MAIGREUR
MAIGREUR
Insuffisance pondérale chronique, constitutionnelle, qui s’installe à la fin de la croissance. Il ne faut pas confondre la maigreur avec l’amaigrissement, chute de poids chez un sujet considéré jusqu’alors comme normal.
L’amaigrissement (sauf s’il est voulu chez un obèse) est toujours un symptôme morbide ou le résultat d’une maladie (infection, notamment tuberculeuse, intoxication, cancer, endocrinopathie thyroïdienne ou pancréatique, psychonévrose). La maigreur, au contraire, est strictement compatible avec une santé normale; c’est même, semble-t-il, un facteur favorable dans le calcul de l’espérance de vie, d’après les actuaires des compagnies d’assurances, découverte confirmée par les nutritionnistes expérimentant sur les animaux.
La maigreur est donc un type physique, en général héréditaire, qui est caractérisé par un faible pourcentage de masse grasse, une augmentation du secteur liquidien, avec accélération de la vitesse circulatoire, et une conservation, voire une augmentation, de la masse maigre, mise en évidence aussi par l’élévation de l’hématocrite. Le pool potassique intracellulaire est normal (H. Bour).
La maigreur se diagnostique sur la constatation d’un poids inférieur de 10 p. 100 au poids idéal donné par les tables pour un sujet de taille, d’âge, de sexe et d’ossature identiques.
En principe, les sujets maigres ont des constantes biologiques strictement normales. Le seul inconvénient de leur constitution, toute considération esthétique mise à part, est qu’ils supportent mal l’amaigrissement et qu’une perte de 3 à 4 kilos suffit à les rendre asthéniques, nerveux et insomniaques; tous ces petits troubles disparaissent lorsque le poids habituel se reconstitue.
Il n’y a pas lieu de traiter cet habitus normal; d’ailleurs ceux qui s’y essaient n’obtiennent aucun résultat, quelles que soient les méthodes thérapeutiques qu’ils employent.
maigreur [ mɛgrɶr ] n. f.
• 1372; de 1. maigre
1 ♦ État d'une personne ou d'un animal maigre; absence de graisse. Être d'une extrême maigreur. La maigreur du cou, des jambes. « La maigreur est plus nue, plus indécente que la graisse » (Baudelaire). — Physiol. Disparition, diminution ou insuffisance des réserves graisseuses de l'organisme, parfois accompagnée d'atrophie des masses musculaires. ⇒ cachexie. Maigreur extrême du nourrisson. ⇒ athrepsie.
2 ♦ Caractère de ce qui est peu fourni. Maigreur d'une végétation.
♢ Caractère de ce qui est peu abondant, peu important. Maigreur des revenus, du profit, des ressources. ⇒ pauvreté.
⊗ CONTR. Embonpoint, graisse, obésité. Abondance.
● maigreur nom féminin État de quelqu'un, d'un animal, qui est maigre, sans graisse, ni chair : Être d'une maigreur effrayante. État de ce qui est peu dense, peu abondant : La maigreur d'un gazon. Manque d'ampleur, de richesse : La maigreur de ses ressources. ● maigreur (synonymes) nom féminin État de quelqu'un, d'un animal, qui est maigre, sans graisse...
Synonymes :
- minceur
Contraires :
- grosseur
État de ce qui est peu dense, peu abondant
Synonymes :
- aridité
Contraires :
- obésité
Manque d'ampleur, de richesse
Synonymes :
- pauvreté
Contraires :
- opulence
- richesse
maigreur
n. f.
d1./d état d'un corps sans graisse, décharné. La maigreur d'un malade.
d2./d état de ce qui est peu productif, peu fourni. Maigreur de la végétation.
d3./d Fig. Manque d'ampleur, d'importance; insuffisance. La maigreur d'un salaire.
⇒MAIGREUR, subst. fém.
A. — Caractère, état de celui ou de ce qui est maigre. Anton. grosseur.
1. [Correspond à maigre1 I A 1] Synon. (méd.) émaciation. L'extrême maigreur de cet enfant, qui n'avait plus que la peau et les os (BALZAC, Méd. camp., 1833, p. 132). Je me la figurais assez bien telle qu'elle est: longue, mince, jusqu'à la maigreur (FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p. 109). Un chaton de six semaines, tout noir, d'une maigreur famélique (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 221).
— PHYSIOL. Déficit pondéral résultant d'une insuffisance ou d'une diminution des réserves graisseuses de l'organisme. Synon. cachexie; anton. obésité. Maigreur acquise, cachectique; maigreur et marasme. En principe, on parle de maigreur lorsque le poids est 20 % au-dessous de la valeur du poids idéal (DURANTEAU 1971). On distingue, par ailleurs, les maigreurs constitutionnelles, sans caractère pathologique, des amaigrissements faisant ou non suite à une maigreur pré-existante (Méd. Flamm. 1975).
2. [Correspond à maigre1 I A 2] Maigreur d'un bras, du cou, d'un visage. À la maigreur de sa main ridée on devinait un vieillard (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 487). Des joues intelligentes, d'une maigreur juvénile, qui avait quelque chose de touchant (ROLLAND, J.-Chr., Amies, 1910, p. 1160). Ses jambes, qu'il croisait, étaient d'une maigreur excessive (A. FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 150).
B. — [Correspond à maigre1 II]
1. Caractère, état de ce qui est grêle et étroit. Synon. étroitesse, finesse. Maigreur d'un peuplier. Arbres d'automne, à la souple maigreur, au squelette élégant d'un dessin contourné, avec des touffes de duvet roux (ROLLAND, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1443).
— BEAUX-ARTS
♦Exiguïté de proportions d'un élément architectural ou ornemental. La maigreur d'une colonne (Ac. 1835-1935). On objectera la maigreur des formes propres au métal... Cette apparence de maigreur est en effet très-choquante quand les fers (...) viennent se mêler à l'architecture de pierre (VIOLLET-LE-DUC, Archit., 1872, p. 128).
♦Sécheresse d'exécution d'une oeuvre d'art; caractère de ce qui, dans une oeuvre d'art, manque d'ampleur, de moelleux. Maigreur de la touche, du dessin. Au défaut [la crudité de ton] il s'en est joint un autre, la maigreur, et ce vice de l'école anglaise est très apparent dans le plus grand peintre qu'ait aujourd'hui l'Angleterre, E. Landseer (MÉNARD, Hist. Beaux-Arts, 1882, p. 283).
2. P. ext. Caractère, état de ce qui est peu fourni, peu abondant. Synon. pauvreté; anton. abondance, densité, opulence. Maigreur d'un feuillage, d'une récolte. Tout avait la misère et la maigreur d'une végétation foulée et qui ne respire pas (GONCOURT, G. Lacerteux, 1864, p. 197). Pauvre terrain, qui n'a que des produits rares, quelques amandes, quelques truffes, une forêt dont la maigreur ferait sourire un homme du Nord (BARRÈS, Mystère, 1923, p. 124).
— P. méton. Manque de fertilité, de productivité (d'un terrain). Synon. improductivité, stérilité; anton. fertilité:
• 1. Quelques plantes à feuilles piquantes, au bas quelques bardanes, des joncs, des plantes aquatiques indiquaient et l'exposition au nord et la maigreur du sol.
BALZAC, Curé vill., 1839, p. 173.
3. Au fig. Caractère de ce qui est médiocre, insuffisant (en quantité ou en qualité). Synon. faiblesse, insignifiance, médiocrité, pauvreté; anton. importance, richesse, valeur.
a) [En quantité] Maigreur d'un revenu. La Reine (...) avait chargé, malgré la maigreur de ses ressources (...) dix dames de distribuer 1.500 francs par mois, en nourriture et en chauffage dans toutes les paroisses de Paris (L. DAUDET, Lys sangl., 1938, p. 114).
b) [En qualité] Tu as eu une enfance si belle, si lourde d'imaginations et de paradis, qu'en la quittant la maigreur de la vie t'a découragé (RIVIÈRE, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1910, p. 191):
• 2. Dépérissement, étiolement dans les coeurs de la vitalité française. Trop de pauvreté, trop de maigreur dans nos sentiments patriotiques, si vifs qu'ils soient. Leur donner plus de richesse, plus d'amplitude.
BARRÈS, Cahiers, t. 11, 1914, p. 86.
— Littér. Pauvreté de l'inspiration, des idées, du style (d'une oeuvre); caractère de ce qui, dans une oeuvre, manque d'ampleur ou offre un intérêt restreint. Synon. indigence, médiocrité, pauvreté; anton. ampleur, intérêt, richesse. Maigreur du style. La maigreur de son sujet l'a forcé à recourir à des épisodes, à des morceaux de remplissage (Ac. 1935). Les observations de l'abbé de Mably sont écrites d'un ton d'arrogance et de fatuité qui les feroit prendre pour l'ouvrage de quelques capacités, si la maigreur n'y remplaçoit l'enflure (CHATEAUBR., Ét. ou Disc. hist., t. 1, 1831, p. XLIII). C'est bien là tout ce que ce roman, sec jusqu'à la maigreur et d'une vacuité confondante, nous apprend d'un peu original (Les Nouvelles littér., semaine du 14-21 mai 1981, n° 2787, p. 38, col. 3).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1413 «état d'un corps qui a peu de graisse» (Frère NICOLE, Livre des proufits champestres de P. de Crescens, 4, 2 ds DELB. Notes mss); 2. 1800 «état d'un sol peu productif» (DELILLE, L'homme des champs, II ds LITTRÉ); 3. 1835 beaux-arts maigreur de touche (Ac.); 4. id. archit. maigreur d'une colonne (ibid.); 5. id. litt. maigreur de style; de sujet (ibid.). Dér. de maigre1; suff. -eur1; cf. le lat. macor, -oris «maigreur». Fréq. abs. littér.:318. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 343, b) 754; XXe s.: a) 650, b) 263.
maigreur [mɛgʀœʀ] n. f.
ÉTYM. 1372; de 1. maigre.
❖
1 a État d'une personne ou d'un animal maigre; absence de graisse. || Maigreur extrême. ⇒ Émaciation. || Excessive, horrible maigreur (→ Avide, cit. 3; camper, cit. 7). || Maigreur élégante (→ Intelligent, cit. 4). || Vêtement qui dissimule (cit. 9) la maigreur. — Maigreur d'un cheval (→ Efflanqué, cit. 1), d'un chien.
1 (…) il fut frappé de l'extrême maigreur de cet enfant, qui n'avait plus que la peau et les os.
Balzac, le Médecin de campagne. Pl., t. VIII, p. 423.
2 Ce qui avait été de la maigreur dans sa jeunesse était devenu, dans sa maturité, de la transparence; et cette diaphanéité laissait voir l'ange.
Hugo, les Misérables, I, I, I.
3 Il y a dans la maigreur une indécence qui la rend charmante.
Baudelaire, Essais, notes et fragments, VI (→ aussi Graisse, cit. 4).
4 Il était parvenu à un tel point de maigreur qu'il ressemblait aux personnages des danses macabres.
G. Duhamel, la Pesée des âmes, XI.
4.1 C'était la voix même du chef de famille que venait de répercuter l'antre thoracique des six jeunes gens, qui, grâce à leur prodigieuse maigreur entretenue soigneusement par un terrible régime, offraient au son une surface osseuse suffisamment rigide pour en réfléchir toutes les vibrations.
Raymond Roussel, Impressions d'Afrique, p. 120 (1932).
♦ Par ext. || Maigreur d'un bras, du cou, du visage.
5 Et cependant, à voir la maigreur élégante
De l'épaule au contour heurté (…)
Baudelaire, les Fleurs du mal, CX.
b Physiol. Disparition, diminution ou insuffisance des réserves graisseuses de l'organisme, parfois accompagnée d'atrophie des masses musculaires. || Maigreur causée par la sous-alimentation, des troubles digestifs, une maladie (⇒ Marasme) le surmenage physique… ⇒ Amaigrissement. || Maigreur d'origine endocrinienne, hypophysaire, par anorexie. || Maigreur cachectique. ⇒ Cachexie. || Maigreur extrême du nourrisson. ⇒ Athrepsie.
2 (1835). a Caractère de ce qui est peu fourni. || Maigreur d'une végétation, des essences (cit. 17) d'une forêt… ⇒ Maigre (5.). — Par métonymie. || Maigreur du sol : aridité, stérilité.
b Caractère de ce qui est peu abondant, peu important. || Maigreur des revenus, du profit, des ressources. ⇒ Pauvreté; maigre (7.).
♦ (1835). Manque d'ampleur, de richesse. || Maigreur du dessin. || Maigreur d'un sujet. — Maigreur du style. ⇒ Maigre (8.).
6 (…) il ne pouvait cacher à nos observations quotidiennes la pauvreté et la maigreur de son intelligence.
A. de Musset, l'Anglais mangeur d'opium, I.
7 Il y a (dans Le dernier Abencérage, de Chateaubriand) un peu de sécheresse, de raideur et de maigreur, on est loin de la sève surabondante d'Atala.
Sainte-Beuve, Chateaubriand…, t. II, p. 74.
❖
CONTR. Adiposité, corpulence, embonpoint, graisse. — Abondance, ampleur, largeur.
Encyclopédie Universelle. 2012.