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PEYOTL
PEYOTL

PEYOTL

Principal hallucinogène des Indiens Chichimèques et Huichols (Mexique), le peyotl (Echinocactus Williamsii ou Lophophora Williamsii ) est une petite plante de la famille des Cactacées; elle croît lentement sur les hauts plateaux désertiques du nord du Mexique, son diamètre n’atteint que rarement 20 centimètres et sa hauteur est plus faible encore. Le plus souvent, la plante est employée après séchage: après la récolte, on la coupe en capsules minces qui se ratatinent au soleil. C’est sous cette forme (mescal buttons ) qu’on peut la trouver actuellement assez facilement aux États-Unis.

Chimiquement, sur les quinze alcaloïdes isolés dans la plante (dont l’anhalamine, l’anhalinine et la peyotline) la mescaline est le principe le plus actif: dérivée du phényléthylamine, c’est une trimétoxy-3,4,5-phényléthylamine dont les effets hallucinogènes décrits par Kurt Lewin sont surtout connus en Europe par nombre de textes d’Antonin Artaud, d’Aldous Huxley et d’Henri Michaux. C. Castaneda nous a rapporté les légendes mexicaines liées au culte du peyotl (Voir , 1973). À la différence d’autres hallucinogènes (L.S.D., psilocybine), le peyotl ne semble pas provoquer d’accoutumance notable. La mescaline est certes classée par Delay et Deniker parmi les psychodysleptiques notoires, mais elle n’est que potentiellement indolique. Le seul dérivé de synthèse actuellement produit est le chlorhydrate de mescaline.

L’histoire du peyotl est fort ancienne: utilisé sans doute depuis la haute antiquité précolombienne, il fut connu en Europe au XVIe siècle par le récit des missionnaires espagnols; ses effets semblaient miraculeux, puisqu’il permettait aux Indiens de marcher durant des jours entiers sans alimentation. Le peyotl est pour les Indiens une plante sacrée, don des dieux du feu et du vent, comparable à la manne hébraïque. Chaque année, un long pèlerinage mène les Huichols sur les hauts plateaux de la Sierra Madre: pendant ce temps, une abstinence ascétique est de rigueur; le jeûne est total durant les cinq derniers jours; la seule nourriture est le peyotl conservé depuis l’année précédente. La cueillette s’effectue selon des rites précis que termine une fête sacrée où l’hallucination collective atteint son paroxysme. Au retour des pèlerins, le village prépare la fête du peyotl-dieu: c’est pendant cette époque que sont accumulées les grandes réserves de gibier; le peyotl et le cerf (ou le daim) sont en effet associés dans la divinité nourricière suprême; la fête a lieu en janvier. Il faut noter d’une part, que ce rituel demeure toujours observé en pays huichol, et, d’autre part, qu’une église américaine en dérive expressément: la «Native American Church of North America» qui compte aujourd’hui deux cent mille adeptes environ.

Ont des propriétés hallucinogènes analogues d’autres Cactacées, le Trichocereus Pachanoi par exemple, et surtout les champignons du genre Psilocybe utilisés en pays mazatèque au cours de cérémonies religieuses et dont l’alcaloïde principal est la psilocybine.

peyotl [ pɛjɔtl ] n. m.
• 1880; mot indien du Mexique (nahuatl), par l'esp.
Plante du Mexique (cactacées), dont on extrait un hallucinogène puissant, la mescaline. « Le peyotl qui nous fait passer outre notre code des perspectives et des couleurs » (Cocteau).

peyotl nom masculin (anglais peyotl, du nahuatl) Cactacée non épineuse, d'une région montagneuse du Mexique, qui fournit un hallucinogène puissant, la mescaline.

peyotl
n. m. Cactacée des montagnes mexicaines, qui renferme un hallucinogène, la mescaline.

⇒PEYOTL, subst. masc.
Petit cactus non épineux, répandu au Mexique et dans le sud des États-Unis, dont on extrait plusieurs alcaloïdes, notamment la mescaline. Les hallucinations provoquées par la mescaline, alcaloïde du peyotl (DELAY, Psychol. méd., 1953, p.222). Le Peyotl, auquel ses propriétés enivrantes ont fait donner le nom de «Plante qui fait les yeux émerveillés» (Bot., 1960, p.1058 [Encyclop. de la Pléiade]).
P. méton. Synon. de mescaline. On se rappelle que le peyotl mexicain mute et transforme les sensations auditives en sensations colorées (L. DAUDET, Universaux, 1935, p.269).
Prononc. et Orth.:[], [pe-]. Pt ROB., MARTINET-WALTER 1973 [-] mais Lar. Lang. fr. [pe-]. Plur. des peyotl. Étymol. et Hist. 1880 (JOURDANET et REMI, Trad. fr. de BERNARDINO DE SAHAGUN, Historia de las Cosas de Nueva España, Liv. X, chap.29, par. 11 ds A. ROUHIER, La Plante qui fait les yeux émerveillés, Le Peyotl, 1926, Paris, éd. de La Maisnie, 1975, p.94, note 3); 1899 Peyote du Nahuatl Peyotl (L. DIGUET ds Nouv. Archives des Missions sc. et litt., t.IX, p.621). Empr., comme l'esp. peyotle, peyote, et parfois par son intermédiaire, au nahuatl, dial. aztèque des Indiens du Mexique, peyotle, peiotle (FRIED. 1960, p.496, v.aussi A. ROUHIER, op. cit., p.3, 7 et sqq.); l'anglo-amér. transcrit plus gén. le terme sous la forme peyote (cf. DAE, Americanisms et NED Suppl.2) et ne saurait être à l'orig. de la forme peyotl, la plus cour. en fr.

peyotl [pɛjɔtl] n. m.
ÉTYM. 1926; mot angl., 1892; mot indien du Mexique (Nahuatl).
Plante du Mexique (Cactées) scientifiquement appelée echinocactus Williamsii. || Le peyotl contient un alcaloïde, la mescaline, qui a la propriété de provoquer des hallucinations.
1 Ils éprouvent une sensation étrange, comme s'ils mâchaient de ces graines qu'absorbent les Indiens, du peyotl, ou fumaient du haschisch (…)
N. Sarraute, le Planétarium, p. 241.
2 Il advient que certaines plantes, certains gaz nous prolongent dans une direction ou dans l'autre. (Le Peyotl qui nous fait passer outre notre code des perspectives et des couleurs. Le protoxyde d'azote qui nous fait passer outre notre code du temps.)
Cocteau, Journal d'un inconnu, p. 167.

Encyclopédie Universelle. 2012.