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MÉDAILLE
MÉDAILLE

La médaille, qui est un monument monétiforme, se distingue des espèces de monnaies courantes du fait qu’elle n’est pas destinée à la circulation monétaire et qu’elle est une pièce commémorative. Dans une médaille se reflètent à la fois les traits physiques et moraux d’un être, ou des faits historiques et sociaux d’une époque. Œuvre d’art dans laquelle se conjuguent le génie créateur de l’inventeur de la devise inscrite au revers avec le talent du médailleur qui, en donnant aux formes une densité, un relief, une précision dans les contours, fait de la matière une structure vivante, dans laquelle les êtres, comme les faits historiques, ne sont ni prisonniers ni figés dans le métal, mais, au contraire, survivent grâce à cette matière et au-delà d’elle.

1. Matières et techniques de fabrication

Les matières utilisées pour les médailles sont le plomb, notamment à la Renaissance, l’or, l’argent, le bronze, l’étain. En Allemagne, des médailles ont été taillées dans le buis et la pierre. Bien que les procédés de fabrication de la médaille aient varié selon les époques et les écoles, on peut distinguer deux procédés: la médaille coulée ou fondue et la médaille frappée.

La médaille coulée

La médaille coulée peut être obtenue au moyen de deux procédés: par la fonte proprement dite, au cours de laquelle le médailleur grave en creux directement, dans une plaque de plâtre, l’image inversée qu’il veut reproduire, et dans ce moule il coule le métal; en modelant en cire, ou en toute autre matière très plastique, le modèle en relief de la médaille que l’on veut faire. De ce modèle on tire un moule en creux, où l’on coule la matière dans laquelle doit être exécutée la médaille.

Une variante de ce procédé est la fonte à cire perdue qui consiste à mouler la médaille de cire, avers et revers, et à l’enfermer dans un moule de sable fin où, par des évents, on coule le métal qui se substitue à la cire fondue. Avant de souder les deux parties fondues, on comble le vide intérieur par des matières telles que le plâtre ou le plomb. Des médailleurs ont cherché à exécuter leurs modèles dans une matière plus dure qui subsisterait après la fonte; ces modèles exécutés dans une sorte de stuc fait de résine, de plâtre et de cire étaient conservés après avoir été rehaussés de couleurs; certains furent enchâssés et montés en bijoux.

Au XVIe siècle, le médailleur reprenait au burin et ciselait sa médaille au sortir du moule; le prototype retouché servait à préparer un second moule, opération qui était poursuivie jusqu’à ce que la médaille atteigne à la perfection exigée par l’artiste. À chaque fonte successive le métal subissait un certain retrait en se refroidissant, la pièce mesurait chaque fois un diamètre légèrement inférieur à celui de l’exemplaire primitif. Ces pièces sont appelées des surmoulées, qui peuvent être soit contemporaines de la fonte originale, soit très postérieures à celle-ci, ou même modernes. La médaille après la fonte était enduite d’un vernis composé d’ingrédients divers qui lui donnait sa patine.

La médaille frappée

On distingue trois périodes dans la technique de la médaille frappée qui correspondent aux techniques monétaires.

– La frappe au marteau . Pour obtenir une médaille frappée, on a d’abord procédé de la même manière que pour frapper une monnaie. L’artiste, après avoir gravé en relief la tête et les différentes parties du corps de la devise du revers, les enfonçait dans un morceau de fer qu’on appelle le coin ou le carré . Il arrivait que, quand les médailles étaient de petit module, les coins fussent gravés directement, notamment pour les jetons. Le coin une fois trempé, le médailleur mettait le flan entre la pile et le trousseau (le droit et le revers) et lui donnait l’empreinte en frappant, avec un marteau, sur le coin.

– La frappe au balancier . Le principe du balancier résidait dans la force d’une masse qui tombe guidée par une vis après avoir été actionnée à bras d’hommes; à son origine, il fallait une équipe de huit à douze hommes, se relayant tous les quarts d’heure pour manœuvrer le balancier. Cet instrument fut inventé dans la première moitié du XVIe siècle par un ingénieur de Nuremberg. Transplanté et perfectionné en France, en Angleterre, en Espagne, il fut employé par les Français sous le règne de Henri II. Mais ce fut seulement au début du règne de Louis XIV que cette nouvelle manière de frapper les médailles a été généralisée dans les ateliers monétaires.

– L’enfonçage et le tour à réduire . Au début du XIXe siècle, le procédé dit de l’«enfonçage» a permis de reproduire mécaniquement un même coin à plusieurs exemplaires, c’est-à-dire de les reproduire en série d’après un prototype en relief qui est le poinçon . À la fin du XIXe siècle, le tour à réduire , inventé par Contamin, perfectionné par Hill, Ledru, Tasset et Janvier, a permis de réduire mécaniquement le prototype de la médaille. Sorte de pantographe, ce tour à réduire produit le coin aux dimensions voulues, à partir d’une maquette modelée par l’artiste, à une échelle différente.

2. Des premières médailles à la Renaissance

Bien que les Romains n’aient pas connu de médailles distinctes de la monnaie, il existait des pièces de souvenir frappées pour commémorer un événement particulièrement important – types agrandis et plus lourds que les monnaies, appelés «médaillons»; ils étaient offerts généralement par l’empereur, et portés suspendus à une chaîne. Considérés comme bijoux, certains de ces médaillons furent montés dans des montures ouvragées, ornées de pierres précieuses. Cet usage fut perpétué non seulement par les Byzantins, mais encore il survécut à travers tout le Moyen Âge, où ces pièces réapparaissaient à l’occasion de circonstances exceptionnelles. Ces monnaies-médailles préparèrent l’avènement de la médaille.

Ce fut en 1390 que furent exécutées, en Italie, les premières médailles, pièces qui rappellent par leur aspect extérieur les plus grandes monnaies de l’Empire romain: l’une était à l’effigie de Francesco II Novello de Carrare, et commémorait la reprise de Padoue par ce prince, le 15 août 1390, l’autre faite à la même époque était à l’effigie de Francesco Ier de Carrare. Dès 1402, ces pièces ont été connues en France; la preuve en est apportée par le plus ancien des inventaires des collections de Jean, duc de Berry, daté de 1401-1402, dans lequel on lit: «Une empraincte de plomb, où est le visage de François de Carrare en un costé, et en l’autre, la marque de Pade (Padoue).»

L’Italie

Brisant avec le moule hiératique où restaient enfermées les médailles des Carrare, Antonio Pisano, dit Pisanello, créa réellement l’art de la médaille en 1439 avec la célèbre médaille de Jean Paléologue, l’avant-dernier empereur de Constantinople. Cet artiste sut d’emblée conjuguer la grande hardiesse des raccourcis dans les revers au réalisme vivant des portraits. Il fit souvent entrer, dans la composition des devises, des animaux qu’il traitait avec une vérité et une noblesse de forme exceptionnelles, propres au talent d’un peintre. Pisanello n’a pas connu d’autre technique que la fonte; il a signé toutes ses médailles et quelques-unes portent la date de leur exécution.

Les élèves et les émules que Pisanello a formés furent nombreux. Tous ces graveurs, comme leur maître, étaient peintres, et certains, sculpteurs, tels Francesco Laurana, Antonio Pollaiuolo, Andrea Della Robbia, Sperandio, qui mérite une mention particulière comme auteur d’un grand nombre de médaillons d’une facture admirable. Un nombre important de médailles du XVe siècle, dont certaines comptent parmi les meilleures, restèrent anonymes.

Vers la fin du XVe siècle, Ambrogio Foppa, dit Caradosso, déroge le premier sur trois points avec la tradition établie par Pisanello. En premier lieu, il rompt avec le médaillon pour donner aux médailles un module plus proche des grands bronzes et des médaillons romains. En deuxième lieu, il emprunte à ces mêmes pièces antiques le grènetis qui sert de cadre aux types de l’avers et du revers. En troisième lieu, conformément à l’usage des Romains, le type du revers est à l’inverse du portrait de l’avers. Il fit les médailles des derniers Sforza de Milan, celles des papes Alexandre VI et Jules II, ainsi que le portrait de Bramante.

Vittore Gambello, dit Camelio, sculpteur de Venise, contemporain de Caradosso, accentue encore l’imitation des grands bronzes romains, en se rapprochant de leur style, de leur esprit, de la disposition de leur type. C’est une conséquence du goût marqué pour les collections de monnaies anciennes, qui a poussé un peu plus tard Giovanni Cavino, surnommé le Padouan, et son associé, l’érudit Alessandro Bassiano, dans un dessein de spéculation frauduleuse, à imiter jusqu’à la falsification des modèles antiques.

Parallèlement à ce mouvement de retour à l’imitation des pièces anciennes, pendant la première moitié du XVIe siècle, des artistes continuèrent à exécuter de grands médaillons à la manière de Pisanello. Ces artistes travaillèrent à Rome, à Florence, à Sienne; ils avaient noms Giovan Maria Pomedello, Leone Leoni (le sculpteur favori de Charles Quint), Jacopo da Trezzo, Benvenuto Cellini, Alessandro Vittorio, Pastorino de Sienne, dont presque toutes les médailles portent des portraits de femmes.

Au cours de la seconde moitié du XVIe siècle, les médailles frappées avec des coins gravés sur acier prennent peu à peu la place des médailles fondues; les perfectionnements techniques apportés à la frappe, pour laquelle on commençait à employer des machines, permettent de fabriquer des pièces d’un plus grand module et d’un plus fort relief. Ce procédé ne souffrant pas de médiocrité et la gravure des coins étant un travail très particulier, les graveurs en médailles furent moins nombreux. Cette technique devait mettre fin progressivement aux commandes de portraits en médaille de particuliers; la médaille devenait le privilège des souverains, des princes, des organismes officiels. Seule la cour des papes encouragea l’art de la médaille jusqu’à la fin du XVIe siècle.

L’Allemagne

Deux grandes écoles caractérisent l’art de la médaille dans ce pays. La première, formée au début du XVIe siècle, sous l’influence de Peter Fischer qui avait séjourné en Italie, se distingue par l’utilisation de médailles coulées et ciselées après la fonte. Bien qu’art d’importation, la médaille s’est adaptée au goût allemand et son style est en rapport étroit avec celui des œuvres sculptées et peintes. Les artistes allemands firent des médailles coulées dans le métal, mais aussi taillées dans du buis et de la pierre. Les effigies de ces pièces, quelle qu’ait été la matière dans laquelle elles furent exécutées, sont caractérisées par une expression de force et de vérité. Deux noms dominent les premières productions de cet art, celui de Heinrich Reitz, orfèvre de Leipzig, qui a travaillé pour les électeurs de Saxe et chez lequel on relève l’influence de Lucas Cranach; celui de Friedrich Hagenauer d’Augsbourg, d’un style simple et direct: une grande partie des médailles faites à Nuremberg et à Augsbourg sont des œuvres anonymes, et on ne sait pas toujours quelle pièce on doit attribuer avec certitude à Hans Masslitzen, à Wenzel, à Albrecht Jammitzel, qui étaient parmi les principaux médailleurs de Nuremberg, ou à Johann Schwartz d’Augsbourg. Seul C. Kold (Georg Holdermann) a toujours signé ses œuvres. Il faut noter, cependant, une supériorité dans les médailles de l’atelier de Nuremberg, due sans doute à l’influence d’Albert Dürer et de Hans Burgkmair.

La seconde école est caractérisée par les médailles frappées, l’Allemagne ayant été le premier pays à appliquer cette méthode, due à l’invention d’un ingénieur de Nuremberg.

La floraison remarquable de l’art du médailleur en Allemagne au XVIe siècle fut de courte durée; comme toutes les autres branches de l’art allemand, elle a péri dans les troubles de la guerre de Trente Ans.

La France

Trois caractéristiques distinguent l’art de la médaille en France: la survivance dans les médailles du style des monnayeurs nationaux du Moyen Âge, la pénétration du style italien et la réaction contre l’italianisme. Les premières médailles frappées sous le règne de Charles VII, qui commémorent la prise de Bordeaux et l’expulsion des Anglais, appartiennent aux traditions des monnayeurs nationaux du Moyen Âge, et sont exécutées avec les mêmes procédés. L’une date de 1451, l’autre de 1455; cette dernière est de caractère purement monétaire, du même type que la Chaise d’or ou le Franc à cheval, en usage depuis le début du XIVe siècle. À ce même type primitif appartiennent un certain nombre de médailles telles que celles qui sont exécutées sur ordre de Louis XI à l’occasion de la fondation de l’ordre de Saint-Michel, du duc de Guyenne, frère du roi, et de Gaston de Foix.

La pénétration de l’art italien en France et sa diffusion reviennent à Jean de Candida, Italien d’origine, de la famille des Filangieri de Naples. Dans son art éclectique, on relève une manière bourguignonne, une manière italienne, une manière mi-italienne, mi-française. Les médailles de type italien rappellent le style de Lysippe.

Une réaction du goût français contre l’italianisme se manifesta sous les règnes de Charles VIII et de Louis XII. La médaille d’or aux effigies de Charles VIII et d’Anne de Bretagne frappée en 1494 par Louis et Jean Lepère et Nicolas de Florence, aux frais de la ville de Tours, celle qui est présentée par la même ville à Louis XII en 1499, œuvre de Michel Colombe, celle qu’offre la ville de Lyon en 1500 à Louis XII et à Anne de Bretagne se montrent comme un compromis entre la tradition nationale des monnayeurs et l’art importé d’Italie. Mais, sous François Ier, les Italiens triomphent; le roi fit venir à sa cour Benvenuto Cellini, Benedetto Ramelli et Matteo dal Nassaro. C’est à partir du milieu du XVIe siècle que l’art de la médaille prit en France un véritable essor, au moment où la frappe au balancier fut instituée. Les graveurs de cette époque furent: Étienne Delaune, qui conjuguait un réel talent de portraitiste avec un raffinement délicat, exprimé dans les devises des revers, où l’on retrouve l’influence de l’humanisme italien de Leone Leoni ou de Jacopo da Trezzo; Claude de Héry, Alexandre Ollivier. La série des médaillons dite «des Valois», par Germain Pilon, sculpteur, offre de remarquables portraits, coulés dans le bronze – sans revers –, de Henri II, Catherine de Médicis, Charles IX, Henri III et Élisabeth d’Autriche. Jacques Primavera, Italien d’origine, dont le style se rattache à l’école de Milan, a frappé les portraits des poètes de la Renaissance: Antoine Baïf, Philippe Desportes, Jean Dorat, Ronsard. Toutes ces médailles sont signées, et de même module.

3. La médaille aux XVIIe et XVIIIe siècles en France; son influence à l’étranger

On distingue quatre périodes: de 1590 à 1663, sous le règne de Henri IV, de Louis XIII, et le commencement du règne de Louis XIV, apparaissent de très grands médailleurs. Le premier, Guillaume Dupré (1574-1649), qui était sculpteur et fondeur, reprenait la tradition des médaillons coulés de l’Italie; ses portraits sont caractérisés par l’accent vivant et vrai des physionomies. Outre les célèbres médailles de Gabrielle d’Estrées et de Henri IV, de Henri IV et de Marie de Médicis, de Louis XIII, de Lesdiguières, de Jérôme de Villars, archevêque de Vienne, il exécuta des portraits de grande qualité du doge Marc Antonio Memmo, de François IV, du duc de Mantoue, de Matteo Barberini, lorsqu’il séjourna à Venise, Mantoue, Bologne ou Florence, entre 1612 et 1613. Jean Varin (1604-1674), graveur, sculpteur et peintre probablement flamand d’origine, laissa une œuvre considérable, faite de médailles frappées et de médailles fondues. Voltaire le considérait «comme le premier qui tira l’art de la médaille de la médiocrité, à la fin du règne de Louis XIII». Il n’a pas signé toutes ses médailles, certaines lui ont été attribuées d’après des documents et des auteurs de l’époque.

De 1663 à 1715 s’ouvre pour la médaille une période de caractère particulier. Dès que Louis XIV eut pris en main, en 1661, le gouvernement de l’État, l’art de la médaille fut orienté de la même manière que le furent les lettres, les sciences et les arts, sous l’autorité de la Petite Académie fondée en 1663, qui devint, en 1716, l’Académie royale des inscriptions et belles-lettres. Le graveur en médaille, dépossédé de toute initiative, témoignait de ses qualités par son habileté technique; pour raison d’État, le monopole des devises appartenait à l’Académie. Un grand nombre de graveurs particulièrement distingués dans l’art des médailles furent appelés à la «Monnoye des médailles» pour graver et frapper les pièces des quatre histoires métalliques de Louis XIV; le premier fut Jean Varin. Les médailles de Louis XIV sont signées de Jean-Baptiste Dufour, Thomas Bernard, François Chéron, Hercule Le Breton, Jean Mauger, Michel Molart, Jérôme Roussel, et d’un certain nombre de médailleurs étrangers célèbres dans leur pays: Antoine Meybusch, Raymond Faltz, Joseph Roettiers, Smeltzing ou Rüg.

De 1715 à 1789, on distingue, d’une part, l’achèvement partiel de la quatrième histoire métallique de Louis XIV, l’amorce d’une histoire métallique pour Louis XV, qui n’a pas été faite avec autant de rigueur que celle de Louis le Grand, et, d’autre part, des médailles frappées pour commémorer des événements du règne de Louis XVI. Toutes ces médailles ont été frappées d’après des devises composées par l’Académie royale des inscriptions et belles-lettres. Deux noms dominent cette période, ceux des Duvivier, Jean et Benjamin, père et fils, peintres et graveurs. Les médailles qu’ils gravent sont exécutées avec la netteté et la puissance qu’impose le trait, laissant percevoir le talent du peintre dans les détails des fonds, ou des paysages.

L’influence de cet art des XVIIe et XVIIIe siècles, jusqu’à la Révolution, a dominé chez les médailleurs étrangers qui ont gravé dans le style français. C’est ce qu’on constate en examinant les séries de médailles réalisées aux Pays-Bas, en Angleterre, en Allemagne et en Russie.

4. La médaille moderne

En 1789, la Révolution a vu la médaille suivre deux chemins différents. D’une part, la médaille devint un instrument de propagande au service des révolutionnaires. Gravées hâtivement, le plus souvent en étain ou en métal de cloche, elles étaient distribuées comme insignes ou souvenirs populaires lors des fêtes. Certaines immortalisent Necker, Bailly, Mirabeau ou le Père Duchesne. Elles commémorent la prise de la Bastille, la fête de la Fédération de 1790, la fête de l’Être suprême. Parallèlement à ces documents, d’autres médailles, officielles, continuaient à être frappées, sur lesquelles on relève les noms de Benjamin Duvivier, de Gatteaux, d’Augustin Dupré, de Droz.

Au XIXe siècle, la médaille a retrouvé son rôle de document historique dirigé. Un prix de Rome fut fondé pour encourager le talent des médailleurs; deux sièges leur étaient réservés à l’Institut. De nouveau, ils allaient être attachés à faire un grand œuvre: l’histoire métallique de Napoléon le Grand sous l’autorité de la classe d’histoire et de littérature ancienne de l’Institut impérial. Les dessins des médailles furent exécutés, mais une seule des médailles fut frappée: celle de la bataille d’Iéna.

Cependant, un grand nombre de médailles commémorent des événements de l’Empire; elles sont signées Benjamin Duvivier, Tiolier, Brenet, Michaut, Jeuffroy, Gayrard, Depaulis, Domard, Droz, Galle. Médailles de style néo-classique, froid, sans émotion, la perfection de la gravure ne parvient pas à rendre la vie à ces œuvres d’un style qui n’intéresse plus. Il faudra attendre le XXe siècle, époque où les graveurs retrouveront leurs droits de créateurs, pour assister à la renaissance d’un art original de la médaille. Des productions particulièrement intéressantes ont été réalisées en France, en Pologne et en Tchécoslovaquie.

médaille [ medaj ] n. f.
• 1496; it. medaglia
I
1Pièce de métal, généralement circulaire, frappée ou fondue en l'honneur d'un personnage illustre ou en souvenir d'un événement. Médaille gravée à l'effigie, à l'empreinte d'un grand homme. Médaille à fleur de coin. L'avers, l'exergue d'une médaille. Cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale. monnaie. Science des médailles. numismatique. Loc. fig. Profil, tête de médaille : visage d'un dessin très pur, aux traits réguliers. « il portait son profil de médaille avec une simplicité si virile » (Martin du Gard). Le revers de la médaille. Toute médaille a son revers.
2(1758) Pièce de métal précieux constituant le prix (dans un concours, une compétition, une exposition). Médaille d'or, d'argent, de bronze. Médaille d'or des Jeux olympiques. Adj. Elle est médaille d'argent de natation, elle a remporté la deuxième place.
(1857) Pièce de métal précieux, distinction honorifique. décoration. Conférer, décerner à qqn la médaille du travail. Médaille militaire, décernée aux sous-officiers et soldats les plus méritants. Médaille commémorative, rappelant une campagne. Médaille de la Résistance. Par ext. Ruban, barrette, rosette de même valeur honorifique que la médaille proprement dite. 2. insigne.
3(v. 1570) Petite pièce de métal, portée en amulette, en breloque, autour du cou. Médaille de la Vierge. Médaille en or.
4(1868) Plaque de métal numérotée dont le port est obligatoire (dans certaines professions...).
Par ext. Plaque d'identité que l'on attache au collier d'un animal domestique.
II(1765; par anal. de forme) Région. 2. lunaire.

médaille nom féminin (italien medaglia) Pièce de métal, en général circulaire, portant un dessin, une inscription en relief, frappée en l'honneur d'une personne ou en souvenir d'un événement. Pièce de métal représentant un sujet de dévotion : Médaille de la Vierge. Pièce de métal donnée en prix dans certains concours, aux jeux Olympiques, etc. : Obtenir une médaille d'or. Signe distinctif de quelque récompense honorifique : Médaille de la Résistance. Petite pièce de métal portée comme breloque ou comme plaque d'identité (pour les animaux). ● médaille (expressions) nom féminin (italien medaglia) Face, avers ou corps d'une médaille, côté où sont figurés une tête ou un sujet. Médaille commémorative, décoration française ou étrangère destinée à rappeler le souvenir de certaines campagnes auxquelles ont participé les armées françaises ou étrangères (médaille de Crimée [1856], médaille de la Première Guerre mondiale [1920], médaille de la reine Élisabeth [1916], etc.). Médaille d'honneur, marque de distinction destinée à honorer particulièrement certains mérites et conférée directement par les pouvoirs publics (médaille d'honneur des Actes de courage et de dévouement, etc.). Profil, tête de médaille, personne dont les traits sont d'une belle régularité. Revers de la médaille, aspect fâcheux de quelque chose. Revers d'une médaille, côté d'une médaille opposé à la face.

médaille
n. f.
d1./d Pièce de métal frappée en l'honneur d'un personnage illustre ou commémorant un événement important.
d2./d Pièce de métal destinée à récompenser une action méritoire; décoration.
d3./d Prix décerné dans un concours. Médaille d'or des jeux Olympiques.
d4./d Petite pièce de métal représentant un sujet de dévotion.
d5./d Plaque de métal servant à l'identification.

⇒MÉDAILLE, subst. fém.
A. — 1. Pièce de métal généralement circulaire, fabriquée en l'honneur d'un personnage illustre, dont elle porte l'effigie, ou en souvenir d'un événement, d'une action mémorable. Minos, fils et disciple de Jupiter, a, dans les médailles, les mêmes traits que son père (STAËL, Allemagne, t.2., 1810, p.71). On peut supposer, avec vraisemblance, qu'il est exécuté [le François Ier de Titien] d'après quelqu'une de ces médailles que la Renaissance savait si bien modeler (GAUTIER, Guide Louvre, 1872, p.75):
1. Au coin de la rue Saint-Florentin, un épicier libéral le harangua et lui décerna une médaille de bronze à l'effigie de La Fayette.
A. FRANCE, Pt Pierre, 1918, p.186.
SYNT. Médaille d'or, d'argent, de cuivre, de bronze; médaille à fleur de coin; médaille antique; cabinet des médailles; collection de médailles; médaille commémorative, consulaire, impériale; frapper, fondre, couler, mouler une médaille; le module, le coin, le poinçon, la matrice d'une médaille; le corps, le champ, l'exergue, la légende, l'avers, le revers d'une médaille.
Locutions
Le revers de la médaille.
Frappé en médaille. Aux traits, aux contours fortement marqués. Laissons Tacite avec sa manière à lui et son génie. Les hommes ne sont pas faits généralement pour être ainsi frappés en médaille d'un coup et coulés en bronze (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t.8, 1864, p.230). Il est peu d'orateurs dont on puisse citer autant de phrases [de Lacordaire] frappées en médaille (THIBAUDET, Hist. litt., 1936, p.261).
Profil, tête de médaille. Profil, tête dont les traits ont la régularité et le caractère marqué de ceux des médailles. Il était bien, lui, un Latin de la conquête avec sa tête de médaille aux larges méplats sur les joues, et son teint chaud (A. DAUDET, N. Roumestan, 1881, p.97). Brun, à peine grisonnant, bien qu'il touchât à la cinquantaine, il avait une grosse tête, au profil de médaille, avec des yeux vifs et clairs (ZOLA, Vérité, 1902, p.114). Véronique (...) est une bonne vieille, très brune, suivant le type de l'île, avec un calme visage et un profil de médaille (LOTI, Chât. Belle-au-bois-dorm., 1910, p.16).
Tourner la médaille (vx). Regarder l'autre face de quelque chose. (Ds LITTRÉ, GUÉRIN 1892).
Vieille médaille (vx). ,,Vieille femme. C'est une vieille médaille`` (Ac. 1798-1878).
P. métaph. Médaille de + subst. Des petites médailles d'écume blanche se détachent d'un bouillon et s'en vont à la dérive, au fil de l'eau (RENARD, Journal, 1889, p.26). [La chatte] s'assit sur la petite table du déjeuner, parmi les médailles de soleil (COLETTE, Chatte, 1933, p.29).
2. P. anal.
a) ) NUMISM. Pièce de monnaie antique (grecque, romaine). C'est la même ignorance que nous trouvions (...) chez ces pauvres enfants qui nous vendirent des médailles romaines arrachées à ces terrains déserts (BARRÈS, Homme libre, 1889, p.105).
Médaille restituée, fruste, fourrée, incuse, saucée.
Médaille inanimée. Médaille qui n'a point de légende. (Ds LITTRÉ, GUÉRIN 1892, ROB.).
Médaille encastrée. Médaille fabriquée par les faussaires à partir de deux pièces antiques en joignant l'avers de l'une au revers de l'autre (Ds LITTRÉ, GUÉRIN 1892, ROB.).
Médaille martelée. Médaille dont on a martelé le revers qui était commun pour frapper à la place un revers rare. (Ds Ac., LITTRÉ, GUÉRIN 1892, ROB.).
Médaille éclatée. Médaille dont les bords se sont fendus lorsqu'on l'a frappée. (Ds LITTRÉ, GUÉRIN 1892, ROB.).
) Arg., vieilli. Pièce de monnaie. [Parlant ainsi, il montrait] quatre pièces de cinq francs à l'auditoire anxieux. Voilà ma part, dit l'opinant en jetant les médailles dans son képi (A. CAMUS, Bohèmes, 1863, p.113).
b) ARCHIT., vx. Petit bas-relief circulaire présentant généralement un portrait ou une effigie. Synon. médaillon. Sans doute le bas-relief et les figures des médailles, qui appartiennent à l'architecture, furent d'abord l'oeuvre du temps (ALAIN, Beaux-arts, 1920, p.180).
B. — 1. Petite pièce de métal de forme diverse, frappée d'un sujet de dévotion, qu'on porte sur soi ou sur ses vêtements. Médaille pieuse; médaille de la Vierge; médaille de première communion. J'ouvre la boîte et je vois sur un lit d'ouate cinq médailles bénites (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p.285). Des médailles de sainteté que sa mère le force à porter (GIDE, Faux-monn., 1925, p.1097):
2. La dame avait fouillé dans son sac et en avait sorti une médaille de saint Christophe, en argent: d'un côté, le patron des accidentés avec l'enfant Jésus sur l'épaule, traversant un fleuve, de l'autre une route avec un soleil couchant et une automobile qui se heurte contre un arbre.
ARAGON, Beaux quart., 1936, p.413.
2. P. anal. Petite pièce de métal représentant des sujets divers qu'on porte, parfois comme amulette, en breloque ou à une chaîne de cou. À côté, un camelot vendait je ne sais quelles médailles (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p.196). Madame mère (...) saisit également tous objets de valeur en notre possession: timbales d'argent de nos baptêmes, chaînes de cou à médailles d'or (H. BAZIN, Vipère, 1948, p.58).
C. — 1. Pièce de métal précieux donnée en prix au lauréat d'un concours, d'une exposition ou au vainqueur d'une compétition, et gravée en l'honneur de ce prix. Médaille d'or, d'argent, de bronze; médaille de vermeil; médaille de l'Exposition universelle; médaille olympique; médaille du pentathlon; obtenir, gagner, rafler, laisser échapper une médaille; moisson de médailles. Le jury central, appréciant le mérite d'une pareille fabrication, lui a décerné une médaille d'argent (NOSBAN, Manuel menuisier, 1857, p.97). M. Roll a exposé, en 1877, je crois, une scène d'inondation qui lui valut une médaille (HUYSMANS, Art mod., 1883, p.27). La médaille de bronze du quatre fois cent mètres masculin peut s'entendre comme le signe d'un progrès en profondeur (Jeux et sports, 1967, p.1232).
P. méton., loc. Être médaille d'or, d'argent, (à, de qqc.). Avoir obtenu la médaille d'or, d'argent pour une victoire, une réussite, dans tel ou tel domaine. Être médaille d'or au slalom. P. ext. Être le premier, le meilleur dans son genre, son domaine. En étudiant leur mentalité, Adam Smith II trace des Américains d'aujourd'hui un portrait psychologique dont la portée dépasse les milieux boursiers et qui fait la joie de ses concitoyens puisque «The Money Game» est actuellement médaille d'or des best-sellers (ANOUIL ds Réalités, déc. 1968, p.121, col.2).
SPORT DE GLACE (patin. artist.). ,,Test que le patineur doit passer s'il veut faire de la compétition et dont la réussite est symbolisée par une petite plaque ronde et un diplôme`` (M. BASSEGODA v. bbg. infra, p.145). Médaille préliminaire, préparatoire, pré-bronze, de bronze, d'argent, petit or, d'or, grand or. (M. BASSEGODA v. bbg. infra, p.146-148).
2. Distinction accordée à titre honorifique à une personne qui s'est signalée par ses mérites professionnels ou civiques, pour ses actes de courage, pour sa conduite aux armées ou sa participation aux opérations de défense nationale. Médaille du travail, de la famille française; médaille du Tonkin, des déportés, de la Résistance; obtenir, recevoir, arborer, remettre, refuser une médaille. Il donna une chiquenaude à sa médaille coloniale. «Je vas vous montrer des photos de mes campagnes, hein?...» (DABIT, Hôtel Nord, 1929, p.178). Il comptait plus ses médailles. Sur son costard le dimanche, ça lui faisait comme une carapace... (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p.402):
3. M. Léo Larginer pensait déjà, en ce temps-là, à être un jour décoré de la Légion d'honneur. Il ne disait pas: quand j'aurai la croix. Non. C'eût été trop plat. Il disait: quand j'aurai la médaille. Comme un vieux grognard, quoi.
LÉAUTAUD, Théâtre M. Boissard, 1943, p.131.
En partic.
HIST. Médaille de Sainte-Hélène (Ac.). Médaille commémorant les opérations militaires ayant eu lieu sous la Révolution et l'Empire (1792-1815).
Médaille militaire. Médaille instituée par décret du 22 janvier 1852 pour honorer les soldats et sous-officiers qui se sont distingués lors de campagnes ou lors d'opérations militaires. On lui remit (...) les lettres, les certificats et la boîte contenant la médaille militaire (LOTI, Pêch. Isl., 1886, p.168):
4. Le brancardier Roger Vanier, du 101e régiment, a reçu la médaille militaire pour sa conduite au Bois Sabot les 26, 27 et 28 février 1915, avec ce motif: «A fait preuve d'un dévouement et d'un courage héroïques. (...)».
BORDEAUX, Fort de Vaux, 1916, p.251.
Par dérision. Médaille en chocolat. ,,Médaille de Sainte-Hélène, — dans l'argot des faubouriens, par allusion à sa couleur de bronze noir`` (DELVAU 1883). P. ext. Toute distinction honorifique.
Loc. fig. Obtenir la médaille. Avoir la préférence. Comme proposition qui me plaît, la vôtre obtiendrait la médaille (A. GILL, Let. à Vallès, juill.-août 1872 ds QUEM. DDL t.6).
D. — Plaque de métal numérotée dont le port est requis dans certaines professions. Médaille de porteur, de garde-champêtre. Qu'il prenne le numéro de la médaille de cet homme [de ce charbonnier], je porterai mes plaintes à la police [Scène datée 1818, Paris] (VIDOCQ, Mém. Vidocq, t.4, 1828-29, p.150).
E.BOT. Médaille (de Judas). Synon. de lunaire. (Dict. XIXe et XXe s.).
Prononc. et Orth.:[medaj]. PASSY 1914: [-a-] ou [--]. Ac. 1694, 1718: me-; dep. 1740: mé-. Étymol. et Hist. 1. 1496 «monnaie d'or en usage en Italie et au Levant» (COMMYNES, Mém., VII, 11, éd. J. Calmette, t.3, p.67) — 1554, THEVET d'apr. FEW t.6, 1, p.572a; 2. 1536 «pièce de métal frappée à l'effigie d'un personnage illustre ou pour commémorer un événement et servant d'ornement» (Inv. de Charles Quint ds LA CURNE); 1561 medalle «id.» (Inv. des meubles du château de Pau, 67 ds IGLF: une medalle d'or d'un Christ au vif); 1640 au fig. le revers de la medaille «le contraire d'une chose» (OUDIN Curiositez, s.v. revers); 3. 1540-50 medalle «cartouche rond sculpté» (Comptes des bâtiments du Roi, éd. L. de Laborde, t.1, 192 ds IGLF); 4. 1758 «pièce de métal précieuse donnée en récompense de certains mérites» (VOLTAIRE, lettre du 22 janv. à M. d'Argental ds Corresp., éd. Th. Besterman, t.33, p.70); 5. 1828-29 «plaque de métal constituant le signe distinctif obligatoire d'une profession» (VIDOCQ, loc. cit.). Empr. à l'ital. medaglia, attesté au sens «monnaie ancienne valant environ un demi-denier, en usage dans le Nord de l'Italie, dans les États pontificaux, à Malte, etc.» dep. la 2e moitié du XIIIe s. (GUITTONE D'AREZZO) et au sens 2 dep. fin XVe-début XVIe s. (LÉONARD DE VINCI ds BATT.), de même orig. que maille2. Fréq. abs. littér.:803. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 946, b) 1143; XXe s.: a) 1456, b) 1118.
DÉR. 1. Médailleur, subst. masc. Artiste qui grave les coins servant à fabriquer les médailles ou les monnaies. Synon. médailliste (infra). Il m'arrive encore de recevoir (...) des articles (...) où l'on cite comme preuve de ma sottise mes meilleures pages, tu sais, sur les médailleurs italiens (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p.345). La belle tête paisible de Carl-Gustav Carus a inspiré peintres, sculpteurs et médailleurs (BÉGUIN, Âme romant., 1939, p.124). Il faut attendre la fin du XVe siècle pour voir resurgir le portrait monétaire, en Italie (...). Ce qui y fait suite, c'est toute la numismatique moderne, et jusqu'à nos jours les portraits des chefs d'État, où s'évertue le talent des médailleurs officiels (L'Hist. et ses méth., 1961, p.361). []. Att. ds Ac. 1935. 1re attest. 1812 (BOISTE); de médaille, suff. -eur2. 2. Médailliste, subst. masc. a) Artiste qui grave les coins des monnaies ou des médailles. Synon. médailleur (supra). Il entrait dans un atelier de médailliste, où se creusaient des coins, où on incisait le métal (GONCOURT, Journal, 1894, p.587). En dépit des réalisations de David d'Angers, les médaillistes ne produisent plus que des oeuvres impersonnelles, indifférentes et sans vie (KUNSTLER, Art. XIXe s. Fr., 1954, p.129). b) Vx. Collectionneur ou connaisseur de médailles. Grand, habile, fameux médailliste (Ac. 1798-1878). [medajist]. Même cas que médaillier en ce qui concerne yod. Att. ds Ac. 1694-1878; ds Ac. 1694 et 1718: medailliste; dep. 1740: médailliste. 1res attest. a) 1609 médalliste «collectionneur, amateur de médailles» (P. DE L'ESTOILE, Mémoires-journaux, 28 mars, éd. G. Brunet, A. Champollion, E. Halphen, etc., t.9, p.236: un nommé Menestrier [...] qui estoit en réputation partout d'un des plus grands antiquaires et médallistes de nostre temps), b) 1690 médailliste «graveur de médailles» (FUR.); de médaille, suff. -iste.
BBG. — BASSEGODA (M.). Ét. du vocab. du patinage artistique... Nancy, 1980, pp.145-148. (Thèse). — HOPE 1971, p.44. — QUEM. DDL t.10, 11.

médaille [medaj] n. f.
ÉTYM. 1496; ital. medaglia.
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I
1 (1536). Pièce de métal, généralement circulaire, frappée ou fondue en l'honneur d'un personnage illustre ou en souvenir d'un événement, d'un fait mémorable. || Médaille d'argent, de bronze… || Médaille gravée à l'effigie, à l'empreinte (cit. 2) d'un grand homme, d'un héros. || Médaille du roi (→ Huissier, cit. 6). || Figure, légende, type d'une médaille. || Médaille commémorative d'un combat (→ Culminer, cit. 1).Coin, flan, matrice, poinçon d'une médaille. || Avers, champ, côté, exergue (cit. 1 et 2), face, grenetis, listel, module, revers, tête d'une médaille. || Médaille contorniate, fourrée, fruste (cit. 1), inanimée, incuse, saucée.Le cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale. || Science des médailles. Numismatique.Appos. || Bronze médaille, une des couleurs du bronze.
REM. On comprend aussi sous le nom de médailles des pièces de monnaie grecques, romaines… conservées pour leur intérêt historique.
1 L'Administration des monnaies et médailles est chargée (…) de surveiller la fabrication des médailles (…) Il est expressément interdit à toute personne quelle que soit sa profession de frapper des médailles (…) ailleurs que dans l'atelier de la monnaie, à moins d'une autorisation spéciale du Gouvernement (…)
Dalloz, Petit dict. de droit, Monnaies et médailles.
2 Avec leurs joues rasées, leurs beaux profils, leurs mentons qui s'avancent, un peu impérieux, au-dessus des muscles puissants du cou, ils rappellent, dans leur immobilité grave, ces figures que l'on voit sur les médailles romaines.
Loti, Ramuntcho, I, IV.
Par anal. || Médailles sur bois, sur pierre lithographique.Par ext. Moulage (en argile, en plâtre…) d'une médaille.
(Déb. XVIe). Archit. (Vx). Petit bas-relief circulaire représentant une effigie. Médaillon.
Loc. fig. Profil, tête de médaille : visage d'un dessin très pur.
3 Daniel était beau, mais il avait si peu l'air de le savoir, il portait son profil de médaille avec une simplicité si virile (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. VI, p. 92.
Fam. Le revers de la médaille. — ☑ Prov. Toute médaille a son revers.
2 (1758). a Pièce de métal donnée en prix au lauréat d'un concours, d'une exposition, et, par ext., le prix lui-même. Diplôme (d'honneur). || Médaille d'or, de vermeil, de l'Exposition universelle. || Médaille d'or, d'argent, de bronze décernée aux Jeux olympiques : les trois premières places (ellipt, l'or, l'argent, le bronze). || Décrocher une médaille aux Jeux. → Monter sur le podium.
4 (…) dominant un petit bureau d'acajou, les médailles obtenues par le fermier aux comices agricoles, luisaient, encadrées et sous verre.
Zola, la Terre, II, 1.
4.1 Le jury avait à sa disposition une médaille d'honneur, six médailles d'or, douze médailles d'argent, vingt médailles de progrès et vingt médailles d'encouragement.
L'œuvre de M. Barlincourt parut mériter une récompense exceptionnelle; outre la médaille d'honneur, M. Barlincourt reçut du Comité central un bon pour quatre décorations à son choix.
A. Robida, le Vingtième Siècle, p. 283.
Adj. (attribut). || Il a été médaille d'or d'escrime aux derniers Jeux olympiques.
Spécialt. || Médaille Fields : distinction accordée tous les quatre ans à un mathématicien ( Prix).
Loc. fig. (1872). Vx. Obtenir la médaille : avoir la préférence.
b (1852). Pièce de métal précieux, distinction honorifique donnée en récompense à une personne qui s'est signalée par ses mérites professionnels ou civiques, par des actes de courage, de dévouement, et, spécialt, par sa conduite aux armées ou sa contribution à la défense nationale. Décoration. || Décorer qqn de la médaille de la famille française. || Conférer, décerner à qqn la médaille de sauvetage, du travail… || Médaille d'honneur de la police.Médaille militaire, instituée par décret du 22 janv. 1852 « en faveur des sous-officiers et soldats les plus méritants et qu'on donne également aux généraux en récompense de services éclatants » (Académie).Titulaire de la croix de guerre et de la médaille de la Résistance. Médaillé.Par ext. Ruban, barrette… de même valeur honorifique que la médaille proprement dite. || Arborer, porter la médaille coloniale à sa boutonnière. Insigne.
5 Catherine-Nicaise-Élisabeth Leroux, de Sassetot-la-Guerrière, pour cinquante-quatre ans de service dans la même ferme, une médaille d'argent — du prix de vingt-cinq francs !
Flaubert, Mme Bovary, II, VIII.
6 « — Mon général, on m'a coupé ma jambe. » — « Mais je le sais bien, mon enfant. Aussi, je t'apporte la Médaille militaire. » — Il a piqué la médaille sur la chemise de Léglise et a embrassé mon ami sur les deux joues (…)
G. Duhamel, Récits des temps de guerre, I, Le sacrifice.
7 En convalescence, on me l'avait apportée la médaille, à l'hôpital même. Et le même jour, je m'en fus au théâtre, la montrer aux civils pendant les entractes. Grand effet. C'était les premières médailles qu'on voyait dans Paris. Une affaire !
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 51.
3 (V. 1570). Petite pièce de métal, précieux ou non, de formes variées, représentant des sujets divers et portée en amulette, en breloque, à une chaîne de cou… (→ Babiole, cit. 2). || Médaille aux armes de la Ville de Paris…Spécialt. || Médaille pieuse, représentant un sujet de dévotion. || Médaille bénite. || Médaille de baptême, de première communion. || Médaille de saint Christophe.
8 (…) la dame avait fouillé dans son sac et en avait sorti une médaille de saint Christophe, en argent : d'un côté, le patron des accidentés avec l'Enfant Jésus sur l'épaule, traversant un fleuve, de l'autre une route avec un soleil couchant et une automobile qui se heurte contre un arbre.
Aragon, les Beaux Quartiers, III, IV.
9 (…) la plupart des gens, quand ils n'avaient pas entièrement déserté leurs devoirs religieux (…) avaient remplacé les pratiques ordinaires par des superstitions peu raisonnables. Ils portaient plus volontiers des médailles protectrices ou des amulettes de saint Roch qu'ils n'allaient à la messe.
Camus, la Peste, p. 241.
4 (1868, Littré). Plaque de métal numérotée dont le port est obligatoire (dans certaines professions…). || Médaille des porteurs de la S. N. C. F.
Par ext. Petite plaque d'identité en forme de médaille qui pend au collier d'un chien, d'un chat. || Médaille de la Société protectrice des animaux.
5 (1873, P. Larousse). T. de franc-maçonnerie. Somme d'argent.
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II (Par anal. de forme). Régional. Lunaire (plante).
DÉR. Médailler, médailleur, médaillier, médailliste.

Encyclopédie Universelle. 2012.