libre [ libr ] adj.
• 1339; lat. liber
♦ Qui jouit de la liberté, de certaines libertés.
I ♦ (Sens étroit)
1 ♦ (Opposé à esclave, serf) Qui n'appartient pas à un maître. ⇒ 2. franc; affranchi. Travailleurs libres.
2 ♦ (1596) Opposé à captif, prisonnier. Qui n'est pas privé de sa liberté physique, de sa liberté de mouvement; qui n'est pas enfermé, enchaîné. Rendre qqn libre. ⇒ délivrer, libérer. Il est sorti libre du tribunal. — Une réserve où les animaux vivent libres, en liberté.
II ♦ (Sens large)
1 ♦ Qui a le pouvoir de décider, d'agir par soi-même. ⇒ indépendant. Être libre. ⇒ s'appartenir, disposer (de soi). Être libre comme l'air. Se sentir libre. — Par ext. Garder l'esprit libre, la tête libre, exempt de contrainte, de préoccupations ou de préjugés. « Je ne peux vous parler si vous n'avez l'esprit tout à fait libre » (Duhamel).
2 ♦ (1583) LIBRE DE (suivi d'un nom) :libéré, affranchi de. Libre d'entraves. Esprit libre de préoccupations, de préjugés. ⇒ exempt.
3 ♦ LIBRE DE (et inf.) :qui a la possibilité, le droit de. Libre de décider, d'agir. Impers. Libre à toi de partir : tu peux partir.
4 ♦ Qui n'est pas soumis à un engagement, à une obligation, morale ou juridique. Spécialt Qui n'est pas marié ou engagé par des relations suivies.
♢ Qui n'est pas pris, retenu, occupé. Êtes-vous libre ce soir ? « elle n'était pas libre. Elle me donne rendez-vous pour le lundi suivant » (Duhamel). Fam. Taxi ! vous êtes libre ?
♢ Auditeur, étudiant libre, qui n'est pas inscrit.
5 ♦ (1538) Qui s'accomplit, s'effectue librement, sans contrainte extérieure. Respiration libre. Libre choix. — Une conversation libre et détendue. Libres propos. — « elle donna libre cours à son exaltation » (Larbaud). — Union libre. Amour libre.
♢ Qui se pratique sans appareillage complexe. Vol libre, avec des ailes (⇒ deltaplane; libériste) . Escalade libre, sans pitonnage.
6 ♦ (1690) Qui ne se contraint pas, se laisse aller sans retenue. Être libre, très libre avec qqn, ne pas se gêner avec lui. — Par ext. Airs, allures, façons, manières libres. ⇒ aisé, dégagé, désinvolte, familier, spontané.
7 ♦ Qui est indifférent aux convenances et tend à la licence (cf. Libertin). Propos libres, un peu libres, trop libres. ⇒ cavalier, 2. cru, égrillard, 1. gaillard , graveleux, grivois, hardi , léger, leste, licencieux, osé.
III ♦ (Politique)
1 ♦ Qui n'est pas soumis à une autorité arbitraire, tyrannique; qui jouit de l'indépendance, de libertés reconnues et garanties. « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits » ( DÉCLARATION DES DROITS DE L'HOMME ). Peuple, société, nation libre, où les libertés sont respectées. — Spécialt (Hist.) Le monde libre : les pays non communistes (pour les anticommunistes).
♢ Ville, commune libre. ⇒ autonome, indépendant. Pays libre, qui n'est pas soumis à une puissance étrangère (⇒ souverain) . Hist. Zone libre. — La France libre : les Français qui n'ont pas accepté l'armistice de 1940 et ont continué la lutte.
2 ♦ Dont le libre exercice, le fonctionnement est reconnu, garanti par la loi. Élections libres. — Enseignement libre. Écoles, institutions libres : écoles privées, et spécialt écoles religieuses. — Dr. Libre disposition d'un bien. Écon. Commerce libre. ⇒ libre-échange; libéralisme. Libre entreprise. Libre concurrence. Par ext. Denrée libre, non rationnée. — Fin. Change, cours libre. Libre convertibilité d'une monnaie. — Douanes Libre pratique : situation de produits d'origine tierce pour lesquels les droits de douane du tarif extérieur commun ont été acquittés. — Radio libre.
IV ♦ (1541) Philos. Qui jouit de liberté, en parlant de l'homme, de sa volonté. « celui qui peut être libre dans l'esclavage même » (Fénelon). « Être libre [...] c'est vouloir ce que l'on peut » (Sartre).
♢ ⇒ libre arbitre.
V ♦ (Choses)
1 ♦ Autorisé, permis. Accès libre. Le feu est vert, le passage est libre. Entrée libre, qui n'est soumise à aucune formalité, au paiement d'aucun droit. ⇒ gratuit.
♢ Qui n'est soumis à aucune réglementation restrictive. Marché libre de l'or. Produit en vente libre. Les prix sont libres. — Produit libre, sans marque.
2 ♦ Qui n'est pas attaché, retenu, serré, embarrassé et qui, donc, peut se mouvoir sans gêne. Vêtement qui laisse la taille libre. Cheveux libres. ⇒ flottant. Avoir les mains libres. Poudre libre (opposé à compact) . — (D'un mécanisme) Pignon, engrenage libre, non enclenché. Roue libre. — Phonét. Voyelle libre (par oppos. à voyelle entravée), en une syllabe ouverte. Ling. Morphème libre (opposé à lié) . — Math. Famille libre (de vecteurs) : famille de vecteurs linéairement indépendants. — Chim. Se dit de la forme non combinée d'un composé (opposé à lié). Fer, calcium libre. Fer à l'état libre. — Biol. (Rythme en) libre-cours : évolution (d'un rythme biologique) en l'absence de synchroniseur. La persistance du rythme circadien en libre-cours.
3 ♦ Qui n'est pas occupé, ne présente pas d'obstacle empêchant le passage. Place libre. ⇒ vacant, vide. Route, voie libre. ⇒ dégagé. La voie est libre. Avoir le champ libre. Appartement libre. ⇒ inoccupé. Il ne reste plus une chambre libre, fam. plus une chambre de libre dans cet hôtel. Taxi libre. — La ligne téléphonique n'est pas libre. Fam. Ça sonne pas libre. — Temps libre, qui n'est pas occupé ou retenu, que l'on peut employer à sa guise. ⇒ loisir. Avoir quartier libre. — Loc. À l'air libre, dehors.
4 ♦ Dont la forme n'est pas imposée, fixée d'avance. Figures libres en patinage artistique (opposé à imposé) . Improvisation libre. Sujet libre. Emplois libres d'un mot (opposé à emplois dans les locutions figées) . Vers libre. ⇒ irrégulier. Traduction, adaptation libre, qui ne suit pas l'original à la lettre. Licence libre (d'une université),pour laquelle le choix des certificats est libre. — (1835) Papier libre (opposé à timbré) .
⊗ CONTR. Esclave; captif , prisonnier. Opprimé, soumis. — Défendu, 1. interdit, réglementé ; obligatoire. Déterminé; dépendant. Gêné, empêché, forcé. Pris, réservé, retenu. 1. Attaché, engagé. Occupé, plein. — 1. Fixe, imposé.
● libre adjectif (latin liber) Qui n'est pas la propriété d'un maître, qui n'est pas esclave : Les serfs n'étaient pas libres. Se dit d'un État, d'un peuple qui exerce le pouvoir en toute souveraineté : Une nation libre. Qui ne dépend pas étroitement du pouvoir politique, qui ne subit aucune pression : Une presse libre. Qui a le pouvoir d'agir, de se déterminer à sa guise : Être libre de ses décisions. Qui n'est soumis à aucune contrainte, à aucun contrôle, à aucune restriction : Avoir la libre disposition d'un bien. Qui n'est pas payant, gratuit : L'entrée de l'exposition est libre. Qui n'est pas lié, tenu par un contrat, un engagement ; en particulier qui n'est pas marié, fiancé ou engagé dans une relation amoureuse : Technicien libre de suite cherche place. Qui ne comporte aucun engagement d'ordre contractuel, conjugal, etc. : Être pour l'union libre. Qui n'est pas utilisé, occupé, réservé ou affecté à un usage particulier : Il n'y a plus une place de libre. La ligne n'est pas libre. Qui n'est pas prisonnier, retenu en captivité : L'accusé était libre. Qui n'est pas entravé, qui n'est pas gêné dans son mouvement : Bandage qui laisse les doigts libres. Le libre jeu des rouages. Qui n'éprouve ou ne manifeste pas de gêne dans ses relations avec quelqu'un d'autre ; se dit des relations elles-mêmes : Nos rapports sont très libres. Qui ne respecte pas la décence, les convenances : Balzac a écrit des contes un peu libres. Se dit d'une adaptation, d'une interprétation qui n'est pas tout à fait fidèle au texte original : Adaptation libre d'un roman à l'écran. Qui n'est soumis à aucune réglementation : Les prix sont libres. Qui relève de l'initiative privée : La libre entreprise. Alpinisme Se dit de l'escalade pratiquée sans le recours à des moyens artificiels (sauf pour l'assurage). Botanique Se dit d'un organe qui n'est fixé que par sa base et n'est soudé à aucun autre, par opposition à infère. Chimie Se dit d'un corps non combiné. Géographie Se dit d'un méandre dessiné dans une région plane, pouvant se déplacer dans le lit moyen, non encaissé d'un cours d'eau. Littérature Se dit de vers qui sont de longueur inégale et de rimes variées ; se dit de vers dégagés de toute règle de prosodie. Météorologie Se dit de la partie de l'atmosphère située au-dessus de 3 km d'altitude, qui échappe aux influences thermiques et mécaniques du sol. Phonétique Se dit d'une voyelle finale, d'une syllabe ouverte. Physique Se dit d'un objet physique lorsqu'il n'est soumis à aucune force ou interaction. Sports Se dit des exercices ou figures imaginés par les concurrents dans les épreuves de gymnastique, de patinage artistique, etc., par opposition aux imposé(e)s. ● libre (citations) adjectif (latin liber) Claude Aveline Paris 1901-Paris 1992 Être libre, c'est […] la certitude intérieure que chaque homme est responsable de l'humanité, et non pas seulement devant elle. Avec toi-même, etc. Mercure de France Charles Baudelaire Paris 1821-Paris 1867 Homme libre, toujours tu chériras la mer. Les Fleurs du Mal, l'Homme et la Mer Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Aujourd'hui je suis reine. Autrefois j'étais libre. Ruy Blas, II, 1, la reine Jules Michelet Paris 1798-Hyères 1874 Même pour se soumettre, il faut être libre ; pour se donner, il faut être à soi. Les Jésuites Jules Renard Châlons, Mayenne, 1864-Paris 1910 Il faut que l'homme libre prenne quelquefois la liberté d'être esclave. Journal, 27 janvier 1892 Gallimard Jean-Jacques Rousseau Genève 1712-Ermenonville, 1778 L'homme est né libre et partout il est dans les fers. Du contrat social Jean-Paul Sartre Paris 1905-Paris 1980 Le secret douloureux des Dieux et des rois : c'est que les hommes sont libres […] Tu le sais, et ils ne le savent pas. Les Mouches Gallimard Baruch Spinoza Amsterdam 1632-La Haye 1677 L'homme libre ne pense à rien moins qu'à la mort, et sa sagesse est une méditation, non de la mort, mais de la vie. Homo liber de nulla re minus quam de morte cogitat, et ejus sapientia non mortis, sed vitae meditatio est. L'Éthique, Livre IV Baruch Spinoza Amsterdam 1632-La Haye 1677 L'homme libre qui vit parmi les ignorants, s'applique autant qu'il peut à éviter leurs bienfaits. Homo liber, qui inter ignaros vivit, eorum, quantum potest, beneficia declinare studet. L'Éthique, Livre III Bible C'est pour que nous restions libres que le Christ nous a libérés. Saint Paul, Épître aux Galates, V, 1 Ernst Moritz Arndt Schoritz, île de Rügen, 1769-Bonn 1860 Nous vaincrons ou nous mourrons ici, De la douce mort des hommes libres. Wir siegen oder sterben hier Den süßen Tod der Freien. Chant patriotique Ignacy Krasicki Dubiecko 1735-Berlin 1801 Mieux vaut se disputer à l'air libre, que d'être d'accord derrière des barreaux. Fables, le Chardonneret et le Merle Gotthold Ephraim Lessing Kamenz, Saxe, 1729-Brunswick 1781 Ils ne sont pas tous libres ceux qui se moquent de leurs chaînes. Es sind Nicht alle frei, die ihrer Ketten spotten. Nathan le Sage Friedrich von Schiller Marbach 1759-Weimar 1805 Tremblez devant l'esclave quand il brise sa chaîne, Ne tremblez point devant l'homme libre. Vor dem Sklaven, wenn er die Kette bricht, Vor dem freien Menschen erzittert nicht. Les Paroles de la foi John Steinbeck Salinas, Californie, 1902-New York 1968 L'esprit libre et curieux de l'homme est ce qui a le plus de prix au monde. The free, exploring mind of the individual human is the most valuable thing in the world. À l'est d'Eden, 13 ● libre (expressions) adjectif (latin liber) Avoir la tête, l'esprit libre, ne pas être préoccupé par quelque chose. Esprit libre, personne dont la pensée se détermine indépendamment de dogmes, d'idées reçues. Libre à toi de, tu peux, si cela te plaît. Libre comme l'air, comme un oiseau, entièrement libre. Le monde libre, se dit, par opposition aux pays socialistes, des démocraties occidentales. Produit libre, produit sans marque. Sujet libre, qui n'est pas imposé par l'enseignant et que l'élève choisit lui-même de traiter. La voie est libre, on peut passer. Voie libre, indication donnée par un signal, permettant à un train de s'engager sur la partie de voie protégée par ce signal, sans autre limitation de vitesse que celle propre à la ligne. Danse libre, danse délivrée des règles académiques, interprétée pieds nus et en tunique, et dont Isadora Duncan fut la novatrice ; dans la danse de société, danse improvisée. Papier libre, papier ordinaire, par opposition à papier timbré. Faculté libre, établissement privé d'enseignement supérieur possédant ses programmes propres couronnés par des diplômes particuliers et assurant la préparation aux diplômes nationaux. Zone libre, pendant la Seconde Guerre mondiale, partie de la France qui n'était pas occupée par les Allemands. Nappe libre, variété de nappe aquifère, qui n'est pas séparée du sol par une couche imperméable. Famille libre, famille finie d'éléments (xi)i∊[1, p] d'un K-espace vectoriel E telle que si alors λ1 = λ2 = … = λp = 0. (Une famille qui n'est pas libre est dite liée.) Partie libre d'un espace vectoriel E, partie f(I) de E définie par l'application de I = [1, p] dans E qui, à i, associe xi, où (xi)i∊[1, p] est une famille libre. Libre parcours moyen, distance moyenne parcourue par des particules libres entre deux collisions d'un type (ou de types) donné(s) dans un milieu donné (molécules dans un gaz, électrons dans un solide conducteur). Course libre, synonyme de course provençale. ● libre (synonymes) adjectif (latin liber) Qui n'est pas la propriété d'un maître, qui n'est pas...
Synonymes :
Contraires :
- esclave
- ilote
- serf
Qui ne dépend pas étroitement du pouvoir politique, qui ne...
Contraires :
- bâillonné
- collectivisé
- étatisé
- nationalisé
Qui a le pouvoir d'agir, de se déterminer à sa...
Synonymes :
- indépendant
Contraires :
- enchaîné
- forcé
- lié
- obligé
Qui n'est soumis à aucune contrainte, à aucun contrôle, à...
Contraires :
- imposé
- réglementé
Qui n'est pas lié, tenu par un contrat, un engagement ;...
Synonymes :
Contraires :
- occupé
- pris
- retenu
Qui ne comporte aucun engagement d'ordre contractuel, conjugal, etc.
Contraires :
- officiel
- rituel
Qui n'est pas utilisé, occupé, réservé ou affecté à un...
Synonymes :
- dégagé
- désert
- inoccupé
- vacant
- vide
Contraires :
- barré
- embouteillé
- encombré
- interdit
- loué
- obstrué
- occupé
- réservé
- retenu
Qui n'est pas prisonnier, retenu en captivité
Contraires :
- captif
- détenu
- interné
- otage
Qui n'est pas entravé, qui n'est pas gêné dans son...
Synonymes :
- flottant
- flou
- vague
Contraires :
- collant
- entravé
- moulant
- serré
Qui n'éprouve ou ne manifeste pas de gêne dans ses...
Synonymes :
- désinvolte
- familier
Contraires :
- cérémonieux
- compassé
- digne
- embarrassé
- gêné
- gourmé
- guindé
- intimidé
- timide
Qui ne respecte pas la décence, les convenances
Synonymes :
- cavalier
- égrillard
- grivois
- hardi
- léger
- leste
- osé
- sans-gêne
Contraires :
- correct
- décent
- honnête
Phonétique. Se dit d'une voyelle finale, d'une syllabe ouverte.
Contraires :
- entravé
Sports. Course libre
Synonymes :
- course provençale
● libre
adverbe
Ne pas sonner libre, en parlant du téléphone, faire entendre la tonalité « occupé ».
● libre (expressions)
adverbe
Ne pas sonner libre, en parlant du téléphone, faire entendre la tonalité « occupé ».
libre
adj.
rI./r
d1./d Qui n'est pas prisonnier, captif. Il est sorti libre du cabinet du juge d'instruction.
d2./d Qui n'est pas esclave ni serf. Dans l'Antiquité, la société se divisait en hommes libres et en esclaves.
d3./d Qui a la possibilité d'agir ou non; qui se détermine indépendamment de toute contrainte extérieure. Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit.
|| Libre de (+ inf.) Qui a le droit, la possibilité de. Il est libre d'agir à sa guise.
|| Libre de (+ subst.) Qui ne subit pas la contrainte de. Libre d'inquiétude. Avoir l'esprit libre de soucis.
d4./d (En parlant d'un pays, d'une nation.) Qui n'est pas soumis à l'autorité d'un gouvernement totalitaire; qui n'est pas soumis à une puissance étrangère.
|| Spécial. Le monde libre, les pays libres: les démocraties occidentales d'économie capitaliste.
d5./d Qui n'est pas contrôlé par une autorité. La libre entreprise. Presse libre.
d6./d Relatif à l'enseignement confessionnel. Les écoles libres.
d7./d Qui n'est lié par aucun engagement. Refuser un emploi pour rester libre.
— Spécial. Qui n'est pas marié ou engagé dans une relation amoureuse.
|| Qui peut disposer de son temps comme il l'entend. Je suis libre à cinq heures.
d8./d Qui manifeste de l'aisance dans son allure, dans son comportement; simple et naturel. être libre avec qqn.
d9./d Qui n'est pas soumis aux contraintes sociales, aux convenances (en partic. en matière de moeurs). Une conduite fort libre.
|| Par ext. Des propos trop libres.
rII./r
d1./d Qui n'est pas occupé; disponible, dégagé d'obstacles. Voie libre. Place libre. Appartement libre.
|| Temps libre, dont on peut disposer à sa guise.
d2./d (Choses) Qui n'est pas serré, attaché, fixé; qui se meut sans difficulté. Cheveux libres.
|| Laisser, donner libre cours à: laisser se manifester sans retenue. Donner libre cours à sa joie.
|| BOT Qui n'adhère pas aux organes voisins. étamines libres.
|| Chute libre: mouvement d'un corps sous la seule action de son poids.
d3./d Dont la forme ou le contenu n'est pas imposé. Sujet libre.
— Vers libres, non soumis aux règles class. de la versification.
|| SPORT Lutte libre, qui permet des prises sur tout le corps (par oppos. à lutte gréco-romaine).
d4./d Entrée libre: entrée gratuite, ou qui n'est soumise à aucune obligation d'achat.
⇒LIBRE, adj.
I. — Qui n'est pas soumis à une ou plusieurs contraintes externes.
A. — [Le déterminé désigne l'homme en tant qu'individu particulier ou en tant que membre d'une société politique] Qui n'est pas soumis à la puissance contraignante d'autrui.
1. [En parlant d'un individu particulier, de sa condition]
a) Qui n'appartient pas à un maître. Anton. esclave, serf. Un paysan libre; un enfant né libre; une femme de condition libre. Le simple raisonnement indique que la consommation de l'esclave [nègre] doit être moindre que celle de l'ouvrier libre. Peu importe à son maître qu'il jouisse de la vie; il lui suffit qu'il la conserve (SAY, Écon. pol., 1832, p. 227). V. esclave ex. de MICHELET, Hist. romaine, t. 1, 1831, p. 125 :
• 1. Rien de plus incertain que la liberté personnelle dans l'Antiquité. Au milieu de tant de petits états dont la frontière était aux portes de la cité, ou ne pouvait changer de lieu sans risquer d'être réclamé comme esclave, enlevé, vendu, perdu pour jamais. L'homme était alors la principale marchandise dont on commerçait. Au moins, dans nos colonies, la peau blanche garantit l'homme libre. Mais alors nulle différence.
ID., ibid.
b) Qui n'est pas retenu prisonnier; qui n'est pas détenu. Après six ans d'une horrible captivité, sur un sol de glace et sous un ciel de fer, libre enfin, il va revoir sa patrie et son vieux père (SANDEAU, Mlle de la Seiglière, 1848, p. 126). Au début de ma détention (...), ce qui a été le plus dur, c'est que j'avais des pensées d'homme libre (CAMUS, Étranger, 1942, p. 1178) :
• 2. Seulement, remis en liberté provisoire sous caution, un mois avant le procès, et s'étant ainsi présentés devant le tribunal en qualité de prévenus libres, ils purent faire appel et quitter la France dans les vingt-quatre heures.
ZOLA, Argent, 1891, p. 418.
— P. anal.
♦ [En parlant d'un animal] Anton. de captif. L'air effaré des bêtes fauves quand on les rend libres tout à coup (FLAUB., Salammbô, t. 2, 1863, p. 161) :
• 3. Un (...) rossignol né libre, qui seul est le vrai rossignol, a une bien autre valeur que celui qui naît en cage : il chante bien autrement, ayant connu la liberté, la nature et les regrettant.
MICHELET, Oiseau, 1856, p. 249.
♦ [En parlant de la nature, de l'une de ses manifestations] Qui n'est pas soumise à l'homme, domestiquée. Synon. sauvage, vierge. Là, des jasmins ont poussé à l'abandon, et des clématites, avec un petit prunier sauvage, des herbes libres et charmantes (COLETTE, Cl. à l'école, 1900, p. 192). V. basse-cour ex. 3.
♦ Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. Nous sentons invinciblement qu'à notre expansion complète il faut du végétal, du libre, du vivant, des bêtes heureuses, des sources non captées (BARRÈS, Pitié églises, 1914, p. 324).
2. a) [En parlant d'un individu considéré comme membre d'une société politique] Qui jouit des droits ou libertés politiques reconnu(e)s au citoyen. Article premier. — Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune (Doc. hist. contemp., Décl. droits homme et cit., 1789, p. 47). Il n'est ni juste, ni légal de m'interroger de cette façon. Ce sont des procédés d'inquisiteur, non d'hommes libres dans un pays libre (MAUROIS, Ariel, 1923, 1re part., V, p. 43). La vision paisible d'hommes libres vaquant à leurs occupations, trouvant leur épanouissement dans le cadre de la sécurité politique et matérielle est celle — et celle seule — que les hommes d'État doivent toujours avoir sous les yeux (C.-A. COLLIARD, Libertés publiques, Paris, Dalloz, 1975 [1950], p. XIV) :
• 4. Il ne faut pas s'étonner que le citoyen libre soit presque toujours un mécontent. Le sujet d'une tyrannie incline à être content, attendu qu'il est dangereux de ne pas l'être.
ALAIN, Propos, 1934, p. 1198.
— P. ext. Nation, pays libre. Nation, pays où les droits politiques du citoyen sont reconnus. Gouvernement libre. Gouvernement qui garantit ces droits. Un gouvernement libre est un gouvernement qui ne fait point de mal aux citoyens, mais qui au contraire leur donne la sûreté et la tranquillité (STENDHAL, Amour, 1822, p. 175) :
• 5. Jamais il n'exista de nation libre qui n'eût dans sa constitution naturelle des germes de liberté aussi anciens qu'elle; et jamais nation ne tenta efficacement de développer par ses lois fondamentales écrites d'autres droits que ceux qui existaient dans sa constitution naturelle.
J. DE MAISTRE, Constit., 1810, p. 8.
♦ Monde libre. [D'un point de vue anticommuniste] Ensemble des pays de régime non socialiste :
• 6. Le nouveau Président [des États-Unis, H. Truman] avait renoncé au plan d'une harmonie mondiale et admis que la rivalité du monde libre et du monde soviétique dominait tout, désormais. L'essentiel consistait donc à éviter les querelles entre États et les secousses révolutionnaires, afin que tout ce qui n'était pas communiste ne fût pas conduit à le devenir.
DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 209.
b) [En parlant d'un état, d'une nation, d'une ville] Qui n'est pas sous une domination étrangère; qui a la souveraineté. Synon. autonome, indépendant. L'État libre d'Irlande. La Grèce est devenue libre du joug de l'islamisme (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 274). Castlereagh, qui voulait une France diminuée, mais libre, et non pas soumise à l'Autriche ou à la Russie, fut conduit à penser que la monarchie bourbonienne était seule à remplir les conditions que l'Angleterre désirait (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 134) :
• 7. La visite au Québec, en juillet 1967, du président de la République française, le général De Gaulle, précipite les événements et son « Vive le Québec libre! », lancé du balcon de l'Hôtel de Ville de Montréal internationalise « la question du Québec » et accélère le mouvement indépendantiste.
M. RIOUX, Les Québecois, Paris, éd. du Seuil, 1974, p. 144.
— HISTOIRE
♦ Cité, ville libre. Cité, ville qui possédait son propre gouvernement, ses magistrats et des privilèges propres à son statut. L'origine de la ligue hanséatique fut due au besoin qu'on éprouva au moyen âge de favoriser le commerce de quelques-unes des villes libres impériales de l'Allemagne (MALTE-BRUN, Géogr. universelle, Paris, Dufour, Boulanger, Legrand, t. 8, 1863, p. 160).
Mod. Commune libre. Association de quartier reproduisant d'une manière populaire et quelquefois parodique les actes principaux de la vie d'une commune. Bien avant la création de la Commune Libre de la Butte, de la Vache Enragée et autres corps constitués du dix-huitième arrondissement, Steinlen fut sacré citoyen de Montmartre (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p. 37).
♦ [Seconde Guerre mondiale]
France libre. Mouvement suscité puis organisé à partir de Londres par le général De Gaulle, au lendemain de la capitulation française, refusant cette capitulation et l'occupation allemande du sol français. Les émissions de la France libre; délégué (de la) France libre :
• 8. En pratique, les fondations du long travail de rétablissement des institutions républicaines furent posées le 18 juin 1940. Ce jour-là, le général De Gaulle lança de Londres sa fameuse proclamation, invitant tous les Français à continuer la lutte et à se rallier à lui. Le 7 août, il signa un accord avec le gouvernement britannique concernant la levée de Forces françaises libres. Il prit le titre de chef des Français libres, et le 27 octobre publia sa première ordonnance à Brazzaville, en Afrique équatoriale française. Celle-ci organisait les pouvoirs publics dans la France libre pour « aussi longtemps qu'il n'aura pu être constitué un gouvernement français et une représentation du peuple français réguliers et indépendants de l'ennemi ».
LIDDERDALE, Parlement fr., 1954, p. 44.
Forces françaises libres (abrév. FFL). V. ex. 8.
Zone libre. Partie de la France non occupée par l'armée allemande après la signature de l'armistice. Gagner la zone libre; passer en zone libre. Je suis revenu de la zone libre dans le Paris de l'occupation, avec toutes les difficultés et tous les problèmes que cela comportait pour moi (MONTHERL., Demain, 1949, I, 1, p. 706).
B. — [Le déterminé désigne l'homme en tant que personne, son apparence, sa manière d'être] Dont l'action ou l'expression ne rencontre pas d'obstacle.
1. [En parlant d'une pers.]
a) [Sans compl.]
) Qui décide et agit par soi-même; qui refuse toute sujétion aux choses, toute pression d'autrui. Tout m'a semblé un asservissement, le travail, l'amour, la recherche de la fortune, l'existence même; et à force de vouloir être libre, j'ai fini par vivre seul, en dehors du milieu commun, et je suis devenu malheureux (DU CAMP, Mém. suic., 1853, p. 209). Elle se sentait une sympathie obscure, un peu craintive, pour un homme célèbre et qui paraissait néanmoins mépriser la gloire, vivait libre et seul, et pauvre aussi peut-être, dans une indépendance sauvage (BERNANOS, Joie, 1929, p. 575). Comme pendant la grande guerre, comme en Chine, enveloppé de ce bruit protecteur et pourtant si vulnérable de moteur, Leclerc, la cape grise sur la tête, se sentait libre d'une liberté divine, au-dessus du sommeil et de la guerre, au-dessus des douleurs et des passions (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 616). V. aventure ex. 19, ambitionné ex. 6 et autonomie ex. 9 :
• 9. Rien n'est charmant, à mon sens, comme cette façon de voyager. — À pied! — On s'appartient, on est libre, on est joyeux; on est tout entier et sans partage aux incidents de la route, à la ferme où l'on déjeune, à l'arbre où l'on s'abrite, à l'église où l'on se recueille. On part, on s'arrête, on repart; rien ne gêne, rien ne retient. On va et on rêve devant soi.
HUGO, Rhin, 1842, p. 154.
— Loc. [Pour exprimer le fait qu'on laisse une personne libre de faire/penser ou de ne pas faire/ne pas penser qqc.] Les volontés (les opinions, les goûts) sont libres. On dira, sans doute, que les goûts sont libres en mathématiques (CHASLES, Aperçu, hist. orig. et développ. méth. géom., 1837, p. 185) :
• 10. ... que voulez-vous que je vous chante? Je ne suis pas bégueule, je vous en préviens, mais je ne sais pas de couplets de corps de garde. Je ne m'encanaille pas la mémoire! — Connu, dit Marcel, vous êtes une vertu; allez votre train, les opinions sont libres.
MUSSET, Mimi Pinson, 1845, p. 229.
— Expr. proverbiale. Être libre comme l'air.
) Qui n'est pas engagé, obligé moralement, juridiquement, religieusement. Sur ses vêtements noirs elle portait la capuche grise des sœurs de charité libres et n'ayant point fait de vœux (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 2, 1859, p. 27).
— En partic.
♦ Qui n'est pas marié; qui n'a pas de liaison amoureuse. Pourquoi une jeune personne aussi exemplaire et aussi attrayante demeure-t-elle libre, quand elle devrait être dix fois mariée? (AMIEL, Journal, 1866, p. 523). Bien que divorcée et libre, on ne lui connaissait pas d'amant (SAGAN, Bonjour tristesse, 1954, p. 19). [P. méton. du déterminé.] Un cœur libre. Le cœur d'Isambard étoit encore libre, et n'avoit jamais connu l'amour (GENLIS, Chev. Cygne, t. 1, 1795, p. 5).
♦ Qui est inscrit dans un établissement ou qui est membre d'un corps constitué sans être astreint aux devoirs ou obligations propres à cet établissement ou à ce corps constitué. Mon père aurait bien voulu (...) savoir si l'appui de l'Ambassadeur lui vaudrait beaucoup de voix à l'Institut où il comptait se présenter comme membre libre (PROUST, Guermantes 1, 1920, p. 150).
Auditeur, externe libre.
) Qui est disponible. Anton. occupé, pris (fam.), retenu. Être libre à déjeuner. Le soir, à huit heures, vous mettrez son bureau en ordre, et à dix vous serez libre (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 232). Un chauffeur de taxi, libre pour quelques minutes entre le passage de deux trains (ROY, Bonheur occas., 1945, p. 50).
b) [Avec compl. prép. de]
) Libre de + subst.
— Qui est délivré, exempt de. Libre de tout souci, il put se livrer sans contrainte au doux penchant qui l'attirait vers la dot de Mademoiselle Steimbourg (ABOUT, Nez notaire, 1862, p. 199). Les membres de ce haut conseil seraient libres de toute recherche, de tout enseignement. Il ne feraient pas de discours. Ils ne publieraient pas de livres (CARREL, L'Homme, 1935, p. 353).
SYNT. (Être) libre d'attache, d'inquiétude; libre de tout(e) crainte, engagement, entrave, lien, obligation, préjugé, responsabilité.
— Qui est maître de. La main de cette Antonia dont vous désirez d'occuper le cœur n'étoit à dédaigner pour personne (...); et Antonia, libre de son choix, ne l'arrêteroit que sur vous (NODIER, J. Sbogar, 1818, p. 173). En me demandant ma signature, n'est-ce pas, vous me laissez absolument libre de ma personne? (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 501). Pour mener une campagne d'opinion, vous devez être libre, vous m'entendez bien, libre de vos mouvements, de vos décisions (DUHAMEL, Combats ombres, 1939, p. 207).
SYNT. (Être) libre de ses actes, de son cœur, de son corps, de ses gestes, de sa pensée, de son sort, de son temps.
— En partic., vieilli. Être libre de sa parole. Ne pas tenir ses promesses. Les Étoliens, peuple brigand, pirates de terre, toujours libres de leur parole et de leurs sermens (MICHELET, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 53).
) Libre de + inf. Qui a la faculté, la possibilité, le droit de + inf. Mercédès ne dépend de personne, n'est-ce pas? Et elle est bien libre d'aimer qui elle veut? (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 32). À sa mansarde où, matin et soir, les habitués de la place des Vosges étaient libres de l'apercevoir accoudé à la fenêtre (ESTAUNIÉ, Ascension M. Baslèvre, 1919, p. 8). V. autoriser ex. 6 :
• 11. Ah! Je voudrais qu'on me laissât tranquille, être oublié; libre de penser à mon gré sans qu'il en coûtât rien à personne et d'exprimer sans contrainte ou crainte des censures le balancement de ma pensée.
GIDE, Journal, 1941, p. 64.
— Tournure impers., vieilli. Il est libre à qqn de + inf. Il est permis, autorisé, loisible à quelqu'un de + inf. Par ce traité, il est libre aux généraux vendéens de rester en France ou de passer en Angleterre (CHATEAUBR., Mél. hist., 1827, p. 342).
♦ P. ell., cour. [Avec une idée de risque à assumer] Libre à + pron. pers. (de + inf.). Quand vous lirez cette lettre, vous aurez le souvenir en votre pouvoir. Libre à vous de tout oublier (BALZAC, Illus. perdues, 1839, p. 201). Inutile, Simon, de t'encourager au travail. Ou tu travailleras, ou tu te passeras de pain. Cela est ton affaire et je ne m'en mêlerai plus. S'il te plaît de mourir au pied d'une borne kilométrique couvert de haillons, libre à toi... (GIRAUDOUX, Simon, 1926, p. 7).
2. a) [En parlant d'une manière d'être ou d'agir] Qui ne manifeste ou ne dénote aucune gêne, aucune retenue. La confiance libre et naïve que l'on a pour une mère (M. DE GUÉRIN, Corresp., 1836, p. 247). Drumont est très libre d'esprit, très vraiment gai, avec un rien de griserie de son succès (GONCOURT, Journal, 1886, p. 567). De beaux yeux lumineux, une jeune bouche rieuse, des manières franches et libres, une voix bien timbrée (ROLLAND, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 519). V. brillant ex. 7.
♦ Être (très) libre avec qqn. Mes soldats étaient fort à leur aise, très libres avec moi. J'en ai vu souvent me tutoyer (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 79).
SYNT. (Être, se montrer) libre dans son comportement, ses propos; (être) libre d'allure, de manières, de propos; conversation, gaîté, regard, rire, ton libre; réflexions libres.
— En partic., domaine de l'expression littér. et artist. [En parlant d'un style, d'une œuvre] Synon. de aisé, franc, hardi. Regardez [dans le Repas chez Simon] la femme montée sur les patins de bois (...) quelle aisance de mouvement, quel jet libre et spontané, quel accent de nature! (GAUTIER, Guide Louvre, 1872, p. 45). Cet architecte du milieu du XIIIe siècle [Villard de Honnecourt] dessine d'une plume libre et trace des figures sinueuses enveloppées de robes souples (HOURTICQ, Hist. art, Fr., 1914, p. 115) :
• 12. Je demande à un croquis d'être libre, rapide, incisif, mordant, forcé. Je lui demande de passer la mesure, d'outrer la vérité pour la faire mieux sentir.
FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 551.
— Souvent péj. Qui ne manifeste ou ne dénote pas de souci des convenances. Anecdote, chanson, conte, gravure libre; libres allures, propos; des plaisanteries très libres; un milieu très libre de mœurs. Ils [les hommes qui se sont autrefois joués des mœurs] ont contribué à faire perdre les mœurs sévères qui les gênaient, ils déclament maintenant contre les mœurs libres qui les inquiètent (SENANCOUR, Obermann, t. 2, 1840, p. 26). La conversation était extrêmement libre; je n'aimais pas à entendre M. Malet parler devant sa fille de sujets scabreux (MAUROIS, Climats, 1928, p. 62) :
• 13. Il reprit sa lecture : M. Piédagnel a composé un cahier (...) qui contient (...) des extraits de diverses poésies érotiques, composées par Leconte de Lisle et Paul Verlaine, ainsi que par plusieurs autres auteurs libres [it. ds le texte], et le choix des pièces décèle un excessif libertinage de l'esprit et des sens.
FRANCE, Orme, 1897, p. 17.
b) [En parlant d'un penseur, ou d'une manière de juger, de s'exprimer] Qui fonde son jugement (ou qui est fondé) en dehors de toute référence à la tradition, à l'autorité, aux croyances établies, aux préjugés. « Principe du libre examen », disent les statuts de l'Université, et disons-nous également dans le langage courant. Ce principe, nous tendons tous naturellement à y voir celui qui guide le savant ou le chercheur libre, qui marche droit vers la vérité, sans se laisser impressionner par les injonctions plus ou moins discrètes que la société, la religion, les partis politiques sèment sur sa route (J. STENGERS, D'une définition du libre examen ds R. de l'Université de Bruxelles, oct.-déc. 1955, p. 35). Avec le recul du temps, on s'aperçoit que la plupart des grands progrès humains sont dus aux penseurs libres qui, à un moment de l'histoire, ont eu le courage de faire scandale (A. BAYET, Hist. de la Libre-Pensée, Paris, P.U.F., 1959, p. 121) :
• 14. ... un esprit libre, c'est celui qui sait poser les problèmes sous une forme qui n'implique à l'avance aucune solution. Avoir l'esprit libre, c'est uniquement voir toute question dans sa nudité — dépouillée de toutes les interprétations et les réponses des hommes antérieurs.
RIVIÈRE, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1906, p. 160.
♦ Libre discussion. Discussion dans laquelle n'interviennent ni ne sont mis en cause les préjugés personnels, moraux, intellectuels, scientifiques. Il existe chez l'Anglais, développés par son histoire, le goût et l'acceptation de la libre discussion et un respect de l'opinion d'autrui que l'on imagine mal sur le continent (VEDEL, Dr. constit., 1949, p. 41).
♦ Libre examen, libre(-)pensée rem., s.v. libre(-)penseur; libre(-)penseur.
C. — [Le déterminé désigne une chose, un processus, une action ou une activité dont le sujet peut être une personne ou une chose]
1. a) Qui n'est pas assujetti à quelque chose d'autre. Leurs robes de gaze traînantes, libres à la taille, tombaient autour d'elles en longs plis flottants (LOTI, Mariage, 1882, p. 11). Un paillasson précède immédiatement la porte dont le battant resté libre s'ouvre en dedans (VERLAINE, Œuvres compl., t. 4, L. Leclercq, 1886, p. 94). Ses cheveux noirs, libres de tout lien, s'épandaient en nappes d'ébène sur ses fragiles épaules, sur ses bras nus (BENOIT, Atlant., 1919, p. 257). Les mains libres, il frotta l'un contre l'autre ses poignets gonflés (CAMUS, Exil et Roy., 1957, p. 1612).
— En partic. [En parlant d'un dispositif, d'un mécanisme ou d'une pièce d'un mécanisme] Engrenage, pignon, ressort libre. Une scierie chantait une chanson ailée à deux tons graves au travail, puis claire à lame libre (GIONO, Gd troupeau, 1931, p. 99).
♦ Roue libre.
— Spécialement
♦ BOT. [En parlant d'un organe] Qui n'est pas soudé à un autre. Amande, étamines, calice libre(s). L'ovaire est libre, au-dessus des enveloppes florales, ou bien il est adhérent à elles (PLANTEFOL, Bot. et biol. végét., t. 2, 1931, p. 415).
♦ CHIM. Corps libre ou à l'état libre; radical libre. Corps, radical qui n'est pas combiné, associé. En décomposant le gaz acide carbonique, (...) les végétaux s'en approprient le carbone, et laissent l'oxigène libre (CABANIS, Rapp. phys. et mor., t. 2, 1808, p. 237). Il obtint de la sorte un savon calcaire, facile à décomposer par l'acide sulfurique, qui précipita la chaux à l'état de sulfate et rendit libres les acides gras (VERNE, Île myst., 1874, p. 182). La rupture de la molécule monomère avec libération de radicaux libres qui seraient les véritables initiateurs de la polymérisation (CHAMPETIER, Chim. macro-mol., 1957, p. 43).
Libre parcours moyen (d'une molécule, d'une particule).
♦ MATH. Partie libre. Ensemble de vecteurs dont la combinaison ne peut être égale au vecteur nul que si tous les coefficients de cette combinaison sont nuls (d'apr. A. THUIZAT, G. GIRAULT, Math., Classes de Secondes CT, t. 1, 1978, p. 94).
♦ MINÉR. Cristaux libres. Cristaux dont les aiguilles sont distinctes les unes des autres. (Ds BESCH. 1845, Lar. 19e-Lar. encyclop., QUILLET 1965).
b) Qui s'accomplit sans contrainte ou dont l'évolution (le fonctionnement, la manifestation, le mouvement) n'est pas gêné, empêché. Action libre; mouvements libres; libre cours, exercice, jeu. Il bégayait légèrement, maintenant il a la parole parfaitement libre (Ac.). Si tu n'as pas encore l'usage libre de ta main, fais-moi, comme tu l'as fait écrire souvent, écrire ne fût-ce qu'un mot (LAMART., Corresp., 1831, p. 225). La réunion avait été toute successive, sans dessein arrêté, et toujours libre (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 3, 1848, p. 106). Le jet d'eau laissé libre s'élève en ligne droite; gêné, comprimé, il biaise, il gauchit. De même l'esprit laissé libre s'exerce normalement; comprimé, il subtilise (RENAN, Avenir sc., 1890, p. 59).
— En partic.
♦ Esprit, pensée, tête libre. Esprit, pensée délivré(e) de tout embarras, de toute préoccupation. Aujourd'hui la tête un peu plus libre que les jours précédents, j'ai pu reprendre le travail et sortir de l'infernal décousu dans lequel je végétais (BARB. D'AUREV., Memor. 1, 1838, p. 193). À peine debout, il s'aperçut qu'il n'avait pas l'esprit libre; les événements de la veille l'obsédaient (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 200). Esprit libre. Esprit dégagé de tout préjugé. Supra ex. 14.
♦ (Avoir le) ventre libre (vieilli). Ne pas être constipé. Comme il est essentiel que ces malades [les mélancoliques], qui ordinairement sont constipés, aient le ventre libre, on leur prescrira des lavemens fréquens (GEOFFROY, Méd. pratique, 1800, p. 488).
— Spécialement
♦ AÉRON. Ballon libre. Aérostat qui n'est pas relié à la terre par des cordages ou un câble. Anton. captif. Dès le début du XIXe siècle, le ballon libre était arrivé au maximum de perfectionnement, (...) nombre d'inventeurs se flattaient de pouvoir bientôt le rendre dirigeable (P. ROUSSEAU, Hist. techn. et invent., 1967, p. 356). Ascension libre. Ascension qui s'effectue sans relation à la terre. Je veux m'offrir une ascension libre et je me dirige vers le ballon de M. Godard et Cie (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Notes voy., 1884, p. 436).
♦ ÉLEV. Stabulation libre.
♦ MÉCAN. DES FLUIDES. Surface libre. Un liquide placé dans un vase présente une surface libre : c'est la surface qui n'est pas en contact avec les parois du vase (Encyclop. pratique, Connaissances générales, Paris, Quillet, 1958, p. 146).
♦ PHONÉT. Voyelle libre ou en position libre (ou en syllabe ouverte). ,,Voyelle qui n'est pas suivie d'une consonne dans la même syllabe`` (Ling. 1972). Anton. entravé. A tonique libre abouti après diphtongaison (REYNAUD DE LAGE, Manuel pratique d'a. fr., Paris, Picard, 1964, p. 54).
♦ PHYS. Chute libre.
♦ POSTES ET TÉLÉCOMM. Libre appel. Communications téléphoniques émanant de correspondants quelconques qui vous appellent d'un ou plusieurs départements français préalablement désignés (communications dites « libre-appel ») (Annuaire officiel des abonnés au téléphone, nov. 1979, p. 14).
♦ PSYCHANAL. Association libre.
♦ SPORTS. Qui est pratiqué sans respecter d'autres règles que celles imposées par la sécurité :
• 15. Le ski libre est considéré comme un travail foncier, destiné à permettre au coureur de réajuster son équilibre et ses réflexes. Il est pratiqué sur des pentes aussi variées que possible, sur lesquelles les skieurs inscrivent un nombre de plus en plus élevé de virages de plus en plus serrés, de toutes sortes, mais sans aucune contrainte de passages à des endroits matérialisés par des portes de slalom ou de descente.
Gde encyclop. de la Montagne, Paris, éd. Atlas, 1977, p. 1652.
AILE VOLANTE. Vol libre.
ALPIN. Escalade libre. Escalade au cours de laquelle le grimpeur ne s'aide d'aucun accessoire artificiel, qui serve à compenser l'absence ou l'insuffisance des prises (pitons p. ex.). Anton. escalade artificielle. La voie Prat, (...) constitue actuellement l'itinéraire en escalade libre le plus difficile de l'Oisan (La Montagne et Alpinisme, 1980, p. 232). P. ell. (Grimper) en libre; faire de la libre :
• 16. ... les accessoires de l'escalade artificielle laissent dans le rocher des traces irréversibles, ce que déplorent justement un nombre croissant d'alpinistes, et en particulier ceux qui sont capables de passer en libre là où d'autres, plus besogneux, ont dû installer des pitons!
Gde encyclop. de la Montagne, Paris, éd. Atlas, 1977, p. 993, s.v. escalade.
LUTTE. Lutte libre. Lutte qui n'interdit pas l'action des jambes au cours des prises. Anton. lutte gréco-romaine. La lutte libre, où le sens de l'équilibre, la vitesse d'exécution et la souplesse jouent un grand rôle, fait intervenir l'action des jambes pour porter des prises. Certaines restrictions sont pourtant apportées comme dans la gréco-romaine (Panorama du XXe siècle, Paris, Larousse, 1976, p. 1583). P. ell. En lutte, (...) on interdit tous les matches de « libre » ou de catch (L'Œuvre, 25 janv. 1941, p. 4, col. 3).
♦ TECHNOL. Échappement libre.
2. a) Qui ne présente pas d'obstacle(s) limitant l'accès, le passage, la circulation. La masse de gens qui se pressaient de chaque côté contre la muraille, pour laisser libre le chemin de l'escalier (REIDER, Mlle Vallantin, 1862, p. 186). Les derniers wagons glissent lentement sur les rails. Le passage à niveau est libre (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 742).
♦ Air libre.
♦ Mer, océan, rivière libre. Mer, océan, rivière dégagé(e) de tout obstacle. Le capitaine de la Saxonia fut assuré que le chenal nord était libre de mines : il le prit et sauta (MAUROIS, Silences Bramble, 1918, p. 105). Au-delà de l'horizon prochain, je sais seulement qu'il y aura ou la terre ou la mer, au-delà encore ou la mer libre ou la mer gelée (MERLEAU-PONTY, Phénoménol. perception, 1945, p. 382). V. aimer ex. 15 et chenal ex. 2.
♦ Loc., au fig. Champ, place, voie libre. Dans quatre ans, mes examens seront passés et j'aurai mon diplôme. Alors, la route libre! Avec mes articles et, bientôt, des remplacements, des occasions, des imprévus, mille petites choses à côté (DUHAMEL, Notaire Havre, 1933, p. 103).
b) Qui n'est pas occupé, réservé, affecté à un usage précis, à une personne particulière. Chambre, place, siège, terrain, voiture, toilettes libre(s); appartement libre à la vente. Comme il n'y avait plus qu'un seul pupitre de libre, Louis Lambert vint l'occuper (BALZAC, L. Lambert, 1832, p. 43). De sa main libre, il s'essuyait les yeux (COURTELINE, Train 8 h 47, 1888, 2e part., IV, p. 139).
— En partic.
♦ Temps libre. Temps dont on dispose à sa guise. Avoir ses après-midi, ses soirées libres; faire qqc. à ses moments libres. Mes devoirs s'entraînent et se multiplient, ils ne me laissent pas un moment de libre (LAMENNAIS, Lettres Cottu, 1821, p. 110).
Loc. Un/des temps libre(s). Temps qui n'est pas consacré à des séances de travail soumises à des contraintes (conférences, prédications...). Le lendemain soir, ayant écouté encore trois fois le religieux qui prêchait la retraite, chanté en commun, et essayé avec ennui de songer dans la solitude de sa chambre, pendant les « temps libres », Gilbert prit la résolution de s'en aller (R. BAZIN, Blé, 1907, p. 322). (Le) temps libre. Temps consacré aux activités non professionnelles, aux loisirs. L'opposition traditionnelle entre le travail et le « temps libre », entre l'obligation routinière et la liberté créatrice (Traité sociol., 1967, p. 511).
♦ Loc., au fig. Avoir, garder les mains libres; laisser les mains libres à qqn. N'être engagé d'aucune façon; avoir (ou laisser à quelqu'un) une totale liberté d'action. Aristide voulait avoir les mains libres; une femme et une enfant lui semblaient déjà un poids écrasant pour un homme décidé à franchir tous les fossés, quitte à se casser les reins ou à rouler dans la boue (ZOLA, Curée, 1872, p. 359).
♦ Libre de + subst. Qui n'est pas l'objet d'un contrat; libéré de tout occupant ou de toute occupation. Un cabaret « libre de brasseur » est chose rarissime à l'heure actuelle (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 309). La cloche (...) annonce aux villageois que désormais les champs de « Maître Untel » sont libres de récolte et que le glanage est permis (MENON, LECOTTÉ, Vill. Fr., t. 2, 1954, p. 15).
(Un bien) libre d'hypothèque. Bien sur lequel il n'y a pas d'hypothèque. D'immenses propriétés territoriales libres d'hypothèques (BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 179).
— Spécialement
♦ ADMIN. PUBL. Poste libre.
♦ POSTES ET TÉLÉCOMM. Ligne libre. Il reprit le téléphone et demanda lui-même l'hôtel de Janville. Le poste n'était pas libre. Il attendit cinq minutes et fit un nouvel appel (DUHAMEL, Passion J. Pasquier, 1945, p. 232).
3. a) Qui n'est pas interdit ou réglementé. M. de Mercy, ambassadeur de la cour de Vienne en France, a demandé au roi le libre passage pour les troupes autrichiennes sur le territoire de France (MARAT, Pamphlets, C'en est fait de nous, 1790, p. 205). Nombreuses sont les formes de propriété où l'individu n'a pas la libre disposition des biens (JAURÈS, Ét. soc., 1901, p. 164). L'entrée sera libre pour le lecteur sur place. Pour les prêts, une pièce d'identité avec indication de domicile devra suffire (BECQUET, Organ. loisirs travaill., 1939, p. 41).
♦ Loc. Avoir ses entrées libres chez qqn; avoir libre accès, un libre accès auprès de qqn. ,,Avoir la facilité d'entrer à toute heure chez lui`` (Ac.).
— En partic.
♦ Libre choix
,,Possibilité offerte à un accidenté du travail ou à un assuré social de choisir librement le praticien ou l'établissement de soins auquel il se confie, ainsi que son pharmacien ou son fournisseur de prothèse.`` (Lar. méd. t. 2 1972). La tarification dégrade l'acte médical et risque d'en avilir la qualité. Le projet en discussion est susceptible de mettre en cause le libre choix du médecin par le malade : il est une étape sur la voie de la « fonctionnarisation » de la médecine (MEYNAUD, Groupes pression Fr., 1958, p. 241).
Méthode de vente laissant au client la possibilité de se servir seul parmi les marchandises exposées. Le libre choix, diffère du libre-service, car le vendeur intervient toujours au moment du paiement, ou éventuellement avant, à la demande des clients. Il est donc pratiqué par des magasins traditionnels ne disposant pas de caisse de sortie (Lar. encyclop. Suppl. 1968).
— Spécialement
♦ CH. DE FER. Voie libre.
♦ DR. MAR. Libre pratique. ,,Permission donnée à un navire, par les autorités sanitaires, de communiquer librement avec la terre après production d'une patente de santé nette, ou après avoir fait la quarantaine prescrite`` (GRUSS, 1952). Entrer, être admis en, recevoir la libre pratique :
• 17. ... le commissaire du bord remet au monsieur noir un papier que celui-ci reçoit dans une pelle en cuivre; il l'ouvre précieusement avec des pincettes en même métal, et, après en avoir pris connaissance, il abandonne son instrument devenu inutile; il plie courageusement, avec ses propres mains, cette patente tout à l'heure si dangereuse et la rend au commissaire, en déclarant le navire et ses passagers en libre pratique.
DU CAMP, Nil, 1854, p. 6.
b) Dont la forme n'est pas imposée, soumise à des règles, à des conventions. Horaire, interprétation, sujet, transcription libre. Ma traduction est un peu libre, par crainte des platitudes d'une juxtaposition de mots trop précise (GIDE, Journal, 1931, p. 1077). [L'imitation] Elle est libre ou irrégulière lorsqu'elle ne se fait pas une loi d'observer exactement la correspondance des tons, des demi-tons et des modulations appartenant à la partie imitée (ROUGNON 1935, p. 156) :
• 18. Le cours de médecine du collège de France ne saurait nullement représenter l'enseignement de la médecine dans son ensemble ni dans aucune de ses parties spéciales. C'est un cours libre qui doit simplement exprimer les progrès et les tendances de la médecine suivant les différentes époques.
C. BERNARD, Princ. méd. exp., 1878, p. 23.
— En partic.
♦ Amour, union libre.
♦ Construction libre (dans un lotissement). Construction ne comportant pas d'autres contraintes que celles imposées par les normes ordinaires de l'urbanisme.
♦ Cure libre.
♦ Papier libre.
♦ [En parlant des épreuves d'un championnat, d'une compétition sportive, d'un concours] Anton. de imposé. Nage, patinage libre; programme libre; figures libres; p. ell. (en patinage p. ex.) libre couples, dames, messieurs. [Au cours des championnats de France du dessert] M.P.G. Walter a réalisé le programme imposé, mais c'est dans l'exercice libre qu'il l'a véritablement emporté à l'arraché sur les autres chefs de ce groupe (des professionnels de la région Est) (L'Est Républicain, 26 mars 1981, p. 13, col. 7). V. figure I B 1 c ex. de Jeux et sports, 1967, p. 1601.
— Spécialement
♦ ENSEIGN. SUPÉRIEUR. Licence libre.
♦ LOISIRS. Séjour libre.
♦ VERSIF. Vers libre. Vers échappant aux règles de la versification traditionnelle, à césure variable, ne comportant pas un nombre fixe de syllabes et dans lequel la rime est facultative. Aujourd'hui un poète, même s'il n'admet pas le vers libre, consent non au vers sans césure (il n'y en a pas), mais au vers à césure variable (GOURMONT, Esthét. lang. fr., 1899, p. 221).
c) ) Qui n'est pas soumis à une autorité politique contraignante; dont le fonctionnement régulier est garanti par l'État. Libre circulation, expression, usage; élections libres. La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l'intérêt de l'ordre public (Recueils textes hist., Loi de séparation, 1905, p. 97) :
• 19. ... Robespierre veut tout organiser, c'est un grand organisateur; il donne tout à l'État, il veut que tout dépende de l'État. Danton, lui, veut tout laisser libre; il veut tout laisser au concours; l'État doit réglementer le moins possible; tout doit être, d'après lui, au choix du peuple...
ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 287.
) En partic. Église libre. Église ou confession indépendante de la religion officielle dans un pays à religion d'État. (Dict. XIXe et XXe s.).
) Spécialement
— COMMUNICATION
♦ Presse libre. Presse qui n'est pas contrôlée par l'État, qui ne reçoit pas d'aide financière limitant sa liberté. En Angleterre, de 1641 à 1643, les journaux libres firent une première apparition. Le long parlement y mit aussitôt bon ordre; Cromwell et les Stuarts rétablirent monopole et censure — et, pendant cinquante ans, les Provinces-Unies furent le seul asile de la presse libre (Civilis. écr., 1939, p. 36-5). Dubreuilh haussa les épaules : « Vous savez, tous les journaux vont être obligés tôt ou tard d'accepter des subsides privés; la presse libre : encore un joli bobard! » (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 139).
♦ Radio libre. Radio qui échappe au monopole de l'État ou qui ne fait pas partie du circuit officiel de la programmation. Aucune radio ne peut émettre en France sans l'autorisation de l'État. Pour combien de temps encore? Beaucoup s'en plaignent et demandent la parole. En ignorant ou en tournant la loi, radios privées et radios libres préparent activement l'avenir (Télérama, 18 mars 1981, n° 1627, p. 118).
♦ Tribune libre.
— DROIT
♦ DR. CIVIL. Libre disposition des biens. Les particuliers ont la libre disposition des biens qui leur appartiennent, sous les modifications établies par les lois (Code civil, 1804, art. 537, p. 99).
♦ DR. INTERNAT.
Libre circulation des travailleurs. Droit des travailleurs de chacun des pays membres de la Communauté Économique Européenne d'être traités dans tout pays membre comme le travailleur national (d'apr. Jur. 1971).
Libre circulation des marchandises. ,,Disparition des obstacles administratifs et tarifaires et rapprochement des prix des produits à l'intérieur de la Communauté Économique Européenne`` (BARR. 1974).
— ÉCON. Force, pouvoir et contrainte sont tendanciellement exclus du marché libre où les seules pressions sont celles du prix qui répartit, entre les emplois et les sujets, les ressources économiques (PERROUX, Écon. XXe s., 1964, p. 25). Les prix sont entièrement libres depuis la fin de la guerre, sous réserve des tentatives générales de blocage (JOCARD, Tour. et action État, 1966, p. 97) :
• 20. Tout gouvernement qui se mêle du commerce et ne le laisse pas libre, entreprend une coûteuse sottise : il arrive ou au maximum ou au monopole. Selon moi, rien n'est plus conforme aux principes sur la liberté du commerce que les sociétés par actions!
BALZAC, Mais. Nucingen, 1838, p. 635.
Libre concurrence; libre(-)échange; libre entreprise; ventes libres (et ventes forcées).
♦ FINANCES
Cours libre. Un billet a cours libre quand il circule sans que les particuliers ni les caisses publiques, par exemple les bureaux de poste ou les trésoreries générales des départements, soient tenus de l'accepter en paiement (LESOURD, GÉRARD, Hist. écon., 1968, p. 36).
Épargne libre. Klein subdivise l'épargne totale d'un ménage en trois composantes : les achats nets de biens durables, (...) l'épargne contractuelle, (...) l'épargne libre, (...), qui regroupe notamment les placements nets en avoirs liquides et en valeurs immobilières, les investissements fonciers et immobiliers nets et le financement des entreprises individuelles (L'Épargne et l'épargnant, Paris, Dunod, 1967, p. 191).
— ENSEIGN. [P. oppos. à enseignement public] Enseignement libre. Enseignement que l'État ne prend pas (ou pas complètement) à sa charge. Synon. privé. L'État se réserve le droit de surveiller les écoles libres. Cette surveillance doit être telle que, d'une part, la liberté d'enseignement ne soit pas rendue par elle, un vain mot; que, d'autre part, l'État ne puisse être menacé dans son existence par l'enseignement libre (C.-A. COLLIARD, Libertés publiques, Paris, Dalloz, 1975 [1950], p. 406).
♦ Collège, école, université libre. Établissement d'enseignement privé et en partic., école confessionnelle. Les établissements d'enseignement supérieur pouvaient prendre le titre de facultés libres s'ils comprenaient au moins le même nombre de professeurs docteurs que les facultés de l'État comptant le moins de chaires. Trois facultés libres pouvaient constituer une université libre (Encyclop. éduc., 1960, p. 67). Aujourd'hui, le mot « libre » ne convient plus guère qu'aux établissements privés sans aucun contrat, qui ont intégralement gardé le statut d'origine (Éduc. 1979) :
• 21. ... en matière d'enseignement, ce qui importe beaucoup, c'est le respect de la liberté des citoyens, c'est le fait qu'on ne brime pas un père de famille qui a mis ses enfants à l'école libre, qu'on ne déclasse pas les fonctionnaires d'esprit catholique, qu'on ne fait pas de différence au bureau de bienfaisance entre celui qui met ses enfants à l'école de l'État ou à l'école libre.
BARRÈS, Cahiers, t. 12, 1919, p. 178.
— SYNDICAL. Syndicat libre. Syndicat indépendant de toute domination extérieure, en particulier politique ou étatique. Confédération Internationale des Syndicats Libres. Syndicats européens dits « libres », au nombre desquels figure la centrale française FO (Informations, 26 mars 1973, p. 33) :
• 22. Le 26 janvier 1978, (...) un petit groupe de cinq travailleurs soviétiques (...) tenait une conférence de presse à Moscou pour annoncer la création prochaine d'un syndicat libre en Union soviétique.
J.-J. MARIE ds Syndicat libre en URSS, Paris, éd. du Seuil, 1978, p. 8.
II. — PHILOS. PSYCHOL. [Le déterminé désigne spécifiquement l'homme en tant qu'être doué de volonté] Qui n'est pas soumis à des forces intérieures d'ordre irrationnel.
A. — [P. oppos. à déterminé] Qui peut choisir souverainement entre deux possibilités contraires, sans avoir de motif relatif au contenu de l'acte à accomplir. V. liberté d'indifférence :
• 23. ... si la grâce se déploie si à son aise chez saint Augustin, c'est dans une certaine mesure parce que le caractère incoercible du vouloir est à ses yeux évident. Pourquoi rappeler que les choix de la volonté viennent d'elle, puisqu'elle est par définition un pouvoir d'exercer son choix? Ce qu'il importe, par contre, de souligner, c'est que vouloir, c'est être libre.
GILSON, Espr. philos. médiév., 1932, p. 102.
♦ Libre-arbitre.
— [En parlant de l'acte accompli dans ces conditions] Une action que l'on fait avec la conscience de pouvoir ne pas la faire, c'est là ce que les hommes ont appelé un acte libre; car là n'est plus le caractère de la nécessité (COUSIN, Hist. philos. XVIIIe s., t. 2, 1829, p. 501).
B. — [Compatible avec déterminé; corrélatif de moral, responsable] Qui se détermine après réflexion, en connaissance de cause, d'après des motifs acceptés; qui contrôle ses passions et réalise dans ses actes le bien, la raison, la vérité considérés comme l'expression de sa nature profonde. Du moment qu'on n'obéit plus à son caprice, mais à une règle librement choisie, on est libre, moral, saint (JOUHANDEAU, M. Godeau, 1926, p. 51). Un être ne se sent obligé que s'il est libre, et chaque obligation, prise à part, implique la liberté (BERGSON, Deux sources, 1932, p. 24) :
• 24. ... l'homme est condamné à être libre. Condamné, parce qu'il ne s'est pas créé lui-même, et par (...) ailleurs cependant libre, parce qu'une fois jeté dans le monde, il est responsable de tout ce qu'il fait.
SARTRE, Existent., 1946, p. 37.
— [En parlant de l'acte accompli dans ces conditions] :
• 25. Cela (...) a été la grande erreur de notre droit pénal classique, de faire de l'acte prémédité et réfléchi l'acte libre par excellence (...). Rien de plus patient, de plus prémédité, de plus réfléchi, que l'obsession passionnelle de certains meurtres; mais aussi, rien de moins libre, si nous entendons par liberté le fait d'avoir pu se soustraire à l'idée fixe, le fait d'avoir eu la conscience que l'on pouvait, et surtout que l'on devait, agir autrement.
R. SALEILLES, L'Individualisation de la peine, Paris, Alcan, 1927 [1898], p. 66.
— Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. En quoi consiste le libre, le volontaire, dans la croissance de nos motifs et dans la naissance de nos choix? (RICŒUR, Philos. volonté, 1949, p. 145).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Dans les composés libre + n. les 2 termes prennent la marque du plur. : des libres-penseurs, des libres-services; exception : des libre-échangistes (d'apr. GAK 1976, p. 269). Les composés du type libre arbitre (sans trait d'union), libre-choix, libre-échange (avec trait d'union) s'emploient gén. au singulier. Étymol. et Hist. A. En général de l'homme et de ses activités 1. ca 1200 liure « qui dépend de soi, qui n'est soumis à aucune autorité » (Moralités sur Job, éd. W. Foerster, p. 351, 33); 2. [1339 « qui n'appartient pas à un maître » d'apr. FEW t. 5, p. 298a, prob. d'apr. DG qui déduit le mot de l'adv. librement]; 1365 (ORESME, Traictié des monnoies, éd. L. Wolowski, p. XXXII); 3. 1538 « qui n'éprouve pas de contrainte, de gêne » (EST., s.v. solutus); 1690 estre libre avec qqn « être familier avec lui » (FUR.); spéc. 1636 « qui tend à la licence » (MONET); 4. 1558 libre de + subst. « exempt de, non soumis à » (DU BELLAY, Regrets, éd. H. Chamard, t. 2, p. 116); av. 1695 avoir l'esprit libre « ne pas avoir de préoccupations » (FÉN., Tél., VI ds LITTRÉ); spéc. « qui n'est soumis à aucun engagement juridique ou non » 1680 être libre « ne pas avoir d'occupations » (RICH.); 1690 « qui n'est pas marié » (FUR.); 5. 1552 « qui n'est pas prisonnier ou captif » (RONSARD, Amours, éd. P. Laumonier, t. 4, p. 16). B. 1560 philos. « qui a le pouvoir de vouloir ou de ne pas vouloir, de se déterminer » (CALVIN, Institution chrétienne, éd. J.-D. Benoit, livre III, p. 418); 1561 libre volonté (J. GREVIN, Esbahis, éd. L. Pinvert, p. 153). C. 1. 1564 « qui jouit de la liberté politique (d'un territoire) » (Indice et recueil universel de tous les mots principaux des livres de la Bible, I Macc., 15. b. 7); 2. ca 1590 « qui n'est pas soumis à des entraves de la part des autorités » (MONTAIGNE, Essais, éd. P. Villey, livre I, chap. 23, p. 117); 1864 enseignement libre « indépendant de celui de l'État » (LITTRÉ, s.v. enseignement). D. De choses 1. « qui n'est pas soumis à des règles fixées d'avance » 1549 vers libres (J. DU BELLAY, Deffence et illustration de la langue françoyse, éd. H. Chamard, p. 147, 28); 2. « qui ne comporte pas de contraintes physiques (ou morales) » 1559 en air libre (AMYOT, Périclès, éd. L. Clément, p. 56,6); 1681 libre accès (BOSSUET, Hist., I, 10 ds LITTRÉ); 3. av. 1560 « qui n'est pas complètement assujetti, fixé et donc peut se mouvoir » (DU BELLAY II, 66 recto ds LITTRÉ); 1819 bot. (BOISTE); 1845 cristaux libres « ceux dont les aiguilles sont distinctes » (BESCH.). Empr. au lat. liber « de condition libre », « qui se gouverne lui-même », « exempt de », « non occupé », « sans entrave, indépendant ». Fréq. abs. littér. : 12 970. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 17 386, b) 14 829; XXe s. : a) 18 362, b) 21 335. Bbg. BASSEGODA (M.). Ét. du vocab. du patinage artistique et de la danse sur glace, p. 138. (Thèse 3e cycle. Nancy. 1980). - BENVENISTE (É.). Mécanismes de transpos. In : [Mél. Frei (H.)]. Cah. F. Sauss. 1969, n° 25, p. 58. - DUB. Pol. 1962, p. 334. - QUEM. DDL t. 9. - STIMM (H.). Die romanischen Wörter für frei. Saarbrücken, 1967, pp. 5-11, 32. - VARDAR Soc. pol. 1973 [1970], pp. 262-263.
libre [libʀ] adj.
ÉTYM. 1339; du lat. liber « de condition non esclave; affranchi »; d'où « indépendant; non occupé ».
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♦ Qui jouit de liberté, de certaines libertés.
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I Êtres animés. (Sens étroit).
1 (Par oppos. à esclave, serf). Qui n'appartient pas à un maître. ⇒ Franc (2. Franc, I., 1., vx.); affranchi. || Hommes libres. || Rendre libre un esclave. ⇒ Affranchir. || Le formariage (cit.), mariage d'un serf et d'une femme libre. || Travailleurs libres (→ Esclave, cit. 4). — Par ext. || Condition libre.
1 Claude ordonna que les esclaves qui auraient été abandonnés par leurs maîtres, étant malades, seraient libres s'ils échappaient.
Montesquieu, l'Esprit des lois, XV, XVII.
2 (1596; opposé à captif, prisonnier…). Qui n'est pas privé de sa liberté physique, de sa liberté de mouvement; qui n'est pas enfermé, enchaîné. || Rendre qqn libre. ⇒ Délivrer, libérer. || Être libre après une évasion (cit. 1). ⇒ Évadé. (Animaux). || Bêtes en cage que l'on rend libres tout à coup (→ Effarer, cit. 8). — Spécialt. || « L'accusé (cit. 1) comparaîtra libre », sans être enchaîné.
2 Alger (…) Tu rends déjà tes esclaves. Louis a brisé les fers dont tu accablais ses sujets, qui sont nés pour être libres sous son glorieux empire.
Bossuet, Oraison funèbre de Marie-Thérèse d'Autriche.
♦ Être libre sous caution. || Libre sur parole, sous certaines conditions que l'on s'engage à respecter. ⇒ Liberté (supra cit. 3).
3 (…) on l'avait laissé libre, sur sa parole, le dernier soir; il devait, à minuit, quand le détachement passerait sous sa fenêtre pour se rendre à la gare, descendre bien vite le rejoindre (…)
Loti, Matelot, XXIX.
———
II Personnes; facultés humaines. (Sens large).
1 Cour. Qui a le pouvoir de décider, d'agir par soi-même. ⇒ Indépendant (cit. 4). → Assujettir, cit. 27; 2. bien, cit. 25; indépendance, cit. 3. || Être libre. ⇒ Appartenir (s'), disposer (de soi). || Devenir libre. ⇒ Libérer (se). → Attache, cit. 20. || Cesser d'être libre. ⇒ Engager (s'). → Chaîne, cit. 20. || Vivre libre et content (cit. 3; → aussi Inconstance, cit. 9; insouciant, cit. 4). || Se sentir libre (→ Coquet, cit. 7). || Ses parents le laissent tout à fait libre (→ Laisser la bride sur le cou). Fam. || Être libre comme l'air. — Par ext. || Cœur, âme libre (→ Accuser, cit. 22; glacer, cit. 17). || Imagination trop libre (→ Insomnie, cit. 4). || Garder l'esprit libre, la tête libre, exempt de contrainte, de préoccupations, ou de préjugés (→ Culpabilité, cit. 3).
4 Pour former de grands desseins, il faut avoir l'esprit libre et reposé (…)
Fénelon, Télémaque, XVII.
5 — Entrez, mon cher. — Oui, mais achevez votre lettre (…) Je ne peux vous parler si vous n'avez l'esprit tout à fait libre.
G. Duhamel, Salavin, V, XIV.
♦ ☑ (1659; d'après l'angl. free thinker). Spécialt. Libre penseur : personne qui, en matière religieuse, ne se fie qu'à la raison, ne veut être influencé par aucun dogme établi. ⇒ Libertin (I., 2.); incrédule, irréligieux (→ Esprit fort; et aussi hérésiarque, cit. 2, Renan). Par appos. || Des instituteurs (cit. 5) libres penseurs (Péguy). — REM. L'Académie écrit cette expression sans trait d'union, mais on trouve libre-penseur chez plusieurs écrivains (→ Athénien, cit. 3, Fustel de Coulanges; émanciper, cit. 9, Gide).
6 Moi qui suis (…) libre penseur, c'est-à-dire un révolté contre tous les dogmes que fit inventer la peur de la mort (…)
Maupassant, les Sœurs Rondoli, Mon oncle Sosthène.
♦ Au fém. || Une libre penseuse, une libre-penseuse. — Adj. :
6.1 Une commune libre-penseuse s'honore, avait écrit le maire, de ramasser ce que Dieu rejette (…)
Giraudoux, Simon le Pathétique, p. 11.
♦ (1873). || Libre pensée : attitude d'esprit du libre penseur. ⇒ Incrédulité. || Une libre pensée agressive (cit. 6). — Libre examen : « le droit naturel de n'accepter comme vrai que ce qu'admet la raison » (Littré). || Libre examen en matière religieuse, en matière de foi.
7 Du jour où l'on admet que l'on puisse abandonner le sens littéral des dogmes — et comment ne pas admettre cet abandon, si l'on consent à réfléchir ? — on légitime du même coup toutes les indépendances d'interprétation, le libre examen, la libre pensée tout entière.
Martin du Gard, Jean Barois, La chaîne, I.
♦ ☑ Libre arbitre. ⇒ 2. Arbitre, 2. → Franc arbitre (vx); et aussi fataliste, cit. 1; généreux, cit. 5; humilité, cit. 2.
♦ Spécialt. Philos. Qui jouit de la liberté, sur le plan philosophique.
7.1 — D'où vient que vous ne donnez pas votre fortune aux pauvres ?
L'épicier, d'un regard inquiet, parcourut toute sa boutique.
— Tiens ! pas si bête ! je la garde pour moi !
— Si vous étiez saint Vincent de Paul, vous agiriez différemment, puisque vous auriez son caractère. Vous obéissez au vôtre. Donc vous n'êtes pas libre !
Flaubert, Bouvard et Pécuchet, Folio, p. 317.
2 (1583). || Libre de… (suivi d'un nom) : libéré, affranchi de… (→ Heureux, cit. 46). || Être libre d'entraves. || Esprit libre de préoccupations, de préjugés. ⇒ Exempt. || Cœur libre de haine.
8 Libre du joug superbe où je suis attaché (…)
Racine, Iphigénie, I, 1.
9 Hommes libres, s'écriait alors le stoïcien, sachez vous maintenir libres ! Libres de vos passions en les sacrifiant aux devoirs, libres de vos semblables en leur montrant le fer ou le poison qui vous met hors de leurs atteintes, libres de la destinée en fixant le point au delà duquel vous ne lui laissez aucune prise sur vous, libres des préjugés en ne les confondant pas avec les devoirs, libres de toutes les appréhensions animales en sachant surmonter l'instinct grossier qui enchaîne à la vie tant de malheureux.
Balzac, le Médecin de campagne, Pl., t. VIII, p. 503.
3 Libre à (vx), libre de (suivis de l'inf.) : qui a la possibilité, le droit de… (→ Forger, cit. 2, Bossuet). || Libre de décider, d'agir, de faire (→ Archives, cit. 9; éviter, cit. 25; jeu, cit. 45).
10 Car enfin je suis libre à disposer de moi (…)
Corneille, Don Sanche, I, 3.
11 L'homme n'est pas libre de ne pas faire ce qui lui fait plus de plaisir que toutes les autres actions possibles.
Stendhal, De l'amour, V.
4 Qui n'est pas soumis à un engagement, à une obligation, morale ou juridique (→ Assurer, cit. 55). Spécialt. Qui n'est pas marié ou engagé par des relations suivies (→ Farouche, cit. 8).
12 Au joug d'un autre hymen sans amour destinée,
À peine je suis libre et goûte quelque paix,
Qu'il faut que je me livre à tout ce que je hais.
Racine, Mithridate, I, 2.
13 On l'avait mariée très jeune au procureur Marco Donato, et la mort de celui-ci venait de la laisser libre et en possession d'une grande fortune.
A. de Musset, Nouvelles, « Le fils du Titien », V.
♦ Qui n'est pas pris, retenu, occupé (→ Impatienter, cit. 6). || Êtes-vous libre ce soir ? || Il est très libre en ce moment. || Se rendre libre.
14 Je te l'ai dit, elle n'était pas libre. Elle me donne rendez-vous pour le lundi suivant.
G. Duhamel, Salavin, V, X.
♦ ☑ Loc. fam. Être libre comme l'air, tout à fait libre.
14.1 Je suis libre comme l'air, et je prends mon plaisir où je le trouve.
H. Monnier, Scènes populaires, Les bourgeois campagnards, t. I, p. 351.
♦ Fam. || Taxi ! vous êtes libre ? (opposé à occupé). → ci-dessous, V., 3. Par plais. || Vous êtes libre ? Eh bien, vive la liberté !
♦ Loc. || Externe (cit. 3) libre. || Membre libre d'une Académie. || Auditeur, étudiant libre. || Candidat libre, qui se présente à un examen sans avoir suivi le régime des cours et des enseignements qui y préparait.
5 (1538). Choses. Qui s'accomplit, s'effectue librement, sans contrainte extérieure. || Mouvements libres (→ Adhérence, cit. 1). || Vol libre. Fig. || « Ceux qui, d'un vol libre et d'une plume légère… » → Corbeau, cit. 6. || Respiration libre. — Action libre. || Passions libres (→ Insurrection, cit. 5). || Libre union de deux êtres (→ Associer, cit. 10). Spécialt. || Union libre. || Amour libre. — Le jeu (cit. 2 et 3), « libre poursuite de buts fictifs ». || Libres ébats des enfants. || Libre jeu (fig.; → Aplomb, cit. 3; honneur, cit. 56), libre fonctionnement. ☑ Donner libre cours (cit. 6). ⇒ Carrière (→ ci-dessous, V., 3., Donner le champ libre). — Libre aveu. ⇒ Volontaire. || Libre discussion. || Libres propos.
15 Elle parla, elle donna libre cours à son exaltation.
Valery Larbaud, Fermina Marquez, XII.
♦ Sport. || Vol libre. ⇒ 1. Vol, A., 3. — Aile (II., 2.) libre (engin de vol libre).
6 Qui ne se contraint pas, se laisse aller sans retenue (→ Honnête, cit. 26; inférer, cit. 4). || Être libre, très libre avec qqn, ne pas se gêner avec lui. || Un homme libre dans ses propos, ses attitudes.
16 Et comme la jeunesse est vive et sans repos,
Sans peur, sans fiction, et libre en ses propos (…)
Mathurin Régnier, Satires, I.
♦ Par ext. || Airs, allures, façons, manières libres. ⇒ Aisé (cit. 4), dégagé, délibéré, désinvolte, familier, hardi (→ Épanouissement, cit. 7; évaporé, cit. 12; impertinent, cit. 7 et 9). || Langage libre et direct. ⇒ Franc-parler (→ 2. Critique, cit. 39). || Rire franc (cit. 8) et libre. ⇒ Spontané. || Gaieté libre. || La plus libre belle humeur (→ Agile, cit. 7). — Vie libre et joyeuse (→ Étudiant, cit. 3; gaieté, cit. 2). || Morale libre et épicurienne. ⇒ Facile.
♦ Spécialt. || Style, facture libre, sans contrainte, aisé (→ Faire, cit. 226). || Style libre (par oppos. à style sévère), caractérise une époque de l'art céramique grec (après 460 av. J.-C.). || Le style libre est représenté par l'école de Polygnote; par des vases à fond blanc (lécythes, etc.).
16.1 Désormais s'ouvre la seconde époque de la céramique à figures rouges, que définit cette expression : le style libre; libéré, en effet, de l'ancienne rigidité dans la présentation, par des essais de perspective (…)
G. Contenau et V. Chapot, l'Art antique, p. 231.
7 (Propos, comportements). Qui est indifférent aux convenances et tend à la licence. || Propos libres, un peu libres, trop libres. ⇒ Cavalier, coquin, cru, décolleté (fig.), égrillard, gai, gaillard, graveleux, grivois, guilleret, hardi, léger, leste, licencieux, osé (→ Épicé, cit. 5; grossier, cit. 10). || Propos libres sans indécence (→ Aiguillonner, cit. 1). || Mot, terme libre (→ Appas, cit. 13; érotique, cit. 3). — Mœurs libres.
17 Je ne dis point que les femmes dont la mise paraît trop libre, soient tout à fait exemptes de blâme : celles d'entre elles qui n'en méritent pas un autre, oublient du moins qu'on vit parmi la foule, et cet oubli est une imprudence.
É. de Senancour, Oberman, L.
———
III (Dans le domaine social, politique).
1 (Personnes; communautés humaines). Qui n'est pas soumis à une autorité arbitraire, tyrannique; qui jouit de l'indépendance, de libertés reconnues et garanties. || « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux (cit. 13) en droits » (Déclaration des droits de l'homme; → aussi Inégalité, cit. 8). || « L'homme est né libre, et partout il est dans les fers » (→ Esclave, cit. 7, Rousseau). || Homme libre et citoyen (Enrégimenter, cit. 1). || « L'individu (cit. 14) ne saurait être libre tout seul ». — Peuple, société, nation libre, où les libertés sont respectées (→ Captif, cit. 4; guerrier, cit. 1). || Homme libre dans un pays libre (→ Inquisiteur, cit. 4). || Les nations libres. — Spécialt. || Le monde libre : les pays qui ne sont pas communistes (pour leurs adversaires).
18 J'aurais voulu vivre et mourir libre, c'est-à-dire tellement soumis aux lois, que ni moi ni personne n'en pût secouer l'honorable joug, ce joug salutaire et doux, que les têtes les plus fières portent d'autant plus docilement qu'elles sont faites pour n'en porter aucun autre.
Rousseau, De l'inégalité parmi les hommes, À la République de Genève.
19 Ils veulent être libres et ne savent pas être justes.
Sieyès, Discours à la Constituante, 10 août 1789.
20 Tous (les hommes) sont libres; car, par définition, nous avons supprimé les sujétions injustes que la force brutale et le préjugé héréditaire leur imposaient.
Taine, les Origines de la France contemporaine, II, t. II, p. 48.
♦ Ville, commune libre. ⇒ Autonome, indépendant (→ Association, cit. 9). — Pays libre, qui n'est pas soumis à une puissance étrangère (⇒ Souverain). — Hist. || L'État libre d'Irlande. Spécialt. || La France libre, les Français libres, qui n'ont pas accepté l'armistice de 1940 et ont continué la lutte.
21 (…) pour chacune des nations d'Europe que submergeaient les armées d'Hitler, l'État avait emporté sur des rivages libres l'indépendance et la souveraineté (…) Pour ces exilés, la France Libre (…) était une intéressante expérience (…) Tandis que nous nous efforcions d'assurer à la France Libre un commencement d'audience internationale, je tâchais de mettre sur pied l'embryon d'un pouvoir (…)
Ch. de Gaulle, Mémoires de guerre, t. I, p. 82.
2 Par ext. (en parlant des activités, des institutions). Dont le libre exercice, le libre fonctionnement est reconnu, garanti par la loi. || Libre communication, libre expression des pensées (→ Abus, cit. 3). || Presse libre. || Élections libres. → Candidature, cit. 1. || Libre exercice des cultes (cit. 5). || « L'Église libre dans l'État libre ». — Enseignement libre. Spécialt. || Écoles, institutions (cit. 20), collèges libres : écoles privées, et, spécialt, écoles religieuses. — Dr. || Libre disposition d'un bien (→ Appartenir, cit. 4). || Libre usage, libre jouissance. || Volonté libre (→ Autonomie, cit. 4). — Écon. || Commerce (cit. 7) libre. ⇒ Libre-échange; libéralisme. || Libre entreprise. || Libre concurrence. || Ventes libres et ventes forcées (cit. 34). || Produit en vente libre. — Par ext. || Denrée libre, non rationnée. — Fin. || Change, cours libre.
22 (…) l'on regarde comme impolitiques les droits qui s'opposent « au libre cours des échanges ».
Necker, Administration financière, IV, p. 385, in F. Brunot, Hist. de la langue franç., p. 325, note 3.
♦ Radio libre.
———
IV (1541). Philos. et psychol. Qui jouit de liberté (IV.), en parlant de l'homme, de sa volonté. || « L'homme est un être (cit. 13) libre, c'est-à-dire un être moral ».
23 (…) que chacun de nous s'écoute et se consulte soi-même, il sentira qu'il est libre, comme il sentira qu'il est raisonnable.
Bossuet, Traité du libre arbitre, II.
24 Il n'est pas bon d'être trop libre; il n'est pas bon d'avoir toutes les nécessités.
Pascal, Pensées, VI, 379.
25 Le plus libre de tous les hommes, répondis-je, est celui qui peut être libre dans l'esclavage même.
Fénelon, Télémaque, V.
26 L'homme vraiment libre ne veut que ce qu'il peut, et fait ce qu'il lui plaît.
Rousseau, Émile, II.
27 Les uns, donc, ayant rêvé que l'homme était libre, sans pouvoir dire au juste ce qu'ils entendaient par ces mots, les autres, aussitôt, imaginèrent et soutinrent qu'il ne l'était pas. Ils parlèrent de fatalité, de nécessité, et, beaucoup plus tard, de déterminisme (…)
Valéry, Regards sur le monde actuel, p. 50.
28 Être libre, ce n'est point pouvoir faire ce que l'on veut, mais c'est vouloir ce que l'on peut.
Sartre, Situations I, p. 319.
———
V (Choses).
1 Autorisé. ⇒ Permis. || Accès libre. || Le feu est vert, le passage est libre. Spécialt. || Entrée libre : entrée qui n'est soumise à aucune formalité, au paiement d'aucun droit.
29 L'entrée était libre, on payait deux sous chaque danse.
Zola, la Terre, III, III.
♦ Mar. || Libre pratique : « permission donnée à un navire par les autorités sanitaires de communiquer librement avec la terre » (Gruss). — Libre service.
♦ Impers. (vieilli). || Il est libre à (qqn) de… : il est permis, possible à (qqn) de… — Mod. || Libre à vous de… : vous êtes libre de…, vous pouvez ou non… || Libre à vous d'accepter ou de refuser.
30 Il était libre à Jésus-Christ de mourir ou de ne pas mourir.
Fléchier, Sermon, I, 186.
31 On y a seulement remarqué l'absence du clergé. Sans doute les sacristies entendent le progrès d'une autre manière. Libre à vous, Messieurs de Loyola !
Flaubert, Mme Bovary, II, VIII.
31.1 S'il te plaît de mourir au pied d'une borne kilométrique, couvert de haillons, libre à toi (…)
Giraudoux, Simon le Pathétique, p. 7.
2 Qui n'est pas attaché, retenu, serré, embarrassé, et qui, par conséquent, peut se mouvoir sans gêne. || Taille libre, hanche (cit. 7) libre. → Comprimer, cit. 11. || Vêtement qui laisse les poignets libres (→ Emprisonner, cit. 5). || Cheveux libres. ⇒ Flottant.
32 (…) que ses yeux (de Pauline de Grignan) sont jolis, bleus avec des paupières noires ! une taille libre, adroite.
Mme de Sévigné, 1244, 18 déc. 1689.
♦ (D'un mécanisme). || Pignon, engrenage libre, non enclenché. || Roue libre; en roue libre.
♦ Phonét. || Voyelle libre (par oppos. à voyelle entravée) : voyelle d'une syllabe ouverte.
3 Qui n'est pas occupé, ne présente pas d'obstacle (en empêchant l'accès, le passage…). || Place libre. ⇒ Vacant, vide. || Espace (cit. 16), terrain libre. → Creuser, cit. 13. || Angle, coin libre (→ Croisement, cit. 3). || Chemin, route, voie libre. ⇒ Dégagé. || La voie est libre. — (D'un logement). ⇒ Inoccupé. || Appartement libre. || Il ne reste plus une chambre de libre dans cet hôtel. — Taxi libre. → ci-dessus, II., 4. — La ligne téléphonique n'est pas libre.
32.1 Dans la salle sur le premier mur il y avait les lavabos alignés devant les glaces, sur le deuxième mur rien, sur le troisième mur les urinoirs, sur le quatrième les six cabinets dont cinq marquaient « libre » et un « occupé ».
J.-M. G. Le Clézio, le Déluge, p. 229.
♦ ☑ Loc. À l'air libre (→ Gardeur, cit. 2). — ☑ Fig. Avoir la scène (vx), le champ libre : avoir toute liberté (⇒ Carrière). || Donner, laisser le champ libre (→ ci-dessus, II., 5.).
♦ La campagne est libre, sans ennemis. || Mer libre (d'ennemis, de glaces…). → Expansion, cit. 5.
♦ Temps libre, qui n'est pas occupé ou retenu, que l'on peut employer à sa guise. || Heures (cit. 49) libres. — Main libre. ⇒ Disponible (→ Force, cit. 9; gladiateur, cit. 2). ☑ Fig. Avoir les mains libres. ⇒ Main.
33 Les heures qu'il avait libres furent remplies de bonnes lectures (…)
Bossuet, Oraison funèbre de Michel Le Tellier.
4 Dont la forme n'est pas imposée, fixée d'avance. || Genre littéraire plus ou moins libre (→ Épigramme, cit. 4). || Pièce à forme libre. ⇒ Fantaisie, impromptu (cit. 7). || Improvisation libre. || Sujet libre. || Emplois libres d'un mot : emplois où le choix de l'entourage est libre (sans contraintes dues à l'existence d'emplois figés : locutions, etc.). || Vers libre. ⇒ Irrégulier. || Traduction, adaptation libre, qui ne suit pas l'original à la lettre. || Formes libres, individuelles de l'art, de la culture…, par oppos. aux formes hiératiques, traditionnelles, sacrées…
34 (…) pour les poètes, le symbolisme semble lié au vers libre, c'est-à-dire démailloté, et dont le jeune corps peut s'ébattre à l'aise, sorti de l'embarras des langes et des liens.
R. de Gourmont, le Livre des masques, p. 8.
♦ (1835). || Papier libre (par oppos. à papier timbré). — Licence libre (d'une université), pour laquelle le choix des certificats est libre.
♦ Sports. || Figures libres (par oppos. aux figures imposées, en gymnastique, patinage).
♦ (Mil. XXe). Techn. (alpinisme). || Escalade libre, où l'on ne grimpe qu'avec les pieds et les mains, sans l'aide de moyen artificiel.
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CONTR. Esclave, serf, servile; captif, enchaîné, lié, prisonnier. — Assujetti, astreint, opprimé, soumis. — Défendu, interdit, prohibé, réglementé; obligatoire. — Déterminé. — Dépendant, soumis. — Gêné, embarrassé, empêché, engagé, entravé, forcé. — Pris, retenu. — Cérémonieux, compassé, confus; bégueule, décent. — Attaché, engagé. — Occupé, plein, rempli. — Fixé, imposé, réglé.
DÉR. Librement.
Encyclopédie Universelle. 2012.