LIGE
LIGE
Un même homme peut au Moyen Âge se trouver vassal de plusieurs seigneurs: mais il doit à un seul d’entre eux, qu’il reconnaît comme son principal seigneur, l’hommage lige. Il en devient l’homme lige et doit lui rendre tous les services d’un vassal, quitte à négliger ses devoirs vis-à-vis des autres. Le roi de France a beaucoup usé de cette méthode pour faire entrer dans la mouvance capétienne les seigneurs de provinces voisines dépendant de princes étrangers, en particulier du roi d’Angleterre. Quand le pouvoir royal fut reconnu dans tout le royaume, cet usage tomba en désuétude.
lige [ liʒ ] adj.
1 ♦ Féod. Qui a rendu à son seigneur un hommage l'engageant à une fidélité absolue. Vassal lige. Par ext. Hommage lige.
2 ♦ Loc. mod. HOMME LIGE de (une personne, une organisation) :personne entièrement dévouée à. Les hommes liges du parti. ⇒ affidé, inconditionnel.
● lige adjectif (latin populaire leticus, du bas latin letus, vassal, du francique lepu) Se disait du vassal qui, par la forme de l'hommage prêté, était plus étroitement obligé vis-à-vis du seigneur féodal que par l'hommage ordinaire. ● lige (difficultés) adjectif (latin populaire leticus, du bas latin letus, vassal, du francique lepu) Orthographe Homme lige (= homme absolument dévoué à qqn), sans trait d'union. Registre Littéraire. ● lige (expressions) adjectif (latin populaire leticus, du bas latin letus, vassal, du francique lepu) Littéraire. Homme lige, personne entièrement dévouée à quelqu'un, un groupe, et comme inféodée à lui.
lige
adj.
d1./d FEOD Homme lige: personne qui était liée au seigneur par une promesse de fidélité et de dévouement absolu.
d2./d Fig. Homme lige: celui qui est tout dévoué à une personne, à un parti, etc.
⇒LIGE, adj. et subst. masc.
I. — Adjectif.
A. — MOY. ÂGE. [En parlant d'un vassal tenant un certain type de fief] Qui est lié plus étroitement que d'autres envers son suzerain. Car une des clauses qui les choquait le plus, c'était de jurer qu'ils se regarderaient comme sujets et hommes liges du Roi de France et d'Angleterre (BARANTE, Hist. ducs de Bourg., t. 4, 1824, p. 360).
Rem. 1. Homme-lige apparaît fréquemment sous forme de mot composé. Bertrand resta seul maître du comté, lui qui s'était reconnu l'homme-lige du roi (GROUSSET, Croisades, 1939, p. 86). 2. Claudel emploie lige subst. dans le sens de « Seigneur »; BESCH. 1845 est le seul dict. à signaler ce sens de ,,Seigneur lige. Seigneur dont on relève immédiatement``. Les temps de la foi sont finis, foi en Dieu, foi du vassal en son lige (CLAUDEL, Otage, 1911, I, 2, p. 245).
— [P. méton., en parlant d'un fief, d'un héritage] Qui est possédé sous la charge de l'hommage-lige (hommage précisant les obligations du vassal). Là, suivant les rites féodaux, agenouillé devant l'empereur, [Raymond] « lui fit hommage lige de ses mains » (GROUSSET, Croisades, 1939, p. 154:
• 1. Le drap mortuaire qui servait à l'enterrement d'un monarque très chrétien, était envoyé au tombeau de Charlemagne, comme un drapeau-lige au fief dominant.
CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 393.
B. — P. anal. [Dans l'expr. homme-lige] Personne qui est inconditionnellement dévouée à quelqu'un ou à quelque chose :
• 2. Je la tenais pour ce qu'elle était : une semblable un peu plus jeune que moi; elle me savait gré de mon estime et y répondait par une absolue dévotion, elle était mon homme lige, mon second, mon double : nous ne pouvions pas nous passer l'une de l'autre.
BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 45.
— P. plaisant. Il nous conte sur Montégut, qu'il a beaucoup connu, sur ce littérateur-lige de la Revue des Deux Mondes (GONCOURT, Journal, 1863, p. 1243).
II. — Subst. masc., vx. ,,Redevance due pour une terre possédée sous la charge de l'hommage lige; et aussi ce qui appartenait sans réserve en toute propriété`` (GUÉRIN 1892).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 lige seignurs féod. (Roland, éd. J. Bédier, 2421); 2. a) 1165-70 home lige féod. (CHRÉTIEN DE TROYES, Erec et Enide, éd. M. Roques, 3846); b) ca 1225 « fidèle » (Comte de Poitiers, éd. B. Malmberg, 425 : Nostre Dame ... A cui je suis ancele lige); c) 1837 homme lige « homme entièrement dévoué à (une personne, un parti) » (BALZAC, C. Birotteau, p. 154); 3. ca 1200 lige homage (CHÂTELAIN DE COUCI, Chansons, éd. A. Lerond, III, 6 : Cele qui j'ai fait de cuer lige homage). D'un b. lat. laeticus, , dér. de letus, litus (attestés tous deux dans la Loi Salique), d'orig. frq., et désignant des individus appartenant à une classe intermédiaire entre celle des hommes libres et celle des serfs (v. NIERM., s.v. litus). Le b. lat. connaissait déjà un terme laetus, empr. au germ., et désignant des colons germaniques établis en Gaule avant les invasions franques, qui étaient également de condition semi-libre. V. BL.-W.2-5; FEW t. 16, pp. 463-464. Fréq. abs. littér. : 17.
lige [liʒ] adj.
ÉTYM. 1080; p.-ê. du bas lat. liticus, rad. germanique let-, désignant, dans la loi salique, une condition intermédiaire entre celle d'homme libre et celle d'esclave (cf. all. ledig « libre »), ou, selon Guiraud, du lat. litigare « se quereller », de la même manière que l'anc. franç. plege (→ Plaider).
❖
1 Hist. (féod.). Qui a rendu à son seigneur un hommage l'engageant à une fidélité absolue (⇒ Allégeance; vassal). || Homme (cit. 160), vassal lige. — Par ext. || Hommage (cit. 1 et 4) lige. || Foi lige.
2 ☑ Mod. Homme lige de (qqn) : celui qui est entièrement dévoué à qqn, qui lui obéit sans condition. || Être l'homme lige d'un gouvernement, d'un parti. — REM. Employé jusqu'à l'époque classique dans d'autres contextes :
0 Les animaux, et toute espèce lige
De son seul appétit (…)
La Fontaine, Fables, IV, 12.
❖
COMP. Allégeance.
Encyclopédie Universelle. 2012.