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bisness

⇒BUSINESS, BISNESS, subst. masc.
A.— Fam. Travail, occupation, métier. Parler business :
1. M. Élie reçut le pneumatique dans la pension de famille que lui avait trouvée M. Octave, pension de famille tenue par une veuve, personne de bon lieu, qui avait commencé par louer une de ses chambres à un officier américain pendant la guerre, et de là avait glissé à prendre des pensionnaires, sans que ce bisness l'amoindrît aux yeux des siens, couvert qu'il était par son origine patriotique : ...
MONTHERLANT, Les Célibataires, 1934, p. 908.
♦ Loc. C'est mon business. Cela me regarde, cela ne regarde que moi.
Région. (Canada), subst. fém. Besogne. Tu fais ta petite business tranquille (ROY, Bonheur d'occasion, 1945, p. 380).
En partic.
1. Pop. Travail ou affaire louche :
2. Ça pouvait plus durer longtemps... Je songeais déjà aux perspectives... qu'il allait falloir nous trisser... Emmancher des autres goupilles!... Piquer, paumer encore des « caves »! Et puis encore des autres business!... On avait bien notre pécule... Mais combien qu'il pouvait durer?
CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 535.
2. Arg. Faire le business. ,,Se livrer à la prostitution`` (J. LACASSAGNE, L'Arg. du « milieu », préf. de F. Carco, 1928, p. 29); (cf. aussi F. CARCO, Jésus-la-Caille, 1914, p. 99).
P. méton. Les affaires, objets personnels. Emporter son bisness.
B.— Pop. Travail, chose difficile et désagréable :
3. ... un mitrailleur bavarois abattu (...) m'présentait ses pompes d'un air de dire qu'elles valaient l'coup. « Ça colloche », que j'mai dit. Mais tu parles d'un business pour lui reprendre ses ribouis : j'ai travaillé dessus, à tirer, à tourner, à secouer, pendant une demi-heure, ...
BARBUSSE, Le Feu, 1916, p. 19.
PRONONC. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[]. 2. Forme graph. — Var. « française » bisness (F. CARCO, Jésus-la-Caille, 1914, p. 99; MONTHERLANT, supra ex. 1; CLAUDEL, L'Échange, 2e version, 1954, p. 786); cf. aussi Lar. encyclop. Bizness dans Lar. encyclop., ROB. Suppl. 1970, qui admet également bizeness.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 1884 « les affaires » (J. VALLÈS, La rue à Londres dans QUEM.); 2. 1901 « prostitution » (Rossignol dans SAIN. Lang. par., p. 457); 3. 1918 « objets personnels, d'où affaire, chose » (A. DAUZAT, L'Argot de la guerre, p. 245).
Angl. business attesté au sens de « tâche, entreprise, travail, devoir » dep. av. 1387 dans MED; à travers le v. angl. bisiznis le mot est dér. de bisi « occupé », angl. mod. busy (suff. ness); le mot a été importé en France par ceux qui avaient voyagé aux États-Unis; à rapprocher du sens 2, l'emploi euphémique au sens de « commerce sexuel » (1630 Taylor dans NED); 3 est attesté dep. 1605 (Shakespeare, ibid.).
STAT. — Fréq. abs. littér. Business : 41. Bisness : 3.
BBG. — BEHRENS Engl. 1927, p. 105. — BONN. 1920, pp. 20-21; p. 177. — DAUZAT Ling. fr. 1946, p. 304. — RIVERAIN (J.). Mots dans le vent. Vie Lang. 1971, p. 463. — SAIN. Lang. par. 1920, p. 457. — SPITZER (L.). Le Business. Z. fr. Spr. Lit. 1933, t. 57, p. 364. — TARDEL (H.). Das Englische Fremdwort in der modernen französischen Sprache. In : Festschrift 45. Versammlung deutscher Philologen und Schulmänner. Bremen, 1899, p. 411.

bisness ou biseness ou bizness [biznɛs] n. m.
ÉTYM. Av. 1890 au sens 2 in Bruant; adapt. orale de l'angl. business « affaire ». → Business.
1 Fam. et vieilli. Affaire, business.
0 (…) une veuve, personne de bon lieu, qui avait commencé par louer une de ses chambres à un officier américain pendant la guerre, et de là avait glissé à prendre des pensionnaires, sans que ce bisness l'amoindrît aux yeux des siens, couvert qu'il était par son origine patriotique (…)
Montherlant, les Célibataires, 1934, in T. L. F.
2 Argot. Prostitution, racolage. || Attaquer le bisness. || Faire le bisness : faire le trottoir.
3 Fam. Affaire embrouillée. || Tu parles d'un bisness, on n'y comprend rien ! Binz (ou bin's). || Qu'est-ce que c'est que ce bizness-là ?
4 (1928, in Höfler). Fam. Chose, truc. || Passe-moi donc ce bizness. Bidule.

Encyclopédie Universelle. 2012.