● dulcifier verbe transitif (bas latin dulcificare, rendre doux) Pratiquer la dulcification.
⇒DULCIFIER, verbe trans.
Rare. Rendre doux.
A.— Sc. [L'obj. désigne un inanimé]
1. CHIM., vx. Tempérer par un mélange la violence d'un acide. On dulcifie les acides minéraux au moyen de l'alcool (Ac. 1835-1878).
2. PHARM. Adoucir, corriger, tempérer l'âcreté, l'acidité, l'amertume d'un corps, d'un liquide par l'addition d'une substance plus douce. Dulcifier une potion. Synon. édulcorer.
Rem. Attesté par LITTRÉ, ROB. et QUILLET 1965.
— P. ext. Elle [l'idole] multipliait les chevreaux du troupeau et dulcifiait de baumes l'herbe qu'ils broutent (KAHN, Conte or et sil., 1898, p. 22).
3. MÉTALL. ,,Faire subir au plomb un 1er raffinage au four à réverbère`` (Ac. 1932).
Rem. Attesté également ds Nouv. Lar. ill. — Lar. Lang. fr.
B.— Au fig., vx ou iron. [L'obj. désigne une pers. ou un trait de son comportement] Adoucir, apaiser, calmer. Dulcifier les mœurs. Lucien s'aperçut qu'après l'avoir suffisamment dulcifié par les compliments les plus flatteurs et les mieux faits, le comte l'accablait de questions (STENDHAL, L. Leuwen, t. 1, 1836, p. 242).
— Emploi pronom. réfl. :
• J'applaudis à ton idée de faire une pièce après ton livre sur Alger. Pourquoi veux-tu l'écrire dans des « tons doux »? Soyons féroces, au contraire! Versons de l'eau-de-vie sur ce siècle d'eau sucrée. Noyons le bourgeois dans un grog à XI mille degrés et que la gueule lui en brûle, qu'il en rugisse de douleur! c'est peut-être un moyen de l'émoustiller? On ne gagne rien à faire des concessions, à s'émonder, à se dulcifier, à vouloir plaire en un mot. Tu auras beau t'y prendre, mon bonhomme, tu révolteras toujours.
FLAUBERT, Correspondance, 1861, p. 433.
Rem. On rencontre ds la docum. a) Dulcifiant, subst. masc., vx. Produit, remède propre à calmer. Non, pas de médicamentation oiseuse! du régime, voilà tout! des sédatifs, des émollients, des dulcifiants (FLAUB., Mme Bovary, t. 2, 1857, p. 50). b) Dulcification, subst. fém., vx. Action de dulcifier; résultat de cette action (Ac. 1798-1878). c) Dulcifié, ée, en emploi adj., pharm. ) [En parlant d'un acide] Qui est atténué par un mélange. C'est ce que témoigne l'emploi de semblables mélanges, connus en pharmacie sous les noms d'esprit de nitre dulcifié, d'esprit de sel dulcifié, ou eau tempérée de Basile Valentin (BERTHELOT, Synth. chim., 1876, p. 133). P. ext. adouci, rendu moins puissant. Savon dulcifié, poudrettes inodores (A. POMMIER, Colères, 1844, p. 101). ) Au fig., péj. Affadi, sans vigueur. Leur peinture c'est du Delacroix dulcifié, amoindri, effacé, décoloré, mis à la portée des demoiselles (CASTAGNARY, Salons, t. 2, 1875, p. 173).
Prononc. et Orth. :[dylsifje]; (je) dulcifie [dylsifi]. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. 1620 (Les Elements de chimie de Maistre Jean Beguin aumonier du Roy ds TOLMER, Fr. mod., t. XIV, p. 285). Empr. du b. lat. dulcificare « rendre doux ». Fréq. abs. littér. :3.
dulcifier [dylsifje] v. tr.
❖
1 Vx. Rendre plus doux, moins âcre, moins acide ou moins amer par addition d'une substance. ⇒ Adoucir; doux. || Dulcifier une potion.
2 Techn. Faire subir un premier raffinage à (du plomb).
3 Fig. et rare. Apaiser (qqn, ses sentiments, son comportement).
1 Enfin, Lucien s'aperçut qu'après l'avoir suffisamment dulcifié par les compliments les plus flatteurs et les mieux faits, le comte l'accablait de questions.
Stendhal, Lucien Leuwen, éd. L. de Poche, p. 150.
——————
dulcifiant, ante p. p. adj. et n. m.
♦ (Produit) calmant. — Un dulcifiant.
2 (…) il ne sera (pas) mauvais de vous (…) donner quelque petit clystère dulcifiant.
Molière, le Médecin malgré lui, II, 4.
❖
CONTR. Acidifier.
DÉR. Dulcification.
Encyclopédie Universelle. 2012.