il disait, depuis trop longtemps dans les vignes pour ne pas s'y bien connaître (BALZAC, Illus. perdues, 1837, p. 20). Des tas de vieillards comme des tas d'immondices et qui allaient mourir et ne le savaient pas, d'autres qui le savaient et pensaient n'y rien pouvoir (BERGER, Le Sud, Paris, Grasset, 1962, p. 67).
6. [Y est gén. omis devant le fut. et le cond. de aller, ainsi que devant lui-même avec y avoir] Avez-vous été à Paris? J'irai (Ac.). Ce n'est point parce qu'il y a une rose sur le rosier que l'oiseau s'y pose: c'est parce qu'il y a des pucerons (RENARD, Journal, 1897, p. 417).
III. — [Y forme des loc. dans lesquelles il peut s'interpréter comme l'équivalent, à l'origine de là ou de à cela]
A. — [Dans des loc. impers.] Il y a. V. avoir1 IV. Il y va de. V. aller1 II A 3. Il y paraît. V. paraître1 II A 2. Ça y est! V. être1 2e Section I B 1 c .
B. — [Dans des loc. pers., le verbe étant fréq. à la forme pronom. ou nég. ou avec des compl. adv. ou substantivaux]
1. [Avec être] Ne pas y être, n'y être pour personne, y être pour qqc., tant qu'on y est. V. être1 2e Section I B 1 c. [Avec aller] Vas-y! on y va!. V. aller1 I A 2 c. [Avec faire] Rien n'y fait, savoir y faire. V. faire1 II B 1. [Avec passer] V. passer1 1re Section III B 1 c . [Avec regarder] V. regarder A 2 b . [Avec revenir] V. revenir II C 1 c. [Avec voir] Ne plus y voir, ne plus y voir clair, n'y voir goutte. V. voir 1re Section I C 2 b.
2. Ne pas y couper. V. couper B 4. N'y pouvoir rien. V. rien II B 6 e. S'y prendre. V. prendre 3e Section III. Ne plus y tenir. V. tenir 2e Section I B.
Prononc. et Orth.:. Étymol. et Hist. [842 [i]iv « là [< lat. ibi, v. FEW t. 4, p. 530] » (Serments de Strasbourg ds HENRY Chrestomathie, p. 2)] 1. 2e moit. Xe s. i, locatif, désigne le lieu de l'action exprimée par le verbe (St Léger, éd. J. Linskill, 142: Defors l'asist, fist i gran miel [mal]; 180: Domine Deus in ciel flaiel I visitét Lethgier son serw); 2. 2e moit. Xe s. « à cela [mise en rapport avec une situation évoquée précédemment] » (ibid., 51: Il se fud morz, damz i fud granz); 3. a) 2e moit. Xe s. loc. (ibid., 55: Un compte i oth); b) 1208 il y a (VILLEHARDOUIN, V,150 cité ds J. PINCHON, Les Pron. adv. en et y, p. 275); c) 1228 il n'i a que de + inf. (JEAN RENART, Guillaume de Dole, éd. F. Lecoy, 4341); 4. a) fin Xe s. avec certains verbes, comme substitut d'un compl. au datif désignant une pers. « à lui [ici i peut également être considéré comme une forme réduite de lui, pron. pers. régime, v. J. PINCHON, op. cit., p. 120] » (Passion, éd. d'Arco Silvio Avalle, 289: Respondet l'altre: « Mal i diz »; 385: Argent ne aur non i donat Mas que son sang et soa carn); b) ca 1170 (CHRÉTIEN DE TROYES, Erec et Eneide, éd. M. Roques, 5818: Lors la beise et comande à Dé Et ele i recomande lui), encore dans la lang. parlée et fam.; 5. ca 1050 constr. avec en (Alexis, éd. Chr. Storey, 228: en i out), l'ordre en y, ayant été condamné par les grammairiens au XVIIe s., l'ordre y en s'impose ensuite; 6. a) ca 1170 avec des verbes pronom. réfl., substitut de « avec lui, à lui » (MARIE DE FRANCE, Lais, éd. J. Lods, Eliduc, 282: Eliduc respunt qu'il irrat Volenters s'i acuinterat); b) 1176-81 (CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier Lyon, éd. M. Roques, 742: Se or de rien an moi te fies Ja mar t'i fieroies mes), sur les contraintes (de différents ordres) s'exerçant sur y quand il représente un animé, et leur évol. hist., v. J. PINCHON, op. cit., pp. 92-167. Du lat. hic « ici » (v. FEW t. 4, p. 423), avec, prob., infl. réciproque de hic et ibi, ce dernier étant proposé par certains (v. J. PINCHON, op. cit., pp. 14-19) comme étymon de y malgré la difficulté phonétique. Bbg. BLANCHE-BENVENISTE (Cl.). L'Importance du « fr. parlé » pour la description du « fr. tout court ». Rech. Fr. parlé. 1983, n° 5, pp. 23-45. — BOGACKI (K.). Perspective fonctionnelle et locativité. Kwart. neofilol. 1976, t. 23, pp. 49-55. — HUOT (H.). Constr. inf. du fr. Genève, 1981, p. 8, 163, 174, 358, 463. — KAMINSKA (A.). La Valeur des pron. pers. en et y ds Aucassin et Nicolette. R. Ling. rom. 1965, t.29, pp. 98-104. — KAYNE (R.S.). Synt. du fr. Paris, 1977, pp. 131-132, 283-285. — LE FLEM (D.C.) Un trait archaïque du franco-québécois: les pron. pléonastiques en et y: Congrès Internat. de Ling. et Philol. Rom. 17. 1983. Aix-en-Provence, 1986, t. 4, pp. 253-265. — QUEM. DDL t. 32. — QUICOLI (A.C.). The placement of y, en in Fr. causatives. Linguistic analysis. New-York. 1981, t. 8, pp. 343-376. — SEELBACH (D.). À propos d'un à datif en fr. Sur le verbe. Lyon, 1986, pp. 133-168. — TILANDER (G.). Pourquoi l'ordre réciproque des adv. en, y a-t-il été changé en y en. In:[Mél. Grevisse (M.).]. Gembloux, 1966, pp. 327-333.
III.
⇒Y3, pron. pers.
[Comme notat. de la prononc. pop. de il]
A. — [Il et ils s'écrivent et se prononcent y devant une cons., [i]y et [i]y z' [iz] devant une voy.] J' fous ma démission, l' gouvernement s'arrangera comme y pourra! (COURTELINE, Train 8 h. 47, 1888, p. 70). Y en a plus que du très bon [du vin blanc]. Y vaut cinq francs la bouteille... (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 50).
B. — [Dans l'interr., la syll. -t-il(s) est prononcée [ti] et peut être orthographiée t'il, t-il, t'i ou t'y, ty; p. ext., morphème interr., même au fém.] — Votre pompe, elle marche-t-y bien? (HÉMON, M. Chapdelaine, 1916, p. 19).
— [C'est-y..., voilà-t-y... introduisent une phrase exclam.] C'est-y pas des oies qu'il a après sa ceinture! (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 134). Mais voilà-t-y pas que juste devant le café où nous étions attablés un régiment se met à passer (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 14).
Prononc. et Orth.:. Étymol. et Hist. V. [i]il et y2.
STAT. — Y1, 2 et 3. Fréq. abs. littér.:233 388. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 344 519, b) 324 280; XXe s.: a) 324 860, b) 329 468.
1. y [igʀɛk] n. m.
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1 I grec (ainsi dit parce qu'il servait aux Latins à transcrire le upsilon grec), vingt-cinquième lettre et sixième voyelle de l'alphabet, servant à noter la voyelle (ex. : [i]ypérite, cycle, hypothèse; Ruy Blas), la semi-consonne [j] (ex. : yeux, moyen, myope). ⇒ Yod.
REM. L'y semi-consonne est traité comme une consonne, pour l'élision et la liaison, sauf trois exceptions : yeuse (l'yeuse), yèble (l'yèble) et yeux, plur. de œil (les yeux [lezjø]). Le y entre voyelles a valeur de voyelle et de consonne dans la prononciation moderne : essuyer [esɥije], bruyant [bʀɥijɑ̃], payer [peje], noyer [nwaje], sauf dans quelques mots : gruyère [gʀyjɛʀ], bruyère [bʀyjɛʀ], mayonnaise [majɔnɛz]…
1 Et, bien qu'il n'ait totalement raclé la lettre grecque y, comme il devait, je me suis hasardé de l'effacer, ne la laissant servir sinon aux propres noms grecs, comme en Tethys, Thyeste, Hippolyte, Ulysse (…)
Ronsard, Œ. en prose, Avertissement au lecteur.
♦ Par compar. Forme de Y majuscule. || Chemin en Y. || L'Y d'un carrefour.
2 Avez-vous remarqué combien l'Y est une lettre pittoresque qui a des significations sans nombre ? — L'arbre est un Y; l'embranchement de deux routes est un Y (…)
Hugo, Alpes et Pyrénées, Alpes, IV.
3 Ici, la grande rue unique se sépare en fourche devant la mairie et forme deux autres rues : la localité est un vaste Y irrégulièrement ourlé de façades basses.
H. Barbusse, le Feu, I, V.
2 Mar. Vingt-cinquième pavillon du Code international de signaux, signifiant « mon ancre chasse ».
3 En algèbre, Symbole littéral désignant une seconde inconnue (après x) ou une fonction de la variable x. — En géométrie, La seconde des coordonnées cartésiennes. || L'axe des y.
4 Chim. || Y : symbole de l'yttrium.
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2. y pron. et adv.
ÉTYM. Xe; du lat. [i]hic; a éliminé iv, 842, Serments de Strasbourg, du lat. ibi.
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I Pronom adverbial représentatif d'une chose, d'un énoncé, quelquefois d'une personne.
♦ (Pour rappeler le lieu où l'on est, où l'on va). Dans ce lieu, dans cela (→ Maquis, cit. 1). || Il y va. || Vas-y vite. || J'y cours. || On y entre et on en sort… (→ Marionnette, cit. 4). || On le voyait sortir de chez lui et y rentrer (→ Mouvoir, cit. 4). || Y retourner, y revenir (→ 1. Mater, cit. 1). || Y être invité (cit. 3). ⇒ Chez. — Vx. || S'y en aller (Molière), s'y en retourner (Gui Patin). — Y être. ⇒ 1. Être (supra cit. 56). ☑ Je n'y suis (sous-entendu : chez moi) pour personne. — Fig. ⇒ 1. Être (cit. 60, 61, et supra); → Nenni, cit. ☑ J'y suis, j'y reste. — ☑ Nous y voilà. — Sur le pont (cit. 3) d'Avignon, on y danse… || S'y installer (→ Ombreux, cit. 3). || Ils déposèrent Madame sur le couvre-pied et l'y étendirent (→ Lit, cit. 24). || On y cherche, on y voit, on y trouve… (dans un livre). → 1. Livre, cit. 6; repère, cit. 5. || Le détail y figure (cit. 6). || Il s'y trouve quelques négligences (cit. 9).
1 — Vous n'êtes pas d'ici (…) ? — Non, je n'y suis venu que pour voir la fête de demain.
Molière, George Dandin, I, 2.
2 La convenance ne règne point dans les arts en Angleterre comme en France; cependant l'opinion publique y a plus d'empire qu'en Allemagne (…)
Mme de Staël, De l'Allemagne, II, II.
3 Turpin, n'as-tu rien vu dans le fond du torrent ?
— J'y vois deux chevaliers : l'un mort, l'autre expirant.
A. de Vigny, Livre moderne, « Le cor », IV.
4 Elle avait fait semblant de cacher ce jouet dans son corsage, entre sa peau et sa chemise, et elle avait dit à Joanny : « Si M'sieur y veut, faut que M'sieur y cherche. » Et il « y » avait cherché, en feignant une grande colère (…)
Valery Larbaud, Fermina Marquez, XVII.
REM. Le premier y représente il (→ 3. Y).
4.1 Il ne demandait qu'une chose : une maison bien chauffée, où l'on y donne à manger, où l'on peut dormir; et surtout ne pas travailler.
R. Queneau, le Chiendent, p. 385.
REM. Dans ses emplois locatifs (ou dérivés du sens locatif) la langue classique employait le pron. y dans d'autres cas. — Ex. : Je m'y tiendrais (en repos), Molière, l'Étourdi, IV, 6. J'y ai d'abord été (en colère), Molière, les Fourberies de Scapin, I, 4. J'y demeurerai (avec toi), Molière, la Princesse d'Élide; Intermède, III, I. Cf. des ex. plus récents (Vigny, F. Jammes) in Le Bidois, §310.
♦ Avec un nom de personne : en lui, en elle. || (Un vieillard) « est plein de faits (…); l'on y trouve l'histoire du siècle » (La Bruyère, VI, 118).
♦ Employé par pléonasme (reprenant à…, dans…, où…). || « Où tu vas, j'y serai toujours » (Musset, Nuit de décembre). — Fam. (par anticipation ou par reprise). || Tu y vas, à cette soirée ? Avec le compl. placé avant et sans préposition. || Ce cinéma, je n'y suis jamais allé.
5 Les villes par où on passe, on ne se soucie pas d'y être estimé (…)
Pascal, Pensées, II, 149.
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II Pronom personnel représentant un nom, un pronom, une proposition introduits par une préposition.
1 (La préposition à). À cela, à cette chose, à ces choses. || Le pouvoir de penser à une chose ou de n'y pas penser (→ Liberté, cit. 33). || Vous n'y croyez (cit. 50) pas. || Rien n'y fit (cit. 98; → aussi Forcer, cit. 32; marée, cit. 6). || Y faillir (cit. 10), y manquer (cit. 39). || « Apprendre à mourir (cit. 19) ? Je vois qu'on y réussit très bien… ». || Y gagner (cit. 16 et 18), y perdre. || Y ajouter, y mettre… || Y toucher (1. Toucher, cit. 19 et 20). || J'y renonce. || J'y souscris (→ Il, cit. 15). — S'y mettre (→ Fin, cit. 2). || Ceux qui s'y plaisent (→ Figure, cit. 19). — Je n'y peux rien. ⇒ 1. Pouvoir (cit. 25). || Que voulez-vous que j'y fasse ? — Tu y penses, à ton rendez-vous ?
6 Vous dépendez, dans une affaire (…) du consentement de deux personnes. L'un vous dit : « J'y donne les mains pourvu qu'un tel y condescende; » et ce tel y condescend (…) Cependant rien n'avance (…) « Je m'y perds, dites-vous, et je n'y comprends rien; il ne s'agit que de faire (…) qu'ils se parlent. » Je vous dis, moi, que j'y vois clair, et que j'y comprends tout : ils se sont parlé.
La Bruyère, les Caractères, VIII, 86.
7 Mais pensez-y… pensez à ceci : Quelle peut être, dans le monde, la place d'un pays sans poètes ?
G. Duhamel, le Prince Jaffar, V, II.
REM. 1. On emploie lui, leur, au lieu d'y avec certains verbes qui se construisent avec à… (par ex. : comparer, conférer, demander, devoir, donner, préférer, selon Hanse). — Dans certains cas, on peut remplacer y par à lui, à elle.
8 (…) pour amortir les secousses du volant (…) il s'était cramponné à lui, de toutes ses forces. Il s'y cramponnait toujours.
Saint-Exupéry, Vol de nuit, XV.
2. Y peut renvoyer au sens général de la phrase :
9 Accablez-moi de noms encor plus détestés :
Je n'y contredis point, je les ai mérités (…)
Molière, Tartuffe, III, 6.
3. Y, se rapportant à un adjectif ou à un participe passé. Y compris (→ Force, cit. 28). Y attenant. « L'état y relatif » (à une dépense), Stendhal, in Grevisse.
10 (…) la fausse déclaration de le-Jay (…) restera dans toute sa force; et les faits y contenus n'étant contrariés juridiquement par personne, la dénonciation faite au parlement en acquerra un nouveau prix (…)
Beaumarchais, Mémoires… dans l'affaire Goëzman, p. 197.
♦ Y, employé au regard d'une personne : à lui, à elle, à eux. — Vx. || « Il n'y a homme au monde qui soit à vous si véritablement que j'y suis » (La Rochefoucauld, Lettres, III, 138).
11 — Ah ! que ces princesses sont belles !
— Quels sont les cœurs qui ne s'y rendraient pas ?
Molière, les Amants magnifiques, 1er intermède.
♦ REM. On emploie encore y dans les cas suivants :
a Avec quelques verbes. || Il y songe, il s'y intéresse. || Bien fol est qui s'y fie (à la femme [cit. 11]). || C'est un homme équivoque, ne vous y fiez pas (Académie). Mais on dira : je me fie à lui.
12 Vouloir oublier quelqu'un, c'est y penser.
La Bruyère, les Caractères, IV, 38.
b Pour reprendre un pron. personnel (et éviter la répétition). || « Laisse les gens venir à toi, ils y viendront… » (Lavedan, Mon filleul, 257, in Le Bidois). → aussi Lui, cit. 41.
13 Il était impossible (…) de vivre avec lui sans s'y attacher tout à fait.
Rousseau, les Confessions, V.
14 Pourquoi t'intéresses-tu à lui ? Il y a des milliers d'enfants comme celui-là, tu n'y arrêtes même pas ta pensée.
F. Mauriac, l'Agneau, p. 85.
c Pop. Lui. || J'y ai dit [ʒjedi] : je lui ai dit. — Mords-y l'œil ! [mɔʀzilœj]. — REM. Ne pas confondre avec y notant il. ⇒ 3. Y.
15 Je crois même qu'un jour j'y ai flanqué des gifles pour la faire jaser, mais ça n'a servi de rien.
Maupassant, l'Inutile Beauté, « Champ d'oliviers », III.
♦ Redoublant le pron. personnel complément :
15.1 — Les salopards, il faut leur-z-y crever la panse !
J. Genet, Pompes funèbres, p. 37.
d Avec un nom d'animal, on emploie y avec certains verbes (penser, etc.), lorsque l'animal est considéré comme une chose (|| « Je trouve cette bécasse excellente… Goûtez-y donc ! », Lavedan, Nocturne, 14, in Sandfeld), ou comme le type d'une espèce. Par contre, si l'on veut souligner son caractère individuel, on emploiera à lui (à elle, à eux).
16 Elle pensa au loup; de tout le jour la folle n'y avait pas pensé (…)
Alphonse Daudet, Lettres de mon moulin, « La chèvre de M. Seguin ».
2 Vx. (Une préposition autre que à). En, par, pour cela… || « Vous me haïssez donc ? J'y fais tout mon effort » (Molière, Amphitryon, vers 1400). || « Oui, mais j'y suis blessée » (les Femmes savantes, vers 1061) : je suis blessée par votre attitude. — De nos jours. || « Croyez-vous en Dieu ? — J'y crois ». || N'y comptez pas.
17 Tous les autres princes demandaient à être compris (…) dans le nouveau système fédératif (…) Y être nommé c'était vivre; y être omis, c'était périr.
Thiers, Hist. de l'Empire, VI, I, p. 264.
♦ (Relations entre personnes). || « Je puis beaucoup sur lui; j'y pourrai davantage » (Corneille, Pertharite, vers 791). || « On ne peut pas être mieux ensemble que nous y sommes » (Mme de Sévigné, 640, 21 août 1677).
18 (…) elle était extrêmement jolie (…) Mais je n'y trouvai point ces yeux fins et languissants (…)
Abbé Prévost, Manon Lescaut, II.
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III Y, adverbe ou pronom, dans des gallicismes. — Il y a. ⇒ Avoir; → aussi Fripon, cit. 6; frotter, cit. 20; nature, cit. 4; orée, cit. 2. || Il y a… qui… (→ Mouvement, cit. 11). — Fam. || Y en a marre. — Tant y a que… — ☑ Il y va de… ⇒ Aller (cit. 60); → Mariage, cit. 9. || Y aller gaiement, de bon cœur… (→ Aller, cit. 62, 65 et 66). ☑ Fam. Vas-y mou (1. Mou, cit. 23), mollo (cit. 2). — S'y connaître (cit. 19), s'y reconnaître. || S'y entendre (supra cit. 75). || On ne s'y retrouve plus.
18.1 Avant la guerre, je laissais pas passer une semaine sans aller à l'Européen ou à Bobino, ma parole d'honneur. J'ai la prétention que les chanteurs, je m'y reconnais aussi bien que dans la limonade.
M. Aymé, le Vin de Paris, « L'indifférent », p. 9.
♦ Il n'y paraît pas. — S'y prendre bien, mal. ⇒ Prendre (cit. 111 à 114, et supra). || Savoir y faire. — Y regarder à deux fois. || S'y reprendre à deux fois. — N'y plus tenir. ⇒ Tenir (supra cit. 41). — Il y voit, il n'y voit plus. — ☑ N'y être pour rien (supra cit. 21). — ☑ Ça y est : la chose est arrivée, s'est produite; l'action, l'opération dont il est question est terminée.
19 Mon chéri, ça y est, je suis reçue.
A. Maurois, le Cercle de famille, I, XVIII.
REM. 1. Y se place normalement avant le verbe (il y va), sauf à l'impér., auquel il est joint par un tiret (allons-y).
2. Il se place après les pron. pers. objets. Je vous y conduirai. Menez-les-y (Littré). — Quand y suit un impér. ayant pour complément le pron. pers. de la 1re ou de la 2e personne du singulier (me, te, réduit à m', t'). Mène-m'y; réfugie-t'y (Littré, art. Y et Toi). Fais-m'y penser cet hiver (Romains, Six octobre, p. 287). Accompagne-l'y (P. Benoit, les Compagnons d'Ulysse, V, p. 141). Ces tours peu usités sont souvent remplacés par la construction avec forme tonique du pron. placé après y. Mènes-y-moi.
3. Devant un inf. et avec tout, rien, et quelques adverbes (beaucoup, peu, assez, bien, etc.), y se place avant ou après ces mots. Je commence à n'y plus rien comprendre, ou à ne plus rien y comprendre.
4. Lorsque en et y accompagnent à la fois un verbe, y se met avant en. Il n'y en a plus. || « L'on me dit tant de mal de cet homme, et j'y en vois si peu » (La Bruyère, VIII, 39). || « Il y a beaucoup de merveilleux dans la ruche, ce n'est pas une raison pour y en ajouter » (Maeterlinck, Vie des abeilles, p. 2).
5. Y se supprime, par euphonie, devant le futur et le conditionnel d'aller (on ne dit pas j'y irai).
❖
HOM. Hi, hie, i, 3. y.
————————
3. y
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♦ Il. → Gonflant, cit. 2; 2. y, cit. 4; yaouled, cit. 2. — REM. Comme particule interrogative, cet y s'emploie avec n'importe quelle personne. → Ti, et aussi T (cit. 3).
1 — Ah ! c'est-y pas malheureux ! s'écria François en poussant un soupir.
Balzac, Double famille, Pl., t. I, p. 952.
2 — (…) Voulez-vous-t'y que je vous embrasse ?
Alphonse Daudet, Jack, I, VIII.
3 — Alphonse de Beaudéduit… je ne connais pas.
— Y dit que c'est pressé.
E. Labiche, Un monsieur qui prend la mouche, 4.
4 — Qu'est-ce qu'il fait ?
— Y chiale…
J. Anouilh, le Voyageur sans bagage, p. 84.
❖
HOM. Hi, hie, i, 2. y.
Encyclopédie Universelle. 2012.