Akademik

fin

1. fin [ fɛ̃ ] n. f.
Xe; lat. finis « borne, limite, fin »
IPoint d'arrêt ou limite d'un phénomène dans le temps.
1Moment, instant auquel s'arrête un phénomène, une période, une action. limite, terme. Du début, du commencement à la fin, jusqu'à la fin. La fin de l'année. La fin du jour. crépuscule. Fin de la séance. clôture. Jusqu'à la fin des temps, des siècles. consommation. Avant la fin de l'hiver. Ellipt Traite à payer fin mai. Effet payable fin courant. « J'ai eu un nouvel engagement pour ici jusqu'à fin 1885 » (Rimbaud).
Loc. adv. À LA FIN. enfin, finalement (cf. En définitive). « Ce qui d'abord est gloire, à la fin est fardeau » (Hugo). Fam. Tu m'ennuies, j'en ai assez à la fin !
2(XIIIe « frontière, limite ») Point auquel s'arrête un objet que l'on parcourt, dont on fait usage. 1. point (final). Arriver à la fin d'un livre. bout. La fin d'une bobine de fil.
3(XIIe) Derniers éléments d'une durée, dernière partie d'une action, d'un ouvrage. Une belle fin de journée. Je n'ai pas aimé la fin de ce roman. dénouement, épilogue. La fin heureuse d'un film. happy end. Écouter la fin d'un discours. conclusion, péroraison . La fin d'un morceau de musique. coda, 2. finale. Il n'a pu assister qu'à la fin du match. Loc. Avoir des fins de mois difficiles : avoir du mal à équilibrer son budget (cf. Ne pas pouvoir joindre les deux bouts). Arrondir ses fins de mois. En fin de semaine (plus étendu que le week-end). (Canada) Fin de semaine. week-end. En fin de carrière. Avoir son nom en fin de liste. En fin de compte. En fin de course. Adjt Un personnage fin de siècle. décadent. Il est très fin de race.
Spécialt Faire une fin : adopter un mode de vie stable, notamment en se mariant. ⇒ se ranger.
4Arrêt, cessation de l'existence d'un être, de l'action d'un phénomène, d'un sentiment. disparition. La fin du monde. apocalypse . « Quelle belle soirée... Y a tout ce que j'aime... Le côté sans espoir... Fin du monde » (J. Sigurd, « Les Tricheurs », film). La fin d'un empire. chute. La fin de la guerre, des hostilités. « cette formidable lutte qui ne trouverait sa fin qu'aux champs de Waterloo » (Madelin). Solder des articles de fin de série. C'est la fin de tous mes espoirs. ruine. On n'en verra jamais la fin : c'est interminable. ⇒ bout. Fam. C'est la fin de tout, la fin des haricots ! il n'y a plus rien à faire, tout est perdu. Plaisant C'est le commencement de la fin. Les meilleures choses ont une fin. Le mot de la fin. Être en fin de droits.
♢ N'AVOIR NI FIN NI CESSE : ne pas cesser. Il n'a ni fin ni cesse que (et subj.) :il n'a de cesse que. — METTRE FIN À : faire cesser, arrêter. ⇒ finir. La nuit mit fin au combat. Il est temps de mettre fin à cette affaire. terminer. Mettre fin à sa vie, à ses jours : se suicider. — PRENDRE FIN : cesser. La réunion, la délibération a pris fin très tard. se terminer. — TIRER, TOUCHER À SA FIN : être sur le point de finir. Notre travail touche à sa fin. — SANS FIN. Loc. adv. Discourir sans fin. continuellement, indéfiniment, interminablement (cf. Sans cesse). L'univers « recommencera sans fin l'œuvre avortée » (Renan). Loc. adj. Ascension, élargissement sans fin. immense, indéfini, infini. Techn. Courroie, chaîne, vis sans fin, permettant une transmission continue du mouvement.
5(fin XIe) Cessation de la vie humaine. 1. mort. Sentir sa fin proche. Fin prématurée, tragique. Une belle fin.
6Cessation par achèvement. aboutissement. « ce qui a son commencement dans les esprits a inévitablement sa fin dans le code » (Hugo). Mener à bonne fin une étude, une affaire, à terme. ⇒ accomplir, achever.
II(XIVe) Ce qui est la fois terme et but; ce pour quoi qqch. se fait ou existe.
1(Souvent plur.) Chose qu'on veut réaliser, à laquelle on tend volontairement. but , 2. objectif. Arriver, en venir, parvenir à ses fins. réussir. Fins cachées, secrètes. visée. « Nous ne sommes juges ni des moyens, ni de la fin du Tout-Puissant » (Balzac). Loc. prov. Qui veut la fin veut les moyens : celui qui veut atteindre son but accepte d'y arriver par tous les moyens. La fin justifie les moyens, thèse du machiavélisme politique. — Philos. (chez Kant) Fin en soi, objective et absolue; cour. résultat cherché pour lui-même.
Loc. À cette fin, à ces fins : pour arriver à ce résultat. À cette fin, nous avons décidé... « Il surveille l'évacuation [...] à cette fin que personne ne tire au flanc » (Barbusse). À toutes fins utiles : pour servir le cas échéant et en tout cas. À quelle fin ? pourquoi ? — (altér. de à cellecette »] fin) À seule fin de, à seules fins de (et inf.) :seulement afin de.
2Terme auquel un être ou une chose tend ou va instinctivement ou par nature. destination, finalité, tendance. Les principes et la fin de la poésie. « l'homme est sa propre fin. S'il veut être quelque chose, c'est dans cette vie » (Camus). Théol. Les fins dernières : la mort, le jugement dernier, le ciel et l'enfer ⇒ eschatologie.
3(1549) Dr. But juridiquement poursuivi. Les fins et conclusions du demandeur.
Fin de non-recevoir : moyen tendant à faire déclarer l'adversaire irrecevable en sa demande, sans examen du fond, pour défaut de droit d'agir. — Cour. Refus. Opposer une fin de non-recevoir à qqn. « Je désire fort qu'il n'y ait pas trop de difficultés et de fins de non-recevoir » (Sainte-Beuve).
⊗ CONTR. Commencement, début. 1. Départ, naissance, origine. Condition, principe. ⊗ HOM. Faim, feint. fin 2. fin, fine [ fɛ̃, fin ] adj.
• 1080 sens II; lat. finis « fin », pris adjt
I(XIIe)
1Vx (toujours avant le nom) Extrême; qui est au bout, à la fin. Mod. Loc. LE FIN FOND : la partie la plus reculée. Le fin fond des bois. « le pays jusqu'au fin fond » (Giono). — LE FIN MOT DE QQCH. : le dernier mot, le mot qui donne la clé du reste. Voici le fin mot de l'histoire, de l'affaire.
2 Adv. 1. complètement, 1. tout (à fait). Elle est fin prête. Ils étaient fin soûls.
IIQui présente un caractère de perfection. AConcret
1Qui est de la dernière pureté. affiné, pur. Métal fin. Or fin. Subst. Le fin. titre. Un kilogramme d'or à 9/10 de fin. Pierres, perles fines. précieux . La fine fleur.
2Qui est de la matière la plus choisie, la meilleure (opposé à commun, ordinaire). raffiné. Lingerie fine. Épicerie fine : conserve alimentaire de qualité supérieure. Un fin morceau. « Assoupi par la digestion du fin déjeuner qu'il avait fait » (Zola). Souper fin. Vins fins. Eau-de-vie fine. fine. Beurre fin et beurre extrafin. Par ext. Partie fine. Subst. Des fines de claire.
(Odeur, parfum) Arôme fin et pénétrant. Fines herbes.
Subst. Loc. LE FIN DU FIN : ce qu'il y a de mieux dans le genre. ⇒ nec plus ultra. Le fin du fin d'un métier.
BAbstrait
1D'une grande acuité. sensible. Avoir l'oreille, l'ouïe fine. Odorat fin.
2Fig. Qui discerne les moindres rapports des choses. 1. délié, perspicace, sagace, subtil. Esprit fin, très fin, assez fin.
Qui marque de la subtilité d'esprit, une sensibilité délicate. Observations justes et fines. Par ext. 1. piquant, spirituel. Un regard fin. Sourire fin. Une fine plaisanterie (souvent iron. : plaisanterie bête).
Qui est appliqué avec précision et exactitude; qui est établi d'après les caractères les plus différenciés de son objet (en parlant d'un calcul, d'une estimation, etc.). Une analyse très fine. pointu.
C
1(Personnes) Qui excelle dans une activité réclamant de l'adresse et du discernement. adroit, habile. Fin limier. Fin connaisseur. Fin gourmet. Fine cuisinière. Fin cordon bleu. Par méton. Une fine lame : un escrimeur habile. Une fine bouche, (fam.) une fine gueule : un gourmet. Faire la fine bouche : être difficile sur la nourriture; par ext. sur ce qu'on vous propose.
2Par ext. D'une habileté qui s'accompagne de ruse. astucieux, avisé, finaud, futé, habile, malin, retors, rusé, subtil. Jouer au plus fin. finasser. « Le vrai moyen d'être trompé, c'est de se croire plus fin que les autres » (La Rochefoucauld) . « Perspicace, fine à la manière des paysans fins » (Colette). Il n'est pas très fin, pas intelligent. Iron. Avoir l'air fin, ridicule. Par ext. (Iron.) C'est fin, ce que tu as fait là ! intelligent, malin. Une fine mouche.
3Région. (Canada) Aimable, gentil.
III(XVIIe) Concret
1Dont les éléments sont très petits. 1. menu; extrafin. Sable fin. Poudre fine, presque impalpable. Sel fin. Petits-pois fins, très fins, extrafins. Une pluie fine. Adv. Moudre fin.
2Délié. Branches fines. Cheveux fins et soyeux. Pull en laine fine. Par ext. Mince avec élégance. Taille fine. svelte. Mains, jambes, attaches fines. « Le temps, qui change si malheureusement les figures à traits fins et délicats » (Balzac).
3Très aigu. Aiguille fine. Feutre à pointe fine. Oiseau au bec fin. bec-fin. Pinceau fin.
4Peu épais. mince. Couper en tranches fines.
(Avec une idée de beauté; cf. II). délicat, léger. Peau fine. Tissu fin. Papier fin (spécialt papier de soie). Souliers fins.
5Mince et délicat dans l'exécution. Écriture fine. Touches fines. Broderie fine.
Fig. Difficile à percevoir. Les plus fines nuances de la pensée. ténu.
IV Adv. Billard Prendre fin sa bille. Jouer fin sur la rouge : effleurer à peine la bille (opposé à jouer gros). ⊗ CONTR. Gros, grossier. Balourd, bête, lourd, niais, sot, stupide. — Épais, gros. ⊗ HOM. Faim, feint, 1. fin; fine, fines, finn.

fin nom féminin (latin finis, limite) Achèvement, terme de quelque chose : Voir la fin des travaux. Cessation, interruption de quelque chose, d'un état, d'une évolution : C'est la fin de ses malheurs. Dernière phase, période terminale de quelque chose : Une belle fin de journée. Avoir du mal à écrire la fin d'un livre. Ruine d'une entreprise, échec de quelqu'un, de ses projets : La fin du petit commerce. Mort de quelqu'un : Sentir venir sa fin. But d'une action considérée essentiellement par rapport aux moyens d'y parvenir : La fin justifie-t-elle les moyens ? Philosophie Dans une conception qui prend l'histoire ou l'évolution pour objets d'analyse, but, résultat vers lequel tend cette histoire, cette évolution. ● fin (citations) nom féminin (latin finis, limite) Simone de Beauvoir Paris 1908-Paris 1986 C'est le désir qui crée le désirable, et le projet qui pose la fin. Pour une morale de l'ambiguïté Gallimard Jules Laforgue Montevideo 1860-Paris 1887 Ah ! tout est bien qui n'a pas de fin. Moralités légendaires Jacques Perret Trappes 1901-Paris 1992 Dans le cas peu probable où la fin des temps serait indéfiniment reconduite, nous dirons, en consolation, que la noblesse de l'homme est de poser des questions sans réponse. Bâtons dans les roues Gallimard Pierre Joseph Proudhon Besançon 1809-Paris 1865 Le peuple voudrait en finir ; or il n'y a pas de fin. Correspondance, décembre 1851 Charles Maurice de Talleyrand-Périgord Paris 1754-Paris 1838 Voilà le commencement de la fin. Commentaire À propos de la retraite de Russie. ● fin (difficultés) nom féminin (latin finis, limite) Construction 1. Fin janvier = à la fin du mois de janvier. Vous lui aviez proposé un rendez-vous fin janvier. Registre courant (très employé dans la langue des affaires). Recommandation Dans l'expression soignée, préférer à la fin de janvier ou du mois de janvier. Fin courant et fin prochain (= à la fin du mois en cours, du mois prochain) sont, respectivement, vieilli et sorti de l'usage. 2. À la fin de la semaine / en fin de semaine : l'une et l'autre tournures sont admises. À la fin de la semaine est un peu plus soutenu, en fin de semaine plus courant. ● fin (expressions) nom féminin (latin finis, limite) À quelle fin ?, à cette fin, à seule(s) fin(s) de, que, dans quel but ?, pour atteindre cet objectif, dans cet unique but : À la seule fin de te venir en aide. À la fin, en dernier lieu ; en définitive, pour conclure. À la fin !, marque l'impatience : Tu m'ennuies à la fin ! C'est la fin de tout ! (familier), la fin des haricots (populaire), c'est désastreux ; la situation est désespérée, il n'y a plus d'issue, ou c'est le comble. Être en fin de, arriver au terme d'une action, d'un état, d'une évolution : Il est en fin de carrière. Vieux. Faire une fin, prendre une situation stable, se ranger ; se marier. Fin mai, fin juillet, etc., à la fin du mois de mai, de juillet, etc. Fin du monde, destruction de la Terre et du genre humain. Fin de race, fin de siècle, qui est d'une distinction raffinée, mais qui sent l'épuisement, la fragilité. Fin de semaine, au Québec, nom donné au week-end. Jusqu'à la fin, sans interruption, jusqu'au terme. Mener quelque chose à bonne fin, le terminer de façon satisfaisante. Mettre fin à, faire cesser. Mettre fin à ses jours, se suicider. Littéraire. N'avoir ni fin ni cesse que, ne pas s'arrêter avant que quelque chose ne se fasse. Ne pas voir la fin de quelque chose, trouver que quelque chose dure trop longtemps, avoir du mal à finir quelque chose. Prendre fin, se terminer. Sans fin, sans cesse, indéfiniment ; qui n'a pas de bornes, interminablement. Tirer, toucher à sa fin, être sur le point de finir, en parlant de quelque chose. Fin de mois, état dressant le résultat des opérations commerciales d'un mois entier. Fin de série, produits subsistants d'une fabrication faisant habituellement l'objet de ventes en solde. Fin de droits, se dit d'un chômeur qui a épuisé ses droits à l'allocation de chômage et qui peut percevoir sous certaines conditions une allocation de solidarité spécifique. Cheval à deux fins, cheval à la fois de selle et d'attelage. Câble, chaîne, courroie sans fin, câble, chaîne, courroie dont les bouts ont été réunis. Fin de course, chacune des positions extrêmes d'un corps animé d'un mouvement alternatif. ● fin (homonymes) nom féminin (latin finis, limite) faim nom féminin feins forme conjuguée du verbe feindre feint forme conjuguée du verbe feindre fin adjectiffin (synonymes) nom féminin (latin finis, limite) Achèvement, terme de quelque chose
Synonymes :
- extrémité
Contraires :
- début
- entrée
Cessation, interruption de quelque chose, d'un état, d'une évolution
Synonymes :
Contraires :
- préliminaires
Dernière phase, période terminale de quelque chose
Synonymes :
- clôture
- dénouement
- épilogue
- péroraison
Contraires :
- préambule
Ruine d'une entreprise, échec de quelqu'un, de ses projets
Synonymes :
Contraires :
- avènement
- éclosion
- prémices
Mort de quelqu'un
Synonymes :
- trépas
Contraires :
fin adverbe Finement : C'est écrit trop fin. Familier. Tout à fait, complètement (peut varier en nombre) : Nous sommes fin(s) prêts.fin nom masculin Masse de métal précieux pur contenu dans un alliage d'or ou d'argent. (C'est le produit de la masse par le titre.) ● fin (expressions) adverbe Jouer ou toucher fin, synonyme de prendre le fin d'une bille. ● fin (synonymes) adverbe Jeux. Jouer ou toucher fin
Synonymes :
fin (expressions) nom masculin Le fin du fin, ce qu'il y a de plus ingénieux, de plus raffiné. Prendre le fin d'une bille, au billard, la toucher à peine. ● fin, fine adjectif (latin finis, le degré suprême) Qui a très peu d'épaisseur : Petite pluie fine. Elle a les doigts fins. Qui est d'une grande délicatesse, qui n'est que légèrement marqué : Un visage aux traits fins. Qui est d'une qualité supérieure par la délicatesse de son travail, la recherche, la légèreté, la sélection des matériaux, etc. : De la lingerie fine. Des vins fins. Se dit des organes des sens capables de percevoir des impressions très légères : Il a l'ouïe fine. Qui est subtil, spirituel : Une remarque très fine. Il est très fin et comprendra. Qui est remarquable en son genre ; subtil, délicat, raffiné : Un fin gourmet. Indique devant un nom ce qu'il y a de plus reculé, d'extrême : Le fin fond, le fin mot. Bijouterie Se dit des perles et des pierres naturelles employées en joaillerie, à l'exception des diamants, rubis, saphirs et émeraudes, dénommés pierres précieuses. Métallurgie Se dit d'un métal précieux de grande pureté. ● fin, fine (citations) adjectif (latin finis, le degré suprême) François, duc de La Rochefoucauld Paris 1613-Paris 1680 On peut être plus fin qu'un autre, mais non pas plus fin que tous les autres. Maximes fin, fine (expressions) adjectif (latin finis, le degré suprême) Avoir l'air fin, avoir l'air ridicule à la suite d'une déception, d'une erreur, etc. Familier et ironique. C'est fin !, c'est malin, intelligent. Jouer au plus fin (avec quelqu'un), essayer de le tromper en se montrant plus astucieux que lui. Bois fin, bois précieux. Constante de structure fine, constante universelle sans dimensions qui mesure l'interaction entre une particule chargée et le champ électromagnétique. (Elle vaut environ 1°137.) Structure fine, séparation d'un niveau atomique en deux (ou plusieurs) niveaux d'énergies voisins. (Une raie spectrale n'est jamais rigoureusement monochromatique ; elle comporte en fait plusieurs raies de fréquences très voisines qu'un appareil à plus fort pouvoir de résolution permet de distinguer.) ● fin, fine (homonymes) adjectif (latin finis, le degré suprême) faim nom féminin feins forme conjuguée du verbe feindre feint forme conjuguée du verbe feindre fin nom féminin Finn nom masculin fine fine nom féminin fines nom féminin pluriel Finn nom masculinfin, fine (synonymes) adjectif (latin finis, le degré suprême) Qui a très peu d'épaisseur
Synonymes :
- délié
- fuselé
- grêle
- ténu
Contraires :
Qui est d'une grande délicatesse, qui n'est que légèrement marqué
Contraires :
- accusé
- empâté
- épais
- marqué
Qui est d'une qualité supérieure par la délicatesse de son...
Synonymes :
- extra (familier)
- supérieur
Contraires :
- inférieur
Se dit des organes des sens capables de percevoir des...
Synonymes :
- acéré
- aiguisé
- perçant
Qui est subtil, spirituel
Synonymes :
- futé
- pénétrant
Contraires :
- piètre
Qui est remarquable en son genre ; subtil, délicat, raffiné
Synonymes :
- délicat
- raffiné
Contraires :

fin, fine
adj., n. m. et adv.
rI./r
d1./d D'une qualité extrême par le degré de pureté, de perfection, etc. Or fin.
Fines herbes (ciboulette, marjolaine, etc.), utilisées en cuisine pour leur odeur ou leur saveur subtile.
|| n. m. Le fin: la proportion de métal précieux qui se trouve dans un alliage. Une bague d'or à 90 % de fin.
d2./d D'une qualité supérieure. Linge fin. épicerie fine.
|| Recherché. Un souper fin.
(Québec) Avoir l'air fin: être distingué.
|| Partie fine: partie de plaisir.
|| n. m. Loc. Le fin du fin: ce qu'il y a de mieux dans le genre.
d3./d (Québec) Bien conçu, pratique. C'est fin ce système de classement.
rII./r
d1./d D'une grande sensibilité (en parlant des sens). Avoir l'ouïe fine.
Fig. Avoir le nez fin: être sagace, intuitif.
d2./d Doué ou marqué de perspicacité, de subtilité, de délicatesse. Une intelligence fine. Une remarque fine. Des gestes fins.
|| n. m. Jouer au plus fin avec qqn, rivaliser d'adresse, de ruse avec lui.
|| Intelligent, dégourdi.
d3./d (Québec) Gentil, serviable. être fin avec qqn.
C'est fin d'être venu.
rIII/r
d1./d Constitué d'éléments très petits. Sel fin. Une pluie fine.
d2./d Qui est menu, ténu. Fil fin. Trait fin.
adv. écrire fin.
|| Effilé. Pointe fine.
d3./d Dont la forme élancée, le dessin délié donnent une impression d'élégance, de délicatesse. Visage aux traits fins.
|| Délicatement formé, ouvragé. Dentelle fine.
d4./d De très faible épaisseur. Fine pellicule. Verre fin.
rIV./r
d1./d Qui est à l'extrême, au plus secret. Habiter le fin fond du pays.
Le fin mot d'une chose, son motif véritable ou caché; ce qui en donne enfin toute l'explication.
d2./d adv. Tout à fait. Nous voici fin prêts.
————————
fin
n. f.
rI./r (Par oppos. à commencement.)
d1./d Point ultime d'une durée; moment où une chose cesse ou a cessé. Fin d'un délai. La fin du jour.
|| Période où une chose se termine. Une belle fin de saison. être en fin de carrière.
|| (Québec) Cour. Fin de semaine: congé entre deux semaines de travail, comprenant le samedi et le dimanche.
Une longue fin de semaine, à laquelle s'ajoute une journée de congé. (V. week-end.)
d2./d Cessation provisoire ou définitive (d'une action, d'un phénomène, de l'existence d'une chose). La fin du travail, des hostilités.
Prendre fin: cesser, s'achever.
Mettre fin à: faire cesser. Mettre fin aux abus.
|| Loc. adv. et adj. Sans fin: sans arrêt. Palabrer sans fin.
TECH Vis, courroie sans fin, qui permet un mouvement continu.
d3./d Partie, stade, point, sur quoi s'achève une chose, un processus. La fin d'un roman, d'un film.
|| Mener un projet à bonne fin, le réaliser.
|| Fam. Faire une fin: s'établir, et, partic., se marier.
|| Loc. En fin de compte: en dernier lieu, en définitive.
à la fin: enfin. Il hésitait, à la fin il a donné son accord.
(Marquant l'impatience.) Vous m'embêtez, à la fin!
|| Tirer, toucher à sa fin: s'épuiser, être près de se terminer.
d4./d Mort. Une fin tragique.
d5./d Extrémité, bout. La fin d'un chemin.
rII./r (Ce qui est à atteindre.)
d1./d (Sing. ou Plur.) But, résultat que l'on poursuit. Parvenir à ses fins.
Loc. prov. La fin justifie les moyens: tous les moyens sont bons pour atteindre un but.
|| Loc. à toutes fins utiles: pour tout usage éventuel.
|| (Belgique, Luxembourg) ADMIN Aux fins de: pour, afin de.
d2./d But, terme auquel un être ou une chose sont conduits, auquel ils tendent par nature. "Tout étant fait pour une fin" (Voltaire).
d3./d DR Objet explicite ou implicite d'une demande, d'une exception. Fins civiles.
|| Fin de non-recevoir: moyen de défense tendant à établir que la partie adverse n'est pas recevable dans sa demande; cour. refus. Opposer à qqn, à une demande, une fin de non-recevoir.

I.
⇒FIN1, subst. fém.
A.— Ce qui constitue la limite d'une durée ou de tout élément qui peut être considéré relativement à la durée.
1. Ce qui marque la limite terminale de quelque chose.
a) [d'une période de temps] Comme je dois rester ici jusqu'à la terminaison de mon roman (laquelle n'aura pas lieu avant la fin de l'hiver) (FLAUB., Corresp., 1879, p. 316). Il paraît évident que la sonate, conçue et commencée en 1815, n'a pas été achevée avant la fin de 1816 (ROLLAND, Beethoven, t. 1, 1937, p. 111) :
1. Je préfère penser que de la fin d'août, date de son interruption, à la fin décembre, où cette histoire, me trouvant plié sous le poids d'une émotion intéressant, cette fois, le cœur plus encore que l'esprit, se détache de moi quitte à me laisser frémissant, j'ai vécu mal ou bien — comme on peut vivre — des meilleurs espoirs qu'elle préservait...
BRETON, Nadja, 1928, p. 141.
SYNT. Fin de l'année, de l'après-midi, du jour, de la matinée, du mois, de la nuit, d'une période, de la quinzaine, de la soirée, du trimestre; fin de la jeunesse; fin des âges, des siècles; fin du Directoire, du Moyen Âge, de la République, du tertiaire; fin de la législature.
Style comm. et lang. cour. Fin + nom de mois. Les propriétaires ont eu trente et un mille francs de remboursement fin novembre, et trente-trois mille sept cent vingt-deux, fin décembre (SOULIÉ, Mém. diable, t. 1, 1837, p. 71). Supra ex. 1.
Style comm., pour les règlements. Fin courant. À la fin du mois en cours. Fin prochain. À la fin du mois prochain. Il vous suffit de les [des rentes] vendre au cours et de les racheter fin courant ou fin prochain, au moyen d'un report de 40 à 50 centimes (BOYARD, Bourse et spécul., 1853, p. 180).
b) [d'un phénomène, d'un procès/état] Va, retire-toi au désert et attends la fin de ton exil (MÉNARD, Rêv. païen, 1876, p. 119). Notre [canon de] 75, vigoureusement conduit, brisera dans cette région ses entreprises pendant plusieurs jours et jusqu'à la fin de la bataille (FOCH, Mém., t. 1, 1929, p. 103).
SYNT. Fin d'une aventure, d'un bal, d'une carrière, d'un conflit, d'un concert, d'une conférence, d'une course, d'une conversation, d'un débat, d'un dîner, d'un discours, d'une éclipse, d'une existence, d'une grève, d'une grossesse, d'une guerre, des hostilités, d'une leçon, d'une lecture, d'une lutte, de manœuvres, de la messe, de l'office, d'un orage, de la représentation, du séjour, du spectacle, d'une tempête, du travail, des vacances, de la vie, d'un voyage.
c) [d'une chose ayant une structure définie, le plus souvent dans l'espace] Je vois enfin la fin de mon infinissable chapitre (FLAUB., Corresp., 1860, p. 374). Sa moustache démesurée, à longs poils droits, s'amincissant indéfiniment de chaque côté et terminée par un seul fil blond si mince qu'on n'en apercevait pas la fin (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Boule de suif, 1880, p. 130).
SYNT. Fin d'un acte, d'une analyse, d'une étude, d'une lettre, d'un livre, d'une œuvre, d'un paragraphe, d'une phrase, d'une scène, d'une strophe, d'un texte, d'un tome; fin de l'intestin.
2. En partic. Partie terminale d'un ensemble, considérée de manière privilégiée. Fin de journée comme toutes nos fins de journée ici : — La causerie au coin du feu, intime (BARB. D'AUREV., Mémor. 3, 1856, p. 72). Aussi bien est-ce ce Degas de la fin, libre et décidé, que les peintres modernes aiment (LHOTE, Peint. d'abord, 1942, p. 20).
Rem. Certains syntagmes cités sous A 1 pourraient se retrouver ici, mais dans un contexte différent.
Fin de semaine. Congé comprenant le samedi et le dimanche (transpos. de l'angl. week-end). Le poker, les sports d'hiver, les fins de semaine à Paris dans des avions particuliers (MORAND, Londres, 1933, p. 179). Elle lui promettait une fin de semaine heureuse, à la plage (CAMUS, Exil et Roy., 1957, p. 1596).
Fin de mois. Époque qui comprend les derniers jours du mois, où les ressources s'amenuisent. On se défendait qu'en restrictions... toujours à coups de nouilles, et avec les « boucles » à maman engagées au « clou » chaque fin de mois (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 69). V. assuré ex. 15. P. méton. Échéances dont le règlement est dû à la fin du mois. Quant au petit commerçant, harcelé par ses fins de mois (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 367).
[Dans des expr., souvent avec l'idée de déclin et d'élégance surannée, impliquant de la fragilité]
Fin(-)de(-)siècle. Dernière partie du siècle. Et quel coup, si (...) un maître [un peintre] se révélait, réalisant la formule avec l'audace de la force, sans ménagements, telle qu'il fallait la planter, solide et entière, pour qu'elle fût la vérité de cette fin de siècle! (ZOLA, Œuvre, 1886, p. 223). Emploi adj. Tous les consommateurs se retournaient pour surprendre en confidence avec une Parisienne très fin-de-siècle « l'Homme Préhistorique » (JOUHANDEAU, M. Godeau, 1926, p. 245). Emploi subst. masc. à valeur de neutre. Ces peuples qui se font une vie neuve, qui ignorent le fin-de-siècle, la névrose, la dégénérescence (MORAND, 1900, 1931, p. 95).
Fin de race. Derniers représentants d'une lignée. C'est néanmoins dans la peinture de ceux qu'il [Zola] appelait des nobles, des « fins de race » que l'égoutier de Médan s'est surpassé (L. DAUDET, Dev. douleur, 1931, p. 99).
CHASSE. Les fins (d'un animal). Les derniers moments d'une bête forcée avant la curée. Le roi regarde, et ne voit qu'un débutant arrivé avant lui aux fins de la bête (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 172).
Être sur ses fins. Malgré ses feintes, ses détours, sa vitesse, le cerf était mis sur ses fins et porté bas par la dague des hommes (GENEVOIX, Dern. harde, 1938, p. 160). L'animal poursuivi (...) est enfin « sur ses fins » (VIALAR, Rendez-vous, 1952, p. 249).
3. [Avec une nuance spéciale]
a) Issue bonne ou mauvaise (d'un phénomène, d'une action, d'un état), dénouement (d'une affaire, d'un récit), conclusion de quelque chose. Si cependant vous jugiez que ma présence peut accélérer la fin de cette affaire, je partirais sur-le-champ (COURIER, Lettres Fr. et Ital., 1805, p. 687). Dans une vie terminée, c'est la fin qu'on tient pour la vérité du commencement (SARTRE, Mots, 1964, p. 166) :
2. Mais ce qui écrase tout, ce qui couronne l'œuvre, c'est la fin. Je ne connais rien de plus empoignant que ce dénouement.
FLAUB., Corresp., 1874, p. 143.
Le mot de la fin. Qui apporte une conclusion, qui n'admet pas de réplique. À quoi ça sert de se batailler. Ils [les agents] auront toujours le mot de la fin finale (AYMÉ, Rue sans nom, 1930, p. 212).
CIN. Fin optimiste, heureuse fin. Dénouement heureux d'un film (transpos. de l'angl. happy ending). La tradition de l'art muet selon laquelle une fin optimiste est seule supportable (Vuillermoz ds Le Temps, 13 janv. 1929, 4/5 ds GIRAUD 1956).
b) Interruption définitive, anéantissement de quelque chose. Fin d'un empire, des temps; le commencement de la fin. Des monuments irrécusables nous apprennent que notre globe a déjà éprouvé plusieurs changements absolus, qui ont été autant de fins du monde (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 138). La fin des guerres, plus d'échafaud, le grand jour, Le plein midi, la paix, la liberté, l'amour! (HUGO, Légende, t. 5, 1877, p. 934). Ils voulaient croire que la ruine du nazisme entraînerait la fin de ce fascisme cagot (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 88).
Expr. (évoquant un anéantissement général)
La fin de tout. Voici la fin de tout, s'écria Mme de Rênal, en se jetant dans les bras de Julien (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 225).
La fin des fins. Un vrai jour du jugement dernier, la fin des fins, la vie impossible, l'écrasement du pauvre monde (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 683).
La fin des haricots. La grande horreur, le tumulte, le malaise, la fin des haricots, l'état de siège (PRÉVERT, Paroles, 1946, p. 13).
Rem. On trouve aussi les var. la fin des petits pois, la fin des grenouilles (cf. VERLAINE, Œuvres compl., t. 3, Invectives, 1896, p. 372).
[S'agissant de pers.] Cessation de l'existence, mort. Que ce soit le besoin immédiat d'argent qui l'ait poussé à cette fin désespérée (CONSTANT, Journaux, 1805, p. 218). On espère toujours une fin paisible pour ceux que nous aimons (GREEN, Journal, 1941, p. 58).
SYNT. Fin édifiante, imminente, prématurée, prochaine, tragique; triste fin; approcher de sa fin; sentir sa fin approcher; pressentir, voir venir sa fin; avoir une fin douloureuse.
Faire une fin + qualificatif. Mourir d'une certaine façon. Il fera une fin correcte et décente, sans geindre, sans se débattre, sans demander à faire des aveux pour gagner du temps (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 474). Faire une bonne/mauvaise fin. Avoir une mort édifiante/mourir dans l'impénitence. Modernus fait une mauvaise fin. Je vois six diables (...) prêts à lui cueillir l'âme sur la bouche (FRANCE, Mir. Grd St Nic., 1909, p. 82).
c) Achèvement définitif d'un projet, d'une œuvre. Tout doit s'achever dans l'œuvre visible, et trouver par ce fait même une détermination finale absolue. Cette fin est l'aboutissement d'une suite de modifications intérieures aussi désordonnées que l'on voudra (VALÉRY, Variété V, 1944, p. 312).
4. Loc. et expr.
a) [Avec prép., en fonction adv. ou adj.]
) Tout bien considéré, en dernier ressort. Synon. en définitive, enfin, finalement.
À la fin (souvent en exclamation, en signe d'impatience). Ce ton impérieux m'étonne, à la fin (LEMERCIER, Pinto, 1800, IV, 8, p. 130). Cette appréhension de la rapidité et du néant, à la fin, gâte toute jouissance (DELACROIX, Journal, 1853, p. 69).
À la fin des fins (fam.). Voyons, tu causes trop, à la fin des fins (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 383). Petit à petit, elle va l'oublier et à la fin des fins, si elle n'en trouve pas un qui soit mieux, elle épousera maître Panisse (PAGNOL, Fanny, 1932, I, 2e tabl., 3, p. 73).
À la fin du compte. Et d'ailleurs, à la fin du compte, l'office des martyrs n'est pas de manger, mais d'être mangés (BERNANOS, Dialog. Carm., 1948, 3e tabl., 15, p. 1647). En fin de compte (usuel). [Il] se disait qu'en fin de compte il payerait, quand il le voudrait bien, plus de trois mille francs d'impositions directes (SANDEAU, Sacs, 1851, p. 1). Il suffit qu'il [le consentement au bien] dure pour qu'en fin de compte l'âme tout entière ne soit que bien (WEIL, Pesanteur, 1943, p. 113).
) Sans fin. Sans limites, sans bornes, interminable. Arabesques, discussion(s), oscillation sans fin; bavarder, répéter sans fin. Je suis perdu dans des rêveries et des lectures sans fin ni fond (FLAUB., Corresp., 1859, p. 346). Mais voyant le chapelet qui glissait sans fin entre ses doigts il s'abstint de l'interrompre (HÉMON, M. Chapdelaine, 1916, p. 130).
TECHNOLOGIE
Chaîne, courroie sans fin. Dont les extrémités sont réunies l'une à l'autre. Au milieu du cellier, dans un trou de puits gardé par une barrière de fer, une chaîne sans fin descendait aux crayères les paniers pleins et remontait les paniers vides (HAMP, Champagne, 1909, p. 151). P. métaph. Ainsi se fait la chaîne sans fin des violences (CLEMENCEAU, Iniquité, 1899, p. 143).
Vis sans fin. Vis dont les filets sont en contact avec une roue dentée à laquelle elle imprime un mouvement de rotation perpendiculaire à celui de la vis. La voiturette Peugeot (...) était caractérisée par son « bloc » arrière comportant le moteur (...) le renvoi par vis sans fin et l'ensemble des deux roues motrices, très rapprochées, ce qui permet de se passer de différentiel (TINARD, Automob., 1951, p. 364).
b) verbales
Être à sa fin (rare). Le jour n'étant pas encore à sa fin (CHATEAUBR., Martyrs, t. 1, 1810, p. 158).
Faire une fin. Adopter un genre de vie stable, le plus souvent en se mariant. Synon. se ranger. Il [l'abbé Prévost] revint aux armes, il les quitta de nouveau, et parut vouloir faire une fin, en prenant l'habit de bénédictin en 1721 (SAINTE-BEUVE, Portr. littér., t. 3, 1844-64, p. 453). Il avait trente sept ans, commençait à se faner légèrement, et la douairière trouvait qu'il était pour lui grand temps de faire « une fin avantageuse » (GYP, Mar. civil, 1892, p. 69). Ça l'embête de l'épouser car il n'a pas encore envie de faire une fin (QUENEAU, Loin Rueil, 1944, p. 43).
Mettre à fin (vieilli). Terminer. Ainsi chevauchant, il mettoit à fin, par cent coups de lance fameux, toutes ces aventures chantées par nos poëtes (CHATEAUBR., Génie, t. 2, 1803, p. 491). Le 19 janvier, je mets à fin l'œuvre infiniment pénible qu'elle exigeait de moi et qui sans cesse m'isolait de sa pensée : l'achèvement du troisième volume (MICHELET, Journal, 1849, p. 13).
Mettre fin à. Terminer, faire cesser quelque chose. De Paris, il s'associa par de chaleureuses lettres à la révolution qui mit fin aux gaietés sanglantes de l'empire noir (FRANCE, Chat maigre, 1879, p. 176). Nous allons mettre fin à cette mascarade (ANOUILH, Répét., 1950, III, p. 82).
Mettre fin à ses jours, à son existence. Se tuer, se suicider. Il s'en est peu fallu que je ne misse fin à ma vie (TAINE, Notes Paris, 1867, p. 329). Chez les anciens Danois, chez les Celtes, chez les Thraces, le vieillard arrivé à un âge avancé met fin à ses jours (DURKHEIM, Divis. trav., 1893, p. 226).
Mener à fin (vieilli). Sachant mener à fin les choses qu'il entreprenait (BARANTE, Hist. ducs de Bourg., t. 4, 1824, p. 370). J'en demande pardon à la propreté bretonne, il me semble que la grande affaire de la vaisselle était bientôt menée à fin entre le chien et la servante, l'un de la langue, l'autre du torchon (NERVAL, Nouv. et fantais., 1855, p. 153).
Mener à bonne fin. Conduire à sa conclusion, achever. On ne s'occupa plus que de mener à bonne fin l'exploration des plus secrètes portions de l'île (VERNE, Île myst., 1874, p. 534). En me demandant de désigner un chef qualifié pour mener cette entreprise difficile à bonne fin (JOFFRE, Mém., t. 2, 1931, p. 102).
Prendre fin. Se terminer, cesser. La nuit prenait fin (HUYSMANS, Sœurs Vatard, 1879, p. 12). Son commandement a pris fin quand le dernier de ses hommes est tombé (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 207).
Tirer, toucher à sa fin. Cet amour, qui chez lui tirait à sa fin (SAND, Indiana, 1832, p. 185). Comme le repas touchait à sa fin (BOSCO, Mas Théot., 1945, p. 275).
N'avoir ni commencement ni fin :
3. Le zéro est le nombre sacré. C'est sur lui que tout repose. Sa forme est mystérieuse. Il n'a ni commencement ni fin. Il étreint sans saisir. Sans être, il paraît; et la sphère des mondes est un grand zéro qui se trace vide dans le vide espace.
QUINET, Ahasvérus, 1833, 3e journée, p. 235.
B.— But qui constitue le terme de quelque chose.
1. Ce à quoi tend un projet, une action accomplie de façon délibérée, but que l'on vise, objectif que l'on se fixe. Ta seule fin morale est le bonheur, et ton seul devoir le moyen convenu pour le bonheur de tous (SENANCOUR, Rêveries, 1799, p. 136). La parole, moyen et fin du philosophe (VALÉRY, Variété III, 1936, p. 170) :
4. De là l'« ironie » qui fait de la vie des poètes, et plus encore de leur usage des mots, un continuel scandale à l'égard de l'existence quotidienne : tout ce à quoi nous nous attachons communément est étranger à notre plus haute destinée, et, pareillement, nous usons du langage pour des fins qui ne sont pas celles de ses origines.
BÉGUIN, Âme romant., 1939, p. 110.
SYNT. Fin(s) particulière(s), personnelle(s), collective(s), désintéressée(s), utilitaire(s); donner qqc. pour fin à; prendre pour fin; s'assigner, se donner, se proposer pour fin; tendre à des fins; conduire qqc. à ses fins; arriver, parvenir, en venir à ses fins.
Expressions
À (la) seule fin de. Qu'on était bien venu de lui reprocher une cocarde de temps à autre, prise à la seule fin de voir la vie en rose (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 579). Je m'astreins pourtant à ce petit effort quotidien à seule fin de ne point laisser se rouiller ma plume (GIDE, Journal, 1940, p. 21).
À cette fin. Alors la veuve proposa de commémorer sur-le-champ cette rencontre en asséchant un glasse et de pénétrer à cette fin dans la salle de café du Vélocipède boulevard Sébastopol (QUENEAU, Zazie, 1959, p. 165). À cette fin de. Le jour où elle [Modeste] avait assigné Dieu à cette fin d'avoir à lui envoyer un ange (BALZAC, Modeste Mignon, 1844, p. 50). Ce qui est cause que j'ai le devoir de l'aimer comme ma mère et le droit d'agir à cette fin de la récompenser de son bon cœur (SAND, F. le Champi, 1850, p. 190).
Aux/pour fins de. M'apporter — bouteille d'encre de deux sous (...) aux fins d'écrire beaux souvenirs littéraires ou autres pour les chroniques (VERLAINE, Corresp., t. 3, 1887, p. 343). Les trois loulous de Poméranie, dont chacun portait un collier de couleur différente, aux fins d'identification (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 211). Les utilisations [des radioéléments] pour fins de diagnostic (GOLDSCHMIDT, Avent. atom., 1962, p. 232).
À des fins (de); à des fins documentaires, pratiques. Les dirigeants soviétiques ont tenté aussi de faire servir la musique à des fins de propagande politique (Arts et litt., 1935, p. 6407). Le prince G... ne quittait pas son pistolet qu'il faisait servir à des fins généralement domestiques (MORAND, Bucarest, 1935, p. 237).
À fin de (DROIT). Les réquisitions par lui faites à son tuteur officieux, à fin d'adoption, sont restées sans effet (Code civil, 1804, art. 369, p. 69).
À bonne/mauvaise fin. Dans une bonne/mauvaise intention. Il avait fait occire le duc d'Orléans, non pas à bonne fin, non pas pour le bien commun, mais par ambition (BARANTE, Hist. ducs de Bourg., t. 3, 1821-24, p. 65). Il a dépensé en une fois, et à mauvaise fin, son trésor d'allégresse heureuse et de fraternelle charité (SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 2, 1834, p. 146).
À toute(s) fins. Pour servir dans tous les cas. D'un côté du couloir, une salle à manger et la cuisine; de l'autre, un salon à toutes fins et la chambre à coucher de la veuve (BALZAC, Vieille fille, 1836, p. 288). Partout il y a le besoin de s'assurer à toute fin contre des éventualités multiples (JAURÈS, Paix menacée, 1914, p. 266). À toutes fins utiles. En outre, trois bateaux de transport amèneraient, à toutes fins utiles, deux bataillons d'infanterie de marine (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 100).
À deux fins (vx). Qui a deux fonctions, deux emplois. Ce garçon était un homme à deux fins, il faisait les vignes de Socquard, il balayait le café, le billard (BALZAC, Paysans, 1850, p. 317).
Proverbes
La fin justifie les moyens. Est-ce à dire, comme on le répète souvent, que pour le communiste, la fin justifie les moyens? (LACROIX, Marxisme, existent., personn., 1949, p. 20) :
5. Elle ne cachait pas beaucoup qu'entre les vainqueurs et les vaincus du jour elle sentait peu la différence, les uns et les autres disant : la fin justifie les moyens. — Et la justice, madame? n'est-ce rien entre les deux camps?
MICHELET, Journal, 1852, p. 187.
Qui veut la fin veut les moyens (cf. DUMAS père, Mariage sous Louis XV, 1841, t. 3, 12, p. 168).
PHILOSOPHIE
Fin prochaine. But immédiatement visé par une action. Elle [une politique] ne serait pas chrétienne cependant, si cette fin prochaine n'était rattachée à une fin plus éloignée et plus haute (MARITAIN, Primauté spirit., 1927, p. 135).
Fin ultime. But vers lequel on dirige toutes ses actions, au-delà duquel on ne peut aller. Ce bien commun temporel n'est pas fin ultime (MARITAIN, Human. intégr., 1936, p. 189).
Fin intermédiaire. But constituant un moyen en vue d'atteindre une fin ultime. Ce serait une affirmation de l'autonomie du temporel à titre de fin intermédiaire ou infravalente (MARITAIN, Human. intégr., 1936, p. 189).
DR. But poursuivi selon les règles et les formes du droit. Fins civiles, fins du demandeur.
Fin de non-recevoir. ,,Procédé par lequel le défendeur neutralise la demande, sans la contredire au fond, sans l'attaquer de front`` (BARR. 1967). S'il n'a pas été proposé de fins de non-recevoir, la demande en divorce sera admise (Code civil, 1804, art. 246, p. 46).
P. ext., lang. cour. Refus. Lamiel fut très piquée de cette fin de non-recevoir (STENDHAL, Lamiel, 1842, p. 109). Cette fin de non-recevoir, « ce sage ne-pas-comprendre » dont parlait Rilke (SARRAUTE, Ère soupçon, 1956, p. 35).
2. Ce à quoi tend un être ou une chose, naturellement ou en vertu d'une volonté extérieure à eux. J'ai demandé sa cause à toute la nature, J'ai demandé sa fin à toute créature (LAMART., Médit., 1820, p. 34). La fin des nations, c'est l'unité (...) la fin des fleuves, c'est la mer (HUGO, Actes et par. 2, 1875, p. 6) :
6. L'homme au jour de sa création avait une égale connaissance de son origine et de sa fin. Séduit par le serpent, il se complut dans sa fin comme si elle lui était propre, et non point celle de la volonté de Dieu, dont il était l'instrument. Et c'est pourquoi une fin lui fut en effet donnée et la mort de ce corps qui lui servait à l'atteindre. Il n'eut plus connaissance que de sa fin et son origine dans le Père lui fut cachée; la chair nous est un mur entre nous et Lui.
CLAUDEL, Art poétique, 1907, p. 197.
THÉOL., au plur. Ce à quoi tend l'homme considéré dans son âme. Fins dernières. La mort et les récompenses ou les châtiments qui la suivent. J'ai la plus grande peine à maintenir, même tout simplement à placer les fins dernières : la vie future avec tout ce qu'elle comporte, le jugement dernier, le paradis, le purgatoire et l'enfer au premier plan de ma foi (DU BOS, Journal, 1928, p. 107).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Homon. faim, formes du verbe feindre. Étymol. et Hist. 1. 2e moitié Xe s. « terme auquel s'arrête une chose dans l'espace ou dans le temps » ici spéc. « cessation de la vie » (Passion, éd. d'Arco Silvio Avalle, 168); 2. fin XIIIe-début XIVe s. « terme auquel on tend » (Gloss. rom., ms. Bilb. royale, 9543 ds T.-L.); spéc. 1462 dr. (LOUIS XI, Ord. XV, 505 ds BARTZSCH, p. 69). Du lat. finis « limite » et « but ». Fréq. abs. littér. :19 507. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 21 154, b) 28 721; XXe s. : a) 30 809, b) 30 992. Bbg. BERTINI (M.-T.), TALLINEAU (Y.). Petit vocab. Informatique (L') nouv. 1977, n° 80, p. 23. — DAUZAT (A.) À seule fin que ou de. Fr. mod. 1940, t. 8, p. 350. — DUBUC (R.). Probl. et solutions. Meta. 1974, t. 19, pp. 84-87. — GEORGIN (R.). Dates en raccourci. Déf. Lang. fr. 1977, n° 89, pp. 8-10. — GOHIN 1903, p. 336.
II.
⇒FIN2, FINE, adj.
I.— [Dans des expr.]
A.— Emploi adj. Qui constitue l'extrémité ultime de quelque chose (souvent le tout début ou l'extrême fin).
Le fin bout de. Le fin bout des doigts. Née à Paris et Parisienne jusqu'au fin bout de ses ongles roses (THEURIET, Mariage Gérard, 1875, p. 46).
Le fin fond de. Repris ma théologie entrecoupée de causeries De omni Re scibili avec l'abbé, et atteint ainsi le fin fond de la nuit (BARB. D'AUREV., Memor. A... B..., 1864, p. 439). À la première de Santiago, j'étais debout au fin fond de l'orchestre entre les deux gardes municipaux (MONTHERL., Notes théâtre, 1954, p. 1073).
La fine pointe de. Qu'elle allât dans les jardins dès la fine pointe du printemps (FRANCE, Lys rouge, 1894, p. 142). Il y en a une [une voix] justement à la fine pointe de ce grand peuplier au-dessus de nous (CLAUDEL, Lune, 1949, p. 1282). L'acte même par lequel la fine pointe de notre esprit pénètre dans l'absolu (TEILHARD DE CH., Phénom. hum., 1955, p. 244).
Au fig. Le fin mot de. Le mot qui donne la clé de quelque chose. Fabrice comprit le fin mot de tout ce qui lui arrivait (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 33).
B.— Emploi subst. masc. à valeur de neutre. Ce qu'il y a de caché, le secret de quelque chose. Les faire naître [les conspirations], les étouffer, charger la mine, l'éventer, c'est le grand art du Ministère; c'est le fort et le fin de la science des hommes d'État (COURRIER, Pamphlets pol., Au réd. « Censeur », 1820, p. 39). Dans tous les cas, je saurai le fin de cette affaire (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 461).
Le fin du fin. Nous allons pénétrer le mystère! Nous allons savoir le fin du fin! (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 765). V. infra II B 2.
C.— Emploi adv. Tout à fait, complètement. Fin saoul. Et maintenant elle voit aussi fin clair que vous et moi (CLAUDEL, Violaine, 1901, III, p. 611). Quand vous reviendrez de votre tour de France, la maison sera fin prête (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 214).
II.— Usuel
A.— D'un volume très réduit.
1. [En parlant d'éléments très petits] Grain fin, fine gouttelette. Les quenouilles [des amarantes] pendaient, assombries, semant leurs fines graines rondes et noires (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 116).
2. Fait de particules d'un volume très réduit. Gravier, sel fin; cendre, poudre, poussière, limaille, neige, brume, pluie, pâte fine. Une touffe d'ortie au pied du mur était poudrée de fin plâtre frais (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 257). Un fin brouillard montait (ZOLA, Ventre Paris, 1873, p. 679). Si le roc se dresse, elle [la caravane] l'évite, si le sable est trop fin, elle cherche ailleurs un sable dur (SAINT-EXUP., Citad., 1944, p. 512).
♦ [En parlant d'un aspect sous lequel se manifeste une telle matière] Un crachoir (...) qui était rempli jusqu'aux bords d'un fin poudré de sable (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 342).
[En parlant d'un objet fait d'une substance fine; avec une idée de qualité supérieure de la matière] Porcelaine, poterie fine. Il existait dans ce village de banlieue tout proche de Sèvres, une fabrique de faïence fine sur laquelle on est très mal renseigné (G. FONTAINE, Céram. fr., 1965, p. 84).
TECHNOL., emploi subst. fém. plur. Résidus peu volumineux, surtout poussier de houille. Aux mines de Bruay, enfin, les fines, épurées à sec, traversent deux fours tournants (E. SCHNEIDER, Charbon, 1945, p. 314).
Emploi adv. Moudre fin. Une charcuterie succulente, où de blanches rivières de lard traversaient la chair brune du gibier, mêlée à d'autres viandes hachées fin (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Boule de suif, 1880, p. 151).
3. [Souvent avec une idée de qualité supérieure] Très réduit, particulièrement en ce qui concerne l'épaisseur.
a) Dont l'apparence générale est particulièrement effilée.
) [En parlant de l'élément lui-même] Et l'on a trouvé sur le pavé un lit de paille fine où la place d'un corps était encore marquée (HUGO, Rhin, 1842, p. 409). Des aiguilles électriques montées sur un fin pivot branlent à la moindre variation de la chaleur ou de l'air (TAINE, Notes Paris, 1867, p. 133). Un annotateur anonyme avait souligné la dernière phrase et écrit en marge, de la pointe fine d'un crayon (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 427).
SYNT. Cheveu, poil, fil, herbe, gazon fin(e); aiguille, épée, lame fine; projectile, scalpel fin; colonnette fine; pinceau fin.
Emploi adv. C'est que l'habitude de filer fin existait déjà dans les campagnes de Reims; de filer la laine aussi fin qu'on filait le lin ailleurs (MICHELET, Journal, 1842, p. 466).
[En parlant de détails anatomiques] Le nez fin et recourbé, l'œil fort noir, la peau ivoirine, soixante ans sur tout cela (GREEN, Journal, 1940, p. 27). Elle est fine et souple, mais elle ne sait même pas se tenir (ANOUILH, Répét., 1950, III, p. 81) :
1. Alors, un peu en arrière d'elle, il la regarda encore. Le buste et les bras d'une ligne gracile et pure, les hanches riches, les chevilles fines, dans sa belle forme d'amphore vivante, elle lui plut toute.
FRANCE, Lys rouge, 1894, p. 152.
SYNT. Figure, minois, visage, museau, menton, bouche, bec, gorge, tête, taille, jambe, main fin(e); doigts fins.
Dont les éléments composants sont minces et rapprochés. Peigne, treillis fin. Tamisage au travers d'un tamis très fin (BRAJNIKOV, Pétrogr. et rayons X, 1936, p. 25).
Emploi adv. Du maïs en des paniers tressés fin (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 375).
) [En parlant d'une forme, de l'aspect extérieur d'un élément]
Croissant, grainé, réseau fin. Le lacis fin des vergues sur le ciel (SAMAIN, Chariot, 1900, p. 36). Du fin liséré de moustache qui courait sur la lèvre (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 209).
Découpure fine, trou fin. Plus la masse M est élevée plus il est nécessaire d'employer une fente fine pour déceler une même différence de masse (Mme P. CURIE, Isotopie, 1924, p. 95).
Dessin fin. J'étais accoutumé à le voir rêver tout un jour sur cette petite écriture fine et élégante (VIGNY, Serv. et grand. milit., 1835, p. 75).
Profil fin, silhouette fine, allongement fin d'un corps, galbe fin d'un visage. Le fin modelage de sa figure passée, perdu, enfoui dans sa pleine et grosse face de ces dernières années (GONCOURT, Journal, 1888, p. 763). Il avait une figure grasse aux traits fins (HÉMON, M. Chapdelaine, 1916, p. 77).
Structures fines. La mécanique ondulatoire, sous sa forme primitive telle que nous l'exposons en ce moment, n'est pas relativiste (...) : c'est pourquoi elle ne peut rendre compte des structures fines (L. DE BROGLIE, Théorie quanta, 1959, p. 197).
b) [En parlant d'un élément caractérisé par son étendue, mais sa faible épaisseur] J'ai pris du papier fin pour pouvoir mettre la lettre que je lui écris sous ce pli sans indiscrétion (BALZAC, Corresp., 1837, p. 339). Il avait une chemise, une chemise de batiste si fine que je l'avais cru nu (GONCOURT, Journal, 1859, p. 629).
SYNT. Écorce, cuir, membrane, peau fin(e); étoffe, tissu, dentelle, drap, gaze, laine, lin, mousseline, soie, toile, zéphyr fin(e).
[En parlant d'objets faits de tissu ou de cuir fin] Fait d'une matière très mince et par là même d'une qualité délicate. Chemise, mouchoir fin(e); lingerie fine; chaussure fine. Acheter à Lucien des souliers fins chez le meilleur bottier d'Angoulême (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 55). N'épargnant ni le linge fin à broderies fenestrées, ni la poudre d'iris, ni le musc (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 239). Il réendossa sur le fin jabot sa vareuse qu'il boutonna solidement et sa blouse fripée (ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p. 48).
Emploi subst. masc. Linge fin. Blanchisseuse de fin. Bien connu à Montparnasse, ainsi que sa garce, Gabrielle, une repasseuse de fin (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 193).
4. P. anal. [Souvent avec une idée de qualité supérieure] Ténu, peu appuyé, délicat.
[En parlant de choses perçues par la vue] Étincelle, ombre fine; regard fin. Vieille tête de négociant, fatiguée et distinguée, sourire fin (GONCOURT, Journal, 1855, p. 207). Le tout peint dans des tons fins délicieux, dans une gamme de pâleurs argentées, de verts noyés de lait, de gris et de bleu discrets (HUYSMANS, Art mod., 1883, p. 55).
[En parlant de choses perçues par l'odorat ou le goût] Odeur, parfum, relent fin(e); goût fin. L'air était embaumé du parfum des lauriers-menthes, dont les bouquets de fleurs blanches, alors en pleine floraison, dégageaient les plus fines senteurs aromatiques (VERNE, Enf. cap. Grant, t. 2, 1868, p. 185). L'Azalée aux fleurs d'or, dont son souffle comme un autre printemps, propageait le fin arome (CLAUDEL, Poés. div., 1952, p. 308).
[En parlant de choses perçues par l'ouïe] Son fin. V. carillon ex. 2.
[En parlant de choses perçues par la pensée] Plaisanterie, satire fine. Une ironie si fine et si voilée, que souvent il était ironique pour lui-même et seul dans le secret de son rire intérieur (GONCOURT, Ch. Demailly, 1860, p. 73).
B.— Ne comportant pas d'élément qui en altère la qualité.
1. Domaine du concr.
a) De la plus grande pureté. Or, argent, métal fin; diamant fin; pierre, émeraude fine. Un sac à tabac, brodé d'or et de perles fines (ABOUT, Roi mont., 1857, p. 81). Les outils sont d'acier fin, de fil ardent, résistants (PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, p. 154). On leur vendra pour de l'argent fin ce qui contient un tiers d'étain ou de plomb (FARAL, Vie temps st-Louis, 1942, p. 74).
Couleurs fines. Il possède chez lui tout un assortiment de couleurs fines en tubes (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p. 137).
b) [En parlant d'aliments] D'une qualité délicatement agréable, souvent recherchée. Beurre, gibier, bouteille, liqueur, bière, épice, épicerie fin(e); morceaux fins. Vous n'avez pas prodigué les vins fins et le veau froid à un ingrat (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 326). On lui gardait les plus fines pièces pêchées par la Marie-Rose (HAMP, Marée, 1908, p. 62). Gâteau savoureux, pesant à la fois et feuilleté, imbibé de fine graisse d'oie (PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, p. 19).
Fine fleur (de farine). Ce qui reste de la farine une fois épurée du son qu'elle contenait. Un pain fait spécialement pour moi, à la fine fleur de froment (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 321).
Au fig. Ce qui est de la meilleure qualité, ce qui constitue l'élite. Je vous apporte à choisir, et en abondance, la fine fleur des rasoirs anglais, en acier d'argent (LAMART., Corresp., 1831, p. 193). C'était la fine fleur de la société savante (DUHAMEL, Maîtres, 1937, p. 235).
Emploi subst. fém. Fine + compl. prép. de désignant la provenance. Huître de bonne qualité. Fine(-)de(-)claire(s). Huître de bonne qualité élevée dans une/des claire(s). [Avec compl. prép. de désignant un lieu] C'est le mélange d'eau douce et d'eau de mer qui fournit aux huîtres de Bélon leur saveur, leur parfum, leur finesse, ce qui permet de les appeler « fines de Bélon », plus précisément « fines de la rivière de Bélon » (H. GAULT, C. MILLAU, Guide gourmand de la France, Paris, Hachette, 1970, p. 720).
Fin repas, souper fin. Un fin dîner, avec un potage au blé vert, des langues de rennes de Laponie, des surmulets à la provençale, une pintade truffée (GONCOURT, Journal, 1882, p. 157).
Partie fine. Partie de plaisir en galante compagnie. Les parties fines chez le traiteur! Les bals masqués! Le champagne! (FLAUB., Corresp., 1853, p. 238) :
2. Un second narrait qu'il avait vu, le jour de sa capture, un général et son chauffeur manger sur la même petite table pliante, dressée des propres mains du général tandis que le chauffeur allait faire remplir deux gamelles à la plus proche « roulante ». Le souvenir de tant de parties fines où s'étaient distingués les officiers français, le luxe de leurs uniformes comparés aux nôtres, (...) échauffaient les aigreurs...
AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 44.
c) [En parlant d'un travail, d'un objet fabriqué] D'une grande perfection. Ce sont tous trois d'excellents ouvriers, fournissant la plus fine coutellerie de la rue Richelieu (GONCOURT, Journal, 1860, p. 734). À huit ans ma fille me brodait ce napperon, tenez... Oh! ce n'est pas du travail fin, mais c'est gentil tout de même (COLETTE, Mais. Cl., 1922, p. 267).
2. Domaine de l'abstr. Révélant de grandes qualités de distinction. Fine élégance. [J.-J. Ampère] s'y vit initié [à Rome] chaque jour à la plus haute et à la plus fine société (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 13, 1863-69, p. 195). Ce que j'admire toujours en lui, c'est sa race, sa qualité fine d'homme supérieur (RENARD, Journal, 1906, p. 1054).
Le fin du fin. Le nec plus ultra. Être toujours présent et ne jamais déplaire, c'est le fin du fin d'un métier qui ne s'apprend pas : il y faut être né (MAURIAC, Vie Racine, 1928, p. 181). Il y a bien à Bucarest d'autres confiseries célèbres (...) mais le fin du fin, le véritable arcane, c'est Capsa (MORAND, Bucarest, 1935, p. 165). V. supra I B.
C.— D'une très grande sensibilité aux moindres détails.
1. [En parlant des sens] Qui perçoit les moindres nuances. Œil, odorat, ouïe fin(e). Il faut avoir la vue bien fine et le coup d'œil très-juste (J. DE MAISTRE, Soirées St-Pétersb., 1821, p. 188). L'oreille très fine du reporter perçut un glissement qui venait à lui, un léger craquement de branches (G. LEROUX, Roul. tsar, 1912, p. 98).
Avoir le nez fin. Avoir un odorat sensible. Il avait le nez fin, il sentait de loin les bonnes choses (ZOLA, Faute Abbé Mouret, 1875, p. 1366).
Au fig. Être capable de découvrir ce qui est tenu caché. Synon. avoir du flair. J'ai le nez fin; je flairais depuis longtemps ce qui arrive aujourd'hui (SANDEAU, Sacs, 1851, p. 44) :
3. — Ne vous tracassez donc pas, fit Joseph avec autorité. Sans doute, elle est sur le point de savoir et de comprendre, mais ce n'est pas fait encore. Il y a des tas de choses qu'elle a failli savoir et qu'elle a, pendant longtemps, fait effort pour ne pas savoir.
— Elle a le nez fin, chuchota Ferdinand. Cécile eut un geste d'impatience.
— Je suis de l'avis de Joseph. Il faut qu'elle ne sache rien. Alors?
DUHAMEL, Terre promise, 1934, p. 189.
Avoir l'oreille fine. Avoir un sens de l'ouïe particulièrement sensible. Le capitaine Cruchet, qui a l'oreille fine, se retourne, lèvres pincées (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 66).
2. [En parlant d'une personne ou de ses facultés ou activités]
a) Qui manifeste une sensibilité particulièrement aiguë aux moindres nuances.
) [En parlant d'une pers.] Doué d'une pénétration, d'un discernement, d'une justesse de jugement particulièrement aigu; capable d'une grande délicatesse de sentiment. Pour les âmes un peu nobles ou un peu fines, mieux valait la monotonie et la paix du cloître (TAINE, Philos. art, t. 1, 1865, p. 79). Elle est trop fine pour n'avoir pas eu honte de son mari (RADIGUET, Bal, 1923, p. 195).
En partic. [Toujours antéposé] Qui témoigne d'une compétence particulière dans un domaine donné. Fin connaisseur, dégustateur, gourmet, limier, tireur; fine couseuse; fine gueule, fine lame. Et même ce qu'il dit de l'art n'est pas d'un dilettante délicat, fin appréciateur de l'art (GONCOURT, Journal, 1896, p. 912). Il ne peut exister à mon goût plus fin diseur de ces jolis riens qui sont tout (ROSTAND, Cyrano, 1898, III, 1, p. 112).
) [En parlant de facultés ou d'activités] Délicat, pénétrant, précis.
Domaine de l'esprit. Critique, intelligence, observation, pensée fine. La cadette a une sensibilité délicate, susceptible d'exaltation, des idées fines et profondes (MAINE DE BIRAN, Journal, 1818, p. 158). Combien ses recherches, et les analyses très fines et très précises dont elles procèdent, avaient transformé à mes yeux le problème littéraire (VALÉRY, Variété II, 1929, p. 188).
À propos du comportement. Jeu très fin, passe fine. Ce mastoc, même s'il cogne, ne peut avoir une boxe fine (MONTHERL., Olymp., 1924, p. 343).
b) Malin, rusé.
) [En parlant d'une pers.] Comme il était fin politique, pour parler le langage du tems, il usa de la plus grande fausseté (BAUDRY DES LOZ., Voy. Louisiane, 1802, p. 130). Il est fin et cauteleux (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 395).
Expressions
Fin matois, fin renard, fine mouche. La France est une fine commère, il n'est pas facile de la surprendre (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 405).
Ma fine (appellatif pop.). Écoutez, ma fine, pourquoi ne s'arrangerait-on pas cette nuit, nous deux, gentiment? (BERNANOS, Crime, 1935, p. 730).
Faire le fin, jouer au plus fin (avec emploi subst.). Il ne faut pas jouer au fin avec moi, lui dit Janin (GONCOURT, Journal 1857, p. 329). Pourquoi est-ce le ciel aujourd'hui qui joue au plus fin et au plus têtu avec moi! (GIRAUDOUX, Sodome, 1943, I, 4, p. 85).
) [En parlant du comportement] Malgré ce trait de fine politique, jamais M. de Rênal n'avait voulu les recevoir chez lui (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830 p. 141). Nous croisâmes Bloch qui m'adressa un sourire fin et insinuant (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 879).
) P. antiphrase. Avoir l'air fin. N'empêche que, vous et moi, sans le moindre papier officiel pour les fouilles, on a l'air fin! (J. DOMBROVSKI, Le Conservateur des antiquités, trad. par J. Cathala, Paris, Julliard, 1979, p. 224).
3. Fin voilier. Bâtiment allant bien à la voile au plus près du vent. À cette heure, le plus fin voilier de la Méditerranée n'eût certes pu rattraper la petite tartane qui cinglait à pleines voiles vers Livourne (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 266).
REM. Finet, ette, adj., vx et rare. Dimin. de fin2. a) [Correspond à fin2 II A 2] Une belle année et de la farine finette, et voici des crêpes sautées au grand air (LA VARENDE, Heur. humbles, Phoebé, 1942, p. 108). b) [Correspond à fin2 II C 2 b] Celui-ci sera un beau soldat s'il continue (...) celui-là sera finet et entendu comme son père (SAND, Pte Fad., 1849, p. 208).
Prononc. et Orth. :[], fém. [fin]. Homon. faim, formes du verbe feindre. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1100 « qui présente un caractère de perfection, affiné (de l'or) » (Roland, éd. J. Bédier, 652); b) ca 1245 « qui discerne (ou présente) des nuances » (PH. MOUSKET, Chron., 9715 ds T.-L.); ca 1320 « dont l'habileté s'accompagne de duplicité » (Ovide moralisé, Commentaire Copenhague, éd. C. de Bœr, t. 5, p. 408); 2. fin XIIIe s. finne emploi adv. devant un adj. « absolument » (Chastelain de Coucy, éd. J. E. Matzke et M. Delbouille, 151); 3. ca 1500 « qui est à l'extrémité » (PH. DE COMMYNES, Mém., éd. J. Calmette, t. 3, p. 265), subsiste dans des loc. telles que fin fons (1507-08 ELOY D'AMERVAL, Livre de la Deablerie, éd. Ch.-Fréd. Ward., 170a); 4. a) ca 1450 « qui est mince (opposé à épais) » (Myst. du Vieil Testament, éd. J. de Rothschild, XXXVIII, 36374); b) 1432 « qui est de petite taille » (BAUDET HERENC, Doctrinal de la sec. rhét. ds LANGLOIS, Seconde rhétorique, 109). Même mot que fin1, dér. du sens « degré suprême de quelque chose » du lat. finis, d'où « accompli », « délicat », « qui est le point extrême ». Cf. le lat. médiév. finus « de belle qualité » (1058 ds NIERM.). Fréq. abs. littér. :3 518. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 3 418, b) 4 810; XXe s. : a) 5 824, b) 5 964.
DÉR. Finer, verbe trans. Débarrasser une substance de ses impuretés. On fit venir à grands frais du plomb, de la poudre et du soufre, que les femmes finaient pour le service des canons et des couleuvrines (FRANCE, J. d'Arc, t. 1, 1908, p. 134). Rem. Finage, subst. masc. Opération consistant à débarrasser la fonte du silicium qu'elle contient. Synon. mazéage. Cf. BARNERIAS, Aciéries, 1934, p. 49. [fine]. 1res attest. début XIVe s. part. passé adj. « affiné (de l'or) » (Hercule et Phileminis, Richel. 821, f° 1d ds GDF.), 1466 finer « rendre plus fin » (PIERRE MICHAULT, Doctrinal du temps présent, éd. Th. Walton, XXXI, 24, p. 81). av. 1544 (Cl. MAR., Rond. responc. par Vict. Brodeau, éd. 1596 ds GDF.); de fin2 « qui est mince, de petite taille », suff. puis dés. -er; à distinguer de finer altération de finir, cf. finance. Fréq. abs. littér. : 1.
BBG. — DUCH. Beauté. 1960, p. 160. — GRUNDT (L.O.). Ét. sur l'adj. invarié en fr. Bergen-Oslo-Tromsø, 1972, p. 75, 80, 150; pp. 390-391, 407-410.

1. fin [fɛ̃] n. f.
ÉTYM. Xe; lat. finis « borne, limite, fin ».
———
I Point d'arrêt, arrêt (d'un phénomène) dans le temps.
1 Bout, extrémité, fin (…) Fin est relatif, non pas à l'étendue ou à l'espace, comme les deux autres, mais à une action et à la durée (…) Le bout répond d'ordinaire à un autre bout (…) L'extrémité répond au centre (…) La fin répond au commencement.
Lafaye, Dict. des synonymes, p. 414.
1 Moment, instant auquel s'arrête (un phénomène, une période, une action…). Limite, terme. || La fin de l'année. || Payer à la fin du mois (→ Étrenne, cit. 6). || Rester jusqu'à la fin du spectacle (→ Bloquer, cit. 3). || Arriver à la fin de la vie (→ Agréable, cit. 7). || Vers la fin de cette période. Expiration; → Approcher, cit. 12; évasion, cit. 1. || Dès la fin du repas. Dessert; → Baragouiner, cit. 1. || Avant la fin du jour. Crépuscule; → Blaser, cit. 5. || Du commencement à la fin de la séance. Clôture; → Bourgeonner, cit. 2. || Temps qui approche de sa fin (→ Effuser, cit.), qui tire à sa fin. || Sur la fin de l'hiver. Sortie; sortir. || L'alpha (cit. 1) et l'oméga, le commencement et la fin. || Jusqu'à la fin des temps, des siècles. Consommation.
2 Au milieu ou à la fin de la semaine prochaine, je m'y mets.
Flaubert, Correspondance, t. III, p. 93.
3 Dans la vie, rien ne se résout; tout continue. On demeure dans l'incertitude; et on restera jusqu'à la fin sans savoir à quoi s'en tenir (…)
Gide, les Faux-monnayeurs, III, X.
4 La mûrissante couleur de la pénombre marque la fin de ma sieste.
Colette, la Naissance du jour, p. 22.
Ellipt. Comm. || Traite à payer fin mai. || Effet payable fin courant.Cour. || Nous nous reverrons fin avril. || Rendez-vous fin 86.(Par anal., avec les expressions formées avec mi-). || Rester jusqu'à la fin septembre.
5 J'ai un nouvel engagement ici pour jusqu'à fin 1885.
Rimbaud, Correspondance, CXIII, 26 mai 1885.
5.1 Dix-huitième ? (Il parle d'un petit secrétaire en bois de rose). Fin dix-huitième.
Sacha Guitry, N'écoutez pas, Mesdames, p. 39.
Loc. adv. À la fin. Définitive (en), enfin, finalement. || Il a nié d'abord (cit. 14), mais à la fin, il a reconnu ses torts. Finir (par). || À la fin elle lui a pardonné. || À l'extrême fin. — ☑ Fam. À la fin des fins. (Pour marquer l'impatience). || Tu m'ennuies, à la fin ! || J'en ai assez, à la fin ! || C'est trop bête, à la fin !
6 Arrives-tu, dis ? Il est plus de huit heures. Faut manger, à la fin.
Zola, la Terre, III, III.
7 À la fin tu es las de ce monde ancien.
Apollinaire, Alcools, Zone.
8 Oh ! bien sûr, nous n'attendons pas des démonstrations ridicules, mais enfin, mais à la fin des fins, de pouvoir imaginer seulement qu'un certain nombre des compagnons avec lesquels on a dansé, skié, joué au bridge, grinceront peut-être des dents toute l'éternité en maudissant Dieu, cela devrait tout de même changer un homme !
Bernanos, les Grands Cimetières sous la lune, p. 252.
Rare. || En fin finale (même sens).
2 (XIIIe; « frontière, limite »). Point auquel s'arrête (un objet que l'on parcourt, dont on fait usage).REM. Malgré l'apparence, il ne s'agit pas d'un point dans l'espace; ce point constitue le dernier élément de perception. — Arriver à la fin d'un livre, d'un chapitre. || Couturière qui va bientôt être à la fin de sa bobine de fil. || Être à la fin de son rouleau. Bout. || Réserve de vivres qui tire à sa fin. || Boire un verre jusqu'à la fin, jusqu'à la dernière goutte.
9 Une ouvrière dirait en dévidant un peloton de fil, ou en travaillant, je touche à la fin de mon fil; si elle en séparait une petite portion, voilà un bout de fil; si elle considérait ce fil comme un continu, je le tiens par le bout (…)
Encycl. (Diderot), artFin.
3 Derniers éléments (d'une durée), dernière partie (d'une action, d'un ouvrage). || Il y a séjourné pendant toute la fin de l'année. || La fin de la journée a été belle (→ Anguleux, cit. 2). || La fin du règne de Louis XIV fut assombrie par des revers.J'aime beaucoup la fin de ce roman, de ce film. Dénouement, épilogue. || Écouter la fin d'un discours. Conclusion, péroraison. || La fin de ce morceau de musique. Coda, finale. || La fin d'un film. || Bonne, heureuse fin (→ Happy end). || Je n'aime pas la fin. || Vers la fin, un peu avant la fin, ça se gâte.La fin de la conversation, de la discussion. || Le mot de la fin. || La fin d'un orage. Queue. || Il n'a pu assister qu'à la fin du match.C'est le commencement (cit. 7) de la fin. Déclin. || « En toute chose il faut considérer la fin » (La Fontaine, III, 5).Une triste fin de journée (→ Attendre, cit. 17; caresser, cit. 11). || Une fin de mois difficile, pénible. || Une passionnante fin de course.(Avec en).En fin de compte. || En fin d'après-midi, de séance, de carrière, de partie (→ Accepter, cit. 17). || Fin de partie, texte de Beckett.
10 Quand il apprit que le roi était parti, il comprit mieux que jamais qu'il avait été de la fin d'un monde.
Renan, Souvenirs d'enfance…, I, IV.
11 La grande cour avait des feuilles mortes
Dans le vent froid des fins d'étés très vieux.
Francis Jammes, Poésies, « J'aime dans les temps ».
12 Antoine avait une façon provocante de faire sonner la fin de ses phrases, qui fouetta la colère de M. Thibault (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. I, p. 213.
Régional (Canada). || Fin de semaine. Week-end.REM. L'expression s'entend aussi en France. Nous nous verrons en fin de semaine.
12.1 Je m'absente pour une fin de semaine, me dit une dame, et, en rentrant, je ne reconnais plus ma rue.
Paul Morand, New-York, p. 276.
Loc. adj. (1886, cit. infra). Fin de siècle : décadent. || Des personnages de soubrettes fin de siècle. || Le « japonisme fin de siècle » (Malraux, les Voix du silence, p. 42).
12.2 D'autres sont soldats, magistrats, ingénieurs, avocats (…) lui se contente d'être fin de siècle. Cela répond à tout, suffit à tout, dispense de tout. Le mot ne date que d'hier, mais il a déjà fait fortune. C'est une si belle trouvaille ! (…) Il y a deux ans, c'était un décadent : il fut déliquescent à la saison dernière. Le voici fin de siècle aujourd'hui.
L. Sérizier, in le Voltaire, 4 mai 1886.
Fin de race : qui a les caractères attribués à la fin d'une lignée (raffiné et décadent).N. || Un, une fin de race.
12.3 Treuffais le considéra. Toute résistance était inutile. Le blé (argent) de ce fin de race était abondant et bon à prendre au Cours Saint-Ange. L'imbécile était invulnérable.
J.-P. Manchette, Nada, p. 35.
Loc. Faire une fin : disposer pour l'avenir, pour la dernière partie de sa vie, en se mariant, en prenant une situation stable et sûre. Ranger (se). || Après une jeunesse agitée, à quarante ans, il s'est décidé à faire une fin.
13 (…) ses profusions avaient entamé sa personne aussi bien que ses diverses fortunes. Malgré ses beaux dehors, il se connaissait et ne pouvait se tromper sur lui-même, il pensait à faire une fin, à se marier.
Balzac, le Député d'Arras, Pl., t. VII, p. 728.
Vén. Être sur ses fins, se dit du cerf qui est las et près d'être forcé.Par anal. || Coureur qui est sur ses fins, que ses forces trahissent et qui va être battu.
14 L'amour les presse, comme la soif précipite vers la rivière le cerf sur ses fins (…)
Bédier, Tristan et Yseut, VI, p. 59.
4 Arrêt, cessation de l'existence (d'un être, de l'action d'un phénomène, d'un sentiment…). Disparition; anéantissement, destruction. || La fin du monde. || Témoin de la fin d'un empire. Chute. || Verrons-nous jamais la fin de nos malheurs ? (→ Brigandage, cit. 2). || On n'en verra jamais la fin : c'est interminable. || C'est la fin de tous mes espoirs. Ruine; enterrement. || La fin d'une rancune, d'une joie (→ Apporter, cit. 41). || Trouver sa fin : finir, cesser. || Lutte qui trouve sa fin (→ Crise, cit. 10).
15 La fin du bien est un mal, et la fin du mal est un bien.
La Rochefoucauld, Maximes, 519.
16 Aux approches de l'an mil, on crut à la fin du monde, et beaucoup de gens, saisis d'effroi, donnèrent leurs biens aux églises et aux couvents.
Taine, Philosophie de l'art, t. I, p. 79.
17 Certes, il y avait encore là du travail; mais elles ne se portaient pas mal, Dieu merci ! elles en verraient bien la fin.
Zola, la Terre, II, III.
18 Il se contenta de répondre (…) qu'il souhaitait la fin des luttes religieuses, dans tous les domaines (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, XI, p. 156.
Absolt. || La mort n'est pas une fin, mais un passage (→ 1. Passage, cit. 11).
C'est la fin de tout : tout s'écroule, il n'y a plus rien à faire. — ☑ Fam. C'est la fin des fins, la fin des haricots, des petits pois.N'avoir ni fin, ni cesse : ne pas cesser. || Il n'a ni fin ni cesse que : il n'a de cesse que.Le mot de la fin : le mot, le trait qui marque la fin (d'une scène, d'un entretien…).Mettons fin à tous ces malentendus, à nos querelles ! Dissiper, finir. || Mettre fin à sa vie, à ses jours (→ Arrêter, cit. 31). Tuer (se); suicider (se). || Mettre fin aux activités d'un parti. Dissoudre, supprimer. || Décision, action qui met fin à une situation ( Décisif).
19 Mieux vaut donc de ma maîtresse
Chanter les beautés, afin
Qu'à la douleur qui me presse
Daigne mettre heureuse fin (…)
Ronsard, Quatre premiers livres des odes, « À sa Guiterre ».
20 Un état où l'on dit que se tuer de désespoir serait inopérant pour mettre fin au désespoir.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, VII, p. 62.
Vieilli. Mettre à fin : terminer, mener à son terme. || Mettre à fin un travail.
Mener à bonne fin : achever selon les plans. || Il n'a pu mener son projet à bonne fin.
Prendre fin : cesser, finir. || La réunion, la délibération a pris fin très tard. Terminer (se). || Les dernières batteries se turent, la résistance prit fin partout. Expirer. || Ici prend fin l'histoire de…
Tirer (vieilli), toucher à sa fin : être sur le point de finir, de se terminer.
(Loc. adj. et adv.). Sans fin : sans s'arrêter. || Discourir sans fin. Cesse (sans), continuellement, indéfiniment, interminablement. || Amasser sans fin (→ Avarice, cit. 2). || Ascension (cit. 11), extase, élargissement sans fin (→ Étanchement, cit. 1; fanatique, cit. 2). Immense, indéfini, infini. || Conversation, monologue sans fin (→ Chatterie, cit. 1). Éternel, interminable.
21 (…) l'univers ne connaît pas le découragement; il recommencera sans fin l'œuvre avortée (…)
Renan, Souvenirs d'enfance…, Préface.
22 Voici les nuits sans fin qui laissent du loisir pour le sommeil et pour le plaisir des histoires (…)
V. Bérard, trad. Homère, l'Odyssée, p. 261.
Courroie, chaîne, vis sans fin, permettant une transmission continue du mouvement. || Bande sans fin : bande magnétique montée de manière à défiler indéfiniment recto et verso.
5 Spécialt. || La fin de qqn : cessation de la vie. Mort. || Il sentait que sa fin était proche. Agonie. || Approcher (cit. 40) de la fin. Dépérir. || Ce traitement malheureux a hâté sa fin. || Acheminer doucement un malade à sa fin (→ Condamner, cit. 25). || Fin prématurée (→ Éternel, cit. 32). || Fin heureuse, paisible, terrible, tragique. || C'est une belle fin. Vx. || Ce libertin s'est converti et a fait une bonne fin, il est mort dans des sentiments de piété. || Trouver, rencontrer sa fin. Mourir (→ Embuscade, cit. 1).
23 Rien ne trouble sa fin : c'est le soir d'un beau jour.
La Fontaine, Philémon et Baucis.
24 (…) monsieur Benassis était la veille parfaitement bien portant, et sans nulle apparence de maladie. Avant-hier, comme s'il eût connu sa fin, il alla visiter tous ses malades (…)
Balzac, le Médecin de campagne, Pl., t. VIII, p. 528.
25 « J'ai pensé que Père était mort », se dit Antoine, simplement; et il se rendit compte combien il était déjà préparé à accepter cette fin.
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 194.
6 Cessation, non par anéantissement, mais par achèvement. || Artiste qui considère une œuvre comme une fin (→ Couronnement, cit. 8). Aboutissement. || Ce n'est pas une fin, mais une étape (→ Épiscopat, cit. 2). || Ce peintre considère l'esquisse (cit. 2) comme une fin.
26 Louis dompte l'Europe, et, d'une main puissante,
Il conduit à leur fin les plus nobles projets.
La Fontaine, Fables, XI, Épilogue.
27 La sagesse du législateur est de suivre le philosophe, et ce qui a son commencement dans les esprits a inévitablement sa fin dans le code.
Hugo, Paris, V, 1.
28 (…) tout doit s'achever dans l'œuvre visible, et trouver par ce fait même une détermination finale absolue. Cette fin est l'aboutissement d'une suite de modifications intérieures aussi désordonnées que l'on voudra, mais qui doivent nécessairement se résoudre au moment où la main agit, en un commandement unique, heureux ou non.
Valéry, Variété V, p. 312.
Loc. Vx. Mettre, mener à fin. Achever, accomplir, dénouer, réaliser… (→ Assiduité, cit. 2; bout, cit. 14). Mod. || Mener à bonne fin une étude, une affaire (→ Antiseptique, cit. 1). Perfection, solution.Rare.Venir à bonne fin (→ Chance, cit. 8) : donner de bons résultats.
———
II Ce qui est à la fois terme et but; ce pour quoi quelque chose se fait ou existe. aussi Finalité.
29 Les deux sens de terme et de but sont psychologiquement liés l'un à l'autre (…) C'est bien la coexistence et la mutuelle pénétration dans la conscience de la représentation statique et du dynamisme qui explique la coexistence et l'imparfaite séparation des deux sens du mot fin.
M. Bernès, in Lalande, Voc. de la philosophie, art. Fin.
1 (Souvent plur.). Littér. ou style soutenu. Objectif qu'on veut réaliser, auquel on tend volontairement. But, objectif, visée. || Arriver (cit. 33), en venir à ses fins. Réussir. || Les fins qu'il se propose. Visée. || Quelle fin poursuit-il ? || Ce sont là des fins plus apparentes que réelles. || Fins cachées, secrètes. || Employer (cit. 4), asservir (cit. 10) à certaines fins. || L'instruction a pour fin de… (→ Étymologie, cit. 6). || Bonne, mauvaise fin (→ Composer, cit. 13). || Fin erronée (cit. 2) mais désintéressée.
30 (…) n'imaginant pas dans tous les hommes une autre fin de toutes leurs actions que celle qu'il s'est proposée lui-même toute sa vie (…)
La Bruyère, les Caractères, XII, 67.
31 Il y a bien quelque chose à dire contre la délicatesse dans ce que vous racontez là; mais la fin de l'action en sanctifie les moyens (…)
Voltaire, Dialogue entre un prêtre et un ministre protestant.
32 Nous ne sommes juges ni des moyens ni de la fin du Tout-Puissant.
Balzac, le Médecin de campagne, Pl., t. VIII, p. 437.
33 Si l'on tient la liberté pour le principe et le but de toute activité humaine, il est également faux que l'on doive juger les moyens sur la fin et la fin sur les moyens. Mais plutôt la fin est l'unité synthétique des moyens employés. Il y a donc des moyens qui risquent de détruire la fin qu'ils se proposent de réaliser (…)
Sartre, Situations II, p. 308.
Prov., cour. Qui veut la fin veut les moyens : celui qui veut atteindre son but accepte d'y arriver par tous les moyens.La fin justifie les moyens, thèse fondamentale du machiavélisme politique.
Philos. (Kant). || Fin subjective, que poursuivent les inclinations et volontés individuelles. || Fin relative : moyen d'une autre fin plus élevée. || Fin en soi, objective et absolue. || La nature raisonnable, réalisée dans la personne humaine, est une fin en soi. || Le deuxième impératif catégorique repose sur la notion de fin.
34 Agis de telle sorte que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, comme une fin et jamais simplement comme un moyen.
Kant, in Cuvillier, Manuel de philosophie, t. II, p. 236.
35 L'organisation socialiste, chez nous est non un moyen, mais, comme parlent les philosophes : une fin en soi.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, IX, p. 94.
Loc. À… fin. Intention, objet. || À cette fin, à ces fins : pour arriver à cette fin. || À cette fin, nous avons décidé… || À d'autres fins. || À bonne, à mauvaise fin. — ☑ À toutes fins utiles : pour servir le cas échéant et en tout cas. || Il fit parvenir à son avocat, à toutes fins utiles, une pièce qu'il venait de retrouver. — ☑ Régional (Canada). À toutes fins pratiques. — ☑ Vx. À telle fin que de raison : en vue de telle fin raisonnablement prévisible, pour servir comme il conviendra. || À quelle fin ? : pourquoi ? (→ Aiguail, cit.).À cette fin de… (→ Essuyer, cit. 2) : fin de.(Altér. de à celle fin).À seule fin de…, à seules fins de… (→ Amadouer, cit. 5) : seulement afin de…
36 Il faut aussi faire mention de l'expression à seule fin. C'est originairement : à celle fin. Le mot fin y est précédé d'un démonstratif qui insistait sur l'idée. Mais comme celle se prononçait : sœlœ, une confusion s'est faite entre : celle et seule — et l'orthographe à seule fin l'a consacrée, — si bien que peu à peu la locution tend à prendre le sens de uniquement pour. On remarquera que c'est une autre façon de marquer une destination spéciale. Il compulsait furieusement les six cent trente sept mille layettes… à la seule fin d'y découvrir des anecdotes (A. France, Mann., 95).
Brunot, la Pensée et la Langue, p. 851.
37 Malgré sa parfaite clarté, afin que s'est souvent renforcé du démonstratif. D'abord sous la forme à celle fin que. Le sens de ce démonstratif s'étant perdu (…) on remplaça l'ancien celle par cette : « Il surveille l'évacuation du cantonnement à cette fin que personne ne tire au flanc. » Barbusse, Le feu, XI, 146; l'emploi de à cette fin que est considéré comme familier. — Le tour originel (à celle fin que) a donné d'ailleurs naissance, par suite d'une confusion phonétique, à une autre combinaison, à seule fin que : « Elle aurait cru que si je prétendais que je cesserais de l'aimer (…) c'était à seule fin qu'elle me dît de revenir vite auprès d'elle. » Proust, À l'ombre des J. F., I, 225 (…)
G. et R. Le Bidois, Syntaxe du franç. moderne, II, p. 470.
Aux fins de…, (vx) pour fins de… || Aux fins d'identification, d'enquête.À des fins de…Vx. || À bonne, à mauvaise fin.
2 Terme auquel un être ou une chose tend ou va instinctivement ou par nature. Destination, tendance. || La recherche des causes et la recherche des fins. Finalité. || La fin de l'homme, de son être (→ Esprit, cit. 118; essence, cit. 3), de tout ce que nous voyons (→ Contemplation, cit. 2). Final (cause finale). || Étude des fins de l'homme. Téléologie. || Les principes et la fin de la poésie.
38 Parlez au diable, employez la magie :
Vous ne détournerez nul être de sa fin.
La Fontaine, Fables, IX, 7.
39 Pangloss enseignait la métaphysico-théologo-cosmolo-nigologie (…) Il est démontré, disait-il, que les choses ne peuvent être autrement; car tout étant fait pour une fin, tout est nécessairement pour la meilleure fin. Remarquez bien que les nez ont été faits pour porter des lunettes; aussi avons-nous des lunettes.
Voltaire, Candide, I.
40 Oui, l'homme est sa propre fin. Et il est sa seule fin. S'il veut être quelque chose, c'est dans cette vie.
Camus, le Mythe de Sisyphe, p. 120.
Théol. || Dieu principe et fin de toute chose. — ☑ Loc. Les fins dernières : la mort, le jugement dernier, le ciel et l'enfer. Eschatologie.
40.1 L'Église ne parle plus des fins dernières, elle garde le silence comme s'il n'y avait rien.
J. Green, Journal, Vers l'invisible, 26 ct. 1965.
3 (1538, fin de non-recevoir). Dr. But juridiquement poursuivi. || « Fins, en termes du Palais, signifient toutes sortes de demandes et prétentions » (Furetière). || Les fins et conclusions du demandeur. || Fins civiles, présentées par la partie civile, en matière criminelle, et ne tendant qu'à une condamnation pécuniaire. || Fin de non-recevoir, tendant à présenter la partie adverse comme non recevable dans sa demande. Exception (cit. 5).
41 La fin de non-recevoir est définie habituellement comme étant un moyen tendant à faire écarter la demande, en s'attaquant au droit même de l'intenter, sans pour cela, discuter le fondement de la prétention du demandeur. Tels seraient, par exemple, les moyens tirés de la chose jugée, du défaut de qualité, d'intérêt, de capacité ou de la prescription.
Dalloz, Nouveau répertoire de droit, Exception et fin de non-recevoir, 2.
Par ext. Cour.Fin de non-recevoir : refus. || Il m'a opposé une fin de non-recevoir; il a répondu à ma demande par une fin de non-recevoir : il a rejeté ma requête comme irrecevable, sans la considérer.
42 Je voudrais bien maintenant pouvoir parler de cela à mon aise dans la Revue : j'y songe et je désire fort qu'il n'y ait pas trop de difficultés et de fins de non-recevoir.
Sainte-Beuve, Correspondance, t. I, p. 175.
CONTR. Avènement, commencement, début, entrée. — Approche, départ, germe, milieu, naissance, origine. — Condition, principe.
DÉR. 1. Finage, final, finir. V. aussi Finance.
COMP. Afin, enfin.
HOM. Faim, formes du v. feindre, 2. fin.
————————
2. fin, fine [fɛ̃, fin] adj.
ÉTYM. 1080, sens II.; lat. finis « fin », pris adjectivement.
———
I (XIIe).
1 Vx (toujours avant le nom). Extrême; qui est au bout, à la fin. — ☑ Loc. mod. Le fin fond (cit. 16) des bois. || Il est allé se loger au fin fond de la banlieue ( Loin). — ☑ Le fin mot d'une histoire, le dernier mot, le mot qui donne la clé du reste. || Voilà le fin mot de cette étrange conduite, le motif secret et véritable.
N. m. Rare. || Le fin d'une affaire.
1 Dans tous les cas, je saurai le fin de cette affaire et trouverai peut-être une occasion de faire peur à cette Mme de Rênal, qui ne nous estime point (…)
Stendhal, le Rouge et le Noir, II, XXXVII.
Vx. || Le fin bout de qqch.
Régional (Canada). || La fine pointe.Fig. || À la fine pointe des recherches.
2 Adv. Complètement, tout à fait.
Cour. || Fin prêt. || Elle est fin prête.Régional ou par plais. || Fin saoul. || Elle voit « fin clair » (Claudel).
2 Quand vous reviendrez de votre tour de France, la maison sera fin prête, dit Nadine.
S. de Beauvoir, les Mandarins, IV, p. 214.
———
II Qui présente un caractère de perfection.
1 Concret (avant ou après le nom, dans quelques expressions). Très pur. Affiné, pur, raffiné. || Or fin.N. || Le fin d'une monnaie d'or ou d'argent : le poids d'or ou d'argent pur qui se trouve dans un alliage. || Un kilogramme d'or à 9/10e de fin ( Titre).
Pierres, perles fines. Précieux.
Fine fleur. || La fine fleur de la farine. — ☑ Fig. La fine fleur : ce qu'il y a de plus précieux, de plus choisi. || La fine fleur d'une société. Élite.
3 Il peut aimer violemment, mais il n'aura jamais cette fine fleur de manières qui distinguait Lauzun (…)
Balzac, les Chouans, Pl., t. VII, p. 966.
4 (…) veux-tu voir Mme d'Agoult, qui reçoit la fine fleur des grands esprits ?
G. Sand, Lettres inédites, in A. Maurois, Lélia, VII, IV.
(En général après le nom). Qui est de la matière la plus choisie, la meilleure (par oppos. à commun, ordinaire). || Toit d'ardoise (cit. 1) fine. || Habit de drap (cit. 1) fin. || Robe de laine fine (→ Effacer, cit. 13). || Lingerie fine. || Blanchissage de linge fin, ou, n. m., de fin (→ ci-dessous, cit. 6.1). || Couleurs fines. || Épicerie fine. || Un fin morceau. || Souper fin. || Chère fine. || Vins fins. || Beurre fin et beurre extra-fin. Par ext.Partie (cit. 29) fine : partie de plaisir. Galant.REM. Dans ce sens l'antéposition de l'adj. est soit archaïque (cit. 5), soit expressive (cit. 6 et 7).
5 (…) le fin lin et la pourpre sont ses vêtements.
Fénelon, l'Éducation des filles, XIII.
6 (…) assoupi par la digestion du fin déjeuner qu'il avait fait.
Zola, la Terre, I, II.
6.1 De loin, au milieu de la file noire des autres devantures, sa boutique lui apparaissait toute claire, d'une gaieté neuve, avec son enseigne bleu tendre, où les mots : Blanchisseuse de fin, étaient peints en grandes lettres jaunes.
Zola, l'Assommoir, t. I, p. 166.
7 (…) je la paie d'un gobelet de vin et d'un fin morceau, lièvre, lapin, oie, voire geline ou chapon.
France, la Rôtisserie de la reine Pédauque, Œ., t. VIII, p. 15.
Eau-de-vie fine, ou, n. f. (XIXe), fine : eau-de-vie naturelle de qualité supérieure. || Fine champagne (la Champagne désignant une région autour de Cognac). || Fine Calvados, fine Béziers.
8 C'est une fine champagne de 1820. Tu peux goûter (…) C'est fin, c'est net, c'est léger (…) le temps de ces merveilles est passé. On a le palais gâté par l'eau-de-vie lourde et colorée de tes bouteilles bien habillées (…)
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, p. 61.
8.1 Dignimont tira de sa réserve une respectable bouteille de fine.
Francis Carco, Nostalgie de Paris, p. 207.
8.2 — Goûtez-moi ça, je vous prie. D'abord, la fine paraît presque fade, puis elle répand en vous une incroyable verdeur. Nous saluons d'une inclinaison de la tête l'alcool mémorable.
André Hardellet, Lourdes, lentes…, p. 95.
Huîtres fines.N. f. || Des fines(-)de(-)claire ( Claire).
N. m.Loc. Le fin du fin : ce qu'il y a de mieux dans le genre. Nec plus ultra. || Le fin du fin en, de la politique.
9 C'est là savoir le fin des choses, le grand fin, le fin du fin.
Molière, les Précieuses ridicules, 9.
10 Et que le fin du fin ne soit la fin des fins (…)
Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac, III, 6.
(Odeur, parfum). || Arôme fin et pénétrant (→ Champignon, cit. 1).(1829; herbes fines, 1690). || Fines herbes (c'est-à-dire « au parfum subtil ») : herbes odoriférantes employées en cuisine. Assaisonnement. || Omelette aux fines herbes.
11 Voici la drogue (…) singulièrement odorante, à ce point qu'elle soulève une certaine répulsion et des velléités de nausée, comme le ferait, du reste, toute odeur fine et même agréable, portée à son maximum de force et pour ainsi dire de densité.
Baudelaire, les Paradis artificiels, « Poème du hachisch », III.
2 (Abstrait; surtout après le nom). D'une extrême acuité. Sensible. || Avoir l'oreille fine. || Odorat fin. Par anal. et fig.Avoir le nez (cit. 47) fin : avoir du flair (→ Nez creux).Par anal. || Un fin voilier, sensible au moindre souffle de vent.
Fig. Qui discerne les moindres rapports des choses. Délié, perspicace, sagace, subtil. || Un esprit fin, très fin, assez fin (→ Critique, cit. 4). || Un tact fin (→ Avoir, cit. 25). || Sens artistique très fin (→ Amenuisement, cit. 2).
12 Les esprits fins sont ceux qui remarquent par la raison jusques aux moindres différences des choses (…)
Malebranche, De la recherche de la vérité, II, II, VIII, in Littré.
Qui marque de la subtilité d'esprit, une sensibilité délicate. || Une pensée fine. || Observations, aperçus justes et fins (→ Assentiment, cit. 8; esprit, cit. 112). || Jouissances fines (→ Assouvissement, cit. 2). || Raillerie fine et délicate (→ Attique, cit. 3).Par ext. Piquant, spirituel. || Un regard fin. || Physionomie fine. || Sourire fin (→ Coquet, cit. 13).(Antéposé). || Une fine plaisanterie (→ Attique, cit. 7).
13 L'amour (…) ce n'est pas ce sentiment fin, élevé, délicat et choisi qui faisait mettre le genou en terre devant une statue de Praxitèle ou une madone de André del Sarte (…)
Th. Gautier, Souvenirs de théâtre…, p. 32.
14 Vingt fois l'heure, Zazou prouve qu'il a le sens de l'humour, et du plus fin et du plus retors.
G. Duhamel, les Plaisirs et les Jeux, II, XI.
3 Qui est appliqué avec précision et exactitude; qui est établi d'après les caractères les plus différenciés de son objet (en parlant d'un calcul, d'une estimation, etc.). || « L'élaboration d'une fiscalité très fine » (J.-P. Courthéoux, la Politique des revenus, p. 63). || On obtient ainsi une analyse plus fine du phénomène.
Math. || Topologie plus fine qu'une autre, filtre plus fin qu'un autre.
4 (Personnes). Qui excelle dans une activité réclamant de l'adresse et du discernement. Adroit, habile.(Dans des syntagmes figés, des expressions : avant le nom).Une fine lame : un escrimeur habile (→ Égratignure, cit. 2). || Un fin joueur. || Fin limier. || Fin connaisseur. || Fin gourmet (syn. : bec fin, fine gueule).
Par ext. D'une habileté qui s'accompagne de ruse. Astucieux, averti, avisé, clairvoyant, diplomate, finaud, futé, habile, malin, retors, rusé, subtil.(Dans des syntagmes : avant le nom). || Fin matois. || Fin compère. || Fin renard.Fine mouche (cit. 16, 17).(En épithète après le nom et en attribut). || C'est un homme assez fin, très fin. || Il n'est pas très fin, pas des plus fins (→ Affaire, cit. 67).
15 Le vrai moyen d'être trompé, c'est de se croire plus fin que les autres.
La Rochefoucauld, Maximes, 127.
16 (…) Maint vieux chat, fin, subtil et narquois (…)
La Fontaine, Fables, XII, 8.
17 Ce gros homme à la tête de sanglier et dont l'appétit devait devenir célèbre dans une société où tout le monde dévorait, était cependant fin jusqu'à la rouerie et prêt à toutes les souplesses.
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, Le Consulat, VII, p. 94.
18 Rassurée par le son de leurs voix, elle raisonnait en Léa d'autrefois, perspicace, fine à la manière des paysans fins.
Colette, la Fin de Chéri, p. 102.
18.1 Il a raison, dit le père. On n'a pas été fins ! Faudra surveiller ça des Gardettes.
J. Giono, le Grand Troupeau, Pl., t. I, p. 585.
Loc. Fin comme l'ambre (cit. 2). || Bien fin qui l'attrapera ! — ☑ Jouer au plus fin. Finasser.
18.2 (…) la finesse consiste parfois à ne pas jouer au plus fin.
F. Mauriac, Bloc-notes 1952-1957, p. 189.
N. m.Faire le fin : se prétendre rusé, malin.
Par ext. (actes, conduites). || Une fine manœuvre. || La parade est fine. Iron. || C'est fin, ce que tu as fait là ! Malin, intelligent.
5 Régional (Canada). Aimable, gentil.
———
III
A (XVIIe). Concret. En général après le nom.
1 Dont les éléments sont très petits; très petit (élément). Menu. || Sable fin (→ Argenté, cit. 6; étoiler, cit. 3). || Poudre fine, presque impalpable. || Sel fin. || Pluie fine (→ Appui, cit. 17; arroser, cit. 5; chair, cit. 34).(Antéposé). || De fines gouttelettes.Petits pois fins, extra-fins.N. f. pl. || Les fines. Fines.
2 Qui est extrêmement délié. Allongé, élancé, étroit, svelte. || Aiguille fine. || Fil fin.(Antéposé). || De fines veines bleues (→ Blancheur, cit. 2).Branches fines (→ Bourgeon, cit. 1). || Herbe fine (→ Arrosage, cit. 1). || Cheveux fins et soyeux (→ Brouillard, cit. 9).Fin comme un cheveu (→ Capillaire, I.) : ténu. Mince avec élégance. || Contours fins et gracieux. Beau. || Taille fine (→ Bon, cit. 31; catalogue, cit. 2). || Mains, jambes, attaches fines. || Visage aux traits fins.
19 Le temps, qui change si malheureusement les figures à traits fins et délicats, embellit celles qui, dans la jeunesse, ont des formes grosses et massives (…)
Balzac, les Petits Bourgeois, Pl., t. VII, p. 137.
Très aigu. Ténu. || Pointe fine (→ Émousser, cit. 1). || Oiseau au bec fin. Becfin. || Plume fine, et, par ext., écriture (cit. 7) fine. || Pinceau fin, et, par ext., touches fines.(Antéposé). || Fins dégradés de ton.Fig. Difficile à percevoir. || Fines nuances de la pensée (→ Aristocrate, cit. 1; épouser, cit. 13).
Mince (par oppos. à épais). Délicat, léger, mince. || Tissu fin (→ Baume, cit. 5). || Dentelle fine. || Voile fin. Vaporeux. || Fin comme une toile d'araignée. Arachnéen. || Papier fin (→ Papier de soie). || Verres fins. Mousseline. || Grain fin. || Peau fine. Doux (→ Étinceler, cit. 8). || Souliers fins.
3 (Personnes). Qui est délicat, élégant (cit. 4) dans son allure, dans ses manières, ses mœurs… || Nature d'élite (cit. 5) fine, distinguée.
B Adv. a (Sens 1.). || Moudre fin, très fin.
b (Sens 2.). || Filer fin.
c (Billard). || Prendre fin sa bille. || Jouer fin sur la rouge (par oppos. à jouer gros) : effleurer à peine la bille.
Autom. || Passer fin, tout près.
CONTR. Premier. — Gros, grossier, inférieur. — Balourd, béotien, bête, butor, inepte, lourd, niais, simple, simplet, sot, stupide. — Épais, empâté, gros…
DÉR. Finage, finerie, finet, finette, fignoler, finasser, finaud, finement, finesse.
COMP. Affiner, raffiner. — Extra-fin, superfin, surfin.
HOM. (Du masc.) Faim, 1. fin; formes du v. feindre. — (Du fém.) Finn.

Encyclopédie Universelle. 2012.