LIBÉRATION
LIBÉRATION
À travers des vicissitudes diverses, le quotidien Libération a réussi à s’imposer comme un grand quotidien d’information, original par sa conception de l’information, particulier par son indépendance d’esprit et son indépendance à l’égard des grands groupes financiers. Historiquement, le quotidien est l’héritier de l’Agence de presse Libération (A.P.L.), créée en juin 1971 par J. C. Vernier, avec Maurice Clavel comme directeur gérant. L’agence, très liée aux mouvements gauchistes issus de Mai-68, était également proche de La Cause du peuple , dirigée par Jean-Paul Sartre. De l’A.P.L. naît l’idée de la publication d’un quotidien fait par des journalistes militants, des professionnels en rupture avec la pratique informative dominante des grands quotidiens. La société des éditions Libération est née en 1972 avec S. July, J. R. Huleu, J.-P. Sartre et J. C. Vernier; le capital provient de fonds privés et militants. Quatre numéros «zéro» (numéros tests) paraissent entre février et mars 1973. Le premier numéro en vente publique est daté du 18 avril 1973, avec, dès l’origine, un appel à la générosité des lecteurs. La formule, alors, se cherche, à la jonction de la fonction d’agitation politique dans la mouvance de la gauche révolutionnaire et la recherche d’un nouveau rapport, plus actif, avec le public. Serge July devient directeur du quotidien en juin 1974, à la place de Jean-Paul Sartre, empêché par la maladie. Les problèmes financiers persistent et pèsent sur le développement du quotidien. Jusqu’en 1975, le journal fait largement appel à la souscription et à l’emprunt, et suspend sa parution en été. L’équilibre atteint dans l’exercice 1975 reste exceptionnel, d’autant que le journal subit des attaques diverses (attentats d’extrême droite, procès en diffamation). La formule de gestion est originale: participation de l’ensemble du personnel, y compris des ouvriers de fabrication, aux décisions concernant l’entreprise, égalité de salaire pour tous, quels que soient les titres ou les fonctions.
À côté de cette fragilité économique apparaissent des dissensions de plus en plus vives au sein de l’équipe, conflits entre deux conceptions de l’information et du journal, les uns tenant d’un style Libé proche du style gauchisant des origines, les autres, Serge July en tête, partisans d’une évolution du quotidien vers la grande information, la modernité. Le quotidien suspend sa parution entre février et mai 1981. De 23 000 exemplaires en 1976, la diffusion s’était stabilisée à 35 000 exemplaires en 1980. Serge July était convaincu qu’une progression plus importante était possible. Il propose alors une formule plus moderne, faisant moins de place au militantisme mais privilégiant une information de qualité, professionnalisée, avec des reportages, des enquêtes et des commentaires critiques. Cette formule s’impose, et le quotidien reparaît le 13 mai 1981, toujours sous la direction de Serge July, devenu une personnalité des médias et considéré comme l’un des meilleurs journalistes français des années 1980. Libération , ouvert désormais à la publicité, disposant d’un capital augmenté par l’entrée de fonds privés, progresse rapidement: 110 000 exemplaires diffusés en 1983 pour un tirage de 160 000 exemplaires. Ce succès est dû à l’intérêt de la nouvelle formule, à sa qualité, et, aussi, à une conjoncture favorable à une presse de gauche critique.
Pour poursuivre cette progression, Libération change de formule en 1986: maquette refondue, réorientation des contenus et ouverture de nouvelles rubriques. Parallèlement, le groupe investit dans la radio et la télématique. Mais la situation financière du titre reste précaire, et Serge July doit finalement recourir à une augmentation de capital, à laquelle vont souscrire des personnalités comme Gilbert Trigano, Antoine Riboud ou Nicolas Seydoux. Il va alors être mis fin à la dernière spécificité de Libération : l’égalité salariale dans l’entreprise, avec la mise en place de grilles salariales par catégories de personnels. Toujours désireux de poursuivre la progression de la diffusion du titre, Serge July lance en 1994 une nouvelle formule, plus dense, avec une pagination accrue, une structure en rubriques plus claires et un traitement de l’information amélioré. Un magazine hebdomadaire est lancé avec le numéro du samedi, mais doit être rapidement abandonné. Cette nouvelle formule, beaucoup plus classique quant au style des titres et des articles, n’a pas rencontré le succès escompté, et ce «Libé III» a dû être ramené à une pagination plus restreinte. La crise de la publicité qui a sévi durant la période a sans doute également compté dans cet échec relatif.
libération [ liberasjɔ̃ ] n. f.
• XIVe; lat. liberatio
1 ♦ Action de rendre libre (une, des personnes). ⇒ délivrance. La libération d'un captif, des otages.
♢ Spécialt (1450) Mise en liberté d'un détenu après l'expiration partielle ou totale de sa peine. ⇒ élargissement. Libération conditionnelle : mise en liberté anticipée, sous le contrôle d'un comité de probation, accordée à un condamné ayant effectué une partie légalement déterminée de sa peine, en raison de sa bonne conduite. — (1845) Renvoi d'un militaire dans ses foyers à l'expiration de son temps de service ou à sa démobilisation. ⇒ 3. quille. Soldat qui attend sa libération.
2 ♦ (1611) Décharge d'une servitude, d'une obligation, d'une dette.
♢ Libération des échanges, par suppression des restrictions à l'importation.
♢ Fin. Libération du capital d'une société (par paiement du prix de souscription à la société émettrice).
3 ♦ Fig. Délivrance d'une sujétion, d'un lien, d'un joug. ⇒ affranchissement, dégagement. Les révolutions « se proposaient d'instaurer une libération de plus en plus totale » (Camus). Mouvement de libération de la femme (M. L. F.). La libération sexuelle, des mœurs.
4 ♦ (1870) Délivrance d'un pays occupé, d'un peuple asservi. Front, mouvement de libération. Absolt La Libération : la libération des territoires occupés par les troupes allemandes durant la Seconde Guerre mondiale.
5 ♦ Mise en liberté (de matière, d'énergie). Libération d'énergie résultant de la fission du noyau atomique. ⇒ dégagement. Libération de neutrons, d'électrons. — Vitesse de libération : vitesse qu'un projectile doit atteindre pour échapper à l'attraction terrestre (11,4 km/s).
6 ♦ Physiol. Mécanisme par lequel une cellule fait sortir dans le milieu extérieur un produit de son métabolisme. Libération d'hormones.
⊗ CONTR. Asservissement , assujettissement. Détention, emprisonnement, incarcération. Contrainte, esclavage. Occupation.
● libération nom féminin (latin liberatio, -onis, de liberare, délivrer) Action de rendre libre une personne prisonnière, de mettre en liberté un détenu à l'expiration de sa peine : La libération des prisonniers de guerre. Action de mettre fin à la sujétion qui atteint un groupe, un peuple : La libération de la femme. Action de mettre fin à une réglementation, à un contrôle strict qui atteint quelque chose : Le patronat réclame la libération des prix. Cessation d'une contrainte matérielle ou psychologique, qui fait éprouver un sentiment de liberté : Sa mort a été une libération pour sa famille. Militaire Renvoi du contingent dans ses foyers après l'accomplissement de son service actif. Date à laquelle une classe, ayant atteint l'âge fixé par la loi, est déchargée de tout service militaire. Mines Dissociation par concassage ou broyage des constituants minéralogiques d'une matière minérale. Physique et Chimie Dégagement d'énergie lors d'une réaction chimique ou nucléaire ; dégagement d'un gaz lors d'une réaction chimique. ● libération (citations) nom féminin (latin liberatio, -onis, de liberare, délivrer) André Malraux Paris 1901-Créteil 1976 Je sais mal ce qu'est la liberté, mais je sais bien ce qu'est la libération. Antimémoires Gallimard ● libération (difficultés) nom féminin (latin liberatio, -onis, de liberare, délivrer) Sens Ne pas confondre ces deux mots proches par la forme et par le sens. 1. Libération = action de rendre la liberté à qqn. La libération d'un détenu en fin de peine. 2. Libéralisation = action de rendre plus libéral, notamment en diminuant les interventions de l'État. La libéralisation de l'économie dans les pays de l'ancien bloc communiste. ● libération (expressions) nom féminin (latin liberatio, -onis, de liberare, délivrer) Vitesse de libération, vitesse minimale qu'il faut communiquer à un corps au départ d'un astre pour lui permettre d'échapper au champ d'attraction de cet astre. (Pour la Terre, elle est voisine de 11,2 km°s.) Libération d'une action, paiement par un actionnaire de tout ou partie du montant de l'action souscrite. Libération conditionnelle, mise en liberté d'un condamné avant l'expiration de sa peine, sous réserve de respecter certaines obligations au cours d'une période fixée par le juge. Libération des échanges, élimination des obstacles aux échanges internationaux par l'abaissement des barrières douanières et la suppression des contingentements ou quotas. Théologie de la libération, nom générique donné à des courants chrétiens qui se sont développés au sein des peuples du tiers monde, notamment en Amérique latine, en lutte pour la conquête de leur indépendance nationale ou politique. ● libération (synonymes) nom féminin (latin liberatio, -onis, de liberare, délivrer) Action de rendre libre une personne prisonnière, de mettre en...
Synonymes :
- élargissement
Action de mettre fin à la sujétion qui atteint un...
Synonymes :
- émancipation
Cessation d'une contrainte matérielle ou psychologique, qui fait éprouver un...
Synonymes :
- délivrance
Contraires :
Militaire. Renvoi du contingent dans ses foyers après l'accomplissement de son...
Synonymes :
- démobilisation
Contraires :
- appel
- enrôlement
Astronautique. Vitesse de libération
Synonymes :
libération
n. f.
d1./d Action de libérer. Libération d'un otage.
|| Libération conditionnelle: mise en liberté d'un détenu avant l'expiration de sa peine, sous certaines conditions.
— Libération d'un territoire. Libération de la femme.
— La libération d'énergie qui accompagne une réaction nucléaire.
d2./d FIN Libération du capital: mise à disposition d'une entreprise des apports de ses actionnaires.
|| Décharge, suppression d'une obligation, d'une dette, d'une gêne, etc. Libération par versement anticipé.
d3./d ASTRO, ESP Vitesse de libération: vitesse minimale qu'il faut donner à un corps pour qu'il échappe à l'attraction d'un astre; elle est proportionnelle à la racine carrée de la masse de cet astre.
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libération
(la) période de la Seconde Guerre mondiale (1943-1945) durant laquelle les forces alliées et les mouvements de résistance locaux libérèrent les pays d'Europe occupés par les troupes allemandes.
⇒LIBÉRATION, subst. fém.
A. — [Correspond à libérer A] Action de libérer quelqu'un; le résultat de cette action.
1. a) Fait de rendre à quelqu'un la libre disposition de sa personne.
) Fait de donner ou de rendre à quelqu'un la condition d'homme libre. Réformateur judiciaire, saint Louis fut aussi un réformateur de la société. Il pousse à la libération des serfs, il étend le droit de bourgeoisie (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 73). Le mouvement en faveur de la libération des esclaves avait commencé dans nos états du sud et bien avant la Guerre de Sécession (GREEN, Journal, 1938, p. 130).
) Délivrance de quelqu'un qui est retenu prisonnier; mise en liberté d'un détenu qui a purgé sa peine; p. méton. acte officiel de libération. Libération n'est pas délivrance. On sort du bagne, mais non de la condamnation (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 122). La question de la libération des prisonniers yougo-slaves avait été posée au gouvernement italien (...). Le gouvernement italien n'acceptait (...) que des libérations individuelles portant sur des volontaires (JOFFRE, Mém. t. 2, 1931, p. 362). V. copie ex. 2.
— DR. PÉNAL. Libération conditionnelle. Mise en liberté d'un détenu, intervenant avant la fin de sa peine et sous certaines conditions. Le but de la libération conditionnelle est d'encourager par la promesse d'une libération anticipée, les efforts du relèvement du détenu (DONNEDIEU DE VABRES, Just. pénale d'auj., 1948, p. 197).
b) ) Fait de rendre à un individu et p. ext. à une classe, à une société ses droits politiques; fait d'obtenir pour les opprimés, le respect, l'application de la justice dans les rapports sociaux et économiques. Libération de la classe ouvrière. À quoi ça sert de lutter pour la libération des hommes, si on les méprise assez pour leur bourrer le crâne? (SARTRE, Mains sales, 1948, 5e tabl., 3, p. 209) :
• 1. ... [Parmi les hommes du front] il y a celui qui croit à l'avènement de la justice, qui est encore convaincu que la victoire des démocraties amènera partout la libération des opprimés, la fin du règne de l'argent et de l'iniquité sociale, et qui se consolerait presque de mourir s'il pouvait penser que c'est un peu à cause de lui que les hommes de demain seront plus heureux.
ROMAINS, Homme bonne vol., 1938, p. 234.
) Fait de délivrer une nation, un pays d'une domination ou d'une occupation étrangère. Armée, guerre, mouvement de libération; Front national de libération. Manque de générosité intellectuelle devant un continent [l'Asie] dont une partie est fière de sa libération, dont une autre se bat pour son indépendance (É. MANAC'H, Mémoires d'Extrême Asie, Paris, Fayard, 1977, p. 135). V. diriger ex. 8 :
• 2. ... une élite, spontanément jaillie des profondeurs de la nation et qui, bien au-dessus de toute préoccupation de parti ou de classe, se dévoua au combat pour la libération, la grandeur et la rénovation de la France.
DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 648.
— HIST. (Seconde Guerre mondiale). [Sans compl. prép.; souvent avec majuscule] Ensemble des opérations qui ont été menées par les armées alliées et les mouvements de résistance, et qui ont abouti à un retrait de l'armée allemande des territoires français occupés. Des premières feuilles sorties au lendemain de la Libération, combien subsistent encore? (COSTON, A.B.C. journ., 1952, p. 71). Il est créé un Ordre dit « Ordre de la Libération », dont les membres porteront le titre de « Compagnons de la Libération ». Cet Ordre est destiné à récompenser les personnes ou les collectivités militaires et civiles qui se seront signalées dans l'œuvre de la libération de la France et de son Empire (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 323).
2. a) Fait de délivrer quelqu'un (ou de se délivrer) de ce qui est une entrave, une gêne, un poids. L'espoir de la libération spirituelle est la plus triste chimère qui puisse tourmenter le cerveau humain (GREEN, Journal, 1940, p. 4) :
• 3. Ce qu'on appelle la libération sexuelle est-elle aussi profonde qu'on voudrait bien le croire, et tout ce bruit que l'on fait autour, (...) ne rend-il pas compte d'un mouvement superficiel alors que les blocages restent identiques?
Le Sauvage, avr. 1975, p. 41, col. 2.
— P. méton.
♦ État ou sentiment de celui qui se trouve libéré. Elle éprouvait à pleurer une sorte de libération (ARLAND, Ordre, 1929, p. 225). Ah! si j'avais eu l'idée de tenir un journal, dans ces moments-là, quelle libération c'eût été pour moi, quel profit! (GREEN, Journal, 1931, p. 62).
♦ Celui qui incarne cette libération. Elle n'était pas comme cela lorsque j'ai fait sa connaissance, et c'est à cause de cela que je ne puis la supporter et que j'ai tellement besoin de toi parce que tu es une libération (BUTOR, Modif., 1957, p. 147).
— En partic. Libération de la femme. Ensemble des luttes menées par les femmes pour refuser les conventions, détruire les clichés traditionnels et faire reconnaître leurs droits (en particulier ceux de figurer à part entière dans la vie économique et sociale, de choisir leur maternité). Mouvement de libération de la femme, abrégé M.L.F. Il vaudrait mieux dire : « Les femmes qui se libèrent » et non « libérer les femmes ». Car il est essentiel que la libération des femmes soit leur œuvre propre (G. HALIMI, La Cause des femmes, Paris, Grasset, 1973, p. 166).
b) Fait de dégager quelqu'un (ou de se dégager) d'une obligation.
— En partic.
♦ Décharge d'une dette. Libération par prescription; legs de libération. L'écriture mise par le créancier à la suite, en marge ou au dos d'un titre qui est toujours resté en sa possession, fait foi quoique non signée ni datée par lui, lorsqu'elle tend à établir la libération du débiteur (Code civil, 1804, art. 1332, p. 240).
♦ Renvoi d'un militaire dans ses foyers à la fin de son temps de service ou à sa démobilisation. Libération d'une classe, d'un contingent. Tout militaire engagé, rengagé ou commissionné sous le régime de la présente loi, a droit de recevoir, au moment de sa libération, un pécule d'une valeur de 5000 à 12500 fr, selon la durée de ses services ininterrompus (J. O., Loi rel. recrut. arm., 1928, art. 80, p. 3822). V. appelé ex. 4.
c) Peu usité. Fait de retrouver sa disponibilité, de disposer de temps libre. Employés casaniers qu'au bout de la semaine Leur libération éparpille et promène, Poussiéreux, éblouis, parce que c'est dimanche (MONTESQUIOU, Hort. bleus, 1896, p. 207).
B. — [Correspond à libérer B] Action de libérer quelque chose; le résultat de cette action.
1. Mise en liberté d'une substance, d'une énergie. La libération dans l'atmosphère d'énormes quantités de pollen véhiculé par les vents (PLANTEFOL, Bot. et biol. végét., t. 1, 1931, p. 497). La libération de l'acide carbonique au niveau des alvéoles pulmonaires est un phénomène physico-chimique (CARREL, L'Homme, 1935, p. 235). Le phénomène de fission comporte ainsi deux caractéristiques principales : la libération d'énergie et la formation de produits radioactifs (GOLDSCHMIDT, Avent. atom., 1962, p. 24).
— PHYS. Vitesse de libération (ou d'évasion).
2. DR. COMM. Libération du capital, des actions, des titres. Versement par les actionnaires de tout ou partie du montant nominal des actions qu'ils ont souscrites. La libération intégrale du capital est un préalable obligatoire à l'émission d'obligations (TÉZENAS 1972).
3. Fait de rendre libre ou plus libre ce qui est soumis à une réglementation étatique. Continuer à restaurer l'unité du marché (actuellement cloisonné en social, aidé, ancien, libre), en étendant progressivement aux 7 millions de locaux anciens les libérations de loyers obtenues en certains points du territoire ou lorsque les appartements rénovés deviennent vacants (BELORGEY, Gouvern. et admin. Fr., 1967, p. 348).
♦ Libération des échanges. Réduction ou suppression du contingentement des marchandises à l'importation. V. libéralisation ex. de ROMEUF t. 2 1958, p. 675.
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1398 liberacion (Somme Me Gautier, B.N. 1288, f° 82c ds GDF. Compl.). Empr. au lat. liberatio, -onis de même sens, formé sur le supin liberatum de liberare « libérer »; cf. le m. fr. liberacion « libéralité » (1372 ds GDF.). Fréq. abs. littér. : 920. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 114, b) 79; XXe s. : a) 459, b) 3 497. Bbg. GOHIN 1903, p. 296. - JEAN-NESMY (Cl.). Pour un lang. chrét. Foi Lang. 1977, n° 3, pp. 161-166. - MAULNIER (Th.). Le Sens des mots. Paris, 1976, pp. 139-140. - QUEM. DDL t. 16. - SAUVAGEOT (A.). Latinisation et écon. In : [Mél. Michéa (R.)]. Ét. Ling. appl. 1971, n° 2, p. 119.
libération [libeʀɑsjɔ̃] n. f.
ÉTYM. XIVe, liberacion; lat. liberatio, du supin de liberare. → Libérer.
❖
1 Action de rendre libre. ⇒ Délivrance (→ Entrouvrir, cit. 4). || La libération d'un captif, d'un prisonnier, d'une personne séquestrée. (1450). Spécialt. Mise en liberté d'un détenu après l'expiration partielle ou totale de sa peine. ⇒ Élargissement. || Libération conditionnelle, mise en liberté anticipée, accordée à un condamné ayant effectué une partie légalement déterminée de sa peine, en raison de sa bonne conduite (loi du 14 août 1845).
♦ (XIXe). Renvoi d'un militaire dans ses foyers à l'expiration de son temps de service ou à sa démobilisation. || Soldat qui attend sa libération. || Libération du contingent.
2 (1611; seule acception courante dans la langue class.). Décharge d'une servitude, d'une obligation, d'une dette. — Dr. || Libération par paiement. ⇒ Acquittement, prescription (libératoire), remise (de dette).
♦ (1891, Zola, in D. D. L.). || Libération des actions, versement de tout ou partie de leur montant par l'actionnaire à la société.
♦ (Écon.). || Libération des échanges : suppression des contingentements à l'importation.
3 Fig. Délivrance d'une sujétion, d'un lien, d'un joug… ⇒ Affranchissement, dégagement. || La libération de l'homme. || Le bonnet phrygien, symbole de libération (⇒ 2. Galle, cit.). || Mouvement de libération de la femme (M. L. F.). — La libération sexuelle, des mœurs.
1 Les révoltes serviles, les révolutions régicides et celles du XXe siècle, ont ainsi accepté (…) une culpabilité de plus en plus grande dans la mesure où elles se proposaient d'instaurer une libération de plus en plus totale.
Camus, l'Homme révolté, p. 135.
1.1 Ce qui fait l'intérêt de cette histoire, c'est qu'elle se passe au XXe siècle. Dans un village hérissé d'antennes de télévision, sous le règne de la pilule, des promoteurs immobiliers, de la libération sexuelle (…)
F. Mallet-Joris, le Jeu du souterrain, p. 8.
4 (1878). Spécialt. Délivrance (d'un pays occupé, d'un peuple asservi). || La libération d'un pays militairement occupé, colonisé. || La libération d'un pays, d'un territoire par un soulèvement national (⇒ Décolonisation), par le départ, le retrait des armées occupantes (⇒ Évacuation), par l'arrivée d'une armée amie, libératrice. || Front, mouvement de libération. — Absolt. || La Libération : la libération des territoires occupés par les troupes allemandes durant la Seconde Guerre mondiale. || Comité français de libération nationale. || Croix de la libération.
2 Au long du mois d'août (1943) le Comité de la libération nationale, continuant à fonctionner comme il l'avait fait en juillet, joua son rôle de gouvernement.
Ch. de Gaulle, Mémoires de guerre, t. II, p. 134.
5 (XXe). Mise en liberté (de matière, d'énergie). || Libération d'énergie résultant de la fission du noyau atomique. || Libération de neutrons, d'électrons.
♦ Vitesse de libération : vitesse qu'un projectile doit atteindre pour échapper à l'attraction terrestre.
♦ Psychol. || Libération des pulsions. || Brusque libération émotionnelle. ⇒ Abréaction.
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CONTR. Asservissement, assujettissement, entrave, étranglement (des libertés). — (Du sens 1) Arrestation, captivité, claustration, détention, emprisonnement, incarcération. — Accablement, contrainte, esclavage. — (Du sens 4) Envahissement, occupation.
Encyclopédie Universelle. 2012.